Groupe:

Hangman's Chair + LSDVM + Pillars

Date:

25 Février 2016

Lieu:

Les Pennes-Mirabeau

Chroniqueur:

Le Menestrel Sourd

Nouvelle soirée organisée par l’incontournable Trendkill Entertainment dans cette belle salle du Jas’Rod aux Pennes-Mirabeau, à quelques encablures de Marseille et de Aix en Provence.
Quatrième date d’une tournée des parisiens d’Hangman’s Chair qui devrait en compter au moins onze à travers la France et la Belgique en support du split album avec les Japonais de Greenmachine (sorti dans l’intervalle de la publication de ce live report, le 3 mars 2017).

21H00. Comme la veille à Nice, Pillars ouvre les hostilités, en tant que « locaux » des deux étapes sudistes de ladite tournée. Le quatuor niçois (chant/guitare/basse/batterie) exécute un doom d’école durant un set d’une grosse demi-heure.  C’est du lourd, du gras, du sombre… Le chanteur est pour la plupart du temps dos au public. Sa silhouette spectrale et sa voix grave et claire se fondent parfaitement dans la musique ténébreuse et pachydermique de ses compères. Si Pillars n’a, à cette date, sorti qu’un seul EP de quatre titres (Pyres and Gallows, paru le 30 avril 2016), certains de ses membres ne sont pas pour autant des débutants.

Le chanteur Klem « Wizard » a été guitariste au sein de Svart Crown et chanteur /guitariste sous le pseudonyme d’Hyrgal au sein du groupe éponyme. Le guitariste Djé « Blaspho » a œuvré entre autres au sein d’Imperial Sodomy, d’Addicted et de Belëf.
Quatre longs rituels sont exécutés dont deux extraits de l’EP précédemment cité ainsi que deux nouveautés qui figureront sur leur premier album à venir.
Si Pillars doit encore travailler son originalité pour se démarquer de prédécesseurs ayant marqué le genre comme Saint Vitus, Electric Wizard, Tryptikon et quelques autres, il n’en reste pas moins que le groupe assure une entrée en matière de bon niveau.

Setlist Pillars :

01. Fall Far
02. Cult Seeker
03. Vultures
04. Pyres and Gallows


22H00. LSDVM investit la scène du Jas’Rod. Le quintet de la région marseillaise (et donc les plus locaux de l’étape) dont les membres sont identifiés par des lettres, sans doute en lointain hommage à leurs prénoms (P : chant / R : guitare / V : guitare / B : basse et F : batterie), dont les titres sont des nombres et dont la devise est : « Allez tous vous faire enculer » va gérer le rayon boucherie pendant une demi-heure. Ames sensibles s’abstenir.

LSDVM ce n’est ni du black, ni du death mais un truc entre le grind et un post quelque chose. Idéal pour les bronches un peu prises. Le chanteur, format Miguelito Loveless mais en plus musclé, le plus souvent de dos, hurle à la mort avec une linéarité déconcertante et sans une once de répit, en faisant les cent pas, dans un espace réduit, sur le côté gauche de la scène. Attitude qui renforce le côté aliéné du concept. Il se tape de temps en temps le micro contre le crâne ce qui renvoie un bruit étonnant faisant penser avec un chouïa d’imagination à un sabre fracassant la tête d’un mort-vivant dans Walking Dead. Le gnome est hargneux, éructe avec un maximum de réverb et ne dira pas un mot au public présent (pourtant courageux de ne pas s’être réfugié au bar).

Arrivé fâché et reparti fâché, Miguelito, sans compter quelques ennuis de micro, générant des situations insolites (voir un mec hurler à ce point et n’entendre aucun son en lien avec sa voix - faut dire que ses potes continuent d’orchestrer le massacre - n’est pas un spectacle qui laisse insensible). Les musiciens en question sont bons. Toute fioriture est exclue. Une exception, les poses de V à la guitare qui headbangue et valorise ainsi sa remarquable chevelure pour les photographes amateurs.

En dépit de qualités techniques évidentes du gang, il est particulièrement difficile de différencier les titres interprétés. Ce qui peut poser problème pour les esprits les plus chafouins. A noter que V n’est autre que Virgil Palazzolo le gérant de Trendkill Entertainment, plaque tournante de la scène metal de la région marseillaise.

NB : Mon camarade philippec - dont les photos illustrent ce live report -  paye une bière au premier qui trouve la signification du nom du groupe.

 

Setlist LSDVM :

Allez tous vous faire enculer

Il est 22H45 lorsque, en guise d’introduction, la voix de Gainsbourg entame Quand mon 6,35 me fait les yeux doux, ce qui pose l’ambiance. Cédric Toufouti (Chant et guitare) encourage la maigre assistance à se rapprocher de la scène. Il faut dire que le public est clairsemé ; cent cinquante afficionados à tout casser (pour une salle pouvant en contenir aisément le double). Au regard de la qualité de ce groupe, je vous avoue que la dépression guette. Ils sont où les 59 850 autres pèlerins qui se sont rendus le 13 mai dernier au Stade Vélodrome à 20 kilomètres de là pour voir un AC/DC à bout de souffle, sans Malcolm Young, avec un Monsieur Rose scotché sur son trône de grand blessé et massacrant les plus grands standards des Australiens ?? 

De toute façon, la tristesse et la mélancolie font partie intégrante de l’univers d’Hangman’s Chair. Cédric balance un « C’est parti » rageur et le groupe attaque « Give & Take », un des deux titres du split album mentionné en introduction. Le son est excellent comme la plupart du temps au Jas’Rod. Hangman’s Chair déroule un set de onze titres principalement centré sur ses deux derniers albums, This is not supposed to be positive (quatre titres) et Hope//Dope//Rope (trois titres) ainsi que sur le split album qui fait leur actualité (deux titres).
Leur doom-stoner-sludge (ou l’inverse) est gorgé de feeling. Idem pour la magnifique voix de CédricHangman’s Chair est une sorte de croisement entre Black Sabbath, Electric Wizard et Alice In Chains. Et c’est aussi une originalité indéniable. La complicité au sein du groupe est manifeste. Le batteur Medhi Thepegnier est excellent et frappe comme un sourd sur son kit plutôt minimaliste.

Un seul bémol, 1H15 de concert ça reste court pour une tête d’affiche (d’où mon appétence pour les soirées avec deux groupes seulement). Du coup, l’impasse totale est faite sur le deuxième album, Leaving Paris. Regrettable compte tenu de sa qualité. J’avoue aussi que l’absence du titre Hope//Dope//Rope et son introduction mythique génère une belle frustration.
Les Parisiens terminent sur Dripping low, sublime titre du quatrième et dernier full album datant déjà de septembre 2015. Ce titre résume l’univers de la Chaise du pendu : le suicide, la drogue, les addictions, les amours naufrages… Ok, c’est du noir. Du très noir. Mais c’est tellement bien composé et écrit que cela en devient lumineux. Et puis rien de tel que l’exorcisme.
Cédric dédie d’ailleurs ce dernier morceau à Satan, « au Satan du sud », alias Virgil alias V déjà mentionné plus haut dans ce live report. Plus que mérité si l’on considère la qualité récurrente des concerts organisés par le garçon.

Bon concert une fois de plus pour Hangman’s Chair. Comme pour le Hellfest de juin dernier ou celui de 2011 qui m’avait permis de les découvrir. Je conseille vivement toute leur discographie (quatre albums et quatre split EP).
Un des meilleurs groupes français de ces dix dernières années.

Setlist Hangman’s Chair :

01. Give & Take
02. Cut Up Kids
03. Open Veins
04. The Saddest Call
05. Ain’t Living Long Like That
06. Can’t Talk
07. Flashback
08. No Rest I’ve Found
09. No One Says Goodbye Like Me
10. The Rest Is Silence
11. Dripping Low