Groupe:

The Night Flight Orchestra + Black Mirrors

Date:

01 Décembre 2018

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Un an après son premier passage chez nous, le "vol de nuit" suédois est déjà de retour dans l'Hexagone. Depuis la fin de l'année 2017, le capitaine Björn et ses compagnons n'ont pas chômé : un nouvel album bardé de hits a vu le jour il y a quelques mois, et voici déjà venu le temps de la tournée européenne... avec pas moins de quatre dates en France, s'il-vous-plaît. Ca fait plaisir ! Dans ses bagages, l'équipage a cette fois prévu une première partie : les Belges de Black Mirrors. Tout ce beau monde était réuni le premier décembre dernier à Paris, dans un Petit Bain comble (oui, sur un bateau... pas un avion, paradoxal, n'est-ce pas ?) et il était hors de question que les Portes du Metal n'y soient pas elles aussi (enfin, juste votre serviteur, c'est mieux que rien).

Commençons avec Black Mirrors, un quatuor faisant dans le gros garage rock / stoner et bluesy par moments. Le groupe est servi par un gros son qui claque et une chanteuse habitée à la voix puissante et dont le jeu de scène lui donne des airs de prêtresse chamane.

Les premières compos jouées, directes et bien roots, sont assez convaincantes. Surtout Günther Kimmich et Funky Queen au groove assez irrésistible. La section rythmique est très carrée, la guitare bien lourde... et la voix tantôt puissante, parfois plus aérienne ou sensuelle de Marcella rendent l'ensemble assez séduisant. Par la suite, des morceaux plus planants ou psyché auront plus de mal à me tenir captivés malgré une prestation assez irréprochable. Je ne connais pas les compos du groupe et commence à ressentir quelques petites longueurs sur des titres moins énergiques... Cela dit, il y a clairement du potentiel et des choses intéressantes dans la musique proposée. Il faudra réécouter tout cela à tête reposée. De plus, quelques beaux passages s'offrent à nous... Les vocalises aiguës et planantes sur Inner Reality sont très belles et le refrain de la mélancolique Moonstone est assez entêtant lui aussi.


Par la suite, Black Mirrors rebalance quelques morceaux plus concis et remuants comme Lay My Burden Down ou la reprise du fameux Kick Out The Jam de MC5. Le groupe possède une bonne énergie et sa charismatique chanteuse remercie chaleureusement tout le monde ainsi que The Night Flight Orchestra, tout en proposant à ceux qui le veulent de venir les rencontrer au stand merchandising après le concert. Avancer un rock puissant, un peu sombre et mystique par moments, avec un son de guitare cradingue comme il faut, en première partie d'un combo à la musique nettement plus vive et colorée n'allait pas forcément de soi... mais alors que certains se plaindront du fait que les deux groupes n'étaient peut-être pas très assortis, je trouve que la proposition fut assez intéressante. Le style musical de Black Mirrors n'est pas forcément celui que je préfère mais il y a eu de très bons moments, bien rock et non dénués d'une certaine sensualité grâce à l'envoûtante Marcella

Envolons-nous maintenant vers d'autres cieux. Gros changement d'ambiance : les costards, les chemises hawaïennes et autres lunettes de soleil sont de sortie ! Le groupe, qui contient tout de même six musiciens et deux choristes, envahit la scène avec son rock d'un autre âge et attaque son set avec la chanson titre de son dernier méfait : Sometimes The World Ain't Enough. D'entrée de jeu, on se prend une grosse claque parce que le son est très TRES fort ! Pas besoin d'échauffement, dès ce premier titre, le Petit Bain baigne dans une ambiance survoltée, ça chante, ça danse et ça saute ! Et ça ne va pas aller en s'arrangeant...

On notera quelques petits changements dans la prestation 2018, par rapport à celle de l'année dernière... et tant mieux, il aurait été dommage d'assister exactement à la même chose (bonjour Steel Panther). Déjà, Sharlee D'Angelo a fait péter le costard blanc... je crois que c'est la première fois que je vois ce monsieur porter autre chose que du noir (et je l'ai vu un certain nombre de fois avec Mercyful Fate, Arch Enemy et Spiritual Beggars). Et là, vous prenez peur en vous disant "ok, le père Blaster va transformer sa chronique en point mode". Non, promis, j'arrête tout de suite, ne partez pas ! Parlons plutôt musique. L'année dernière, le groupe n'avait que trois albums à son actif et une bonne partie du set était consacrée à ses deux premiers méfaits, moins connus car antérieurs à la signature avec le gros label Nuclear Blast. Aujourd'hui, les choses sont un peu différentes : les Suédois mettent le paquet sur les deux dernières sorties et délaissent bien plus les deux premiers disques (pourtant tout fraîchement réédités par leur nouveau label). Exit les moments balladesques comme Transatlantic Blues ou les plages plus progressives comme The Heather Reports, un seul mot d'ordre : du gros tube bien immédiat et festif !


Certes, je l'avoue, je n'aurais pas craché sur davantage de chansons plus anciennes (je suis particulièrement friand des débuts du groupe... plus que du dernier album) mais pour autant, impossible de résister au défilé de hits réjouissants que le groupe nous balance avec un son énorme, un entrain indiscutable et un public qui ne s'est pas déplacé pour faire dans la figuration discrète. Le constat est un peu le même que l'année dernière mais sans doute encore plus flagrant ce soir : en live, NFO, ça balance "du son par plâtrées" (je mets les guillemets car cette jolie expression n'est pas de moi... je rends à César...) ! Le propos est beaucoup plus costaud que sur album (où le côté classic rock old-school parfois très glam ou FM ne permet pas d'imaginer à quel point ça va envoyer en concert). Evidemment, certaines compos, de par leur nature un peu plus musclée, sont particulièrement convaincantes (quand Midnight Flyer ou This Time déboulent, je peux vous dire que ça ne rigole pas) mais même les chansons moins hard sont totalement reboostées par le traitement live des Suédois et étonnent par la puissance qu'elles dégagent.

Ce qui ressort de cette soirée, c'est que Sometimes The World Ain't Enough est un album taillé pour la scène... encore plus que ses prédécesseurs. Turn To Miami, Paralysed ou l'imparable Can't Be That Bad sont là pour en attester. Le milieu du set est consacré à Amber Galactic et on regoûte avec plaisir aux excellentes compos que sont Star Of Rio, Gemini ou Josephine. Le groupe est excellent, David Andersson livre des solos de guitare magiques... ce qui lui vaut d'ailleurs d'être saupoudré (à deux reprises) d'une pluie de paillettes par Björn Strid pendant qu'il s'affaire ! Si vous avez vu ça, je pense qu'on peut dire que vous avez assisté au gimmick le moins metal que l'on puisse trouver sur cette planète (et ça tombe bien car NFO, ce n'est pas du metal de toute façon). Les autres compères ne sont pas en reste et on peut apprécier l'apport non négligeable de Sebastian Forlund qui, en plus d'accompagner Andersson à la guitare, joue des percussions à l'occasion. Et les deux hôtesses choristes permettent aux refrains de pleinement s'envoler. Quant à Strid, il est fort mais parfois à la peine. Il faut dire que certaines chansons sont particulièrement difficiles à chanter... Midnight Flyer, c'est un truc à se dézinguer les cordes vocales !


La fin du concert nous livre une superbe montée en puissance avec Can't Be That Bad qui fait bien bouger le bateau sur lequel nous nous trouvons et, surtout, juste avant le rappel, une petite surprise issue du premier album : 1998. L'intro du morceau est complètement changée pour l'occasion... Strid et Larsson en proposent une version piano /voix à la fin de laquelle le vocaliste fait une pause et se fait servir un cocktail tout en se faisant éponger par les deux choristes. Très bon. Et puis, le morceau redémarre, version rock cette fois-ci... en emportant tout sur son passage. Pour le rappel, This Time se présente comme le titre le plus heavy de la soirée. Génial. Pause pop avec Lovers In The Rain reprise en choeur par les fans... et, comme l'année dernière, les festivités se concluent sur un West Ruth Ave d'anthologie. L'ambiance est à son comble... on aurait aimé que cela dure encore un peu mais après un peu moins d'une heure et demie, le show touche à sa fin. Une seule envie : remettre ça l'an prochain ! Et si The Night Flight Orchestra devenait le petit rendez-vous festif incontournable de nos fins d'années ? Ce n'est pas moi qui m'en plaindrai.

Setlist The Night Flight Orchestra :

01. Sometimes The World Ain't Enough
02. Living For The Nighttime
03. Speedwagon
04. Midnight Flyer
05. Turn To Miami
06. Star Of Rio
07. Gemini
08. Something Mysterious
09. Josephine
10. Paralysed
11. Can't Be That Bad
12. 1998
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13. This Time
14. Lovers In The Rain
15. West Ruth Ave

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