Groupe:

Skalmöld + Metsatöll

Date:

17 Octobre 2023

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Le 17 octobre dernier, c'était soirée metal cosmopolite au Backstage by the Mill ! En effet, le Canada (Atavistia), l'Estonie (Metsatöll) et l'Islande (Skalmöld) se sont invités chez nous, dans cette petite salle juste à côté du célèbre Moulin Rouge. Cela faisait des années qu'un de mes meilleurs amis me disait que Skalmöld, en live, c'était absolument génial. Il m'avait montré des extraits de leur concert avec orchestre, il y a déjà bien longtemps et m'avait même offert un chouette album pour m'appâter davantage (le très bon Vögguvisur Yggradils). Sa persévérance a fini par payer et le mois dernier, je suis donc allé voir de quel bois se chauffaient les Islandais. Divulgâchage : ce fut excellent ! 

Malheureusement, quand nous arrivons dans la salle, Atavistia termine son set... nous avons loupé les Canadiens. Mais nous n'allons pas manquer une miette de Metsatöll qui est, pour nous, une découverte totale. Le batteur arrive sur scène avec une capuche, le chanteur guitariste a un look à jouer dans un film de SF/Fantasy... le bassiste, bien barbu et tatoué, en impose... mais c'est le quatrième membre du groupe qui va le plus attirer les regards pendant le set. En effet, Lauri Ounapuu, puisque c'est ainsi qu'il se nomme, est un vocaliste, d'apparence un peu "barrée", multi-instrumentiste qui se plait à changer d'instrument très régulièrement tout au long du concert. Flûte, cornemuse, guimbarde, instrument que je ne connais pas mais ressemblant à une cithare artisanale modifiée et qui se joue avec un archet... Le gars doit squatter une bonne partie du tour bus rien qu'avec tout son matériel !

Au début, je regarde le concert de Metsatöll intrigué mais avec une certaine distance... leur folk épique me fait prêter attention sans totalement me subjuguer non plus. Mais l'entrain et la conviction dont font preuve les musiciens ainsi qu'une certaine originalité (bien mise en avant par Ounapuu, sa présence, ses instruments...) ne me font pas décrocher. Mieux que ça, en cours de route, les Estoniens me font taper du pied et des mains... leur musique prend des détours festifs et un morceau (dont j'ignore le titre, désolé) met carrément la fosse en ébullition, Ounapuu se lance dans un solo de cornemuse endiablé, qu'il finit au milieu du public. 

Le set est assez changeant d'une compo à l'autre. Les rythmes sont souvent entraînants et le ton vigoureux, épique, parfois enjoué (Ounapuu, toujours lui, harangue la foule, lui demandant si elle veut danser, faire la fête... et propose une chanson d'amour... mais il précise que, comme beaucoup de chansons estoniennes, celle-ci parlera aussi de bière) ... mais vers la fin, tout cela change avec une chanson bien moins festive, une sorte de grosse transe avec chant grave, quasi-guttural, qui s'achève dans un final apocalyptique... avant que le groupe n'enchaîne avec un titre (le dernier) bien plus vindicatif, carrément thrash dans l'esprit (et dans sa rythmique). Bref, on a passé un très bon moment ! 

 

Metsatöll nous a donc mis dans de très bonnes dispositions pour la suite. Et la suite, c'est Skalmöld. Tête d'affiche oblige, le plus gros de la foule s'est déplacée pour les Islandais... et l'ambiance est excellente dès les premiers instants du show. Celui-ci démarre avec l'intro et le premier titre du petit dernier nommé Ydalir. Connaissant la chanson titre, on n'avait aucun doute sur le fait qu'elle constituerait un démarrage apte à mettre le feu dès le début... et on avait bien raison. Ce tempo hyper entraînant et ses chœurs la rendent irrésistible. Le groupe est impressionnant, hyper conquérant et souriant à la fois. Et le son est énorme. D'ailleurs, petite mention au Backstage en passant, à chaque fois que je viens ici (ça n'est pas énormément arrivé mais je risque d'y prendre goût), les lumières et le son m'impressionnent. Si Ydalir constitue une mise en bouche de choix et semble mettre tout le monde d'accord, ce n'est rien comparé à ce qui va se passer sur la festive Gleipnir qui fait instantanément monter la température de plusieurs degrés dans la fosse. Ca chante, ça crie, ça danse et pogotte gentiment... Grosse ambiance de fête au programme ! 

Après un "Good evening Pariiiiiiis" et des remerciements chaleureux de circonstance, le groupe enchaîne avec un titre de son nouvel album (qui sera bien défendu ce soir avec pas moins de six extraits) : Ratatoskur. Plus lent, il calme les ardeurs de certains fans mais n'en demeure pas moins impressionnant dans sa lourdeur et sa force de frappe. A l'ère des bandes ou samples dénaturant parfois un peu l'aspect "live" de certaines performances, il est bon de constater que tout ce qu'on entend de la part de Skalmöld provient bien des gars qui se tiennent devant nous. C'est peut-être un peu plus facile quand on est six sur scène (et que le groupe compte un claviériste parmi ses membres) mais quand même... trois guitares énormes et assez distinctes, une basse qui claque (et parfaitement audible malgré le nombre de guitares cité il y a deux secondes), une batterie massive, un clavier plus en retrait mais qui contribue à poser les atmosphères du groupe... et, surtout, six vikings qui chantent tous (ou éructent pour certains d'entre eux) et fournissent donc à l'assistance des chœurs parfaitement exécutés, c'est ça Skalmöld et c'est plutôt impressionnant.

Le sextet prend bien garde à varier les tempos et balancer quelques salves plus rapides, quasiment thrashy, pour faire remuer ceux qui souhaitent se dégourdir les jambes. Ainsi, la très "metal" Fenrisulfur, avec ses riffs puissants, vient atomiser le Backstage qui se prend sa raclée le sourire aux lèvres. C'est le deuxième titre extrait de l'album Börn Loka. Ce disque sera le second mieux représenté après Ydalir avec pas moins de trois morceaux (alors que les autres disques n'auront qu'un titre chacun pour se rappeler aux bons souvenirs des fans). Je regarde le set se dérouler hypnotisé par le spectacle et totalement convaincu par les prestations des Islandais. J'aimais ce que j'avais entendu sur album, même si je suis loin de maîtriser le sujet, mais sur scène, la musique de Skalmöld s'avère encore plus convaincante. Ces messieurs maîtrisent leur art, ce qui n'est peut-être pas très surprenant quand on sait à quel point le groupe tourne depuis des années. La pratique, il n'y a que ça de vrai !

On profitera encore des chœurs livrés par le groupe entier sur quelques morceaux dont l'épique Ullur qui dure plus de dix minutes. Je trouve le morceau un poil long dans sa version studio mais, en concert, on ne s'ennuie pas. L'ambiance reste top jusqu'au final Kvaðning qui s'achève sur une pluie de confettis blancs dans une lumière crue et puissante donnant l'impression que l'on progresse au beau milieu d'une tempête de neige. Les musiciens m'ont impressionné, ça ne rigole pas (et pourtant ils ont l'air très sympas, voire chaleureux). Tout le monde semble avoir passer un excellent moment et les sourires se lisent sur les visages des Parisiens... dont le mien évidemment. Maintenant que j'ai goûté à Skalmöld en concert, j'ai la certitude d'y retourner.

Pour plus de photos (dans un plus grand format) : c'est ici.

Un grand merci à Jillian Boyd d'Oktober Promotion pour l'invitation ! 

Setlist de Skalmöld :

Ýdalir
Gleipnir
Ratatoskur
Fenrisulfur
Mori
Narfi
Skuld
Veðurfölnir
Ullur
Verðandi
Niðavellir
Að vetri
Kvaðning

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