Groupe:

Soilwork + Kataklysm + Wilderun

Date:

08 Fevrier 2023

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Quatre ans se sont écoulés depuis le dernier passage de Soilwork à Paris. En 2019, je les avais retrouvés avec plaisir (d'autant plus qu'ils étaient accompagnés d'Amorphis) et, au vu des dernières sorties du groupe (à savoir les excellents A Whisp Of Atlantic et Övergivenheten), il me tardait de remettre ça. Comme il y a quatre ans, l'affiche est une co-tête avec, cette fois-ci, Kataklysm comme partenaire de route. En ouverture, les Américains de Wilderun vont se charger de chauffer la salle. Pour cette date, La Machine du Moulin Rouge n'affiche pas complet (ce qui me surprend, surtout vu l'évolution plus que réussie de Soilwork ces dernières années, mais ceci est est une autre histoire), ce qui ne va pas empêcher la fosse de progressivement bien se remplir dans la soirée et l'ambiance d'être excellente. Mais commençons par le commencement. 

L'affluence est plus que timide quand Wilderun investit la scène. Et pour cause, il est assez tôt (18h30). Le groupe dispose d'une quarantaine de minutes pour convaincre... ce qu'il va plutôt réussir à faire même si quelques petits bémols (relatifs et parfois subjectifs) vont légèrement compliquer sa mission. La musique proposée par le quatuor est intéressante mais pas forcément hyper facile d'accès quand on ne connaît pas très bien les morceaux au préalable... et c'est mon cas, je me dois de le confesser. Les compos proposées sont longues (une dizaine de minutes), précédées d'intros atmosphériques qui prennent leur temps. Cela n'enlève rien à la qualité de l'ensemble ou de la musique proposée mais l'entrée en matière n'est pas des plus percutantes. Pourtant, le premier morceau proposé, O Resolution, possède une rythmique et une ambiance assez épiques mais ce qui manque aux Américains est un son à la hauteur. Ca n'est pas catastrophique, on a déjà entendu bien pire (surtout pour une première partie à la Machine du Moulin Rouge) mais les guitares manquent de clarté et il n'est pas toujours évident de bien distinguer toutes les mélodies (aussi bien au niveau des riffs que du chant). Cependant, on entend suffisamment bien pour se rendre compte qu'il y a du niveau et de l'ambition.

Ce metal progressif parfois épique, parfois plus folk, incluant blasts et vocalises extrêmes de temps à autre, me semble vraiment bien écrit (forcément très changeant et donc un peu décousu par moment, surtout pour le néophyte que je suis) et je me dis qu'il va falloir que je creuse ça à tête reposée dans un futur proche. Il semblerait qu'en ignorant ce groupe jusque-là, je sois passé à côté de quelque chose. Niveau prestation scénique, c'est solide mais calme. Les musiciens sont plutôt statiques et concentrés, surtout le guitariste. Le chanteur est agréable, posé et communique (brièvement, il n'a pas beaucoup de temps) avec nous pour présenter le groupe, les chansons jouées et nous dire sa joie de jouer à Paris. Le groupe semble humble, enthousiaste et reconnaissant. Au programme, on notera deux titres extraits du plus récent Epigone (Identifier et Passenger) ainsi que deux compos provenant de l'album précédent (O Resolution et Far From Where Dreams Unfurl). J'écoute tout cela avec intérêt et remarque le niveau indéniable du quatuor, notamment celui du batteur au jeu très varié et impressionnant. Les conditions ne sont pas totalement optimales pour déclencher chez moi un enthousiasme démesuré (sans parler du fait que, stylistiquement, par rapport aux deux autres groupes présents sur l'affiche, Wilderun n'est pas tout à fait raccord et manque un peu d'énergie) mais cela reste une jolie découverte.

Setlist Wilderun :

01. O Resolution
02. Identifier
03. Passenger
04. Far From Where Dreams Unfurl

 

Gros changement d'ambiance un peu plus tard avec Kataklysm. Très honnêtement, je ne suis pas un grand fan du groupe que je connais assez peu (oui, encore une fois... je ne cache pas que j'ai fait essentiellement fait le déplacement pour Soilwork). Mais je vais me laisser happer, pendant un temps du moins, par la prestation des Québécois. Pour être tout à fait honnête, au moment où le set démarre (vers 19h30) je n'ai pas une envie folle de m'attarder dans la salle... mais l'ambiance d'un début de concert percutant, le fait que la salle se soit un peu plus remplie et que le public se montre plus démonstratif, et la présence de compos rentre-dedans riches en gros riffs puissants et parties de batterie qui décapent me poussent à rester. Et je trouve ça très sympa. Ca me surprend même. J'avais écouté quelques titres auparavant et, sans trouver la proposition mauvaise, n'étais pas tombé amoureux du groupe... mais force est de constater que ce metal de bûcheron particulièrement solide qui invite au headbanging est particulièrement bien taillé pour le live. Alors, je reste (presque) jusqu'au bout. Presque parce que, quand même, avec quinze titres (répartis sur une heure et quart) qui laissent peu de place à la nuance ou à la variété, une petite lassitude va se faire sentir en cours de route. 

La prestation est carrée, le groupe bouge bien sur scène, le guitariste et le bassiste échangent volontiers leur place pendant que le vocaliste harangue la foule. L'énergie ne manque pas à l'appel... et la fosse se met en mouvement (avec le premier pogo de la soirée sur Where The Enemy Sleeps). Le groupe pioche allègrement dans son répertoire (les vétérans ont quand même quatorze albums à leur actif), ce qui, visiblement, ravit bien l'assistance. Le son est bon, très compact... et tout cela est bien efficace. Ce qui est très sympa aussi tient au fait que Maurizio Iacono aborde son rôle de frontman avec décontraction (il n'est pas le seul d'ailleurs, le guitariste envoie du gros riff qui déboîte... mais toujours le sourire aux lèvres) et que les échanges avec le public (en français) sont très sympas et non dénués d'humour (il y aura notamment tout une conversation sur les expressions québécoises). Reste que, malgré toutes ces qualités, je décroche un peu en cours de set... Peu importe, je ne suis pas un "connaisseur" mais je vois bien que les fans se régalent. 

Setlist Kataklysm :

01. Push The Venom
02. Guillotine
03. Narcissist
04. Underneath The Scars
05. Where The Enemy Sleeps
06. Manipulator Of Souls
07. To Reign Again
08. The Killshot
09. Outsider
10. Crippled And Broken
11. At The Edge Of The World
12. As I Slither
13. In Shadows And Dust
14. The Black Sheep
15. Blood In Heaven

 

Il est temps de parler du groupe pour lequel je me suis déplacé : Soilwork. Je n'étais pas inquiet. J'étais même assez confiant. Et j'avais raison : le concert donné par les Suédois fut excellent. Peut-être même meilleur que ce à quoi je m'attendais. Je me demandais qui succéderait à David Andersson (RIP) pour cette tournée, il s'agit tout simplement du même guitariste aperçu lors de la tournée précédente en 2019 : Simon Johansson. Rasmus Ehrnborn est la dernière recrue au poste de bassiste. Pour le reste, on retrouve les mêmes musiciens : Björn Strid évidemment (chant), le guitariste Sylvain Coudret (l'élément français du combo, toujours aussi volubile et habité sur scène, l'indéboulonnable Sven Karlsson aux claviers (le membre le plus ancien de cette formation, après Strid qui reste le seul rescapé du line-up originel) et le batteur Bastian Thusgaard fidèle au poste depuis six ans maintenant.

Si certaines formations aiment piocher dans toutes les périodes de leur carrière et faire plaisir à leurs fans en leur ressortant de nombreux vieux classiques, Soilwork, lui, ne donne pas vraiment dans la nostalgie. Il semble conscient que ses disques récents font partie des plus réussis qu'il ait pu sortir et il ne faudra pas s'attendre à trop de titres provenant des quatre ou cinq premiers travaux de sa discographie. Ainsi, le show démarre en trombe avec un Övergivenheten pour le moins redoutable. Le son est plutôt bon, le groupe est en forme, conquérant... et le public remonté à bloc. L'ambiance est très festive (ce qui m'étonne toujours un peu vu le niveau de complexité de la musique proposée et le fait qu'elle ne soit pas toujours des plus chaleureuses)... et cela ne se démentira tout au long du set, bien au contraire. 

Sans temps mort, le groupe enchaîne avec l'excellente This Momentary Bliss et le classique Stabbing The Drama qui, il n'y a pas si longtemps que cela, était le titre avec lequel Soilwork aimait bien clôturer ses concerts. Cette compo sera d'ailleurs l'une des rares à représenter les premières années discographiques des Suédois. Et quand je parle de "premières années", je balaye hyper large car j'inclue tout ce qui est sorti entre 1998 et 2010, ce qui représente tout de même pas moins de huit albums ! Sachez qu'il n'y aura guère que Bastard Chain (seule rescapée de l'excellent A Predator's Portrait) à mi-parcours et Nerve (extraite de Stabbing The Drama) vers la fin du set pour témoigner de cette époque. Comme dit plus haut, le groupe capitalise sur ses efforts plus récents et ce sont clairement The Living Infinite, Verkligheten et Övergivenheten qui se taillent la part du lion. Evidemment, je n'aurais pas boudé quelques "vieilleries" supplémentaires mais difficile de faire la fine bouche face au déferlement d'excellents morceaux qui composent la setlist proposée ce soir : les nouveaux titres (que ce soient les speed et rageurs Is It In Your Darkness et Electric Again ou les plus tubesques singles Valleys Of Gloam et Harvest Spine) passent haut la main l'épreuve du live, on se régale quand arrive The Nurturing Glance (introduite par un petit discours à la mémoire de David Andersson)... Death Diviner, qui porte les couleurs du EP A Whisp Of Atlantic, nous scotche sur place (ce riff... et cette prestation vocale quatre étoiles de Strid ! Irrésistible)... Et comment ne pas succomber face à The Ride Majestic, jouée en première position dans le rappel, ou le hit ultra mélodique Stålfågel qui servira de conclusion fédératrice à ce show ?

Ce qu'il y a de fort dans ce concert ne tient pas qu'à la qualité des compos jouées par le groupe. L'interprétation est également particulièrement convaincante, l'ambiance sur scène (et dans la salle) excellente : Rasmus est un bassiste charismatique qui participe régulièrement aux chœurs, les guitaristes Simon et Sylvain ont la bougeotte... la complicité entre ces trois lascars fait plaisir à voir, ils se regroupent régulièrement, affichent des sourires éclatants (Sylvain tire gentiment sur la barbe de Simon pendant qu'ils jouent), échangent leur place... bref, ils font le show. Bastian, derrière ses fûts est "physiquement" moins démonstratif, il joue même avec un certain flegme et un sourire tranquille qui ne se marient pas toujours très bien avec les parties hallucinantes qu'il exécute ! Sven est plus réservé derrière son clavier mais tout aussi efficace que les autres... et bien sûr, il y a Björn : impressionnant, aussi bien physiquement que vocalement. Les fans se régalent, ils chantent, ils crient, ils pogotent, certains montent sur scène pour se jeter dans le public... la fête bat son plein pendant l'intégralité du set. Les soixante-quinze minutes passent à une allure folle et nous laissent avec l'envie de revivre ça rapidement. C'est simple, Soilwork démontre qu'il n'est pas seulement l'un des groupes de mélodeath les plus créatifs et performants du moment sur album mais aussi l'un des plus redoutables et fun sur scène. Quel dommage que tout le monde ne le sache pas, il est en effet quasi-incompréhensible, vu le talent démontré, que ces Suédois ne jouent pas dans une salle plus remplie ou tout simplement plus grande. Une prochaine fois ? C'est tout le mal qu'on leur souhaite.

Setlist Soilwork :

01. Övergivenheten
02. This Momentary Bliss
03. Stabbing The Drama
04. The Living Infinite I
05. Is It In Your Darkness
06. Electric Again
07. The Living Infinite II
08. Bastard Chain
09. Valleys Of Gloam
10. The Nurturing Glance
11. Harvest Spine
12. Death Diviner
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13. The Ride Majestic
14. Arrival
15. Nerve
16. Stålfågel

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