Edguy + Masterplan

Date

22 Octobre 2014

Lieu

Paris

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

Une dernière date de tournée européenne peut augurer d'une soirée festive... c'est en tout cas ce que je me suis dit en me rendant à la Cigale le 22 octobre dernier pour y retrouver les fameux Edguy accompagnés pour l'occasion de Masterplan. Le moins que je puisse en dire maintenant est que je ne m'étais pas trompé. Les premiers mots qui me viennent à l'esprit quand je me remémore la performance du quintet allemand venu présenter son Space Police à ses fans sont : "ambiance de folie ".

Avant de revenir sur ce concert on ne peut plus fun, commençons par le début de la soirée avec Masterplan qui, s'il n'a pas complètement retourné le public parisien et ne peut prétendre rivaliser avec la bande à Sammet (en termes de popularité ou de charisme sur scène), a livré un concert de cinquante minutes franchement plaisant, à défaut d'être inoubliable. 

L'intro du dernier album retentit dans les enceintes pendant que les musiciens prennent place mais ce n'est pas The Game qui déboule comme c'est le cas sur Novum Initium mais le tout premier single sorti par le groupe il y a douze ans de cela, j'ai nommé (l'excellent) Enlighten Me ! Le son n'est pas encore très équilibré à ce moment du show (comme c'est souvent le cas en tout début de concert) et quelques réglages sont nécessaires pour qu'on entende bien chaque intervenant mais la compo passe bien, surtout auprès de ceux (qui se sont pressés dans les premiers rangs) à qui elle rappelle de bons souvenirs. On reste sur radio nostalgie avec le deuxième titre de la soirée, Heroes, lui aussi extrait du premier album de Masterplan. Le groupe semble content d'être là, c'est sa dernière date avec Edguy ce soir. Alors que Roland Grapow est plutôt sobre et posé, le claviériste Axel Mackenrott a l'air bien décidé à faire la fête, il bouge beaucoup, brandit régulièrement une bière vers le ciel (avant de la vider) et chante à s'en décrocher la machoire derrière son clavier. Un enthousiasme qui fait plaisir à voir.

Rick Altzi est vocalement assez proche de Jorn Lande, en moins impressionnant, il est vrai. Dur de passer après un tel monstre. Cependant, si Jorn ne saurait être égalé sur un plan strictement vocal, il n'en va pas de même pour ce qui est de la prestation scénique. Rick n'est certes pas le frontman du siècle (et la comparaison obligée avec Tobias Sammet qui montera sur les planches de La Cigale un peu plus tard n'aide pas) mais il dégage tout de même quelque chose de plus que son prédécesseur globalement très ennuyeux à regarder sur scène. Sans atteindre des sommets, Altzi est un peu plus sympa et chaleureux, accordons-lui cela. Les interventions du vocaliste tournent globalement autour du fait qu'il fait chaud et qu'il faut bien s'hydrater... à la bière. Dans la fosse, quelques fans expriment leur approbation.

Revenons à la musique : après deux premières chansons nous remémorant les débuts du combo, on change d'album (on passe à Aeronautics) avec la puissante Crimson Rider balancée par un groupe carré. Il faut dire que la section rythmique tenue par Jari Kainulainen (pas le moins compétent des bassistes, vous en conviendrez) et un jeune homme qui remplace Martin Skaroupka à la batterie est super solide ! Le batteur (dont le nom m'a malheureusement échappé) est en grande forme et en rajoute un peu partout. Déjà, les parties sur album ne sont pas à la portée de tout le monde mais là, comme si ça ne suffisait pas, le gars remet quelques roulements supplémentaires, un ou deux contretemps quand ça l'amuse et un peu de rab de double pédale ou de cymbales histoire de ne pas s'endormir.

Après avoir proposé le single extrait de son dernier opus, le sympa mais pas dément Keep Your Dream Alive, le groupe revient à son premier disque et balance un Crystal Nights heavy en diable. Grosse accélération de tempo avec la speed Spirit Never Dies qui est très convaincante en live. Je n'en dirais pas autant de Soulburn, que j'aime pourtant beaucoup sur disque, mais qui a plus de mal à prendre son envol ce soir. Peu importe, l'excellente Kind Hearted Light et la puissante Crawling From Hell viennent immédiatement me réveiller et offrent un final rythmé aux mélodies accrocheuses.

                    

Aveu d'échec (ou pas) de la part d'un groupe qui peine à s'attirer la reconnaissance avec ses sorties récentes, les nouvelles chansons sont étrangement absentes de la setlist. Il est étonnant de constater que sur les neuf titres joués ce soir, sept proviennent du premier album du groupe... contre un seul extrait du plus récent (et pourtant loin d'être mauvais) Novum Initium ! C'est ainsi... et rien ne sert de bouder son plaisir puisqu'après tout, les chansons choisies sont, pour la plupart d'entre-elles, de très bonnes compos qui se révèlent particulièrement efficaces sur scène. Reste que, malgré une prestation sympathique de la part de ces musiciens de haut niveau, il manque tout de même à Masterplan quelque chose qui lui permette de complètement me convaincre. J'ai quand même bien apprécié ce concert. Cela m'a fait plaisir de revoir Mr. Grapow sur scène et j'ai pu mesurer les progrès faits depuis cette fameuse année 2005 où le combo, mené par Jorn Lande à l'époque, s'était produit au Trabendo et révélé assez ennuyeux. Là, sans parler de folie, c'était plus sympa et décontracté. Les membres du groupe terminent leur set avec le sourire aux lèvres, après que Rick Altzi a bien fait chanté la salle sur le break de Crawling From Hell et a présenté les autres membres du groupe, non sans une petite pointe d'humour au moment de s'arrêter sur le batteur, précisant (en s'adressant aux jeunes filles de l'assistance) que ce dernier était célibataire. 

                    

Setlist Masterplan :

01. Intro (Per Aspera Ad Astra)
02. Enlighten Me
03. Heroes
04. Crimson Rider
05. Keep Your Dream Alive
06. Crystal Nights
07. Spirit Never Dies
08. Soulburn
09. Kind Hearted Light
10. Crawling From Hell

 

Quand les lumières s'éteignent à nouveau, après une petite pause d'une demi-heure, l'enthousiame des fans se manifeste à travers une acclamation telle qu'on se demande si le toit de la Cigale va tenir. Felix Bohnke s'installe derrière sa batterie, bientôt rejoint par les autres musiciens du groupe, chaque nouvelle arrivée provoquant les cris d'un public plus que chaleureux. Le concert démarre ainsi, avec un morceau aussi enjoué que les fans eux-mêmes : Love Tyger. Pas tout à fait la grosse claque heavy à laquelle on pourrait s'attendre pour lancer un show mais un choix qui se défend et qui ne manque pas de séduire l'assistance qui bouge et assiste Tobias Sammet sur le refrain. 

L'ambiance ne redescend pas avec l'énergique Out Of Vogue rescapée de l'album Rocket Ride. Même constat avec Ministry Of Saints, pourtant pas la chanson la plus remarquable de la carrière des Allemands (remarque qu'on peut étendre à l'album dont elle est extraite, le moyen Tinnitus Sanctus). Le devant de la fosse saute sur place comme un seul homme monté sur ressorts. L'impression que j'ai à ce moment de la soirée est qu'Edguy peut bien balancer ce qu'il veut, le public lui mange dans la main et se régale. Il faut dire que le groupe est toujours aussi efficace et sympathique en concert... Et Tobias Sammet est probablement l'un des frontmen les plus charismatiques de sa génération, ce qui ne gâte rien. J'affirme cela avec objectivité et ceux qui me connaissent pourront en attester tant ils savent que Sammet est loin d'être, sur album, mon chanteur préféré. Sur scène, le bonhomme est excellent et son humour est toujours aussi appréciable. 

La quatrième chanson de la soirée n'est autre que Superheroes. Vraiment loin d'être ma compo préférée d'Edguy. Peu importe, c'est fun et entraînant, le public chante le refrain à tue-tête et je n'arrive pas à résister. En plus, le discours de Tobias juste avant que le morceau démarre m'a bien fait rire. En gros, il a pris son temps (deux bonnes minutes, il me semble) pour nous expliquer que la chanson qu'ils allaient jouer était dédiée à quelqu'un de très important pour lui, d'incroyablement talentueux et pas forcément reconnu comme le génie qu'il était (je vous passe les détails)... lui-même ! Fun.

A ce moment-là, je m'interroge quant au choix des chansons pour la setlist 2014. Love Tyger, plus hard rock que metal, Out Of Vogue et Superheroes, pareil... et toutes deux extraites de Rocket Ride, avec une Ministry Of Saints au milieu... C'est sympa mais quand même pas renversant. Edguy semble vouloir privilégier le fun et met en avant des compos "single"... mais j'aimerais bien entendre autre chose... quelque chose de plus consistant, de plus classe ou épique. Un bon classique échappé de l'époque Vain Glory Opera - Theater Of Salvation - Mandrake, ferait tout à fait l'affaire. Patience, ce n'est pas encore le moment, Tobias nous annonce qu'ils vont jouer une compo du nouvel album... 

Le discours de Sammet qui précède la nouvelle chanson sur le point d'être jouée est encore excellent. Il nous dit qu'ils sont venus nous présenter leur nouvel album mais juge que l'accueil du public n'est pas assez délirant... C'est alors qu'il attire notre attention sur des micros placés sur les côtés de la scène, micros présents pour nous enregistrer. Le public était chaud, il est maintenant bouillant. La chanson Defenders Of The Crown passe très bien en concert. Tempo enlevé, double grosse caisse de sortie, riff épique et passage idéal (avant le dernier refrain) tout en "oh oh ohohohoh ohoho" pour faire chanter les fans... carton plein. Et la fête continue avec Vain Glory Opera qui ravit notamment ceux qui, comme moi, ont connu le Edguy de cette époque (en 1998... ça ne nous rajeunit pas). Ensuite, c'est l'heure du solo de batterie. Un peu long (comme celui dispensé il y a trois ans au Bataclan), mais fun, bien dans l'esprit du groupe avec, par exemple, une introduction jouée à la flûte par Felix lui-même sur le thème de la 20th Century Fox. Ensuite il accompagne la bande qui joue la Marche Impériale (thème du film StarWars) avant de se lancer dans une démonstration plus classique. Quand Tobias revient sur scène, c'est pour crier dans son micro que ce n'est pas n'importe qui qui vient de s'agiter derrière sa batterie mais... le batteur !! Bien vu. 

                    

La soirée se déroule dans la bonne humeur. Le son est bon mais pas exceptionnel, un poil fort et aigu avec une batterie un peu trop en avant (le son de caisse claire surtout) alors que j'aurais préféré mieux entendre les guitares... mais ça passe. Et puis, l'ambiance est tellement délirante... Tobias, pourtant habitué à ce type d'accueil (et pas que chez nous), n'arrêtera pas de s'en étonner et de nous remercier. Après la chanson Space Police, avec son refrain taillé pour la scène et la présence du (énorme) space policeman (gonflable) de la pochette (gimmick très 80's qui fait bien entendu penser à Iron Maiden et son Eddie), le chanteur nous annonce que nous sommes tellement incroyables ce soir qu'ils vont même ajouter une chanson qui n'était pas prévue dans la setlist (et pour avoir jeté un oeil à la fameuse setlist après le concert, je peux vous dire qu'il n'a pas menti) : la très Helloweenienne Babylon. Génial. Et pas seulement parce que ce fut quasiment la seule occasion de se rappeler qu'Edguy a fait du speed mélodique un jour. En guise de final à cet intermède speedé, le groupe enchaîne avec la fameuse "Marche des Gendarmes" (preuve du lien particulier qui unit le groupe allemand et notre pays) et un petit bout de The Trooper de vous avez plutôt intérêt à savoir qui. Tout ça ne permet pas à La Cigale de se calmer... au contraire.

La reprise de Falco (Rock Me Amadeus) est jouée, puis un petit retour vers le passé s'opère avec la ballade Land Of The Miracle (véritable faux pas setlistique pour les oreilles de votre serviteur mais les fans ont l'air d'apprécier) et surtout avec la formidable Tears Of A Mandrake. Le rappel sera consacré aux années Hellfire Club, l'un des albums les plus appréciés du groupe, avec les prévisibles Lavatory Love Machine et King Of Fools qui confirment ce que je disais au début, à savoir qu'Edguy aime bien jouer ses singles... Chaude ambiance (encore une fois) garantie !

Verdict : un concert très réussi. Personnellement, je ne le trouve pas parfait mais cela est uniquement dû aux choix du combo pour créer sa setlist. A part ce petit détail, Edguy reste irrésistible sur scène... une vraie valeur sûre quand il s'agit de marier metal et humour... et de passer un excellent moment avec le sourire aux lèvres pendant un peu plus d'une heure et demie (une heure et quarante minutes exactement pour les curieux). 

Setlist Edguy :

01. Love Tyger
02. Out Of Vogue
03. Ministry Of Saints
04. Superheroes
05. Defenders Of The Crown
06. Vain Glory Opera
07. Drums solo
08. Space Police
09. Babylon
10. La marche des gendarmes / The Trooper
11. Rock Me Amadeus
12. Land Of The Miracle
13. Tears Of A Mandrake
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14. Lavatory Love Machine
15. King Of Fools

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