Evergrey

Date

01/10/2009

Lieu

Paris - Le Nouveau Casino

Chroniqueur

Blaster of Muppets

L I V E R E P O R T

La venue d’Evergrey en France est toujours un événement ; après avoir annulé leur passage par chez nous il y a plusieurs mois de cela (et soit dit en passant, après 3 ans d’absence), ces suédois à l’âme tourmentée sont de retour et entendent bien nous prouver qu’ils n’ont rien perdu de leur fougue. Ceux qui étaient au Nouveau Casino en octobre 2006 se souviennent probablement à quel point la dernière prestation française du groupe fut mémorable… allait-il en être de même ce soir (exactement au même endroit), 3 ans plus tard ?

 

Mais commençons par la première partie : une véritable découverte en ce qui me concerne, découverte qui répond au nom de Chaoswave. Ces italiens fort sympathiques, emmenés par un duo chanteur/chanteuse n’ont pas manqué d’énergie et ont, malgré un son plus que perfectible, réussi à convaincre une bonne partie du public. Le groupe fait dans une sorte de métal aux relents progressifs mais qui, contrairement à beaucoup de formations comptant une chanteuse dans leur rang, œuvre dans une veine bien plus agressive et thrash qu’à l’accoutumée (leurs influences comptent aussi bien des groupes comme Iron Maiden, Lacuna Coil, Dream Theater ou Symphony X que des formations comme Nevermore, Meshuggah ou Control Denied). Le niveau technique est impressionnant, la section rythmique est carrée (le batteur joue comme s’il s’agissait de son dernier concert !), il est juste dommage que les voix et la guitare soient un peu noyées dans une bouillie sonore dont ne ressortent avec les honneurs que la basse et la batterie. En tout cas, le groupe convainc par son entrain et son énergie. On retiendra une chanson surnommée « Tucca Tucca Song » par le groupe (à cause de la batterie ultra speed) bien fun où le batteur se montra particulièrement impressionnant. Pour les chalands convaincus et curieux qui voulaient acheter un des deux albums sortis par Chaoswave, le groupe était présent au stand merchandising (visiblement content de l’accueil réservé par le public) et n’a pas hésité à discuté et signé les albums… groupe décidément très sympathique et à suivre.

Après une demi-heure de pause, c’est au tour d’Evergrey d’investir la scène du Nouveau Casino. Et dès les premières notes de l’intro, les fans se font entendre et tapent en rythme dans leurs mains. On se dit que l’ambiance va être excellente, et on a raison. Ce n’est d’ailleurs pas le moindre des talents du groupe (et de son public) … une telle ambiance ! Parce que, disons-le franchement, les chansons d’Evergrey ne sont pas vraiment des hymnes susceptibles d’être repris à la fête de la bière. Non, on a plutôt à faire à une musique très belle, sombre, terriblement heavy mais véritablement mélancolique. Et pourtant, l’atmosphère qui régna au Nouveau Casino ce soir-là fut particulièrement chaleureuse. D’autres groupes faisant dans un metal ou hard rock beaucoup plus léger et sympa ne suscitent pas toujours autant de réactions positives et surprennent parfois par leur froideur, il m’est souvent arrivé d’assister à des concerts dont on n’aurait pu penser à l’avance qu’ils allaient être super festifs et qui, en fait, ne décollaient jamais. Comme quoi, il n’y a pas de règles…

 

Evergrey attaqua directement avec un morceau extrait du dernier album (le bon mais décevant Torn… ce n’est que mon avis) intitulé Fear, puis le groupe enchaina avec As I lie here bleeding (extrait de Recreation Day) avant de continuer avec Soaked (lui aussi du nouvel album)… Jusque-là, le concert est bon mais le groupe n’a pas encore tout à fait trouvé son rythme. On le sent un peu hésitant, les pauses entre les morceaux sont un peu longues… rien de grave ou de trop long non plus mais ça ne s’enchaine pas avec autant de fluidité que ça. Tom disparaît de scène à quelques reprises quand il ne chante pas… C’est un peu étrange. Peut-être aussi que les titres choisis par le groupe pour attaquer la soirée, aussi bons soient-ils, ne sont pas non plus (à mon goût) les plus appropriés pour un début de concert censé mettre le feu. Je ne trouve pas que les chansons de Torn passent aussi bien sur scène que les anciens titres, j’aime moins l’album de toute façon (vous l\'aurez compris). Heureusement pour moi, il n’y aura plus de chansons extraites de ce disque avant le rappel en toute fin de concert. 3 extrait de Torn seulement alors qu’il s’agit de la tournée de cet album ? Pas grave mais un peu surprenant quand même, non ? S’il ne s’agit peut-être pas d’un désaveu, il n’en reste pas moins que, traditionnellement,  un groupe qui fait la promo d’un disque joue plus de nouveaux titres. Sur la tournée de l’album précédent, Evergrey avait proposé 5 nouveaux morceaux de l’album Monday Morning Apocalypse… Refermons cette parenthèse et revenons à la suite de ce concert.

Une fois les 3 ou 4 premières chansons passées, le concert décolle véritablement et Evergrey nous régale avec She speaks to the Dead, Watching the Skies, Blinded, End of your Days ou The Masterplan. On ne s’ennuie pas une seule seconde, les titres s’enchainent parfaitement bien, l’ambiance est toujours aussi excellente, le groupe a l’air de prendre son pied et nous aussi ! Le nouveau bassiste n’est pas un inconnu, il s’agit de Jari Kainulainen qui avait servi Stratovarius pendant de nombreuses années. Il est excellent et particulièrement mis à l’honneur par l’ingé son. A le voir triturer le manche de sa basse 6 cordes avec tant de dextérité, on se dit qu’il n’a vraiment pas rejoint Evergrey pour rien ! Je n’avais jamais vu le groupe avec une section rythmique aussi impressionnante (et ne me souviens pas avoir trouvé Jari aussi bon avec Strato non plus). Les autres musiciens ne sont pas en reste. Tom est toujours aussi charismatique, sa voix toujours aussi belle et chaleureuse. Henrik, le second guitariste, n’est pas un manchot non plus, mais il semble s’être lancé dans une sorte de compétition intitulée « Qui peut descendre le plus de bière sur scène ? ». Incontestablement, il en est le grand vainqueur ! Cela ne semble pas affecter son jeu plus que ça, tant mieux… l’entrainement sans doute.

Le moment est venu pour moi de me confesser. Tout au long de la soirée, une énergumène a crié Solitude Within  entre les chansons dans l’espoir que le groupe cède à sa requête. Cette personne, c’était moi. Désolé. Mais je tiens à dire que c’est la faute de Tom Englund. Tout à fait. D’abord parce que cette chanson est absolument géniale et qu’il me semble inconcevable qu’elle ne fasse pas partie de la set-list. Ensuite, parce que lors de l’interview de Tom un peu plus tôt dans l’après-midi, il m’avait confié qu’elle ne faisait pas partie du programme, mais que si mes amis et moi crions très fort (le terme exact en V.O. fut « fucking loud »), il verrait ce qu’il pourrait faire… Il s’est bien fichu de moi, le Tom ! Non seulement, le morceau ne fut pas joué (hérésie !), mais en plus il offrit 1 t-shirt à la personne qui voudrait bien me faire taire, ce qui a fait bien fait rire tout le monde. J’en profite pour remercier le public de ne pas m’avoir molesté…

Avant de revenir pour un rappel généreux, le groupe conclura son set avec I’m Sorry, fantastique ballade de l’album Recreation Day (décidément à l’honneur ce soir), sur laquelle Tom fera chanter le public. Après quelques minutes d’absence, le groupe revient sur scène acclamé par la foule, et entame son retour avec When the walls go down (belle, déprimante et énergique à la fois), enchainée avec l’imparable Recreation Day. Puis les musiciens se souviendront qu’ils ont un nouvel album et nous balanceront la très sympathique Broken Wings qui (je veux bien le reconnaître) passe très bien sur scène. La conclusion se fera sur A Touch of Blessing, magnifique.

Au final, 18 chansons servies par un groupe en forme (et un gros son réjouissant, bien puissant même s’il manquait parfois un peu de clarté)  pour un concert qui dura près de 1h45. Une soirée sous le signe de la générosité et de la bonne humeur qui nous permet d’affirmer qu’Evergrey fait vraiment partie de ces groupes qui font la différence en live. Si vous les avez loupés, je ne saurais trop vous recommander de vous y précipiter la prochaine fois. Et dire que j’ai un peu hésité à y aller en raison de la petite déception causée par leur dernier album… N’importe quoi !


SET-LIST :

 

1. Intro

2. Fear

3. As I lie here bleeding

4. Soaked

5. More than ever

6. She speaks to the dead

7. Watching the Skies

8. In Remembrance

9. Blinded

10. End of your days

11. Guitar (Henrik) & keyboards

12. The Masterplan

13. Still in the Water

14. Monday Morning Apocalypse

15. Words mean nothing

16. I’m Sorry

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17. When the walls go down

18. Recreation Day

19. Guitar solo (Henrik)

20. Broken Wings

21. A Touch of Blessing