En 1995, l'industrie du disque a déjà pas mal évolué depuis l'impressionnant succès rencontré en France par le Live d'AC/DC. Le grunge est passé par là, la scène hard rock est un peu moins à la mode. Smells Like Teen Spirit est passé par là, Korn a sorti son premier album au son révolutionnaire et les légendes du hard rock tiennent encore le coup mais ne sont plus en haut de l'affiche.
AC/DC a pour la première fois calmé son rythme infernal de travail. Dans les années 80, les albums s'enchaînaient avec les tournées et le groupe ne débranchait pas et il n'y avait pas plus de deux ans entre deux disques. Là, on est cinq ans après The Razor's Edge et on a déjà quelques changements. A mon grand regret, mais à la joie de nombreux fans, Phil Rudd, batteur historique des grandes années, est de retour. Exit Chris Slade (là est ma réserve, Phil Rudd étant un excellent batteur, lui aussi parfait pour AC/DC) et sa frappe de mammouth. A la production, le fameux Rick Rubin est aux affaires. Pour le reste, économisons-nous, AC/DC reste fidèle à son style. On a donc ici un format assez classique chez AC/DC, quelques hits incroyables (Hard As A Rock et son intro de dingue, Hail Caesar hyper accrocheuse), de très bons titres finalement assez vite oubliés et une galette qui passe très bien malgré un style sans aucune surprise.
Je resterai toujours fasciné par les fans absolus du groupe trouvant çà et là de réelles différences de fond entre les différents disques des Australiens d'adoption. Ok, ce Ballbreaker est plus orienté bluesy quand AC/DC était plus hard rock dans les années 80. C'est globalement entre ces deux registres qu'AC/DC aura navigué toute sa carrière (Stiff Upper Lip ira d'ailleurs le plus loin dans l'aspect bluesy produit par le grand frère George). Il n'en demeure pas moins que la musique du groupe reste bien balisée. C'est à la fois son charme absolu, sa grande qualité mais aussi sa limite. Etant grand fan, ça me va très bien. Mais les fans de prog doivent être sceptiques devant une telle continuité artistique (non, parce qu'avoir traversé les années 80 sans un son de synthé ni une ballade, faire preuve d'une telle imperméabilité, ça reste aussi étonnant que fascinant !!!). A chacun de se faire son avis sur cet aspect non évolutif de leur musique. AC/DC ou l'anti-darwinisme.
Ce disque recueillera donc quelques réserves à sa sortie, à mon sens un peu injustes (je le trouve personnellement parmi les meilleurs dans ce qu'AC/DC a proposé depuis le fameux Back In Black). La tournée calmera, elle, toutes les critiques, AC/DC y excellant comme à son excellente habitude. Ballbreaker, un très bon disque de la scène hard rock "tardive".
Tracklist de Balbreaker :
01. Hard As A Rock 02. Cover You In Oil 03. Furor 04. Boogie Man 05. Honey Roll 06. Burnin' Alive 07. Hail Caesar 08. Love Bomb 09. Caught With Your Pants Down 10. Whiskey On The Rocks 11. Ballbreaker
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