En 1987, AC/DC n’est pas à son meilleur, c’est peu de le dire. Bien
qu’à relativiser à leur délirante échelle. Oui, le creux de la vague
chez AC/DC, ça reste très haut. Même si cette information
mérite d’être recontextualisée, c’est non plus à Bercy
qu’AC/DC viendra pour sa tournée du Blow Up Your Video Tour mais au
Zénith de Paris. Il y avait eu une date bien étrange lors du passage
précédent à Bercy, un show joué devant un public clairsemé, rejetant
presque ouvertement les compos récentes dans une atmosphère jugée bizarre ce qui
avait vexé le groupe et poussé ce dernier à zapper notre pays pour la
tournée Fly On The Wall. La moindre qualité artistique de
l’enchainement Flick Of The Switch - Fly On The Wall - Who Made Who n’y était pas pour
rien, quelques errements artistiques (jusqu’aux artworks frisant le « je-m’en-foutisme
»), une époque moins porteuse également. Mais tout cela allait changer, le contexte
avec une scène hard rock redevenant à la mode de manière délirante et
remettant les anciens jeunes talents au goût du jour (coucou Aerosmith) mais aussi le recours à des producteurs
surdoués et ultra compétents. Bruce Fairbairn sera le grand chambellan
mais pour AC/DC, il faudra attendre The Razor’s Edge pour recourir à cet immense et
regretté producteur.
Sur Blow Up Your Video, c’est le retour du binôme historique Harry
Vanda et George Young. Revenir aux fondamentaux, ça sent quand
même la situation de crise et la tournée live confirmera ce point avec un Malcolm
Young rincé par ses addictions (et probablement la gestion du groupe qui ne
débranchait pour ainsi dire jamais) et qui se fera remplacer sur la tournée US (par un
certain Stevie Young, qu’on reverra). Simon Wright, dans un sens
du timing historique qui a posteriori laisse pantois, quittera le groupe à la fin de la
tournée alors qu’AC/DC s’apprête à redevenir
gigantesque (certes pour rejoindre Dio, c’est plutôt très bien
tout de même). Autre changement, le retour artistique au bon vieux rock n’roll qui fait
taper du pied, symbolisé par un Heatseeker incendiaire où on retrouve un
AC/DC fun et bourré d’énergie. Le morceau a été
enregistré dans notre belle contrée, rappelant l’histoire d’amour unissant les
Australiens à notre pays (si bien racontée par ses plus grands fans) et prouvant aussi
l’absence de rancune suite à l’imbroglio Bercy 1984. Le groupe avait composé
plus de morceaux que nécessaires et seuls dix d’entre eux furent retenus. Trois des chutes
avaient été proposées via des singles quand les trois dernières, encore sous
forme de démos, avaient fini sur des bootlegs après avoir été volées.
Bon disque d’AC/DC qui, malgré quelques imperfections (le son de batterie
désespérément 80’s !), a retrouvé du poil de la bête, une bonne
niaque, enfin remis un artwork à peu près au goût du jour (bien que daté
depuis, ce que ne seront plus les pochettes suivantes). Blow Up Your Video marque une
transition pour le groupe en fermant une décennie plus compliquée. Brian
Johnson n’écrira plus les textes par la suite et le succès fou de The
Razor’s Edge permettra au groupe de devenir un mastodonte, un groupe légendaire dont
les prestations live ont profondément marqué les personnes présentes.