Artiste/Groupe:

AC/DC

CD:

Flick OF The Switch

Date de sortie:

1983

Label:

Atlantic Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

ced12

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AC/DC est un groupe immense et présente une trajectoire remarquable, c’est une banalité que de le rappeler. La formation a traversé plusieurs décennies et a vu passer un nombre de courants musicaux innombrable de la vague punk au metalcore en passant par le glam ou le grunge (liste non exhaustive). Et dans un environnement aussi changeant n’a jamais modifié sa formule musicale. Jamais une ballade, pas un synthé ce qui dans les années 80 confine à l’exploit, à mi-chemin entre une authenticité maximale ou un autisme à son époque. Il est vrai que les frères Young n’ont jamais caché n’écouter que du bon vieux rock des origines. Et fait qui m’a parfois laissé pantois connu un succès considérable en dépit de ce fonctionnement hors-mode même si bien intégré au business de l’industrie musicale. Je suis bien sûr faussement surpris car la qualité des disques est là et ce serait perte de temps envers le lecteur que de lister les chefs d’œuvre pondus par AC/DC tant ces derniers sont bien connus du public et on ne peut parler de simple succès d’estime mais de grande réussite commerciale. J’ai exprimé l’idée qu’AC/DC n’a jamais trop évolué musicalement mais en rentrant dans le détail, en affinant l’analyse, on trouve quelques variantes, naviguant entre blues et hard rock et il est possible de noter une (très) légère adaptation à son époque. Flick Of The Switch répond quelque peu à cette précision car les frères Young ont quelque peu ajusté leur formule en basculant vers un hard rock plus musclé alors que la New Wave Of British Heavy Metal était passé par là. De même que quelques groupes issus de la Bay Area qui avaient bien haussé le ton et accéléré les tempos.

Il me semble nécessaire de rappeler que si les années 80 furent si particulières pour AC/DC, ce n’est pas que le fait d’une époque mouvante mais aussi de secousses inhérentes au groupe lui-même, probablement épuisé par un rythme endiablé. Inutile de rappeler le traumatisme que fut le décès de Bon Scott, le recrutement de Brian Johnson et le « miracle » Back In Black, succès tant artistique que populaire bénéficiant de l’inertie incroyable des disques précédents, tous d’une qualité inouïe. Traçant inlassablement leur voie sans forcément donner l’impression de se poser (marque de fabrique des frères Young), ne réglant ainsi aucun souci de fonds, AC/DC va opérer une lente déconstruction dans les années 80 : conflit larvé entre Phil Rudd et Malcolm Young qui aboutira au départ du premier durant l’enregistrement de Flick Of The Switch appelant un turn-over sur le poste qui n’a cessé depuis au gré de circonstances diverses et variées, problèmes d’addiction de Malcolm, perte (relative) de popularité du combo, … Période agitée donc. En plus, les frères Young avaient décidé de ne plus recourir à une personne extérieure et ont choisi de gérer eux-mêmes la production de ce Flick Of The Switch. Le résultat n’est honnêtement pas fameux sur ce plan car très daté ce qui est assez étonnant quand on sait que justement, AC/DC a toujours sonné, et encore très aujourd’hui, de manière intemporelle. Or, pour la première fois, les Flick Of The Switch, Fly On The Wall, Who Made Who sonneront datés. Les deux frangins en reviendront de s’auto-produire et ce changement sera concomitant au retour d’un grand succès. Alors certes, le hard rock revenant à la mode dans le même timing, cela peut aussi expliquer ce redécollage mais on ne m’enlèvera pas que ces disques en auto-gestion sont les moins intéressants des australiens.

C’est d’ailleurs le second souci de ce Flick Of The Switch : un net recul  sur la qualité du song-writing. AC/DC a toujours été capable de pondre un tube ou plus masquant des pistes plus convenues, permettant ainsi de bien « vendre » le disque : Thunderstruck, Hard As A Rock & Hail Caesar, Rock n’roll Train en sont de parfaits exemples (liste encore non exhaustive). Sur ce Flick Of the Switch, comme ce sera le cas sur son successeur, point de morceau resté mémorable et aucune piste n’a passé le cap du temps. Certains puristes qualifient ce disque de sous-estimé mais il me semble nécessaire de rappeler que ces avis n’hésitent pas à renvoyer vers la version remastérisée de 2003. Il est vrai qu’on trouve quelques bons titres ici, une bonne énergie et un savoir-faire réel. Juste, il manque un petit quelque chose, un regard extérieur j’y reviens mais aussi un coup de moins bien dans la capacité à composer de grandes pistes, ce dernier point me semblant incontestable.

Début du trou d’air qu’AC/DC va traverser dans les 80’s, Flick Of The Switch est aussi la conséquence naturelle d’un groupe probablement cramé par le délirant succès (et le rythme effréné) des années précédentes. Coup de moins bien, repli sur soi dans un contexte interne troublé, les frères Young ont tout de même montré que même dans une période de creux, ils étaient encore capables de proposer une musique intéressante et en dépit de mes réserves de bonne facture ici. Et même si les ventes se révélèrent moindres que les succès fous des disques précédents, ces dernières restèrent très correctes avec un déclin naturel et mécanique de popularité. Evidemment, c’est une lapalissade de préciser que même moins percutant en studio, AC/DC restait une machine de guerre live là où le groupe n’a jamais déçu et toujours été parmi les tout meilleurs, et ce toutes époques confondues.

 

Tracklist de Flick Of The Switch :

01. Rising Power 
02. This House Is on Fire 
03. Flick of the Switch 
04. Nervous Shakedown 
05. Landslide 
06. Guns for Hire 
07. Deep in the Hole 
08. Bedlam in Belgium 
09. Badlands
10. Brain Shake 

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