Artiste/Groupe:

AC/DC

CD:

Power Up

Date de sortie:

Novembre 2020

Label:

Columbia Records

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Bane

Note:

13.5/20

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On ne va pas se mentir, ami lecteur, je n'étais pas optimiste.

Et franchement, il y avait de quoi. Chronologie rapide depuis 2000 : après un très réussi Ballbreaker (dernier grand album du groupe, le deuxième meilleur avec Johnson selon moi et la parfaite synthèse), AC/DC avait sorti un album de vieux, Stiff Upper Lip, et ressemblait à une retraite anticipée. Je suis dur, il n'est pas si mal, ce disque, m'enfin ça casse pas trois pattes à un canard - et je m'y connais en canards. S'en était suivi un catastrophique et interminable Black Ice, trop long, trop chiant, trop foireux. Là, comme ça, je ne peux te citer quasi aucun titre de cet album... Rock or Bust était un poil meilleur, car plus court et avec quelques trucs sympas. M'enfin pas de quoi fouetter un chat - ne fais jamais ça. Et puis la suite, on l'a tous suivie : Brian devient sourd, Axl Rose le remplace, Phil Rudd fait des trucs illégaux de partout, Cliff Williams prend sa retraite. Le coup de grâce arrive bien sûr en ce sinistre 18 novembre 2017 : Malcolm Young nous quitte. Franchement, ç'aurait été le bon moment pour déposer les armes...

Mais ce serait mal connaître Angus Young ! Blabla, rumeurs, blabla, un album avec Axl serait en préparation blabla, en fait on a vu Brian en studio. Magie, le line-up se regroupe : Brian va mieux, Cliff accepte de refaire un disque, Phil ne va pas en zonzon et Steve garde la guitare. Annonce, album, single. Shot In The Dark. Mouais, pas honteux mais pas glorieux non plus, mais sans doute bien meilleur que Play Ball et Rock'n'roll Train, les singles des deux albums précédents. Le titre de l'album : Power Up, parfois écrit PWR/UP. Pas mal, comme titre, sans doute le meilleur titre depuis Ballbreaker. La pochette : un logo néon rouge, des guitares, des caisses de matos. Sobre, classe, ça a de la gueule. Bon ben on va bien voir, hein...

Eh ben il s'en sort pas trop mal, ce disque ! Evacuons tout de suite ce qui ne va pas. C'était prévisible, je m'y attendais et je suis étonné que ça ne plombe pas le tout plus que ça : ça manque d'énergie, tout ça. Forcément, les messieurs ne sont plus de la première jeunesse -Brian approche des 75 ans- et ça s'entend un peu. Ca n'est pas mou, faut pas déconner, mais ça retourne pas la baraque non plus. Le problème, c'est que c'est un hard rock nerveux qu'on attend. Si je prends l'exemple d'un autre album de vieux sorti dans l'année, à savoir Whoosh, le dernier Deep Purple, la molesse se fait moins dérangeante puisqu'elle ne détonne pas avec le style de l'album, qui se veut beaucoup plus posé et moins électrique que Power Up. Pas un grand mal, certes, mais un petit mal quand même. J'aurais également retiré un ou deux titres : le refrain de Rejection me prend la tête et je trouve Wild Reputation franchement anecdotique. Un 10 titres pour 35/40 minutes, ç'aurait été profitable.

A part ça, franchement, il passe bien, ce disque ! Ca n'est évidemment pas un grand album, ça n'est pas un très bon album, mais ça n'est pas qu'un AC/DC de plus. Non, c'est un peu plus que ça. Mon constat global sur cet album est le suivant : c'est leur meilleur depuis Ballbreaker. Tu l'as vu dans mon intro, il n'y a pas grande concurrence puisque les trois précédents allaient du passable au râté. Mais c'est vrai que c'est déjà pas mal que le groupe puisse nous pondre un album vraiment sympa en 2020. J'avoue, je ne l'avais pas vu venir. Forcément, on retrouve les titres calibrés AC/DC. Mais si, tu sais, ceux que ton père/grand-père va entendre et dire "ah, ça c'est du vrai hard rock" comme si ces gens savaient ce que c'est, du hard rock... Shot in the Dark est la parfaite illustration de tout ça d'ailleurs. Même constat pour des titres comme Realize, Code Red ou Witch's Spell (qui a cela dit un chouette refrain). AC/DC, c'est pas des branquignoles, faut le dire : ils connaissent leur formule et savent très bien faire leur truc, même si parfois ça fait un peu fonctionnaire. Evidemment, aucun de ces titres ne fera partie de mes préférés.

En revanche, un titre comme Demon Fire met une sacrée patate ! Déjà j'adore quand Brian chante avec sa voix grave, je trouve ça dommage qu'il ne le fasse pas plus. Mais le rythme du morceau et son super refrain me mettent vraiment la pèche, j'adore ! Parlons rapidement du son de cet album, parce qu'O'Brian et Fraser ont fait un travail remarquable : tout sonne parfaitement bien, le son des grattes tue, la batterie de Phil claque vraiment bien et la voix de Brian est bien mise en avant. C'est d'ailleurs lui qui fait une des grandes forces de ce disque : sa voix vieillit vraiment bien ! S'il n'eructe pas aussi éraillé qu'avant, forcément, il s'en sort bien, le bougre ! Comme quoi, les clopes et le whisky, ça conserve ! (ceci est une blague, les enfants, ne fumez pas) Bien sûr, Stevie n'est pas Malcolm, ça se sent. Et bien sûr, Angus a déjà donné son meilleur pendant tout le reste de la carrière du groupe. M'enfin les riffs demeurent très efficaces et les soli bien sentis. Et quel plaisir d'entendre Rudd faire poum-tchak pendant quarante minutes ! Franchement, vous connaissez un batteur aussi solide ? Zéro technique, que du feeling : imparable ! John Bonham et autres Brann Dailor n'ont qu'à bien se tenir -mais oui, évidemment qu'ils sont meilleurs que lui, je plaisante !

Je suis vilain en plus parce que Philou alterne sur l'intro de mon titre préféré de l'album : Through The Mists Of Time. Ce morceau n'est pas hard rock. Non, il est pop rock : que ce soit le riff, les lignes de chant, les accords ou l'énorme refrain, on a un truc ultra accrocheur et fédérateur. Le groupe s'en sort bien quand il essaie ça : Who Made Who était une énorme réussite et Rock The Blues Away était mon titre favori sur l'album précédent. L'énorme couche de choeurs sur ce titre est vraiment réussie. Tiens d'ailleurs voilà une force de l'album : les choeurs. Partout, tout le temps. Ca n'est pas nouveau chez AC/DC, il y en a toujours eu, mais là, la prod les met vraiment beaucoup en valeur et moi j'adore ça ! Quelques petites originalités ici et là viennent compléter le tableau : l'intro un peu folk de No Man's Land, le feeling presque Aerosmithien de Money Shot...

Que dire alors ? Un album qui manque de patate, avec quelques titres anecdotiques et un peu de pilotage automatique. Mais d'autres titres vraiment solides, des réussites, une prod' au poil et quarante minutes vraiment pas désagréables. Comme d'habitude, AC/DC ne réinvente pas la roue. Cela dit, ça n'est pas ce qu'on lui demande. On ne lui demande que de faire de bons disques. En ça, le pari est tenu. Power Up ne restera jamais gravé dans les annales et on l'aura sans doute oublié dès l'an prochain. Mais en ce qui me concerne, je l'ai acheté -acheter, c'est voter- et il tourne assez fréquemment en ce moment. Joli digi d'ailleurs, avec de belles photos. Par contre, ne me parlez pas de leur boîte à la noix qui fait de la lumière à quarante-cinq euros, quelle arnaque, ce truc ! Et rien que ça, un achat, ça n'était pas arrivé avec un album du groupe depuis vingt-cinq ans ! Et puis bon, 'faut le dire, c'est toujours beaucoup mieux qu'Airbourne !

Tracklist de Power Up :

01. Realize
02. Rejection
03. Shot In The Dark
04. Through The Mists Of Time
05. Kick You When You're Down
06. Witch's Spell
07. Demon Fire
08. Wild Reputation
09. No Man's Land
10. Systems Down
11. Money Shot
12. Code Red

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