Artiste/Groupe:

Aerosmith

CD:

Pump

Date de sortie:

1989

Label:

Style:

Hard Rock

Chroniqueur:

Orion

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La première moitié des années 80 n'a pas été la période la plus prestigieuse pour Aerosmith (la fin des années 70 non plus ceci dit, ce qui au final a fait un sacré passage à vide). Les albums sortis en 1982 (Rock In A Hard Place) et en 1985 (Done With Mirrors) sont certainement les plus faibles de leur discographie. Ce dernier, pourtant enregistré avec les guitaristes originaux revenus au bercail (Brad Whitford et Joe Perry) montrait un groupe à bout de souffle. On ne donnait plus très cher de la peau de ces dinosaures à ce moment-là. Mais en 1987, c’est le réveil. Le succès revient grâce à Permanent Vacation et à ses deux tubes, Dude (Looks Like A Lady) et Angel. Merci à Desmond Child au passage, co-compositeur des deux morceaux et usine à hits bien connus (Kiss, Bon Jovi, etc…)
C'est donc sur cette impulsion positive qu'est composé son successeur, Pump. On ne change pas une équipe qui gagne et Desmond Child est de nouveau sollicité ainsi que Jim Vallance qui, lui aussi, avait participé à la réussite de Permanent Vacation en co-composant quatre titres dont le single Rag Doll.

L'album s'ouvre sur un Young Lust bien rock'n'roll et énergique. On y retrouve déjà le Aerosmith des grands jours et un Steven Tyler en grande forme. Pas le temps de souffler, ce premier morceau est enchaîné à un second dans le même esprit qui confirme la bonne impression d’entrée, F.I.N.E. Cet acronyme signifie "Fucked Up, Insecure, Neurotic and Emotional". On retrouve ce titre gravé sur la carrosserie des camions de la pochette car il avait été question de l’utiliser pour nommer l’album ce qui fut refusé par le label. On a donc ensuite imprimé "Pump" sur la portière, mais le "F.I.N.E." est resté (difficile à voir sur le format CD, c’est plus clair sur le vinyle). Pour rester dans le sujet, il faut savoir que les paroles des morceaux n’ont pas été imprimées sur le livret, ce que regrette Steven Tyler mais là encore, c’est un choix du label Geffen qui a eu peur de la censure du PMRC à cause des multiples références au sexe et aux drogues dans les paroles.
Pour en revenir à F.I.N.E., c'est en tout cas l’un des rares morceaux du groupe à ne pas contenir de solo de guitare. Par contre, Joe Perry est cité dans les paroles, tout comme Tipper Gore, la présidente du PMRC (on y revient), ennemie de tous les groupes de Hard Rock / Metal aux USA.
Petite intro d’ascenseur où la liftière propose à Mr Tyler de "Going Down" et hop, c'est parti pour le premier gros tube de cet album, Love In A Elevator. Monstrueux ! On retrouve cette intro sur la vidéo du titre, vidéo dans laquelle le groupe montre qu'il a aussi de l'humour et qui sera l'une des plus populaires d'Aerosmith. Le single aussi, puisqu'il s'est classé premier du "Hot Mainstream Rock Tracks" (classement des titres rock les plus diffusés en radio aux USA) et cinquième du "Billboard 100" (classement général des singles). Une première pour Aerosmith. Avec ces trois premiers morceaux, pas de doute, les Toxic Twins sont en forme et ont l'air d'avoir échappé (définitivement) à leurs démons.

On continue avec Monkey On My Back, de nouveau un titre rock'n'roll bien groovy dans l'esprit des deux premiers, avec une slide guitar qui joue les premiers rôles. Et nous voici déjà arrivés au second highlight de cet album : Janie's Got A Gun, titre composé par Tyler et le bassiste Tom Hamilton, lui aussi précédé d'une petite intro, instrumentale cette fois, nommée Water Song. Il sera le second single tiré de l'album et ce sera le second gros carton. Il se classe en effet quatrième du Billboard 100. Il faut reconnaître que ce morceau est assez fabuleux, tout y est : l’ambiance, l’intensité qui monte doucement, le refrain qui fait mouche, le solo inspiré. A la différence des autres titres, les paroles sont plus sérieuses et même carrément sombres puisqu’elles évoquent le problème de l'inceste. Elles parlent d'une certaine Janie qui cherche à buter son père qui l'a abusée. C'est d'ailleurs la raison de la censure dont fera l'objet la vidéo qui sera tournée pour ce titre, un clip que l'on doit au pas encore célèbre réalisateur David Fincher.

La seconde face de l'album commence par un petit instrumental à l’ambiance western, Dulcimer Stomp, qui débouche sur The Other Side, dernier single tiré de l'album et encore un succès. Pour ce titre, Aerosmith sera accusé d’avoir pompé la mélodie du refrain d’un titre de The Four Tops de 1966, Standing In The Shadows Of Love. Au final, le groupe sera contraint d’ajouter le nom des compositeurs originaux du morceau dans son livret. Il n’en reste pas moins que le morceau fonctionne très bien.
S’il faut trouver un point faible à cet album, pour moi ce sera My Girl qui n’est pas un titre raté, loin de là, mais qui me semble tout de même en dessous du reste. Car il reste encore de bien bons morceaux après lui. Le "southern style" de Don’t Get Mad, Get Even ou encore l’ambiance tribale de Hoodoo / Voodoo Medicine Man sont largement plus intéressants et montrent de nouveau que le groupe ne se contente pas de proposer des titres tous formatés dans le même moule. On note aussi que sur cet album, Aerosmith a recours à pas mal d’arrangements aux synthés, notamment sur les singles, ainsi que quelques autres instruments plus "exotiques" comme l’harmonica, le didgeridoo (Don’t Get Mad) et même l’accordéon (What It Takes).
On termine évidemment par la ballade de rigueur. C’est What It Takes, titre co-écrit par Desmond Child et qui sera lui aussi un gros succès en single (le troisième de l’album). On n’est pourtant pas au niveau d’un Dream On (indétrônable !) ou même d’un Angel mais les voies du succès sont impénétrables…
A noter qu’un petit instrumental à l’ambiance sudiste de nouveau se trouve caché après ce morceau, en ghost track.

Pump est l’un des meilleurs albums d’Aerosmith (le meilleur ?), pas seulement grâce à ses quatre hits qui ont cartonné mais aussi grâce au reste qui ne démérite pas.
Non content de confirmer la bonne santé du groupe en cette fin de décennie, Pump enfonce le clou et montre que les vétérans d’Aerosmith ont encore de beaux restes. Mieux, l’album rencontre un tel succès qu’il rivalise largement avec ceux de la nouvelle génération (Guns N’Roses, Mötley Crüe, Poison, Bon Jovi...). Non, les "Dupont Volants" n’avaient pas dit leur dernier mot. Et ils allaient encore franchir un palier avec l’album suivant, le douze fois platine Get A Grip.


Tracklist de Pump :

01. Young Lust
02. F.I.N.E.
03. Going Down
04. Love In An Elevator
05. Monkey On My Back
06. Water Song
07. Janie's Got A Gun
08. Dulcimer Stomp
09. The Other Side
10. My Girl
11. Don't Get Mad, Get Even
12. Hoodoo
13. Voodoo Medicine Man
14. What It Takes