Artiste/Groupe:

Alice In Chains

CD:

Rainier Fog

Date de sortie:

Août 2018

Label:

BMG

Style:

Grunge

Chroniqueur:

Didier

Note:

17/20

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Je le confesse de suite, je ne connais pas Alice In Chains à part de nom. C'est certainement une bonne raison pour me brûler en place publique, mais avant je voudrais vous confier mon expérience de la découverte de ce groupe au travers de ce nouvel album, Rainier Fog. Pour ceux qui, comme moi, auraient ignoré jusqu’à aujourd’hui ce groupe, laissez-moi vous situer un peu le contexte. Les autres peuvent nous attendre au chapitre suivant.

Alice In Chains fait partie du mouvement Grunge de la région de Seattle sur la côte nord-ouest des USA qui émergea dans les année 90. Dans la mouvance des incontournables de Nirvana, Pearl Jam, Soundgarden, on trouvait nos amis de Alice In Chains, dont les premiers albums ont cartonné : Facelift en 1990, Dirt en 1992 et un album éponyme en 1995. Le groupe vend des millions d'albums principalement aux US. A l’époque, le groupe se composait de Layne Staley au chant, Jerry Cantrell à la guitare, Mike Starr à la basse et Sean Kinney à la batterie. Le bassiste Mike Inez remplace Mike Starr en 1993. Après ça, le groupe ne fait plus grand-chose, la faute aux addictions de son chanteur ; mis à part un excellent passage en acoustique chez MTV qui donnera lieu à un album Unplugged en 1996. Finalement en 2002, ce qui devait arriver arriva et Layne meurt d’une overdose. Le groupe décide de continuer avec un nouveau chanteur William DuVall (par ailleurs aussi guitariste), et sort son quatrième album Black Gives Way To Blue en 2009 qui remporte en franc succès. Le groupe sort cinq ans plus tard (pas pressés, les types) The Devil Put Dinosaurs Here, et donc cet été, leur sixième album studio, Rainier Fog. Donc finalement pas la peine de s'affoler si, comme moi, vous les aviez zappés : ça ne fait que six albums en trente ans. Et du coup, pourquoi ne pas commencer à partir de 2018 et revenir dans le temps ? D'autant que le groupe lui-même semble, avec cet album, adopter la même démarche de recentrage et le retour vers Seattle et l'origine du mouvement Grunge. 

Car en plus, pour moi, ce Rainier Fog est une véritable réussite, avec une belle série de sept morceaux qui s’enchaînent parfaitement bien. Ça commence avec The One You Know avec son gros riff et sa lourdeur. C’est un poil dissonant et mid tempo, chanté avec une mélodie souvent doublée par la guitare. C’est archi dépressif, comme tout l’album (inspiré par le décès de David Bowie). Les groupes de grunge des années 90 n’ont jamais respiré la joie de vivre, mais ceux qui sont toujours là restent décidément bien sombres. J’aime bien le style de chant de William, un peu traînant ; il est doublé par Jerry sur le refrain et l'effet est excellent, et le solo assuré par William est aussi bien sympa. Et comme, en plus, la production est excellente, voilà une entrée en matière qui interpelle. 

 

 

Le morceau Rainier Fog, qui donne son titre à l’album, fait certainement référence à la région de Seattle. En effet, le Mont Rainier est un des sommets des environs. Pour avoir fréquenté la firme de Bill Gates pendant quelques années et pu traîner mon snowboard sur les pentes du Mont Rainier, je peux confirmer que son brouillard est aussi célèbre que sa belle silhouette de volcan. Le morceau est un des meilleurs de l’album, le riff est bon, le refrain accrocheur, les contre-chants de la guitare parfaits et le break particulièrement réussi. L’album enchaîne avec un autre excellent morceau, Red Giant, encore plus traînant. C’est amusant, par moment on se dit qu’on aimerait les secouer pour que ça s’agite un peu plus, mais en même temps, après plusieurs écoutes, le morceau hypnotise complètement son auditeur. En fait, le morceau est mid-tempo, mais le chant traînant de William accentue cette fausse lenteur. Le solo de Jerry fait encore des ravages, la section rythmique assure en sourdine et fournit un cadre solide au morceau, qui est encore un des meilleurs de l'album avec Rainier Fog. Mais on continue d’enchaîner les petites perles, tranquillement. Fly, qui suit, est plus légère et fait penser à du Foo Fighters qui aurait croisé du Rush, dernière époque. Une jolie guitare acoustique assure la rythmique, le refrain ajoute une bonne dose de riffs et de contre-chants bien placés. Certes, ce Fly est moins tubesque que le Learn To Fly de leurs collègues, mais il reste un très bon moment. Drone est un morceau qui sonnerait très stoner s'il n'y avait pas ce chant de William, excellent, un peu psychédélique et lancinant. On retrouve pas mal de couches de guitare, c’est bien travaillé, bien mixé (Chris DeGarmo de Queensrÿche est un des guest à la guitare acoustique). L'auditeur est un peu pris à contre-pied sur le break - ça tombe bien, j’aime les surprises comme celles-là - et le solo de Jerry. La fin du morceau est un peu mystérieuse.

Deaf Ears, Blind Eyes est le morceau suivant, et j’aime beaucoup son titre (ça se traduirait par un truc comme "oreilles sourdes, yeux aveugles”), qui caractérise pas mal de monde, je trouve. Musicalement, ça me fait penser à un morceau de Mastodon, et à y réfléchir, il y a pas mal de points communs, avec la richesse du dernier album de Mastodon (en plus calme, bien sûr). C’est pour moi le meilleur morceau de l’album, le chant de William est excellent, les guitares qui l’encadrent sont parfaites, le tout s’écouterait en boucle, en faisant quand même attention de me pas tomber en crise de dépression. Maybe, qui suit, comme Fly, me fait penser à ce mix de Rush moderne (Clockwork Angel avec une voix différence bien sûr) et de Foo Fighters. C’est plus pop, plus léger, mais encore très réussi, ce qui, si je compte bien, nous fait sept morceaux sur sept réussis, ce qui me dirige droit vers l’attribution d’un nouveau coup de coeur (“nooooonnn” me crient mes collègues chroniqueurs…). Sauf que vient ensuite So Far Under qui, lors de mes premières écoutes, m’obligeait à passer le morceau tellement il me déplaisait. Après plusieurs écoutes, je le supporte, mais je ne l’apprécie toujours pas. La raison ? Cette effet de chant/guitare qui se désaccorde que je trouve horrible, qui me heurte le bulbe. D’abord sur le refrain avec un gros pull, qui fait sonner le truc super dissonant, surtout que je trouve le chant limite, dans le même temps. Ensuite, même chose en pire sur le refrain. Aïe, non, je n’y arrive décidément pas. Pourtant, c'était un des premiers singles ! Ca ne choque peut-être que moi finalement...

 

 

L’album se termine heureusement sur deux morceaux bien plus à mon goût, avec d’abord Never Fade (chanté alternativement par William et Jerry), avec un très bon refrain qui marque les esprits et de bons riffs, puis sur une note plus douce avec une belle ballade, All I Am

J'avoue avoir été assez chamboulé par cet album et l'avoir écouté en boucle une bonne dizaine de fois. Pratiquement tout me plaît, même si c'est assez sombre, limite dépressif. C'est clair que si vous cherchez quelque chose de léger et guilleret pour vous changer les idées de l'actualité, je vous le déconseille, là on est plutôt en droite ligne avec l'ambiance actuelle. Grâce à cet album, j'ai enfin pris le temps de me plonger dans l'univers artistique d'Alice In Chains. Même si les albums de l'ère Layne Staley sont très axés sur la drogue et ses horreurs, tous sont d'une richesse exemplaire et ne laissent pas indifférents. La production est exceptionnelle, le groupe a décidé de bosser avec  le producteur Nick Raskulinecz, déjà aux commandes sur les deux précédents albums. Bref : LA découverte de l'année, en ce qui me concerne.

Tracklist de Rainier Fog :

01. The One You Know
02. Rainier Fog
03. Red Giant
04. Fly
05. Drone
06. Deaf Ears Blind Eyes
07. Maybe
08. So Far Under
09. Never Fade
10. All I Am

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