Artiste/Groupe:

Baron Samedi

CD:

Avant l'Asphyxie

Date de sortie:

Avril 2014

Label:

Auto-produit

Style:

Metal théâtral

Chroniqueur:

Didier

Note:

15/20

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Baron Samedi est un groupe de Toulouse, dont le nom est tiré d’un personnage (esprit) vaudou. C’est un groupe que j’ai découvert sur scène, en première partie de leurs compatriotes de Sidilarsen lors d’une folle soirée (de plus) au Rat’s à Puget Sur Argens dans le Var. L’originalité du style dans lequel évolue le groupe m’a décidé à vous chroniquer le premier EP, autoproduit, même s’il date déjà un peu puisqu’il est sorti en 2014.

Alors comment exactement définir ce style ? Pas évident en fait. En discutant avec le public pendant le changement de plateau, on se rendait bien compte que ça rappelait des choses différentes à tout le monde. Par contre, ça avait aussi bien plu à tout le monde, c’est déjà bon signe. Ma version des choses est la suivante : c’est très théâtral, ça on était tous d’accord. Avec des textes puissants, chantés ou parlés. C’est chanté majoritairement en français et forcément, on pense à des artistes comme Hubert-Félix Thiéfaine, Higelin, à Ange pour certains (je connais moins), mais aussi Noir Désir par certains côtés hargneux. L’originalité du son vient aussi de la présence d’un saxo alto. Ca n’est pas courant et forcément, ça nous rappelle le groupe norvégien Shining. Côté composition, il y a un petit style fou-fou et non linéaire, qui me rappelle les Canadiens avant-gardistes (ou juste fous !) d’Unexpect. Voilà, vous prenez une intersection de tout ça et vous trouvez le son de Baron Samedi. Le plus simple étant de vous procurer ce premier EP, intitulé Avant l’Asphyxie.


Le groupe est composé de Victor Ginicis au chant et aux tirades poétiques qu’il déclame sur plusieurs morceaux. C’est Léa Cuny-Bret, qui est au saxo alto et attention, on ne parle pas ici d’un solo de saxo de temps à autre mais d’un saxo assez bas (alto) qui double souvent le chant et assure aussi de super solos endiablés qui accentuent clairement ce côté mystique (vous avez dit Vaudou ?). Théo Roumier officie à la guitare alors que (son frère je suppose) Félix l’épaule à la basse avec des lignes souvent complexes, et assez groovy. Pour battre la mesure de tout ce petit monde, on trouve Sacha Cantié qui, sur scène, apparait souvent maquillé d’un masque vaudou, genre tête de mort. Un petit mot aussi pour signaler la présence de Natacha aux chœurs, qui ne fait plus aujourd’hui partie du groupe.

L’EP contient six titres et démarre par la basse de Félix, pour l’intro de Les Yeux Clos qui me fait penser à Noir Désir. Le saxo est de suite aux avant-postes, il lance le couplet et accompagne le chant sur le refrain. C’est bien riffé, bien chanté et très bien foutu. Certaines phrases sont bien rentre-dedans et le petit break est excellent, j’aime beaucoup le phrasé de Victor et le solo de Léa. Sur Memento Mori, qui tiré d'une pièce de théâtre de Bernard-Marie Koltès, Victor déclame son texte d’une façon très théâtrale, doucement accompagné d’un excellent saxo et une belle ligne de basse. Sacrée performance de l’acteur, même si je l’avoue je ne comprends pas toute la signification du texte. Poète fou (accentué par le saxo) ou poète incompris, je vous laisse décider, mais le morceau me cause bien, d’autant que le rythme change à plusieurs reprises, mené par de bons riffs de guitare et basse. Nothing To Say est chanté en anglais, comme le titre l’indique, et a un petit côté punk sur l’intro et le refrain, un côté bien groovy, grâce au duo basse/saxo pour le couplet. J’aime encore beaucoup le rôle du saxo de Léa dans ce morceau à géométrie variable. Avant l’Asphyxie est un morceau furieux, un peu fou-fou, mêlant chant death, super solo de saxo, changements de rythme, riff heavy metal, puis chant un peu lancinant. Dans le break, le duo de guitare et basse défonce bien. Au final un morceau très représentatif du concept Baron Samedi, qui donne d’ailleurs le titre au CD. On retrouve le poète fou en action dans Séquence Electrique, une sorte de diatribe, dans lequel il dénonce tout ce qui l’entoure. C’est pour moi un des meilleurs moments du CD, car la musique qui soutient le déclameur est excellente. La guitare de Théo fait un excellent boulot pour planter une certaine ambiance. Encore une fois le morceau manipule les rythmes et j’adore le break tribal, dans lequel Sacha fait un super boulot et Léa nous sort un solo magique à la fois hypnotique et inquiétant. Difficile de rester insensible à ce morceau. Dans les derniers vers, le chanteur se dénonce lui-même, sa voix est doublée pour former une sorte d’écho. Racine Humaine termine cet EP, c’est un morceau sur lequel le saxo accompagne d’un bout à l’autre le chant de Victor. Encore bien fait. Des extraits sonores de dérapages de responsables politiques viennent illustrer le propos. Très engagé donc.

Une bien belle découverte que ce groupe inclassable qui me semble très prometteur. Cet EP est déjà intéressant, et pourrait être considéré comme un album, tant le souci du détail y a été apporté. Je le recommande vivement, pour peu que vous ayez les esgourdes ouvertes à de la musique metal sortant de l’ordinaire. Je reste surtout en attente d’une confirmation, prévue d’ici quelques mois, me glisse-t-on dans l’oreillette. On attendra pas, cette fois-ci, deux ans pour vous en parler.

Tracklist de Avant l’Asphyxie :

01. Les yeux clos    
02. Memento Mori
03. Nothing to say
04. Avant l'asphyxie
05. Sentence électrique   
06. Racine Humaine