C H R O N I Q U E
Bolt Thrower est un groupe de Death Metal anglais, l'un des pionniers du genre avec Napalm Death et Carcass. Un des porte-drapeaux du fameux label Earache, valeur sûre des publications Death Metal et apparentées du début des années 90. A ses débuts, le groupe joue plutôt dans la catégorie Grindcore. Puis avec les albums Realms of Chaos et surtout Warmaster, Bolt Thrower va commencer à se forger sa véritable identité.
The Fourth Crusade, comme son nom l'indique, est bien le quatrième album du groupe, paru en 1992. Epoque où le Death Metal, en pleine gloire, commence à atteindre une certaine saturation par le nombre de groupes qui déboulent sur nos platines, pas tous intéressants, loin s'en faut. Les grands noms doivent donc montrer qu'ils sont largement au dessus de la mêlée. Là où Carcass et Napalm Death jouaient plutôt sur la rapidité des riffs, Bolt Thrower, à l'instar des Américains d'Obituary, va prendre son parti de jouer sur la lourdeur des tempos : grosses guitares au son bien gras sur rythme soutenu à la double pédale. Une sorte de Candlemass du Death Metal. Les riffs de Gavin Ward et Barry Thomson, les deux membres fondateurs, sont d'une efficacité redoutable et construisent un front infranchissable, comme une charge de cavaliers en armure qui traversent le champ de bataille et que rien ne semble pouvoir arrêter. Ils sont appuyés par la solide paire rythmique composée de Jo Bench (basse), une des rares femmes dans le milieu du Death Metal à l'époque, et Andy Whale à la batterie.
Si Warmaster, l'album précédent, avait déjà convaincu le public, Fourth Crusade enfonce le clou un peu plus loin dans votre tête. La lourdeur des riffs est de plus en plus marquée (Fourth Crusade, Embers, As the World Burns...) car c'est bien cette voie que va suivre le groupe dorénavant. Dès le premier morceau, on est littéralement écrasé par ces riffs monstrueux. Par dessus cette débauche de puissance, Karl Willetts grogne des textes guerriers, qui sont devenus la marque de fabrique du groupe. Car même si la pochette (extraite d'une oeuvre de Delacroix) est un peu différente des pochettes guerrières précédentes et parait bien moins belliqueuse, les thèmes sont bien toujours les mêmes : la guerre sous toutes ses formes. Même si les morceaux de Bolt Thrower ne sont pas hyper rapides, ils sont d'une puissance dévastatrice phénoménale. Bolt Thrower fonctionne comme un char d’assaut (plus proche du modèle Panzer que du char Leclerc) que rien ne semble pouvoir arrêter. Du début à la fin, on est pris sous un tir d'artillerie à feu nourri. La mitraille vole de tous côtés, ça explose à droite, ça canarde à gauche... Le mot d'ordre des Britanniques : pas de quartier ! Les compos s'enchaînent, vous maltraitent, vous étouffent, vous écrasent, vous piétinent, et vous laminent pour ne laisser qu'un désert de désolation après leur passage.
Avec The Fourth Crusade, Bolt Thrower a trouvé son rythme de croisière. Les albums suivants emprunteront tous cette voie. Malgré l'effet rouleau compresseur de l'ensemble, les titres de l'album ne sont pas linéaires. Les changements de rythme de la batterie avec ses accélérations à la double pédale cassent toute monotonie. Enfin, la production est signée Colin Richardson (Fear Factory, Machine Head), le producteur qu’il fallait pour obtenir un son apocalyptique. Cet album est une véritable tuerie de bout en bout. Bolt Thrower a écrit, avec son quatrième album, une belle page du Death Metal britannique.
Tracklist de The Fourth Crusade :
01. The Fourth Crusade 02. Icon 03. Embers 04. Where Next to Conquer 05. As The World Burns 06. This Time it's War 07. Ritual 08. Spearhead 09. Celestial Sanctuary 10. Dying Creed 11. Through The Ages (outro)
Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !
|