Artiste/Groupe:

Comity

CD:

A Long, Eternal Fall

Date de sortie:

Mai 2017

Label:

Throatruiner Records.

Style:

Extrême Rock'n Roll

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

16/20

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"Que laissons nous devant lorsque nous partons ? Notre monde disparait-il avec nous ? Nos legs ne sont-ils plus que poussière si nous ne sommes plus là pour en gouter le fruit ? Le temps marche... sur des ruines. Une longue chute, éternelle."

Chers amis lecteurs, vous n'imaginerez pas à quel point je suis heureux de vous présenter ce nouvel album de Comity. Je n'ai rien à y gagner mais des groupes comme cela, je n'en ai pas beaucoup vu dans ma vie de metalleux qui commence à avoir quelques décennies. Le refus du carcan, l'absolue nécessité de créativité et le rejet total des codes qui régissent la musique, voilà ce qui motive Comity à reprendre le chemin des studios. L'ennui et le standard ne font pas partie, et ne feront jamais partie, de la vie musicale de ce groupe qui à mon sens ne rencontre pas le succès qu'il mérite.

Bref, me voici devant cette nouvelle galette et, très honnêtement, je ne sais pas à quoi m'attendre, je suis à la fois fébrile et excité. Je vérifie donc si je n'ai pas avant quelques sachets de citrate de bétaïne avant d'attaquer l'écoute parce que je sais que la digestion va être longue. Comity n'a jamais livré ses secrets à la première écoute et A Long, Eternal Fall ne dérogera pas à la règle.

Premier titre, sobrement intitulé I (je vous fais un dessin pour les autres titres ?) qui s'ouvre avec un riff accrocheur et léger qui tourne en boucle pendant quelques minutes. Et puis la machine s'emballe avec une déflagration puissance dix qui se juxtapose sur ce premier riff. Ce n'est pas fondamentalement étonnant quand on connaît déjà leur patte, mais c'est justement l'addition de ces deux phrases musicales assez antagonistes qui peut sembler étonnante... Sauf que grâce à la magie Comity, le tout prend sens sur un accord, sur une note pour un final en apothéose puis un retour au premier riff, la boucle est bouclée.

Le second titre (II pour ceux qui n'ont pas encore compris...) est l'archétype de ce que peuvent composer les Parisiens. Un riff principal qui possède l'art du contre temps, du contre-pied, tout en étant d'une cohérence musicale absolue. Et puis il y a cette touche si particulière dans leur composition, qui est d'arriver à mettre un petit bout de phrase musicale qui apparait comme ça, sorti de nulle part, qui peut paraître anodin, mais qui prend sens ensuite puisqu’il en est la base du riff suivant. C'est un peu comme si on donnait des indices pour trouver la suite du titre ou si on vous donnait une miette d'un gâteau avant de vous en donner une vraie part. Si la métaphore culinaire passe mieux, c’est que vous êtes une belle bande de gourmands...

Et vous êtes à la bonne table parce que Comity n'est pas avare en riffs gourmands pour gourmets. III offre une énergie punk, certainement grâce aux D-blast bien présents au début du titre pour une fin qui nous emmène vers l'obscurité. IV est certainement un des titres les plus directs composé depuis les plusieurs albums entre death et riffs hypnotiques, on apprivoise encore une fois la folie. Le pont à simplement deux guitares permet de déformer à souhait ce que le groupe venait de s'évertuer à construire, pour finir par prendre une massue pour conclure ce titre… Chaque titre a sa particularité, rien n’est linaire, rien n’est stable, l’équilibre est toujours précaire mais toujours d’une inventivité incroyable.

Bref, bref, bref il me semble surréaliste d’essayer de vous transmettre toutes les idées ou l’énergie créatrice du groupe en quelques lignes mais il y a deux aspects qui différencient cet album par rapport à son prédécesseur The Journey Is Over Now. Tout d’abord le côté free jazz, ou free metal, est plus estompé sans pour autant tomber dans la structure facile non plus, le groupe intellectualise peut-être un peu moins et rend le tout plus direct. Ensuite, son côté franc du collier, il y a peu de passages calmes, planants, un peu moins d’ambiance angoissante comme le quatuor sait si bien les développer. C’est la fougue qui a pris le dessus sur cet album qui n’a jamais aussi bien porté le qualificatif d’Extrême Rock’n Roll.

Comity continue son incomparable exploration musicale, continue de bousculer les codes, continue de faire la musique qu’il veut, pour son plaisir et pour celui des personnes qui adhérent à leur univers. Comme pour tous les autres albums, il vous faudra être patient pour pouvoir apprécier la quintessence de A Long, Eternal Fall. J’en suis moi-même à plus de vingt écoutes et j’en découvre encore… Ceux qui connaissent déjà le groupe, n’hésitez pas, vous prendrez plaisir. Et pour ceux qui souhaitent découvrir : Citrate de bétaïne...

Tracklist de A Long, Eternal Fall :

01. I
02. II
03. III
04. IV
05. V
06. VI
07. VII
08. VIII