Il aura fallu attendre près de huit longues années
pour voir Cruciamentum offrir un successeur à Charnel Passages, son
premier album sorti en 2015 et accueilli avec enthousiasme par les amateurs d’un death metal
à l’ancienne, sombre, sans débauche technique, sans effets pyrotechniques et produit
comme à l’époque. Huit années donc durant lesquelles le groupe aura eu le
temps de se faire désirer mais surtout de travailler sa formule, de peaufiner sa proposition et
de penser dans ses moindres détails ce nouvel opus qu’il nous propose enfin.
Obsidian Refractions commence là où son
prédécesseur s’était arrêté. Ainsi, les huit minutes de
Charnel Passages, morceau d’ouverture qui partage son titre avec l’album
précédent, annoncent la couleur et posent d’entrée de jeu cette ambiance
enténébrée qui hantera l’opus jusqu’à sa dernière
seconde. Le death metal de Cruciamentum, s’il n’a rien perdu de sa
puissance, se fait plus sombre, moins direct qu’il ne l’était, plus cryptique encore.
Le groupe gagne en profondeur, aidé par une production magnifiquement adaptée et par
l’apport bienvenu de mélodies crépusculaires, particulièrement
envoûtantes. Le constat sera le même sur les morceaux suivants, peu de points faibles
à déplorer, si ce n’est un growl manquant un peu de profondeur, mais de nombreux
moments de pur bonheur comme le solo Immolation-esque de Necropolis Of Obsidian Mirror et son
final dantesque aux trémolos irrésistibles. S’il n’éblouit pas par
l’originalité de son riffing, Cruciamentum excelle dans l’art de
créer cette atmosphère funèbre qui va planer sur l’oeuvre et se
dévoiler pleinement sur Drowned, longue composition de dix minutes progressive et
passionnante qui clôture l’opus de façon simplement magistrale et laisse entrevoir de
nouveaux horizons que le groupe serait bien inspiré d’explorer avec ses prochaines
compositions.
Cruciamentum, toujours aussi à
l’aise quand il faut être brutal, est devenu plus subtil, prenant le temps de
développer ses idées afin de distiller cette aura noire qui lui permet d’affirmer sa
personnalité et nous permet, à nous, d’espérer un troisième album
encore plus personnel et audacieux. Les bases sont posées, les fondations sont solides, vivement
la suite !