Artiste/Groupe:

Demons & Wizards

CD:

III

Date de sortie:

Février 2020

Label:

Century Media

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

13.5/20

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Demons & Wizards ou l'alliance de Jon Schaffer (guitariste et leader d'Iced Earth) et Hansi Kürsch (chanteur de Blind Guardian) : épisode 3. La patience des fans a été mise à rude épreuve : un premier album (sans titre) en 2000, un second (Touched By The Crimson King) en 2005... et silence radio pendant près de quinze ans ! Il faut dire que les deux compères ont été bien occupés par leurs activités respectives. Le créneau pour que cette réunion puisse se concrétiser a finalement été trouvé en 2019 (il y a même eu une poignée de concerts ainsi que la réédition des deux premiers efforts du combo). Février 2020, ça y est, le troisième opus de Demons & Wizards arrive enfin. Chaque chronique incluant forcément une part de subjectivité, je préfère tout de suite vous renseigner sur mon état d'esprit : je suis curieux, intéressé, mais pas forcément totalement acquis à la cause. A la fin des années 90, j'étais hyper fan de Blind Guardian et Iced Earth. Quand j'ai appris que les têtes pensantes de ces groupes que j'adorais allaient se réunir, j'ai été extrêmement impatient de découvrir le résultat... mais je ne vous le cache pas, j'ai été un peu déçu. Il y a eu quelques très bonnes compos proposées en 2000 (surtout) et en 2005 mais globalement, je n'ai jamais trouvé que ces propositions étaient à la hauteur des meilleures productions des groupes dont Jon et Hansi étaient issus. Mes attentes, toutes ces années plus tard, sont donc plus raisonnables. D'autant plus que je trouve que Blind Guardian et Iced Earth ont, eux aussi, un peu perdu de leur superbe depuis la fin des 90s. Je garde une réelle affection pour ces groupes mais, clairement, je ne suis plus aussi fan que j'ai pu l'être il y a vingt ans. Allez, on referme cette parenthèse et on se plonge dans le justement nommé III

Chanson d'ouverture et premier extrait livré il y a quelques temps : Diabolic. Huit minutes. Avec une intro atmosphérique qui prend son temps pendant près d'une minute cinquante. Pour un morceau finalement plutôt heavy et direct, c'est peut-être un peu longuet. Ce fut en tout cas ma première réaction. J'ai trouvé que le titre avait un peu de mal à décoller et qu'il aurait pu gagner en efficacité avec un petit élagage. Mais l'expérience m'a appris, à de nombreuses occasions, qu'une première impression ne suffit pas. En fait, il est bon, ce Diabolic. C'est du moins mon avis aujourd'hui. Même l'intro, avec ses quelques notes de guitares répétées, me plaît. Le riff est solide, la voix immédiatement reconnaissable de Kürsch est impeccable, le refrain épique, la tonalité d'ensemble assez dark. C'est un début costaud. Tant mieux, les albums précédents bénéficiaient d'une première piste soignée, il aurait été dommage de se planter cette fois-ci. Mais tout comme c'était le cas pour Heaven Denies en 2000, la dynamique du morceau est un peu cassée par une outro calme qui dure trop longtemps à mon goût (Crimson King avait un break en son milieu, pareil, un poil trop long, qui faisait retomber la pression). Je retrouve donc bien là le Demons & Wizards que j'ai connu : pas mal... mais pas renversant non plus.

Rassurez-vous, je ne vais pas vous décrire chaque piste aussi longuement, promis. Après ce premier morceau, stylistiquement dans la lignée de ce qu'on peut attendre du fameux duo, Invincible est plus posé et amène un riff et une partie de batterie plus rock que heavy. Ca change un peu, c'est surprenant. Et d'ailleurs, cette volonté de se démarquer d'un style heavy/thrash à la Iced Earth avec vocalises théatrales et chœurs Kürschiens dessus (ce qui est, convenons-en, assez souvent la marque de fabrique d'un morceau de D&W), se retrouve à d'autres endroits dans ce III qui se débrouille donc pour ne pas être résumé qu'à une copie des disques précédents. Ainsi, en alternance avec des morceaux heavy aux riffs tranchants (comme Wolves In Winter, par exemple, ou Split, qui ressemble vraiment à du Iced Earth avec une ambiance et des mélodies qui renvoient à l'album Burnt Offerings), vous trouverez des pistes plus longues et atmosphériques qu'à l'accoutumée (Timeless Spirit, avec des guitares acoustiques et une durée de neuf minutes, beaucoup de chœurs dans sa seconde partie aussi... ou Children Of Cain, morceau au démarrage calme qui évolue et devient plus épique tout au long de ses dix minutes) ainsi qu'une compo au style plus classic hard rock et dont le riff fait même penser à du AC/DC (Midas Disease). 

Sur le papier, tout cela est plutôt positif et contribue à la richesse de l'album. Dans la pratique, c'est plus contrasté car si certains titres m'emballent, d'autres me laissent plus froid. Par contre, il y a un point sur lequel il n'y aura pas de discussion : Hansi livre une prestation bien habitée, parfois assez théâtrale, et pousse quelques gueulantes ou montées bien puissantes dont je ne le savais pas encore capable. Du chant de haut niveau. Chapeau. Autre point positif : une production impeccable avec un son bien léché (meilleur que celui de Touched By The Crimson King avec sa batterie au rendu discutable). Pour ce qui est des moments forts, je retiendrai surtout la bien heavy Wolves In Winter (j'aime ce gros riff simple et efficace et ces "tcha tcha..." comme des incantations lugubres qui l'accompagnent), l'épique Dark Side Of Her Majesty avec ses beaux chœurs sur le couplet ou la changeante Children Of Cain aux mélodies et arrangement travaillés. Mais d'autres chansons me laissent une impression plus mitigée. Timeless Spirit : une belle compo pourtant mais étonnament linéaire alors qu'elle est étirée sur neuf minutes (le temps finit par sembler long). Mais il n'y a pas vraiment de morceaux que je trouve mauvais ou ratés. Parfois, ils me semblent juste plus quelconques ou anecdotiques (Final Warning, pas désagréable mais qui sonne comme du Iced Earth en petite forme et peine à décoller... et qu'y aurait-il à dire sur Invincible si elle était privée de Hansi et de chœurs sur son refrain ?). C'est finalement la deuxième moitié de III qui s'en sort le mieux avec des titres pas forcément tous remarquables à la première écoute mais globalement agréables et bien ficelés. 

Après plusieurs écoutes, en insistant un peu et en lui laissant le temps de faire son chemin, le laissant parfois reposer pour mieux y revenir, il me semble pas mal ce troisième épisode de Demons & Wizards. Pas mal du tout par endroit même et qualitativement plus proche du premier opus que du second. Toujours un peu frustrant, toujours imparfait... mais pas inintéressant pour autant. Je lui trouve encore quelques longueurs et platitudes mais il faut reconnaître que la force des riffs de Schaffer, l'ambiance sombre de certaines pistes, une certaine variété dans le propos, la qualité de la production et la prestation d'un Kürsch très en forme sont autant de bons points qui donnent envie d'y revenir. 

Tracklist de III :

01. Diabolic
02. Invincible
03. Wolves In Winter
04. Final Warning
05. Timeless Spirit
06. Dark Side Of Her Majesty
07. Midas Disease
08. New Dawn
09. Universal Truth
10. Split
11. Children Of Cain

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