Artiste/Groupe:

Ghost Ship Octavius

CD:

Delirium

Date de sortie:

Février 2019

Label:

Mighty Music

Style:

Power Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Note:

16/20

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Parfois, on passe à côté de certains groupes ou albums qui, pourtant, sont faits pour nous... c'est inévitable. Le manque de disponibilité, d'envie, d'information aussi, peut nous jouer des tours. C'est ainsi que j'ai totalement zappé le trio américain Ghost Ship Octavius et son premier album sans titre sorti en 2015. Je me souviens en avoir vaguement entendu parler à l'époque et m'être dit que j'y jetterais une oreille à l'occasion... et puis non. Je rattrape ma faute (car oui, je le sais maintenant, il s'agit bien d'une faute) aujourd'hui au moment de la sortie de Delirium, deuxième effort du combo. On commence avec les présentations, c'est l'usage. Le groupe a été fondé par le batteur Van Williams (ex-Nevermore, ex-Ashes Of Ares), le guitariste Matthew Wicklund (ex-Himsa, ex-God Forbid), qui s'est aussi occupé de la basse, et le chanteur/guitariste Adon Fanion. Ces messieurs jouent un metal qualifié de power progressif.

Progressif, cet album l'est indéniablement. Les pistes sont variées, certaines sont plus directes que d'autres mais clairement, il y a du changement et de l'évolution au sein d'une même compo, ainsi qu'une attention portée à la création d'ambiances sombres ou oniriques (avec une utilisation fort judicieuse de claviers). Cela étant dit, le trio sait aussi muscler son jeu et proposer des rythmiques bien heavy qui vont faire plaisir à l'amateur de metal remuant. Ainsi, le démarrage ne manque pas de rythme ni de robustesse avec l'excellente Turned To Ice. Quelques notes aux claviers, un peu de violon certes... mais au bout d'une douzaine de secondes, un riff sautillant et un jeu de batterie massif (on reconnaît bien la patte de Williams) débarquent pour vous indiquer que le joli voyage auquel vous êtiez conviés sera quand même mouvementé. Le couplet, sur lequel Adon Fanion pousse sa belle voix dans des retranchements plus agressifs (et fait ça très bien), est heavy à souhait... avant de laisser la place à un refrain épique et très mélodique. Vous retrouverez du costaud par la suite, notamment avec la piste Saturnine, dont l'intro enlevée (avec un riff puissant, assez thrashy, et une batterie énervée) peut effectivement rappeler Nevermore (dont Williams faisait partie, comme dit plus haut). La chanson titre livre également du lourd lors de son couplet... et il faut reconnaître qu'en agrémentant son power metal de petits arrangements bienvenus, touches mélodiques intéressantes ou atmosphères prenantes, le groupe sait rendre sa partition intéressante et marque des points. Ce n'est cependant pas sur ses pistes les plus musclées que Delirium m'impressionne le plus.

En effet, plus l'album avance, plus il se diversifie et propose des plages de toute beauté, parfois (souvent) plus calmes que celles sus-citées mais également plus envoûtantes. Chosen, par exemple, vous propose un power progressif de toute beauté avec un des refrains épiques les plus marquants de l'album. La prestation de Fanion et le travail mélodique sont vraiment à souligner. Le chant est théâtral mais sans sombrer dans l'excès ou la caricature... une belle émotion se dégage... le morceau évolue joliment, proposant des phases plus heavy (le break au milieu de parcours), avec des transitions superbement bien amenées... à tel point qu'on ne les remarque pas trop (on n'a vraiment pas l'impression d'écouter un morceau qui serait un collage de plusieurs chansons avec des changements abrupts semblant arriver comme des cheveux sur la soupe... chose qui se produit parfois dans le metal progressif). Il y a de la montée en puissance... et le tout se termine calmement, avec une belle partie de tapping à la guitare et quelques notes de claviers qui semblent raisonner dans la nuit. Parfois, quand on écoute de la musique, certaines images s'imposent à vous... Moi, quand j'écoute la fin de Chosen, je vois une aurore boréale. Voilà, je ne sais pas si ça vous aide mais je fais de mon mieux pour dépeindre l'atmosphère qui se dégage du morceau. Je ne vais pas tout vous décrire en détails mais je vais quand même vous dire que At The Edge Of Time vaut également le détour. Voilà encore une plage atmosphérique que je trouve assez captivante. Plusieurs textures sont ajoutées au fur et à mesure que le morceau avance (la qualité des arrangements force le respect, avec guitares sèches, piano, violon...), les solos de guitare sont de toute beauté, et je me suis fait surprendre par la conclusion, moins mélancolique et plus épique. L'ambiance du morceau m'a un peu rappelé certains travaux de Devin Townsend

D'autres surprises vous attendent et je ne vais certainement pas toutes vous les dévoiler. Tout ce qu'il vous faut savoir est qu'il n'y a pas deux pistes identiques ici. Musicalement, on reconnaît le groupe de chanson en chanson, il y a un fil conducteur... mais chaque composition a sa propre personnalité. Je finirai juste en citant Bleeding On The Horns, dont le démarrage plus rock typé 70s (j'ai d'abord pensé à du Spiritual Beggars) est assez inattendu et ressort donc logiquement du lot... ainsi que le très beau Burn The Ladder, l'un des titres les plus planants de l'opus, qui clôt magnifiquement ce voyage. Si je résume, Delirium arrive à combiner, avec une sensibilité et une élégance certaines, les accroches mélodiques que l'on peut trouver dans le metal mélodique, un aspect technique qui séduira les férus de progressif, et tout ce qu'il faut d'émotion, de variété et changements de direction en son sein pour rendre l'aventure intéressante jusqu'au bout. Les musiciens sont remarquables et la production met bien en valeur la qualité de leur travail. 

Si vous aimez des groupes comme Evergrey ou Beyond Twilight (ce n'est pas hyper festif mais c'est puissant et beau, convenez-en... ou pas, je m'en fiche, c'est ma chronique), vous devez jeter une oreille (et pourquoi pas les deux, tant que vous y êtes) sur ce Delirium ambitieux et travaillé. Alors que les nouveaux Dream Theater et Queensrÿche viennent de sortir et ont tous deux des qualités indéniables, c'est bien l'album qui fait l'objet de cette chronique qui a ma préférence et me semble le plus intéressant. Il est un peu tôt dans l'année pour commencer à établir un palmarès 2019, il est néanmoins acquis que Ghost Ship Octavius figurera en très bonne place parmi mes plus belles découvertes de l'année. Et comme je trouverais dommage d'être seul, en accord avec moi-même, d'ici quelques mois, je vous encourage fortement à écouter ce disque. 

Tracklist de Delirium :

01. Turned To Ice
02. Ocean Of Memories
03. Saturnine
04. Delirium
05. Ghost In The Well
06. Chosen
07. Edge Of Time
08. Far Below
09. The Maze
10. Bleeding On The Horns
11. Burn The Ladder

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