Artiste/Groupe:

Iron Maiden

CD:

Virtual XI

Date de sortie:

1998

Label:

EMI

Style:

Heavy Metal

Chroniqueur:

ced12

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Que la discographie d’Iron Maiden ne soit pas complète sur votre site préféré paraît inconcevable. On parle d’Iron Maiden, monument du heavy metal quand même ! Pas de chance, le disque qui manque est très décrié, dernier feu d’une période quasiment renié par les fans même si quelques titres proposés lors de cette période ont été ressortis – fort à propos d’ailleurs – lors de différentes tournée du groupe. Flashback : nous sommes en 1998, la France n’a encore jamais joué de finales de coupe du monde de foot (c’est dire si ça date) et la scène heavy metal est à l’agonie, la faute en incombant à la double vague grunge et néo qui avait déferlé sur les 90’s avec l’arrivée de nouveaux groupes surdoués. Ereinté par une décennie 80 hallucinante en termes de qualités de disques proposés, Iron Maiden avait perdu Adrian Smith puis Bruce Dickinson, deux éléments majeurs. Récupérant un poste prestigieux mais franchement casse-gueule et succédant à un sacré phénomène, Blaze Bayley, en dépit d’une bonne volonté évidente et d’un capital sympathie certain, n’avait de fait aucune chance dans cette mission. C’est que le déclin artistique de Maiden ne datait pas du départ de Dickinson mais clairement celui d’Adrian Smith. Ce n’est donc selon moi pas vers Judas Priest qu’il faut orienter notre comparaison avec un changement majeur de vocaliste mais plutôt vers un Guns N’ Roses qui ne se sera jamais remis du départ d’Izzy Stradlin.

Le X Factor avait déjà bien déçu et si on pouvait espérer du mieux avec ce Virtual XI avec un collectif se connaissant mieux, les fans allaient vite déchanter. Pourtant, le groupe a corrigé quelques défauts : retour à un artwork plus dans la tradition fantastique avec un hommage au ballon rond (Steve Harris n’allait pas rater la sortie de ce « onzième » album pour ne pas faire référence à son autre grande passion), un peu de modernité dans les thèmes l’an 2000 approchant à grands pas. Et surtout démarrage plus classique de cet album avec un Futureal concis, enlevé, bonne locomotive pour lancer ce disque. Mais ces correctifs ne peuvent masquer le défaut inhérent de Virtual XI avec une sensation de manque d’inspiration. Certes c’est sympa, on retrouve bien l’esprit Maiden mais ce n’est pas démentiel, loin de là. Avec les deux départs évoqués plus haut, outre deux personnages appréciés, Steve Harris a perdu deux excellents songwriters et la nouvelle équipe peine à donner le change. Aussi, la production signée Nigel Green et Steve Harris manque de profondeur, de dynamisme et le bassiste apparaît bien seul pour tenir à flot une barque qui prenait l’eau depuis un petit moment déjà. Dire que c’est avec ce disque que j’ai découvert Iron Maiden ! Il ne faut de fait pas trop m’en vouloir d’avoir toujours une certaine réserve concernant ce groupe pourtant hautement référentiel.

Mais ce Virtual XI montre aussi une volonté plus progressive chez Maiden et cela annonçait une orientation future. Cela sentait encore le manque de maîtrise sur la durée mais l’envie était là. Elle ne cessera plus depuis. En dépit de réels bons moments (les lignes de guitares de When Two Worlds Collide, Don’t Look To The Eyes Of A Stranger, l’excellente et très réussie The Clansman que Dickinson magnifiera sur scène), l’ennui pointe régulièrement et pour tout dire, on décroche souvent (The Angel And The Gambler interminable, Como Estais Amigo). J’y reviens tout de même sur les bonnes idées : les thématiques de The Clansman inspiré d’un Braveheart alors que Mel Gibson était encore au sommet, Como Estais Amigo et sa thématique émouvante sur la guerre des Malouines vu sous l’angle des soldats. 

Reste une sensation d’un Iron Maiden sans inspiration et a posteriori, ce disque ressemble à ceux d’AC/DC sortis post Back In Black (produits par les frères Young preuve que les producteurs ont un vrai rôle !), pas infamant mais sans grandeur. Et s’il me semble nécessaire de rappeler que ces réserves valaient pour les derniers disques avec Dickinson, le pauvre Bayley ne peut être exempté de réserves. Moins interprète que son prédécesseur (ce qui se paiera cash sur scène !), son chant est dans la continuité des remarques énoncées : correct mais sans plus. Certes, le contexte peu porteur est à rappeler mais Iron Maiden délaissera Bercy pour investir un pauvre Zénith indigne de son standing (avec Helloween en première partie confirmation du repli de la scène Heavy alors. Imaginez le carton d’une telle affiche en 2023 !). Pragmatique, le manager historique Rod Smallwood actera ce déclin, Bruce Dickinson et Adrian Smith reviendront au bercail et Iron Maiden reprendra son sceptre … Ça, c’est une autre histoire, bien plus glorieuse. Les années 90 resteront donc comme une décennie compliquée pour Iron MaidenBlaze Bayley n’avait pas l’envergure de la fonction en vertu de l’empirique principe de Peter mais tout ne lui est pas imputable, la Vierge de Fer subissant ni plus ni moins qu’un environnement moins porteur et une décennie 80’s épuisée de ses propres excès alors qu’une nouvelle génération, rattrapée par le Réel, avait pris le relais.

Tracklist de Virtual XI :

01. Futureal
02. The Angel And The Gambler
03. Lightning Strikes Twice
04. The Clansman
05. When Two Worlds Collide
06. The Educated Fool
07. Don’t Look To The Eyes Of A Stranger
08. Como Estais Amigo

 

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !