C’est un jeune groupe à qui nous avons affaire puisque LETHVM a été formé en 2015 en Belgique. Jeune groupe mais pas débutant, les membres ayant un passé musical déjà fourni avant de former LETHVM. Le quatuor composé de Vincent au chant, Tony à la batterie, JP à la guitare et Nico à la basse ne chôme pas et sort un premier EP en 2016 nommé Affable Érosion ; puis, à peine quelques mois plus tard en mai 2017 sort le premier album du groupe This Fall Shall Cease. Et voici donc leur deuxième album. Avant d’en parler, une petite explication sur le nom du groupe afin d’assouvir votre curiosité : LETHVM vient du latin "letum" qui veut dire létal, un rapport à la mort. Parlons du contenant : un très beau digipack avec un superbe artwork signé Dehn Sora. Un petit tour sur le Facebook de l'artiste et vous verrez que ses collaborations sur les artworks de groupes de metal sont nombreuses et de très bonne qualité.
Et maintenant le contenu.
Autant vous le dire tout de suite, la musique de LETHVM est difficile d’accès et pourrait même en repousser quelques-uns. Mais ne surtout pas s’arrêter à un premier avis hâtif, non il ne faut pas. Pour appuyer cela je vais vous faire une chronique négative au premier abord, puis positive au final.
Première chose qui pourrait être perçue comme négative, et cela dès les premières secondes de Fatigue : la voix hurlée, même éructée de Vincent est d’une puissance qui prend aux tripes, on est donc d’abord surpris et même repoussé dans les cordes. Mais en persévérant, au fil des minutes, on en apprécie toute la performance et on se rend compte qu’il n’y a pas que ça. Ainsi, les chœurs présents après trois minutes, mais aussi sur Grey, Podavlennost, Schisme (encore plus prononcé et riche sur ce morceau-là) ou Acedia sont magnifiques et apportent beaucoup de nuances et de corps à l’ensemble. La voix de Vincent pour l’agressivité, la puissance et la hargne, les chœurs pour le côté mélodique, émotionnel et qui accompagnent à merveille les parties rythmiques plus calmes de la musique de LETHVM. Ce qui fait qu'au final, on apprécie à sa juste valeur le chant de Vincent et les chœurs qui l’accompagnent et on en vient à la conclusion que les deux sont très intéressants, complémentaires et de très bonne facture.

Au niveau de la musique, de premier abord on pourrait croire à un amas de bourdonnements et de sons indigestes, qui font mal au casque, mais n’appuyez pas sur stop maintenant. Écoutez au casque, ce n’est pas parce que Fatigue est hyper frontal et puissant, et Ananké flirtant avec le black metal qu’il faut réduire LETHVM à cela. Sur Grey, les guitares sont excellentes, presque fragiles, composées avec tact. Un superbe morceau de six minutes. Podavlennost qui lui emboîte le pas est du même niveau, là aussi assez mid tempo avec un excellent jeu de guitare, mais aussi une batterie chirurgicale avec des frappes puissantes et précises. Schisme serait quant à lui la parfaite synthèse de Fatigue et Grey, tant le hyper brutal et puissant côtoie la grâce et la délicatesse. Acedia enfonce le clou avec son démarrage lent façon post rock et ses guitares qui font une nouvelle fois apprécier le talent de composition du groupe. Le tout magnifié par le piano de Alice Janne en featuring sur ce morceau, qui d’abord fait s'envoler le morceau dans des sphères légères et belles avant de redescendre dans les graves et la mélancolie, puis Vincent et sa voix finissent de nous enfoncer dans les abysses. Alice ayant le dernier mot pour finir ce morceau de neuf minutes qui clôture d’excellente façon cet album.
Ne pas émettre de jugement hâtif, cela s’applique à la vie de tous les jours mais aussi à la musique. LETHVM nous le prouve avec cet album riche, bien plus complexe qu’il ne paraît et fait de nuances variées qu’il faut prendre le temps de découvrir. Un peu comme une bête sauvage que nous voulons apprivoiser. Un bon album.

Tracklist Acedia :

01. Fatigue
02. Ananké
03. Grey
04. Podavlennost
05. Oratio
06. Schisme
07. Acedia