Led Zeppelin

Artiste/Groupe

Led Zeppelin

CD

Houses Of The Holy

Date de sortie

1973

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Hellblazer

Site Officiel

Myspace

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C H R O N I Q U E

INCROYABLE ! A peine remis du mythique "IV", qui évoluait dans une sphère rock appuyée, ce "Houses of the Holy" franchit encore un palier et élève fortement le propos (question : comment est-ce encore possible ???) d'un groupe qui, ayant toujours fait ce qu'il a voulu en dépit des on-dit, s'affranchit là complètement de tout jalon pour livrer l'une de ses plus grandes oeuvres - voire LA plus grande.

Funk ("The Crunge", gros clin d'oeil à la soul de James Brown) et reggae ("D'Yer Mak'er") déboulent au programme, et rien que cela, c'est dèjà énorme, car personne n'attendait les 4 british à cet endroit-là... Ces 2 titres élargissent donc considérablement l'horizon musical du Zeppelin, qui de manière générale sur cet opus a tempéré son rock pour le rendre beaucoup plus subtil, et c'est là-même la quintessence de ce légendaire "Houses of the Holy".

Présenté dans l'une des plus belles pochettes de l'histoire de la musique (réalisée par Hypgnosis en 73), l'on retrouve pour la première fois tous les lyrics à l'intérieur, et l'on peut ainsi se délecter des "plant"ureuses paroles qu'a écrit Robert. Travail collegial complet, cet album foisonne d'une richesse sans pareille, renforcé par une section rythmique d'une densité rare, rehaussée par les claviers soignés de JP Jones.

Le célèbre "The Song Remains The Same" ouvre le disque et plante immédiatement le décor : là où les prédécesseurs ouvraient sur un rock tonitruant (mais jamais le plus costaud de l'album), ce titre se place davantage dans un melting-pot rock/folk/blues aux relents fraîchement débarqués de progressif. A la fois enjoué et sombre, ce titre surprend par cette forte ambivalence, et prépare idéalement le terrain pour "The Rain Song", bijou accoustique sur lequel Page sonne... comme la pluie. En crescendo jubilatoire, cette chanson se place dans la logique de "Friends" ou encore "That's the way". "Over The Hills And Far Away" continue dans le même registre, Page brillant à l'accoustique. Plant est impérial, ayant encore développé la modularité de sa voix.

La face B démarre sur la rythmique carrée d'un "Dancing Days" entrainant, soutenu par un riff tournant envoutant. Vos oreilles sont alors prêtes pour recevoir la bénédiction DU joyau de l'album : "No Quarter". Ce titre exceptionnel à rallonge permet au Zep de dérouler toute sa maestria : JP Jones envoie une ligne de basse slidée en constituant l'ossature, épaulé par un Bonham divin. Page brille par ses interventions dosées de blues sombre, et Plant offre à ce titre toute la dimension vocale qui le propulse dans un autre temps, un autre espace : dès l'intro, le ton est donné. Abandonnez-vous totalement à cette mélopée chaude et triste, à cette montée vers le ciel... probablement ma chanson préférée du Zep, forgée dans le même métal noble que "Kashmir". Du lourd, très lourd, qui vous arrache des larmes de bonheur/mélancolie (encore une fois un ambivalence troublante et jouissive). Dur de s'en relever...

"The Ocean" clôture en fanfare ce 5ème disque, avec un Plant que l'on comparerait presque à un Axl Rose (ne criez pas au scandale, c'est vrai !), déroulant un crescendo brûlant en rock/blues/folk axé sur un riff excellent et une rythmique syncopée.

La grande claque. O génie ! Aaargh, mais qu'est-ce-qui m'attend sur le suivant ? (oui, car je me les fais dans l'ordre).

Ce qui frappe le plus sur cet album pas (hard) rock pour 2 sous, c'est sa maturité éclatante, la grande classe qui les a libéré des contraintes du music business, l'envol libre vers des univers inexplorés. Je m'attendais à un disque pêchu, blindé de riffs acérés, et c'est en fait par sa subtilité que "Houses of the Holy" m'a littéralement envouté... je n'en décolle plus ! Voilà vraiment un disque A PART dans la Zeppelinographie, un disque qui explore en profondeur les chemins tatonnés sur "II" (qui n'est pas mon favori) : ainsi, en allant jusqu'au bout du truc, ils acquièrent un statut de demi-dieux inatteignables, définitivement entrés au panthéon de la musique toute entière.

Tout cela est d'autant plus admirable, troublant et époustouflant qu'entre 1969 et 1973, Led Zep a sorti 5 albums majeurs de très, très haute qualité ! Personne ne peut en dire autant, personne.

Quel talent... et c'est à déguster religieusement !