C H R O N I Q U E

Et si le metal n'était pas mort ? Et si tout n'avait pas été dit ? Aussi incroyable que cela puisse paraître, ces questions n'auront pas de réponses dans cet article, mais allez savoir, peut-être tient-on ici des éléments qui peuvent nous pousser à y croire. Car alors que s'avance vers votre mange disque le premier EP de Moven S. -étrange nom si il en est-, il est possible que notre salut vienne de ce groupe.

Tandis que la plupart des groupes menés par un homme s'évertuent à reproduire peu ou prou la même chose en tentant de démontrer qui a la plus grosse -formule borderline si il en est, mais là nous sommes encore dans le domaine du correct-, il est une chose avérée que si les groupes menés par une frontwoman ou exclusivement féminins sont plus rares ils sont souvent porteurs de nouveauté et de fraicheur.

Et si Moven S. ne prétend à rien du tout, il -le groupe- peut se targuer de réussir à vous faire ressentir un bonheur oublié depuis les premiers albums de Kittie, Flyleaf, Sugarcoma -qui se souvient de Sugarcoma ?- ou Otep : le bonheur d’écouter une voix féminine énervée posée sur une musique fraîche et qui n’a peur de rien. Ici, les enceintes crachent du riff rageur comme on le pratiquait il y a une dizaine d’année, des mélodies pop pas désagréables et des parties plus sombres et étranges. Pèle mêle, les Manson, Rob Zombie, Slipknot et même Killswitch Engage vous viendront en tête, que du beau monde donc. Mais la vraie performance de cet album, c’est celle de la chanteuse, prénommée Shay. Dotée d’une voix très intéressante, et affichant surtout une énergie communicative, elle est la vraie raison pour laquelle Moven S. va vous faire craquer. Mais pas la seule, car le groupe dispose de trois vrais tubes, au premier lieu desquels Whore, petit machin à priori insignifiant qui ne sortira pourtant jamais de votre tête, comme les deux autres bombes de l’album qui plus est. Rythme revendicateur, grosses guitares à la parade, c’est à ça que l’on reconnait les futurs grands. Suit le refrain imparable de Count on me, où Flyleaf pourra y voir un concurrent potentiel, entre petites mélodies et son moderne qui tache. Troisième tube, et accessoirement meilleure chanson de cet EP (parait-il que ces choses-là sont subjectives, vraiment ?), la terrible Puppet on a string, alliant l’efficacité des cités-plus-haut Killswitch Engage avec le potentiel destructeur qui sera celui de Moven S. dans quelques albums. Doté d’une telle chanson il serait incompréhensible que ce groupe reste sans label longtemps (et pourtant…), parce que mine de rien même des groupes qualifiés de plus extrêmes n’ont pas cette efficacité et cette fraîcheur-là. Ne passez pas à côté de l’étrange Squeeze the rope et de l’incertaine No fuss no glitters, car même si elles sont moins marquantes, elles sont quand même plus inspirées que les chansons de pas mal de groupes signés.

Que manque-t-il donc à Moven S. pour exploser ? Eviter certaines maladresses de texte en développant son travail d’écriture, affirmer sa personnalité musicale en se détachant un peu plus de ces influences qui sont loin d’être gênantes, ne surtout pas ranger les guitares avant le troisième albums que l’on imagine acoustique (oui, je ne parle des deux premiers qui seront bien évidemment bombesques), et pourquoi pas essayer le chant en français, un exercice dangereux qui passerait comme une lettre à la poste avec une telle chanteuse. On ne peut donc qu’encourager Moven S. à poursuivre son travail, à continuer ses efforts, car si la marge de progression est énorme, il est certain que l’on peut tenir avec ce petit EP les prémices de quelque chose d’énorme. A suivre de très près donc.    

Tracklist de l'EP Moven S.

1. No Fuss No Glitters
2. Couns On Me
3. Whore
4. Puppet On A String
5. Squeeze The Rope

Venez donc discuter de cette chronique, sur notre forum !