Artiste/Groupe:

Myrath

CD:

Karma

Date de sortie:

Mars 2024

Label:

earMusic

Style:

Power Metal Progressif

Chroniqueur:

Blaster of Muppets

Note:

14/20

Site Officiel Artiste

Autre Site Artiste

Voici enfin le sixième album de Myrath ! Cinq ans après le fameux Shehili qui avait marqué (plus que positivement, en ce qui me concerne) l’année 2019. Ceux qui ont vu les derniers concerts donnés par le groupe ont pu s’en apercevoir : le claviériste Elyes Bouchoucha ne fait plus partie de l’aventure et c’est Kevin Codfert, l’ex-claviériste d’Adagio mais aussi producteur de Myrath qui a pris sa place au sein du combo. Nous avions eu un avant goût de Karma l’année dernière lorsque ces messieurs ont présenté quelques nouveaux morceaux lors de shows donnés dans l’Hexagone. J’avais trouvé ces extraits plutôt cool mais il m’avait manqué quelque chose pour être totalement emballé. Et c’est ce même sentiment qui a dominé lors de mes écoutes de cet opus. Analysons tout cela ! 

Avec Karma, Myrath vise les étoiles. Ça n’est pas moi qui l’affirme, le groupe ne s’en cache pas, il suffit de lire le titre du premier morceau : To The Stars. Mélodies accrocheuses, grosses orchestrations épiques (dès la deuxième piste, Into The Light, on en prend plein les oreilles), production classieuse... tout est mis en place pour atteindre ce but et promettre aux Tunisiens des lendemains qui chantent. Tout cela est évidemment très bien fait, hyper accessible (encore plus qu’avant) mais plus l’on progresse dans l’écoute de Karma, plus il semblerait que, que dans le processus, le groupe ait perdu un peu de sa puissance de feu et de sa singularité. Certains diront que c’était déjà le cas sur l’album précédent mais, pour ma part, l’équilibre entre ce qui avait forgé l’identité Myrath (ses influences progressives notamment) et l’ajout d’éléments autres (que certains qualifieront de plus consensuels) était loin d’être précaire. Cette fois-ci, il me semble plus fragile.

Words Are Failing, par exemple, flirte carrément (et dangereusement) avec le côté passe-partout de la pop sur ses couplets et refrains (par contre, le break instrumental est sublime et nous rappelle à qui nous avons affaire). Non, Myrath n’est évidemment pas devenu un groupe de pop, on ne va pas dire n’importe quoi non plus mais leur power progressif est allé encore plus loin, cette fois-ci, dans la recherche de l’immédiateté. L’accent est mis sur le côté direct et efficace, avec plus de simplicité instrumentale (même si les arrangements restent fournis) et la mélodie fédératrice au centre. Cela ne signifie pas que ces messieurs ne jouent plus. Dès Into The Stars, on retrouve une bonne ligne de basse d’Anis Jouini (joliment mise en valeur par un mix impeccable) et le groove du batteur Morgan Berthet. Ce dernier brille tout autant sur le break de l’épique Into The Light pendant que Codfert envoie des descentes de clavier virtuoses. Par contre, la guitare de Malek Ben Arbia se fait plus discrète sur ce début d’album. Elle est là, perceptible, dans le fond (parfois plus en avant, comme sur Candles Cry au riff bien sympa), mais semble avoir été reléguée au second plan... derrière la voix (toujours impeccable) de Zaher Zorgatti et les arrangements de Codfert. D’ailleurs, pas de solo de guitare sur la première piste, ni sur la seconde... et sur la troisième, Candles Cry (un titre vraiment entraînant, comme les deux précédents, avec - petite originalité - la participation vocale de Kevin sur le refrain), Malek se fend d’une courte intervention qui n’est en fait qu’une reprise du thème oriental qui accompagne le morceau depuis le début. Bon, j’exagère, la guitare se réveille sur la toute fin, en fond, pendant le dernier refrain. C’est sur Let It Go, titre assez irrésistible mais clairement plus pop et moins original, que Malek se lâche enfin et nous sort le grand jeu lors d’un beau solo. Amateurs de grosses guitares et riffs puissants, vous risquez peut-être de déchanter un peu avec Karma qui, s’il n’est pas totalement exempt de belles interventions (la rythmique charnue de Heroes, par exemple), se montre tout de même un peu timide sur ce point.

Myrath continue donc de se transformer en grosse machine à tubes. Pourquoi pas. Le groupe conserve un art de la flamboyance et sait encore servir de belles mélodies, la production est soignée, le chant est de qualité... il y a assurément et suffisamment de bonnes choses pour passer un bon moment. Cependant, je suis tout de même, personnellement, moins emballé. Le groupe m’a davantage séduit par le passé. J’ai déjà été plus touché, intrigué, surpris... enthousiasmé par le voyage, grisé par les parties de guitare... Là, je constate le savoir-faire mais l’émotion n’est pas la même, elle est nettement moins forte... l’ensemble me parait plus lisse. Par contre, si vous voulez du gros refrain épique à chanter en concert, il y a de quoi vous satisfaire ici (The Wheel Of Time, Temple Walls, Child Of Prophecy ou Heroes se montrent toutes performantes à ce niveau). Et puis, même si la touche orientale propre au groupe est parfois mise en sourdine, vous retrouverez bien les arrangements épiques qui donnent un aspect blockbuster à la musique de Myrath (écoutez l’intro de The Empire, ça plante tout de suite le décor !). 

Au final, je l’aime bien ce disque. Il montre de belles qualités, regorge de mélodies entraînantes et mémorables. Le groupe a peut-être un peu trop simplifié le propos et perdu une partie de son mordant et de son originalité mais il reste efficace et flamboyant. Un peu déçu quand même, mais pas au point de tourner le dos à Myrath, n’exagérons pas. Cependant, il est vrai que le coup de cœur ressenti pour des albums comme Tales Of The Sands, Legacy ou Shehili n’est pas renouvelé cette fois-ci. Divertissant, fun, énergique... ces adjectifs peuvent tous s’appliquer à ce sixième opus. Le souci provient juste du fait qu’il ne me procure pas spécialement de frissons. Pas autant qu’avant en tout cas. J’espère retrouver les Tunisiens en grande forme sur les routes prochainement en attendant une suite qui sera, je croise les doigts, plus forte que ce (tout de même) sympathique Karma.

Tracklist de Karma :

01. To The Stars
02. Into The Light
03. Candles Cry
04. Let It Go
05. Words Are Failing
06. The Wheel Of Time
07. Temple Walls
08. Child Of Prophecy
09. The Empire
10. Heroes
11. Carry On

Venez donc discuter de cette chronique sur notre forum !