Paradise Lost

Artiste/Groupe

Paradise Lost

CD

Draconian Times

Date de sortie

1995

Style

Gothic Doomisant

Chroniqueur

Hellblazer

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Paradise Lost a affiché jusqu'au très grandement mesestimé Host une évolution sincère et logique, parti du doom-death le plus brut pour arriver à une galette aux sonorités que l'on compara (honteusement ou à juste titre... et alors ?) à Depeche Mode. Une évolution d'ailleurs en tous point comparable à celle de Moonspell, puisque ce dernier, tout comme Paradise Lost est reparti depuis quelques disques dans le doom-death de ses débuts, certes plus moderne, mais quand même. Bref.

Quelque part dans cette évolution, il y a eu le décollage avec Shades of God, encore brut mais déjà subtilement dosé et très empreint de la patte du groupe, avec déjà leur son. Ensuite, Icon a enfoncé le clou, avec des hits comme Embers Fire ou True Belief. Ce disque tapait fort et visait haut, fort d'un succés mérité. Et puis un beau jour de 1995, alors que je buvais un Morbid Angel (cocktail qui tue) au Ministry - hardcore café (le meilleur bar du monde, paix ait son âme) à Paris (la cap... euh, pardon, vous connaissez), je demandai au taulier de passer du Paradise Lost (oui, on pouvait demander ce qu'on voulait, et ça passait sur une sono en béton... un rêve !). M'attendant à entendre les premiers accords de Icon, quelle ne fût pas ma surprise avec cette ligne de piano qui ouvre Enchantment sur Draconian Times, suivie d'un monstrueux mur de grattes... Ô joie, larmes de bonheur, pétrification immédiate... j'étais scotché et m'en souviendrai toujours. Je laissai même ma carte d'identité en caution pour lui emprunter le disque le soir même (il l'avait en avant-première) et l'écouter en boucle. Une tuerie.

Cet album est LE JOYAU du gothic, la 9e symphonie du metal, la bible du dark. Si l'on peut considérer Paradise Lost comme le Baudelaire du hard-rock, Draconian Times en est ses Fleurs du Mal... Une fois que l'on a écouté, on ne peut que recommencer.

Imposant, magistral, divin, scotchant, sensationnel, unique... les superlatifs manquent pour décrire la force de ce disque qui a changé la face du monde du metal goth lors de sa sortie. Avez-vous déja versé des larmes à l'écoute d'un disque ? Eh bien il est temps de commencer, car celui-ci va vous emmener très loin. Ses mélodies impériales d'un bout à l'autre de la galette, ses murs surpuissants de guitares, ses arrangements, sa subtilité, sa force... Paradise Lost a frappé un grand coup avec ce chef d'oeuvre au son énorme qui traverse le temps très bien.

Ses douze titres empreints d'une rare émotion se succèdent avec densité, inaugurant le bal avec le puissant Enchantment... qui en est un ! Mid-tempo dévastateur, sur lequel Nick Holmes démarre sur une vocalise basse et claire, surprenant son monde, car jusque là, le vocaux étaient poussés aux limites du clair/death, et de Monsieur Holmes nous ne connaissions pas cette facette aussi subtile que grandiose. Derrière lui, c'est une symphonie ténébreuse dans laquelle tout le groupe est à l'unisson. Mackintosh a ciselé des riffs monumentaux et ses accolytes abattent un boulot de titan, notamment à la rythmique en béton armé.

Hallowed Land, en batterie syncopée et The Last Time (premier single) en crescendo démentiel suivent en beauté, avant qu'une pause bienvenue ne soit entammée par une courte interview samplée de Manson (Charles), le tueur, oui. Son laius est relayé par une cathédrale sonique pesante et heavy à souhait, qui constitue le sublime Forever Failure, chanté en puissance par un Holmes transcendé. Derrière, c'est Once Solemn qui relance le disque en cavalcade furieuse, là aussi très inspiré. On a déjà pris cinq titres dans les tympans et on ne sait plus où on est. C'est pour cela que le groupe enchaine cruellement avec un hymne live, Shadow Kings, mid-tempo ravageur chanté bas, ultra puissant. Quelle claque !

Elusive Cure et Yearn for change, plus alambiqués, permettent aussi de donner au disque une durée de vie plus longue, car l'on y revient volontiers pour en découvrir tous les tiroirs et la dentelle sombre. Re-baffe sur Hands Of Reason (façon Shadow Kings), imparable et atomique.

On termine avec I See Your Face et Jaded, plus calmes (relativisez le terme, attention), qui achèvent l'auditeur sous hypnose, encore loin dans la galaxie impériale du groupe anglais. Un must.

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