A l’arrivée de ce Future World, on a été immédiatement conquis par la pochette, complètement en dehors des sentiers battus de l'époque dans le Metal, et surtout tellement plus réussie que celle du premier album. Une pochette d’album, dans le Metal en tout cas, est un argument marketing. Quand les groupes ne peuvent pas prétendre à des passages radios ou télé pour promouvoir un album, la pochette devient la vitrine de l’album. Alors pourquoi ne pas proposer la plus belle possible ? De ce côté-là, Pretty Maids a réussi son coup.

Petit rappel : Pretty Maids est un groupe danois qui a enfanté, trois ans avant ce Future World, d'un excellent album à la sauce heavy / speed tout en restant très mélodique par l'apport de synthés notamment.
Et en trois ans, le paysage a changé. En Amérique notamment, de très grosses cylindrées sont apparues et ont littéralement tout explosé sur leur passage (Bon Jovi, Dokken, Ratt, Mötley Crüe pour les plus célèbres). Le Hard US marche bien, très bien même, et cela donne forcément des idées à des groupes de l'autre côté de l'Atlantique. D'autant que le groupe dont il est question ici avait déjà des prédispositions pour proposer des titres hyper accrocheurs et mélodiques (on se rappelle Waiting For The Times sur Red, Hot And Heavy). Autre signe des temps : le groupe qui sur l’album précédent jouait à deux guitares est passé à une configuration à une seule gratte. De là à en conclure que Pretty Maids va la jouer moins heavy…
En outre, le groupe traverse l’Atlantique pour aller enregistrer ce nouvel album à New York sous la houlette d’Eddie Kramer, un producteur réputé (Kiss, Fastway, Anthrax…)
Oui mais voilà, Pretty Maids est un groupe de heavy qui ne veut pas renier d'où il vient. Alors quelques concessions sont faites, sur l'autel d'un succès promis outre Atlantique (notamment au niveau du look des protagonistes et là, on ne peut pas dire que cela soit une réussite – les tenues en papier cadeau, ce n’était pas une idée brillante - sans jeu de mots !). Mais il est hors de question de tout lâcher. Et c'est pourquoi ce Future World, aux forts accents FM par moments, est aussi un album qui comporte quelques belles pépites heavy. A commencer par le titre éponyme qui ouvre les hostilités. C'est un joyeux échange guitares / synthés qui nous accueille avant que Ronnie Atkins ne vienne donner de la voix. Une belle voix mélodique qui se durcit instantanément quand la guitare de Ken Hammer devient elle aussi plus méchante. Gros morceau, l’un des meilleurs du groupe toutes périodes confondues. Le titre suivant, We Came To Rock, vient se glisser aussi sur un terrain bien heavy avec un refrain bien fédérateur appuyé par les synthés.
C'est avec Love Games et plus loin avec Rodeo que les sonorités FM deviennent plus envahissantes. Des titres conçus pour percer le marché américain. Ce ne sont pas les morceaux les plus intéressants de l’album, loin de là, encore que Love Games arrive, en version live, à retrouver une certaine patate aujourd’hui.
Mais pour compenser, des morceaux bien saignants comme Yellow Rain à l’intro pourtant trompeuse, Loud n'Proud, Needles In The Dark ou encore Long Way To Go et son pré-refrain somptueux sont là et nous montrent que Pretty Maids sait encore avoir ce qu’il faut d’agressivité. Ils font pencher la balance du bon côté pour rendre cet album intéressant.
Reste la ballade Eye of the Storm, pas inoubliable comme c’est souvent le cas dans cet exercice, qui plombe un peu l’album juste avant le bouquet final.

Future World est donc un album où deux mondes cohabitent, pour le moment de manière encore harmonieuse. La tendance à vouloir aller chercher encore plus de succès avec des titres encore plus policés va rompre ce bel équilibre et amener le groupe à se perdre pendant une bonne période avant de revenir aux valeurs sûres avec Scream (1995).

 

Tracklist de Future World :

01. Future World
02. We Came To Rock
03. Love Games
04. Yellow Rain
05. Loud n' Proud
06. Rodeo
07. Needles In The Dark
08. Eye Of The Storm
09. Long Way To Go