Artiste/Groupe:

Rush

CD:

Permanent Waves

Date de sortie:

1980

Label:

Style:

Hard Rock Progressif

Chroniqueur:

Didier

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Permanent Waves est le 7ème album de Rush, sortit en janvier 1980 et dont nous fêtons donc, cette année, les quarante ans. Il succède à Hemisphere, sorti deux ans auparavant et il précède Moving Pictures considéré par certains, à juste titre, comme le chef d’oeuvre du groupe. En fait à l’écoute de cet album on réalise qu’il est un point d’inflexion dans la carrière du groupe, un point d’inflexion entre le Rush des années 70 franchement orienté prog avec souvent une grosse pièce par face (oui les gars, on parle vinyles à l’époque), avec des albums comme Hemishere, Caress Of Steel et bien sûr le célèbre 2112. A partir de cet album, pourtant, les choses commencent à changer et Moving Pictures viendra confirmer ce mouvement : les morceaux deviennent plus courts, moins prog, les synthés commencent à faire leur apparition, le tout est plus adapté au passage sur les ondes des radios américaines. Et ça marche ! Permanent Waves devient le premier album de Rush à rentrer dans le top five des albums pop aux US. L’album possède aussi, comme souvent, une part de mystère dans sa pochette réalisée par le célèbre Hugh Syme. C’est par exemple lui qui fait un signe de la main au loin, appuyé à un poteau. Paula Turnbull, le modèle qui sourit au milieu du chaos (de l’ouragan Carla qui frappa les côtes du Texas en septembre 1961) est coiffée pour ressembler à Donna Reed, une célèbre actrice des années 50. Autres faits étonnants de la pochette d’origine qui ont disparus depuis suite à des menaces de poursuites : le journal qui traine par terre était une réplique du Chicago Daily Tribune qui annonçait la défaite électorale de Truman (alors, qu’en fait, il avait gagné ! C’est un des plus gros scandales journalistiques aux US) et le logo Coca Cola au loin, qu’il a fallu virer car Coca Cola refusait d’apparaitre sur une photo non loin d’une culotte de femme. Au secours ! 

Bref, heureusement que côté son, c’est beaucoup plus simple : que du bonheur !

Je parlais plus haut du format radio et justement, le premier titre Spirit Of Radio illustre bien le concept. Moins de cinq minutes, un refrain accrocheur, un petit passage reggae qui surprend son monde et voilà un titre du groupe devenu depuis mythique. Je ne vais pas en faire des tonnes sur le talent incroyable de chacun des trois musiciens, mais tout y est parfaitement bien réalisé, les lignes de basse de Geddy Lee, la batterie incroyable de feu Neil Peart et le riff d’Alex Lifeson, le tout soutenu par les célèbres pédales Taurus (sorte de synthé aux pieds), le tout surtout servant à merveille la voix toujours aussi haut perchée de Geddy (“of salesman”). Freewil, qui suit, est aussi devenu un grand classique du groupe. La basse et la voix de Geddy sont magiques, les paroles de Neil toujours aussi percutantes : “If you choose not to decide - You still have made a choice”, paroles auxquelles je pense au sortir de chaque élection dans notre beau pays. Enfin, le morceau possède un break époustouflant, avec un solo d’Alex énorme, soutenu par une ligne de basse exceptionnelle. La grosse classe. Jacob’s Ladder, retourne vers des contrées plus progressives. Les paroles sont une véritable poésie, Neil y décrivant l’arrivée d’un orage et ces effet de stries des rayons du soleil qui percent encore les nuages, les échelles de Jacob. Le solo de guitare d’Alex est encore magnifique avec beaucoup de sustain et de feeling. Le morceau change de tempo pour un break très époque 2112 avec de belles nappes de synthé avant de repartir sous la baguette magique du Professor Neil, la reprise en arpèges d’Alex et batterie de Neil est monstrueuse. Ecoutez-moi ces changements de tempo, quel monstre !

On revient à quelque chose de plus enlevé avec Entre Nous, plus groovy, alors que pourtant le morceau traite de la relation dans un couple. Là encore, quelques belles phrases du poète batteur : “I think it's time for us to realize - The spaces in between - Leave room for you and I to grow.” Different Strings c’est comme un câlin le matin. Alex titille les harmoniques, la basse roucoule, c’est une jolie ballade qui termine la Face A de l’album.  Ma seule frustration c’est ce terrible decrescendo final qui coupe le solo d’Alex comme une merde. A l’époque, on ne rigolait pas avec le nombre de minutes par face, c’est bien dommage. A noter car c’est très rare, Hugh Syme, l’illustrateur, est crédité du piano sur ce morceau. C’est assez rare dans la discographie du groupe, d’avoir des musiciens externes, encore plus rare du fait que ce soit leur illustrateur fétiche.

Sur l’autre face, ou bien la piste suivante, changement de décor : retour à une grosse pièce, Natural Science, découpée en trois mouvements. Le morceau est très riche, avec des paroles encore incroyables sur le fait que nous vivons nos vies sans voir plus loin que le bout de nos nez et sans vision globale (sans blague), bien résumées par la métaphore : “Living in their pools - They soon forget about the sea”.  Riche aussi musicalement puisque Alex y réalise un superbe solo et surtout Neil qui est incroyable dans sa maitrise du changement de rythme, un truc de fou. Le premier mouvement est calme, à la guitare. Le second est plus rapide et contient des petits effets électroniques un peu désuets aujourd’hui (sorte de duo Geddy avec D2R2). Neil vous montre comment faire des roulements de toms qui l’ont rendu célèbre et Alex nous case un solo inspiré. Dans le dernier mouvement, Permanent Waves, qui donne son nom à l’album (et qui au départ devait être une expérience de capture des rythmes cardiaques des musiciens pendant qu’ils jouaient), vous allez adorer la batterie incroyable de Neil Peart. Batteur vous-mêmes ou pas, comment rester insensible aux effets, aux changements (vers les six minutes), c’est vraiment génial. 

C’est, pour moi, un album essentiel du groupe, qu’il serait dommage d’ignorer. Il regroupe trois grands classiques incontournables du groupe (Spirit Of The Radio, Freewill et Jacob’s Ladder) et une grosse pièce progressive et originale (Natural Science). 

Tracklist de Permanent Waves :

01. Spirit Of The Radio
02. Freewill 
03. Jacob’s Ladder 
04. Entre Nous 
05. Different Strings 
06. Natural Science 
  - I Tide Pools 
  - II Hyperspace
  - III Permanent Waves 

 

 

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