SEPULTURA

Artiste/Groupe

Sepultura

Album

Arise

Date de sortie

2001

Style

Thrash/Death-Metal

Chroniqueur

Axel

Site Officiel

http://sepultura.uol.com.br/

C H R O N I Q U E

Aaaah... 1991... Souvenirs, souvenirs ! Le premier championnat NBA remporté par Jordan, le début de la première guerre du golfe, la mort de Serge Gainsbourg, les premiers pas de Sonic sur Megadrive, autant d'évènements (ou presque) qui nous feraient oublier que cette année là sortaient le double live Decade of Aggression de Slayer, le fameux black album de Metallica, et surtout... le fabuleux Arise de Sepultura.

Fabuleux, oui, ou génial, grandiose, monstrueux, magnifique... les qualificatifs me manquent à chaque fois qu'il est question d'évoquer cet album. Car c'est un fait : si je ne devais citer en référence, ou ne serait-ce garder, qu'un seul album de metal, ce serait celui-là. A mon avis, à mon gout surtout, le meilleur album de metal de tous les temps. La quintessence du thrash, n'en déplaise aux fans de Slayer. Tellement bon qu'on veut le faire partager à tout prix.

Car il faut bien reconnaître une chose dans cet album : les p'tits gars (du moins à l'époque) n'ont pas lésiné sur les moyens. Beneath The Remains (l'album précédent Arise) était déjà remarquable, et remarqué, mais là on ne jouait déjà plus dans la même cour. Que dire de la production... Sans doute la grande époque de chez Roadrunner, avant qu'ils ne se mettent à tout formater (et après on s'étonne que Chimaira soit allé voir ailleurs...). Un son incisif, précis, dont on ne pourra que regretter la discrétion de la basse. A côté de ça, si on regarde ce qui se faisait à l'époque niveau basse, on reste dans le standard. Mais Arise ne saurait se résumer à sa production, loin de là.

Voilà en réalité l'essentiel de l'album : une qualité de composition incroyable. Arrêtons-nous une minute, et posons-nous la question : qu'est-ce qui fait la structure du metal, ou se trouve son architecture, pour ne pas dire sa colonne vertébrale ? Oui madame, dans la rythmique. Et de ce point de vue, Sepultura déchire tout avec Arise. En effet, la bonne fée rythmique s'est bien penchée sur les berceaux de chacun des titres de cet album. Un nectar pour les oreilles. De quoi créer des vocations de guitaristes rythmique, voir de bassistes, pour l'éternité. Les compositions sont chargées d'ambiance, chaque titre baignant dans sa propre atmosphère. Et les intros n'y sont pas pour rien. Jamais intros aussi courtes n'auront autant planté le décor. Que ce soit à base d'enregistrements ou de purs riffs de guitare, chaque morceau s'enchaine naturellement, sans ressembler au précédent. Ainsi sur le titre éponyme "Arise", avec son intro apocalyptique, "Dead Embryonic Cells", avec son plan quasi industriel, ou encore "Under Siege", déjà teinté d'une ambiance tribale vers laquelle s'engouffrera Sepultura plus tard. Et je ne vous parle même pas de "Meaningless Movements", le morceau le plus noir de l'album, pesant à souhait, impressionnant dès la première écoute, et à la fois capable de s'envoler à nouveau dans des plans rythmiques implacables. Et oui, vous n'avez pas fini de headbanger sur cet album. Terrifiant, captivant, hallucinant.

Oups, j'allais oublier... Ben oui, à cet époque Sepultura était dans le meilleur de sa formation (pour ne pas dire de sa forme), à savoir les frères Cavalera, Paulo Jr, et bien sûr le sieur Andreas Kisser au solo. Bon là, on arrête tout, on se tait, on écoute, on mouche son nez et on dit merci. Jamais prétentieux au point de nous sortir des kilomètres de soli, Andreas nous pond des perles de chorus qui ne font que servir chacun des morceaux. Le solo n'est pas là pour "faire comme tout le monde". Non. Il est là pour souligner et renforcer l'intensité de chaque titre, enfoncer encore plus dans nos chairs, s'il en était encore besoin, la composition unique de chaque chanson. Et puis on ne saurait oublier de saluer notre brailleur de Cavalera, à l'époque d'une rare efficacité dans son chant : nul ne saurait dire ici qui de lui ou des guitares vient soutenir l'autre. La partie rythmique et la voix semblent presque s'épouser. Bref, une adéquation, un ensemble comme on n'en verra pas aussi souvent qu'on l'aurait souhaité.

Amen, je vous le dis : il est inconcevable de passer à côté de cet album, à mon gout trop souvent oublié dans les références du metal. Il est vrai que par la suite le style de Sepultura s'est un tantinet alourdi, que les changements de line-up n'ont rien arrangé à la question... Mais bon, on s'en fout. Arise est THE album de Sepultura, un best-of à lui tout seul. Point de grosse cavalerie ici, ni de destruction de masse : que du travail d'orfèvre, un concentré de hargne et de révolte, une oeuvre d'art au pays du metal, un pur concentré de thrash. Argh !

Et pour ceux qui en veulent toujours plus, je ne saurais que trop leur conseiller la video Under Siege (Live in Barcelona), incluse dans le très bon "Chaos DVD". La plus belle démonstration du talent du Sepultura de l'époque, qui assure alors au moins aussi bien sur scène qu'en studio. Une référence.