C H R O N I Q U E

En 1998, on battait leur équipe de foot et on se croyait les maîtres du monde. Pourtant dans le metal, dans l'international, le Brésil bat la France à plates coutures : nous, on a surtout Gojira et eux ont : Angra, Cavalera Conspiracy, Soulfly ou encore Sepultura. Et puis il y a aussi Shadowside qui monte en flèche dans son pays d'origine et qui revient avec un troisième album Inner Monster Out. Mais ce succès arrivera-t-il jusqu'en France ?

A l'écoute des deux premiers titres, on pourrait le croire. Gag Order fait débuter l'album en force. Dani Olden qui se trouve derrière le micro module légèrement sa voix, elle a de la puissance, de la maîtrise. Tout comme ses consoeurs de la scène Heavy (la chanteuse de Sister Sin par exemple), elle envoie du bois, tout comme la musique, qui se veut accrocheuse, et énergique. Sur Angels With Horns l'utilisation du vocodeur apporte un peu d'originalité. Une chose qui manque sur l'album et surtout à partir de la troisième chanson. On aurait aimé que Shadowside nous mette ce titre au milieu de l'album. Car si avec Inner Monster Out, trois hommes viennent prêter main forte à la demoiselle et nous sortir de la routine dans laquelle on s'enlise gentiment, rien ne nous surprendra dans cet opus qui finit par tourner en rond.

Pourtant, le groupe a de bonnes idées comme celle, donc, de faire venir trois hommes. Et pas n'importe lesquels : les chanteurs de Dark Tranquillity, Soilwork et enfin de Dream Evil. Titre pêchu, l'un des temps forts de l'album où les voix des quatre protagonistes se complètent et font merveille. Les solos sont, quant à eux, très présents et travaillés. Dommage qu'ils arrivent très souvent au même moment et donnent un effet quasi constant de remplissage. Les refrains sont accrocheurs, mais là aussi, on tombe vite dans la répétition outrancière (Habitchual en souffrant particulièrement).

Autre bonne idée : le groupe ne ralentit jamais la cadence. Pas de ballade malgré un titre inquiétant quand une femme est au chant : In The Name Of Love. C'est pourtant un titre poussif, tout comme My Disrupted Reality, l'un des titres les moins "inspirés" et réussis de l'album. Non pas que le reste le soit, inspiré, mais là, on tombe dans le cliché du Heavy. Le problème avec Inner Monster Out et Shadowside, c'est ce manque d'inspiration, d'originalité, de se renouveler au sein même de l'album. Et cela, que ce soit pour la musique ou la voix. En effet, à force, les modulations de Dani ne se remarquent plus et l'impression d'un chant linéaire s'installe au fur et à mesure des onze titres qui constituent ce troisième opus. Jamais le groupe ne nous surprend, jamais il prend le risque de sortir de ce qu'il sait faire. Heureusement, avec le dernier titre, Waste Of Life, le combo montre qu'il n'a pas épuisé toutes ses idées musicales et vocales et sur le premier couplet, on ne pourrait presque pas dire si c'est un homme ou une femme derrière le micro. Une hargne qui fait du bien à entendre et qu'on n'attendait presque plus.

Si le groupe maîtrise manifestement son art du Heavy Metal, qu'il sait composer de bons morceaux, sa musique s'essouffle un peu trop vite pour ne nous donner que du déjà vu, du réchauffé. Le côté mainstream développé tout au long de Inner Monster Out n'aide pas non plus le groupe à se démarquer et on lui préfèrera nettement ses "concurrents" de Battle Beast par exemple. De bonnes idées, mais pas assez exploitées, un album avec des compos sympathiques mais pas marquantes, voilà ce qu'on retient des Brésiliens de Shadowside. On s'approche des buts, mais on ne fait quand même pas un très bon score.

Tracklist de Inner Monster Out :

01. Gag Order
02. Angels With Horns
03. Habitchual
04. In The Name Of Love
05. Inner Monster Out (feat. Bjorn"Speed"Strid, Mikael Stanne, Niklas Isfeldt)
06. I'm Your Mind
07. My Disrupted Reality
08. A Smile Upon Death
09. Whatever Our Fortune
10. A.D.D
11. Waste Of Life

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