Nikki Sixx

Artiste/Groupe

Nikki Sixx

Livre

THE HEROIN DIARIES Une annee dans la vie d'une rock star brisee

Date de sortie

2007

Style

Hard Rock

Chroniqueur

Didier

Site Officiel Artiste

Myspace Artiste

C H R O N I Q U E

Après avoir découvert Sixx:AM et avoir été littéralement scotché par la qualité des compositions de Nikki Sixx et de ses deux acolytes DJ Ashba et James Michael, ma curiosité a été attirée par le livre THE HEROIN DIARIES Une année dans la vie d'une rock star brisée. En effet le premier album, The Heroin Diaries Soundtrack, comme son nom l’indique est la bande son du bouquin. La démarche n’est déjà pas banale, et j’ai trouvé intéressant de me plonger dans ce livre après en avoir adoré la bande son.

Je dois dire que le livre ne peut laisser indifférent. Je dirais même qu’il m’a laissé sur le popotin pour rester poli. Je précise que j’ai lu la version anglaise du livre, si vous avez le niveau n’hésitez pas, c’est fou ce qu’on apprend comme termes relatifs aux soirées, drogues, insultes et j’en passe.

Le livre de plus de 500 pages, se présente sous la forme d’un journal intime que Nikki a tenté de tenir de décembre 1986 à décembre 1987, juste avant, puis pendant l’enregistrement, puis pendant la tournée géante de Mötley Crüe pour Girls, Girls, Girls. Je dis tenté car il y a quelques trous, mais pas trop non plus, on sent que dans cette période incroyable de sa vie il s’est raccroché à ce journal comme à une bouée de sauvetage. Il a crié dessus, pleuré dessus, il lui a même menti, se mentant par là même, à lui même. Dans le journal on trouve pour chaque journée ou presque: le lieu, l’heure, et quelques phrases retraçant les événements de sa journée. C’est très souvent relatif à la drogue, la recherche de drogue, la prise de drogue, les effets de la drogue. Mais c’est souvent aussi sur les concerts (quel rythme infernal, c’est délirant, tu m'étonnes qu'il craque, on dirait vraiment que le label voulait les presser jusqu'à la dernière goute), les after et les copines un peu spéciales qui semblent tourner autour du Crüe. Je dois reconnaitre que certaines ne sont pas timides, et ont de toutes petites vertues. Et de petits cerveaux aussi, car je comprends pas trop l’intérêt pour une fan de se farcir TOUT le groupe, plus le staff, au total quarante-trois personnes dans une même soirée. Faudra qu’on m’explique! Bref, mais le véritable intérêt du bouquin réside dans les remarques qui s’intercalent entre les notes d’époque. Ces remarques commentent toujours un point particulier du journal, et reviennent dessus à froid. Ces notes sont, soit de Nikki lui-même qui précise un point particulier, ou bien d’autres intervenants de la scène de l’époque. A ce titre, on peut lire des remarques de leur tour-manager, des autres musiciens de Mötley Crüe, d'autres musiciens, de sa mère, sa sœur, son grand père, de sa nana de l’époque, Vanity, etc… C’est aussi intéressant car ça leur offre souvent une tribune pour expliquer un comportement qui, dans le journal, est relaté par Nikki. Ca explique les faits avec un autre point de vue, et ca rend le livre super vivant.

On découvre que Nikki, malgré le talent, le pognon, la gueule d’ange, est mal dans sa peau, qu’il traine des boulets de son enfance qui le plombent (pas de père, mère qui l’abandonne à ses grands parents, …). On apprend que les tensions entre les membres du groupes sont énormes. Nikki et son comportement excessif, ne semble accepté par les autres membres et le label uniquement car il est l’âme de Mötley Crüe et le compositeur. Nikki est seul. Il sombre dans les drogues de plus en plus dures, ce qui accentue sa paranoïa. Il montre en fait tous les symptômes d’une lourde dépression, mais utilisera la drogue plutôt que d’aller voir un toubib.

On est sidéré par la vie qu’il mène. Il ne dort pratiquement jamais, mange rarement, ne se lave que rarement (des fois pas de douche pendant huit jours ! le tout dans son pantalon en cuir), je repense au groupies, qui n’ont pas beaucoup de cerveaux, mais pas des masses d’odorat non plus, on dirait. Nikki ingurgite un cocktail de cocaïne, alcool, et des cachets en tout genre, à longueur de journée et de nuit, c’est hallucinant ! Et ça, c’est quand il est sevré de sa période injection d’héroïne. Parce que là c’est encore pire. Il s’enferme dans son dressing avec son flingue, voit des ennemis de partout et se shoote. Quand il ne se shoote pas, il cherche son dealer (un homme riche grâce à la consommation de son client en or), pour faire des provisions. L’entourage de Nikki lui est souvent néfaste aussi. Il attire les emmerdes. Sa copine de l’époque, Vanity, est aussi intoxiquée que lui. En plus, ses remarques dans le livre sont complètement à côté de la plaque car, la pauvre, s’est rachetée une conduite en épousant dieu. Donc elle nous saoule de remarques sur dieu par ci, et dieu par là. Elle est maintenant évangéliste et se fait appeler Denis Matthews. Totalement incompréhensible la plupart du temps. A des moments d’ailleurs, Nikki se moque des annotations en ajoutant des : "Hein ?" La pauvre, elle fait mal, comme dirait mon fils. Parmi ses potes, on retrouve Tommy Lee, qui semble arriver à ne pas tomber dans les excès de Nikki, et s’arrêter toujours à la limite, contrairement à Nikki qui fonce toujours jusqu’au bout. Comment est-il encore en vie ? On se le demande en lisant ce bouquin. Avec les autres membres, c'est assez tendu. Ils s'ignorent avec Vince, il se défoule sur Micky qui lui sert de bouc émissaire. On trouve aussi Slash, qui croise souvent la route de Nikki. C’est apparement Nikki qui fait des pieds et des mains pour que Guns n’ Roses fasse la première partie de Mötley Crüe à la place de Whitesnake, que Nikki ne peut pas voir en peinture. Il se fout de la gueule de David Coverdale, et je vous passe les détails salaces sur la copine manequin de David à l’époque.  Pourtant d’après le tour manager, Whitesnake fait un boulot génial et délivre un set irréprochable. Je pense qu’il y a une certaine jalousie envers Coverdale ou un truc du genre. Bref on finira par retrouver Axel et son gang en premiere partie de Mötley Crüe. Nikki écorche Axel de nombreuses fois, préférant toujours Slash pour ses soirées de débauche. Il n’épargne pas non plus Slash avec ses problèmes d’incontinence quand il est bourré. Amis de la poésie…

On croise aussi Sebastian Bach, qui joue avec un groupe à l’époque et promet de devenir quelqu’un. On a aussi l’avis de Rick Nielsen de Cheap Trick que Nikki a toujours admiré, et on rencontre au détour d'une beuverie Bob Michael.

Certaines scènes où Nikki rencontre sa mère et sa sœur sont épouvantables. Son comportement est lamentable. D’autres scènes avec son grand père sont plus calmes, très touchantes. Histoire de couronner le tout, il sera trop con (c’est lui qui le dit), pour assister à l’enterrement de sa grand-mère, qui l’a pourtant aimé et éduqué, et ça le rongera désormais toute sa vie.

La scène finale sera celle de l’overdose de Nikki dans un hôtel à New York. Il est sauvé par l’intervention intelligente de la copine de Slash à l’époque. Slash, lui, est trop bourré pour faire quoi que ca soit d’utile. Les mecs font peur !

Quand on pose ce livre, après certains passages, on a les mains moites. On ne peut s’empêcher d’y penser, et d’y revenir au plus vite. Je me suis surpris plusieurs matins à mettre mon réveil avant l’heure pour avoir le temps de lire un peu mon bouquin avant d’aller bosser. C’est dire !

Les pages sont illustrées de dessins de Nikki, souvent morbides et sanglants, et de paroles de chansons. On trouve aussi quelques photos de Nikki à tous les âges.


Au final, on comprend que Nikki est sauvé par la musique, la soif d’écrire des chansons et de jouer devant un public. Il semble s’être petit à petit stabilisé, avoir appris à controller ses excès, ses pulsions de mort, avoir accepté et maitrisé ses démons, fait la paix avec sa mère et sa sœur, et retrouvé une certaine sérénité. Il se marie, a trois enfants, divorce, mais s'occupe de ses trois enfants. Son talent éclate au grand jour, sa créativité semble décuplée, il devient (en plus de son rôle de compositeur/bassiste dans Mötley Crüe), animateur radio, écrivain, designer de fringue et photographe, toujours avec succès. Enfin musicalement il explose tout avec son projet Sixx:AM dont le deuxieme album sorti début 2011 est encore meilleur que le premier. L’album de l’année à mon goût.

Ce livre explique la genèse de ce personnage hors du commun, qui après avoir tout fait pour se détruire, caché derrière des clichés de rock star et des excès de sale gosse, a fini par prouver qu’il était un esprit créatif génial. Il a failli pourtant ne jamais y arriver et en payer le prix fort.

 

 

 

 

 

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