Artiste/Groupe:

Slagduster

CD:

Deadweight

Date de sortie:

Mai 2017

Label:

Waterlow Audio Records

Style:

Hardcore Technique

Chroniqueur:

JeanMichHell

Note:

15/20

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Mon oncle, Matt Adore, est un boucher de précision, métier très rare dans l'industrie du haché menu mais ce grade reconnaît un niveau de précision rarement atteint. Il joue avec les couteaux comme certains jouent avec des balles de jonglage, il maîtrise l'art du dépeçage comme un Homme de Néanderthal mort de faim et la mise à mort comme personne. Vraiment très fort Hell Matt Adore... Bon, je vous vois déjà, la moue dubitative face à cette introduction qui n'a absolument rien à voir avec la musique... Eh bien détrompez vous, je viens de faire connaissance avec Slagduster qui propose Deadweight et il y a bien des éléments en commun avec la boucherie de précision.

Ce jeune groupe vient tout droit du Canada, de Grand Forks pour être précis, et se présente comme étant influencé par Goijira. Sikth, Meshuggah, Dillinger Escape Plan ou encore par Between The Buried And Me. Il annonce également être à la croisée entre un style progressif, groove metal, créatif, unique et heavy. A ce moment-là, et compte tenu des références annoncées, il faut déjà être sûr de son propos.

Et bien je vais être direct avec vous, ces mangeurs de pets de sœur peuvent tenir sans aucun souci la comparaison avec leurs illustres références. L'album commence par Soldier of Meth qui nous met de suite au diapason du foisonnement créatif du groupe. Pas de phrase musicale qui se répète, on change tous les quatre temps pour un riff, une ambiance différente toutes les quinze secondes. C'est lourd, on passe aussi bien d'un bon gros mid-tempo à une accélération fulgurante et le groupe évite avec une certaine habileté la démonstration technique pédante qui peut arriver dans le math-core particulièrement.

Je vais évacuer tout de suite le plus gros défaut de cette galette : c'est la voix. Non pas que Shane Sherman, qui en plus joue de la guitare, ait une voix insupportable, il s'approche d'ailleurs de Jens Kidman dans sa manière de chanter, mais elle ne correspond pas forcément au style joué. Je la trouve à l'image du mixage un peu trop hardcore, rough, pour mettre en valeur les compositions, c'est dommage.

En revanche, les collègues, eux, n'ont pas besoin de réviser leurs gammes, je peux vous assurer qu'il les connaissent. Zak Waterlow à la basse, Joe Northcott à la batterie, ainsi que Alex Huber à la guitare sont vraiment impressionnants de technique dans des styles tellement différents qu'il est impossible de vous décrire un morceau pour illustrer mon propos.

En faisant abstraction de la voix, des titres comme Peeping Ron ou encore Profane Puppet me font franchement penser à Trepalium. Les structures jazzy sont assez évidentes et le groupe prend un malin plaisir à ne jamais reproduire les mêmes riffs, à croire qu'ils ont peur de se faire chi** en jouant un de leurs propres titres. D'autres titres comme Ivory Into Coal tire un peu plus sur le progressif et s'amuse à jouer l'art du contre pied. Untouchable lorgne sur le death technique et clôt un album de très haute volée. Tout ça dans une joyeuse créativité, ça part dans tous les sens pour nous en mettre plein les sens.

Slagduster est une bonne surprise qui mérite, si vous êtes sensibles à des compositions lourdes et mouvantes, que vous alliez poser une oreille dessus. Ce Deadweight est un exemple de créativité construite, pour un résultat où l’ennui n'est jamais de mise et ça, c'est loin d'être donné à tout le monde. C'est bien l'auditeur qui finit haché menu après ces neuf titres, sauf que dans ce cas-là, c'est lui qui le décide.


Tracklist de Deadweight :

01. Soldiers Of Meth 
02. Peeping Ron 
03. Profane Puppet 
04. Mother’s Milk
05. Mushroom Stomp 
06. On All Fours
07. Cheer Up Clown 
08. Ivory Into Coal 
09. Untouchable