“Quand deux sages confrontent leurs idées, ils en produisent de meilleures ; le jaune et le rouge mélangés produisent une autre couleur.”

J’avais envie de débuter ce BTTP (Back To The Past pour les initiés) par ce proverbe tibétain qui a aussi tout son sens si vous remplacez les sages par des fous surtout lorsque l’on parle de The Dillinger Escape Plan et de Monsieur Mike Patton.

En 1999, Dillinger Escape Plan accouche dans la douleur de son premier album Calculating Infinity. Le groupe a dû faire face à la perte d'Adam Doll pendant l’enregistrement suite à une blessure à la colonne vertébrale qui le laissera dans un fauteuil roulant. Malgré cela, Il s’en suit une tournée de plus de quarante-cinq dates en première partie de Mr. Bungle, le groupe de Mike Patton. Ce dernier estime que DEP est certainement ce qui se fait de plus impressionnant en terme de metal à ce moment-là. Mais Dimitri Minakakis, chanteur de l'époque, décide de quitter le groupe qui se retrouve comme deux ronds de flan. C’est ainsi que le petit Miky se retrouve derrière le micro pour un EP dévastateur : Irony Is A Dead Scene.


Cette collaboration accouche d’un bijou absolu, quatre titres, quatre tueries… Evidemment, on peut se dire que quatre titres c'est malheureusement trop court. Mais en même temps, quatre titres, on peut s'attendre à n'avoir que des titres de qualité ; c'est finalement court et bon ! Et là ou cet EP est exceptionnel, c’est que chacun a puisé dans la créativité, le style de l’autre. Ce n’est pas un simple "featuring Patton", qui est dans sa période bruitiste Fantômas, car il exalte les compositions du groupe. En réponse, DEP fait évoluer son style pour être plus proche de la "patte Patton", qui n’a, elle, rien à voir avec une autre personne hautement électrique, l'Empereur "Palpatine". (Bon, ça ne veut absolument rien dire, mais je trouve que c’est assez dans le ton…)

Bref, laissons le Roi Loth de côté et laissons la place à Hollywood Squares qui ouvre le bal, en beauté et en puissance. C’est une première énorme gifle qui nous attend et le titre part dans une furie de chaque instant. Patton fait aussi bien étalage de sa puissance vocale que de sa capacité à créer des lignes de chant tout en douceur. Les petits gars de DEP se font aussi l'écho de cette tendance puisqu'ils associent, aux aussi, mélodies avec une puissance de riff rarement atteinte.  « Game Over, you win »


Pig Latin offre une introduction tout en douceur latine, Patton les rejoint et «Chinga!», changement de rythme pour un passage par le mode essorage de la machine à laver. Le morceau tourne, vire, change pratiquement tout le temps d’angle d’attaque. Deuxième raclée. Le morceau Come To Daddy est à mon sens plus anecdotique même si l’ambiance oppressante qui s’en dégage est affreusement délicieuse. Cette reprise d’Aphex Twin me semble en dessous des trois autres titres. En dessous ne signifie pas en dessous de tout…

Mais le titre qui me fait saigner les oreilles à chaque écoute, c’est When Good Dogs Do Bad Things. Quel titre, mes aïeux !  Ce n’est pas compliqué il n’y a aucun répit pour l’auditeur pendant les deux premières minutes de ce titre. C’est une violence et d’une rapidité d’exécution tout bonnement hallucinante. Un pont tout en douceur malsaine, comme si l'horrible chien Baxter était en train de vous observer, puis Patton déchire cette torpeur avec des hurlements dont il a le secret pour une fin apocalyptique. Et hop une tannée de plus…


Alors oui, ce Irony Is A Dead Scene a un goût de trop peu, surtout avec une telle qualité de composition. Mais le groupe ne voulait peut être pas s'engager de trop avec le bonhomme et devenir la «Cour de récréation de M. Patton» alors que Greg Puciato était déjà dans les tuyaux. En tout cas, si vous êtes sensibles à l’univers de ce petit Miky et/ou à celui de Dillinger, cet EP doit être dans votre collection.


Tracklist de Irony Is A Dead Scene :

01. Hollywood Squares
02. Pig Latin
03. When Good Dogs Do Bad Things
04. Come to Daddy