BlackRain

Interview date

17 Mars 2011

Interviewer

Didier

I N T E R V I E W

Interview Swan, Matt, Max2, Franck (en face à face)


Salut les gars et merci de de nous avoir accordé cette interview. Nous sommes le webzine AuxPortesDuMetal.com. Est ce que l'un de vous pourrait nous présenter le groupe ?

Swan: Alors BlackRain est un groupe de glam metal Français. Les trois quarts du groupe sont originaires de Haute-Savoie. Y'a Max2 à la lead guitare, Matt à la basse, et notre nouveau batteur Franck, qui lui est parisien, et moi-même, donc Swan au chant et à la guitare.

Max2: On est de la région de Bonneville, pas loin de Chamonix.

Avez-vous joué dans d'autres formations avant Blackrain ?

Swan: Non pas vraiment

Matt: Non, juste quelques groupes de cave, on avait juste fait un concert

Max2: En fait on est passé de groupe de cave à groupe de garage, c'est déjà un palier de franchi [rires]

Swan, où as tu dégoté un si bon accent Anglais, on n'entend pas ton accent savoyard ?

Swan: [rires] J'espère ! J'y travaille en tout cas. Faut dire aussi qu'on a déjà pas mal tourné à l'étranger et qu'on a donc pas mal l'habitude de communiquer en Anglais avec les potes partout où on va. Que ce soit en Scandinavie, en Allemagne. On y travaille un minimum sinon ça fait pas très sérieux. Et puis ça sonne quand même mieux quand c'est bien fait non ?

Au fait c'est Black Rain ou Blackrain ?

Swan: C'est BlackRain, tout attaché et avec une majuscule au "R"

Si je vous dis que j'ai pris le même pied en découvrant Blackrain qu'en découvrant le premier Mötley Crüe dans ma jeunesse ça vous choque ?

Swan: Ah c'est un gros compliment ! Ca ne nous choque pas du tout, nous aussi on écoute beaucoup de groupes des années 80. On écoute aussi pas mal de choses des années 90, on reste assez ouverts. Mais bon, les plus grosses influences dans notre musique sont effectivement Mötley Crüe, Guns N' Roses, WASP, Skid Row et les trucs comme ça.

La connotation glam rock, hair metal, ça vous gêne ou c'est au contraire une bonne chose ?

Swan: Non, nous on aime bien dire qu'on fait du Rock 'n' Roll mais après chacun colle l'étiquette qu'il veut. C'est normal qu'on nous classe comme un groupe de glam ou de sleaze. En même temps, on a le visuel pour ça et la musique fait pas mal référence à ça aussi, donc oui c'est normal.

Aujourd'hui les mecs de Mötley Crüe sont encore là et plutôt en forme, à part le pauvre Micky Mars, ca vous inspire quoi ?

Swan: C'est exactement ce qu'on veut faire, c'est le but. De voir la carrière sur le long terme et de devenir un jour un groupe de référence comme eux. C'est là dessus qu'on travaille.

Vous jouez pas mal le côté provoc', c'est dans vos gènes ou juste une tenue de scène ?

Swan: Non, en général on est toujours un peu comme ça quand même. C'est une habitude et puis c'est devenu assez naturel. Y'a pas de côté provoc'. On aime bien se fringuer comme ça.

Max2: On n'a jamais vécu ça comme de la provoc', c'est juste une question de goût, on aime ce style.

Dans le dernier album, la chanson Get a Gun est-elle un appel au suicide ? Dans les années 80, certains ont eu des soucis pour moins que ça.

Swan: Déjà c'est une reprise [de The CNK], les lyrics ne sont pas de nous.  Nous on s'est contenté de reprendre la chanson et de retravailler la musique car l'originale n'a absolument rien à voir. Les paroles sont restées les mêmes. C'est dur de commenter ça puisque c'est pas une chanson de BlackRain. On connaît les paroles puisqu'on doit les faire coller à la musique, et ça raconte certainement une histoire, mais je ne pense pas que ça incite à quoi que ce soit.

Matt: Le fait de prendre des paroles provoquantes, ou choquantes, c'est un gimmick finalement. C'est une facette de BlackRain, et encore, comme c'est une chanson qui n'a pas été composée par nous, qui a été complètement changée. On l'a mise en début d'album parce qu'il y a une pêche incroyable et chaque fois qu'on la passait, tout le monde trouvait que ça avait la pêche. Mais alors c'est vrai que derrière, les parole, bon... enfin, quand on fait attention, parce que c'est vrai qu'en France on le fait pas forcément. C'est vrai que c'est très direct, et pourtant ça plait assez facilement aux gens, ce coté très direct.

Toujours dans le même dernier album, Overload parle clairement de drogue, ou bien j'ai mal compris ?

Swan: [Rires] Non t'as tout à fait compris. La plupart des chansons racontent des faits vécus, des histoires personnelles, c'est ça qui nous inspire et sur lequel on arrive à écrire facilement. Faut pas voir ça comme de la provocation. Enfin, c'est des paroles un peu crues.

Matt: Ca représente aussi toute l'energie qu'il peut y avoir à ce moment-là, cette envie de dire "je suis le roi du monde", etc... après c'est mis en chanson, c'est mis en art. Faut juste le voir comme ça. Y'a jamais aucune incitation, on n'est pas du tout un groupe à message. On est un groupe qui veut faire de la bonne musique en parlant de chose qu'il a vécues. 

Les Blackrain Gilz c'est quoi exactement ? Un moyen de recruter vos copines ?

Swan: Non, même pas. C'est un moyen de mettre en valeur les fans. En fait on l'a pas demandé. C'est à l'initiative d'une copine, parce qu'on recevait beaucoup de photos de fans de BlackRain qui posaient avec des girly, des t-shirts, comme ça. Et du coup c'était un moyen de les mettre en valeur, de le mettre en avant plutôt que juste sur notre site comme ça. Comme ça elles ont un truc spécialement dédié. Y'en a vraiment de tous les pays du monde. On pense en inviter quelques-unes pour le Hellfest, va savoir. Y'en a aussi sur le clip d'overloaded qui vient de sortir, regarde sur YouTube.

Vous vous êtes mis au rock, comme Lemmy, pour embaler des nanas ?

Swan: [Rires] Non pas vraiment. On s'est rendu compte que c'était ça qu'on voulait jouer sur scène. C'était vraiment le truc quand on est allé au Japon en fait. Là, on a eu le gros déclic.

J'ai beaucoup aimé cet album, auquel j'ai mis 16/20 et un coup de coeur. Je l'ai découvert en surfant sur les pistes enneigées, le top.  Etes-vous contents de l'accueil pour l'instant côté média ?

Swan: C'est cool ça ! De la part de la presse c'est comme d'habitude. Y'a des gens qui aiment et d'autres qui aiment moins. Après, de la part des fans, ça m'a l'air, pour moi, super positif. Même par rapport à l'album précédent on évolue dans la bonne direction. Y'a de plus en plus de fans, et puis on a bénéficié d'une promo qu'on n'avait pas avant, donc ça aide aussi. En tout cas, tout évolue dans le bon sens.

J'adore le morceau Dead Boy, de quoi parle-t-il exactement, j'avoue que je n'ai pas tout capté ?

Swan: Ca parlait en fait d'une relation que j'avais avec une certaine personne, c'est tout, après ça a été écrit de manière à ce que ça rentre dans la chanson. Après, c'est vrai que la chanson en elle-même à une ambiance un peu spéciale en fait, qu'on ne trouve pas dans les autres. Mais c'était pas voulu non plus, ça a sonné comme ça, c'était pas vraiment recherché au départ.

Sur Burn'n'Die, vous êtes remontés contre quelqu'un en particulier ?

Swan: [Rires]

Max2: En fait on devait le sortir sur l'album d'avant et on l'avait pas fait. Finalement on l'a mis sur celui-là. C'était après quelqu'un mais ça n'est plus d'actualité en fait [Rires]. Mais on aime bien la jouer encore cette chanson.

Pourquoi avoir réenregistré Rock Your City ?

Swan: En fait c'était surtout pour le thème du début, avec les Hoo Hééé de la foule qu'on avait découvert au Japon.

Matt: Tu te rappelles aussi qu'on avait treize chansons et on avait un producteur qui était très superstitieux, donc il en voulait une de plus. Et on était à un moment où on retravaillait les anciens morceaux pour la scène. Donc on s'est dit, comme on l'a changée, comme on a enlevé des choses, comme on a changé le rythme, on va la réenregistrer. C'est vrai qu'elle est différente, c'est vraiment un ensemble de raisons.

A propos de Rock Your City toujours, j'adore votre "cri de guerre", l'idée de l'avoir utilisé en intro et en conclusion est excellente, en live à Marseille ça rendait bien aussi, d'où vient ce cri ?

Swan: Ca vient du Japon en fait.

Max2: On était dans une immense boîte de nuit super cool, et pendant toute la soirée, toute la nuit, les gens chantent ce truc, mais spontanément en fait, et ça s'arrête jamais. Le tempo reste toujours le même. Y'a un mec qui lance ça, on ne sait pas pourquoi en fait et tout le monde le fait et ça a une énergie de tarré et un pouvoir fédérateur.

Swan: On l'a utilisé en début et en fin de l'album, pour mettre ça dans la tête de tout le monde.

Commercialement, cet album, ça donne quoi ?

Swan: Ah ouais, on va pas se plaindre du tout. On a la chance de travailler avec Wagram pour cet album-là, on a une mise en place qu'on n'a jamais eu avant. C'est vraiment une grande chance. D'ailleurs c'est pour ça qu'on fait la tournée acoustique des FNAC. Et  puis les retombées sont très bonnes. La preuve c'est qu'on a eu des propositions du label SPV pour finalement nous avoir pour le monde entier. Je pense que ça veut dire que commercialement ça se passe bien.

Matt: Y'a eu des ruptures de stocks. L'édition limitée est en rupture, tout est dans les magasins. Certains magasins avaient tout vendu, on a été obligé d'envoyer nos dernières copies. Donc ça marche bien.

Max2: L'avantage aussi de tourner dans les FNAC c'est qu'on peut discuter avec les responsables des rayons et ils nous disent que ça faisait longtemps qu'ils n'avaient pas vu une promo comme ça, poussée, pour un groupe de hard rock. On a vraiment pas à se plaindre.

Franck: Ce qui est marrant d'ailleurs, c'est qu'au niveau du public, y'a pas que des fans de metal, y'a pas que des fans de glam. Y'a aussi des gens qui n'étaient pas spécialement tournés vers la musique électrique et qui apprécient l'album. J'ai pas mal d'échos comme ça de personnes qui n'avaient pas plus d'attache avec ce milieu et qui, avec cet album, et peut être aussi les showcases acoustiques, se sont mis à apprécier et à avoir un engouement pour ça.

J'ai remarqué que vous étiez dispo sur les plateformes de streaming comme spotify, est-ce une part importante des ventes de musique aujour'hui ?

Matt: Déjà ?

Swan: On connaît, mais c'est une belle information, on n'était pas au courant. Oui, c'est clair qu'internet c'est super important pour nous.

Matt: Aujourd'hui on ne peut pas passer à côté, et notamment chez les jeunes, surtout chez les plus jeunes. La promo passe par là, ils écoutent la musique par là, donc s'ils te trouvent pas sur YouTube, tu n'existes pas. C'est comme ça. C'est l'évolution, on n'en est pas responsable...

Swan: Le mieux c'est de ne pas critiquer, de s'adapter et d'en profiter au mieux.

L'album semble taillé pour pouvoir s'exporter, est-ce le cas ? Quels sont les résultats à l'étranger ?

Swan: Non, pas encore. Jusqu'à maintenant, on s'est concentré sur la France puisqu'il y avait déjà un énorme travail de notre label en France. C'est quand même très rare. Ca va maintenant être distribué. On a déjà envoyé des choses en import et on a eu de très bons retours. On en avait envoyé au Japon, où on avait tourné y'a longtemps, et en deux jours il a tout vendu, on a été obligé de lui en renvoyer. Mais pour l'instant, c'est qu'en import. La mise en place réelle ça va commencer d'ici peu en fait, à travers ce deal mondial.

Je vous ai vu à Marseille en première partie de Alice Cooper, je vous ai trouvé très bons. Mais racontez-nous un peu cette expérience certainement unique ?

Swan: Ah ben c'était la meilleure je pense pour tout les quatre. Meilleurs souvenirs, accueillis comme des rois, le temps qu'on voulait pour notre sound check, on a pu rencontrer tout le monde, Alice Cooper, deux, trois musiciens, donc on ne pouvait rien demander de plus. On aurait jamais pensé que ca pouvait se passer aussi bien.

Max2: Tout le monde nous avait fait "vous verrez au Dôme", on nous avait dressé un tableau assez dur, on s'est dit "on va aller au casse-pipe", et puis, finalement, l'accueil a été vraiment bon, même au début on avait pas droit à l'ingé son et l'ingé light, et puis finalement tout s'est décanté et on a tout eu.

Swan: Même la foule, j'ai trouvé les gens vachement réceptifs, ils chantaient...

Max2: On pensait se faire tailler, mais non, ils étaient à fond, excellent souvenir vraiment.

C'est important pour vous de pouvoir montrer ce que BlackRain donne sur scène ?

Max2: C'est l'essentiel.

Matt: Notre but, c'est de monter des shows et d'avoir de plus en plus de choses à montrer comme les grands groupes qu'on a adorés. C'est là où ça se révèle. Quand tu vois Mötley, quand tu vois Kiss, si un jour on arrive à faire ça c'est... un grand spectacle, c'est vraiment notre but...

Max2: Le moment où tu vibres le plus c'est quand tu vas voir un concert. L'album t'adores et tout mais, quand tu vas au concert et que tu entends les chansons c'est ... le concert en lui-même c'est quand même le moment où t'as les poils, tu dis "ouah, c'est un truc de ouf"... tu déconnectes totallement avec la réalité. T'es avec le groupe. Ouais, c'est ce qu'on veut faire.

Pourquoi cette tournée acoustique ? N'est-ce pas un peu réducteur par rapport à votre style ? 

Swan: C'est quelque chose qui a toujours été fait aussi, faut pas l'oublier. Les shows acoustiques ça a été fait par beaucoup de groupes et ça n'est pas moins Rock 'n' Roll. Nous on en profite, car comme disait Franck ça nous permet de toucher plein de personnes qu'on ne toucherait pas autrement. Ca nous arrive à chaque show...

Matt: On a le temps de discuter avec les gens, ce qui n'est pas le cas dans une grande salle, où on doit se préparer, on n'a pas le droit de sortir, parce qu'il y a la sécurité, là au moins on est au milieu des gens, c'est super cool en fait...

Max2: Du chouchoutage de fan en fait, on arrive, on parle avec, on joue, on est tout près de lui, on donne des cadeaux, on fait des photos, on aime bien faire ça...

Vous avez enregistré tout ça ?

Matt: Oui, on enregistre tout.

Swan: On pourrait le sortir un jour sous forme d'opération spéciale. Pas impossible du tout. Parce qu'on a quand même mis du temps à travailler les morceaux, à restructurer, c'est beaucoup de boulot.  Et on est vachement content du résultat aussi, donc c'est vrai que ça serait bien d'avoir un support.

Vous avez déjà pas mal tourné à l'étranger ? Ou avez vous trouvé le meilleur accueil ?

Matt: Le Japon c'est un peu particulier, car c'était notre vraie première tournée. C'est aussi là qu'on a appris à être un vrai groupe sur scène. On a commencé devant trois personnes dans la salle et on a fini par le bouche à oreille à être sold out devant un public dingue, donc c'était génial.

Vous êtes à l'affiche du Hellfest 2011, le samedi, comment aller vous aborder ça, par rapport à un concert "normal" ?

Swan: C'est un honneur d'être à l'affiche là-bas, et puis qu'ils prennent un groupe de glam Français et qu'ils nous mettent à une super place sur la grande scène et tout... donc on va faire de notre mieux pour présenter le meilleur à tous ceux qui viendront nous supporter ou nous découvrir.

Max2:  Dans un festival comme ça, en plein air, y'a encore pas longtemps on y allait pour voir des groupes, et là maintenant je monte sur cette putain de scène et c'est moi, ça a un côté très excitant.

Quels sont les artistes que vous aimeriez rencontrer pendant cette journée au Hellfest ?

Swan: Y'a Iggy Pop la veille, Rob Zombie aussi. On va traîner backstage, c'est sûr...

Max2: L'année dernière, y'avait Buckcherry, moi j'adore, Papa Roach aussi, qu'on a rencontré au Trabendo, super cool, c'est clair qu'on est encore fan. Tu le perds pas même quand tu es, entre guillemets, une star, une part de toi-même reste un fan. Heureusement d'ailleurs, je pense.

Avez-vous prévu d'autres festivals, à part le Hellfest pendant l'été ?

Swan: On s'occupe pas trop de ça mais oui, le management s'occupe de nous préparer des petites dates comme ça, bien sympas.

Matt: Y'a des gens qui sont festivaliers, ils adorent ça.

Max2: Ouais, ils partent trois jours avec la panoplie complète du campeur... la glacière, les bières,...

Matt: On l'a fait en plus, c'est super cool...

Considérez-vous avoir rencontré le succès mérité aujourd'hui ? En France ? A l'étranger ?

Max2: C'est que le début là...

Matt:  Y'a encore énormément de travail. Si on arrive à convaincre la France définitivement, je pense que là on sera assez fort pour retourner correctement à l'étranger et faire quelque chose d'important. La France est un des publics les plus difficiles à convaincre.

Max2 [avec l'accent savoyard]: Vous avez réussi à faire du rock en France, c'est incroyable ? [rires]

Pensez-vous que votre carrière passe forcément par l'exil ? Y êtes-vous prêts le cas échéant ?

Matt: On est prêt à bouger n'importe où.

Max2: Ouais... De toute façon on a commencé par tourner partout avec très peu de moyens, on revient ici pour fédérer un truc de ouf, monter une équipe solide, et après on repart à la conquête du monde...

D'autres projets en cours ?

Matt: Des dates de concerts, on travaille sur des clips, on travaille aussi sur la composition du prochain album en même temps, ...

Swan: On chôme pas.

Je vous remercie et vous souhaite une excellente session acoustique à Nice tout à l'heure.

Swan: Merci à toi, on se voit tout à l'heure.


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