Pain of Salvation

Interview date

Décembre 2009

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview Daniel Gildenlöw


Vous êtes en train de tourner sans nouvel album à promouvoir mais avec un nouvel EP "Linoleum", pourquoi un EP et comment le décririez-vous?

C'est la première étape vers notre nouveau concept "Road Salt" (album à paraitre en 2010), il donne une bonne idée de la direction musicale et du son vers lesquels nous nous dirigeons. J'en suis vraiment très content. j'ai toujours aimé les petits formats commes les singles ou les EP bien qu'ils n'aient jamais été très appréciés d'un point de vue commercial parce qu'il coûtent quasiment aussi cher à produire qu'un album mais le retour sur investissement est loin d'être le même. En tout cas, je fus très heureux que cette année difficile que fût 2009 (avec la chute du label SPV, la perte de notre tournée américaine) me donne un peu de temps libre et la possibilité de faire cet EP.

Comment s'est passée votre tournée récente avec Dream Theater?

On a juste fait quelques concerts ensemble en Australie. Ce fut bien sympa, d'autant plus que nous n'avions jamais été là-bas auparavant. Le seul problème c'est qu'il a fait 45° à l'ombre et que lorsque nous sommes revenus en Europe, il faisait -2°... d'où la toux (en effet, Daniel n'arrête pas de tousser depuis le début de l'entretien). De toute façon, tout le monde est plus ou moins malade depuis que nous sommes revenus... Allez, plus que quelques concerts et nous rentrons chez nous pour Noël.

Que pouvez-vous nous dire sur le nouvel album? "Linoleum" nous donne t'il une bonne idée de la façon dont "Road Salt" sonnera ou ce disque sera-t-il complètement différent?

"Linoleum" est un bon indice. Bien sûr, il n'y a que 4 chansons, il y aura donc des surprises et des nouveautés, nous aimons toujours bien explorer et partir dans tous les sens, musicalement parlant.

Aurons-nous le droit à des morceaux plus directs et rentre-dedans avec des tempos plus rapides (comme "America" sur l'album précédent par exemple) ou l'album sera-t-il plus calme et lent comme le nouvel EP?

On a une ou deux chansons plus rapides mais... pour moi, en musique, l'intensité n'a jamais été une question de vitesse. C'est quelque chose de complètement différent. La chanson "Linoleum" n'est pas notre composition la plus rapide mais elle reste l'une des plus intenses jamais écrite par le groupe, à mon avis.

Il y a quelques années de cela, vous avez été engagé en tant que musicien invité sur la deuxième tournée de Transatlantic. Le groupe a récemment sorti un nouvel album, serez-vous en tournée avec le groupe dans les mois à venir?

(En riant légèrement) Cela va vraiment dépendre de mon emploi du temps pour la nouvelle année, c'est tout ce que je peux dire pour le moment...

OK, mais avez-vous été contacté par les autres membres du groupe?

(Mystérieusement) Oui, oui, ils m'ont contacté, j'ai parlé avec eux... je ne peux vraiment pas en dire plus pour l'instant.

Différents événements ont eu lieu autour de la sortie de "Scarsick" (l'album précédent), parmi ceux-ci le départ de deux importants membres du groupe (le batteur Johann Langell et votre propre frère Kristoffer). J'imagine que ça a été difficile surtout quand la famille est concernée. Comment ça s'est passé?

Oui, ça a été dur. Mon frère a déménagé en Hollande, et nous lui avons donné 3 ans pour essayer de régler la situation. A un moment, ça ne devait être que temporaire, puis ça a duré et il ne revenait pas. Du coup, il ne pouvait pas assister aux répétitions aussi souvent que nous le souhaitions et un jour, il a fallu lui dire que ça ne fonctionnait plus pour nous. Pas facile... Si ça avait été une autre personne que mon frère, cette décision aurait été prise plus rapidement. Mais bien sûr, quand c'est votre famille, vous voulez que ça tienne le plus longtemps possible...

Comment ces événements ont-ils affecté Pain of Salvation, notamment sur un plan musical?

Pour moi, le départ de Johann fut une grande perte, pas seulement parce que c'est un super batteur mais aussi parce qu'il avait fait partie de l'aventure depuis le début. Nous avons commencé à faire de la musique ensemble quand j'avais 16 ans et lui 14. Quand il est parti, c'était le dernier membre du line-up originel qui avait été dans le groupe depuis si longtemps. Ce fut donc un coup dur et il a fallu que je réflechisse et détermine si je devais continuer ou pas...

Vous avez sérieusement pensé à arrêter Pain of Salvation?

Oui, sérieusement. Pas comme "dans ce cas-là, ça ne sert à rien d'être dans un groupe de toute façon" (en prenant une voix enfantine et colérique), mais plutôt comme un sentiment que c'était peut-être la fin. Peut-être que c'est aussi loin que nous puissions aller en tant que groupe, il est sans doute temps d'essayer autre chose, quelque chose de nouveau... Le nouveau concept tourne d'ailleurs autour de ce sujet. La vie est comme une route sans fin (qui a l'air sans fin en tout cas) sur laquelle nous marchons, et nous croisons tout un tas de carrefours qui représentent des choix, des nouvelles directions possibles. Je pense que quand certaines personnes vous ont accompagné sur cette route pendant un certain temps vous disent: "OK, je ne vais pas plus loin, je m'arrête là", il faut prendre le temps de s'arrêter et de réflechir un moment. Je me suis demandé si j'avais l'énergie de continuer, de me relever, ou de rebrousser chemin... L'une des conclusions de "Road Salt" est qu'une des dernières leçons qui me reste à apprendre est de savoir abandonner ou renoncer, car clairement c'est quelque chose que je ne sais pas faire.

Il y a un lien avec la question suivante. Vous êtes énormément impliqué dans votre groupe, comment arrivez-vous à combiner Pain of Salvation et votre vie personnelle, familiale?

C'est difficile également. J'essaie encore de maintenir une sorte d'équilibre et c'est particulièrement compliqué. Je rencontre beaucoup de musiciens pour qui ça n'est pas un problème, ils passent autant de temps qu'ils le souhaitent à faire de la musique et un jour, il leur faudra assumer les conséquences quand leurs enfants diront qu'ils n'ont jamais vraiment connu leur père ou quelque chose dans le genre... Et je ne veux pas ça. Je pense que ce genre de situation est difficile pour toute femme laissée pour compte à cause de la musique et qui doit rester à la maison pendant que leur musicien de mari part sur la route. J'essaie de m'imaginer dans cette situation-là et ce ne serait vraiment pas évident. Rester à la maison pendant 2 ou 3 mois à m'occuper des enfants, faire la lessive, préparer les repas, pendant que ma femme part en tournée et rencontre tout un tas de jeunes garçons qui meurent d'envie de se rapprocher d'elle... J'ai beaucoup d'imagination mais là, c'est comme-ci je n'arrivais pas vraiment à me représenter la chose !

Vous avez déjà sorti deux DVD, avez-vous des idées pour un troisième?

Pas vraiment, dans la mesure où nous avons sorti "The Second Death of Pain of Salvation" cette année. Je pense qu'il faut faire attention à ne pas sortir trop de DVD, il faut que chaque produit apporte vraiment quelque chose de nouveau. J'aime vraiment travailler dessus car ça permet de travailler la musique différemment, de s'occuper du graphisme, des mouvements, d'animation, ce que les CD ne peuvent évidemment pas offrir. D'un point de vue créatif, j'ai réellement apprécié de bosser sur ces DVD, notamment sur la création des menus, bonus etc. On verra ce que l'avenir nous réserve et quand le sentiment qu'il est nécessaire de proposer un nouveau DVD se fait sentir à nouveau.

Êtes-vous un grand consommateur de DVD?

Pas de DVD musicaux, non. Je me flattais pendant un moment de n'en posséder aucun (sourires) mais je dois dire qu'avec le temps, j'en possède quelques-uns maintenant...

Lesquels?

Ah, un DVD de Led Zeppelin, un autre de Peter Gabriel... les films des Beatles, je ne sais pas trop...

De toute évidence, les paroles sont très importantes et sont indissociables de votre musique. N'en avez-vous parfois pas un peu marre de parler de sujets sérieux et déprimants et n'aimeriez-vous pas écrire sur les dragons, les elfes et quelques princesses en détresse à sauver?

(Sourire) Je pense que je n'aurai jamais le désir de chanter sur les dragons...

Quand même, des dragons !!!

Oui, je sais. Et les épées !! Quel est le problèmes avec les épées (rires)?? Naaaannn... En revanche, l'humour... je veux dire, j'ai toujours aimé utiliser un peu d'humour dans mes paroles même si les gens ne s'en rendent pas toujours compte. "America", par exemple, est d'après moi une chanson pleine d'humour...

Est-ce que cette chanson vous a valu des problèmes avec des fans américains (en raison de la vive critique des USA qui y est faite)?

Dans l'ensemble, ça va. Mais on a quand même eu le droit à des réactions d'américains très en colère et a des menaces... L'un d'entre-eux qui était particulièrement en colère, m'a écrit qu'il regrettait que nous ayions fait des commentaires personnels et... que j'avais des dents moches !! (Rires) Attends un instant, je critique votre gouvernement, et vous prenez ça personnellement, tout en me répondant que mes dents sont moches ??? Vraiment bizarre...

En parlant de paroles, qu'est-ce qui vient en premier quand vous composez, la musique ou les paroles?

Vraiment, ça dépend. La plupart du temps, les deux fonctionnent un peu ensemble... L'un déclenche l'autre. Parfois, j'ai comme un slogan, une phrase d'accroche qui m'accompagne et que j'utilise quand je crée une chanson... mais bon, ça dépend.

La plupart du temps, les thèmes que vous abordez sont particulièrement sombres. Est-il difficile d'après-vous de concilier le type de musique que vous faites avec des paroles plus légères ou insouciantes? Le metal d'une façon plus générale se doit-il toujours de parler de tristesse ou de douleur?

Je ne sais pas... C'est quelque chose de cathartique, je pense. J'ai toujours trouvé intéressant de traiter des problèmes qu'il était difficile de régler autrement, par d'autres biais... La musique devient alors une façon d'exprimer des émotions ou des sentiments bien enfouis. Franchement, je ne saurais pas écrire sur les fleurs et à quel point je les aime tant... (rires)

Si vous pouviez créer un super groupe avec vos musiciens favoris, ça donnerait quoi?

Je prendrais sans doute les musiciens des Beatles, et je m'enlèverais...

Euh... il me semble que ça a déjà été fait...

Quoi??? Quelqu'un en a déjà eu l'idée?? (rires) Non, sérieusement, c'est une question impossible parce que vous pouvez prendre 5 musiciens incroyablement intéressants et les mettre ensemble sans que rien d'intéressant n'en ressorte. C'est difficile de savoir quand la magie va vraiment avoir lieu. Je pense que je choisirais des gens avec qui j'aime bien passer du temps... quelque chose de sympa ou intéressant pourrait sortir de ça.

Quels groupes écoutez-vous ces jours-ci?

Les Beatles.

Encore les Beatles (c'est une obsession!)?

Oui, je sais...(rires) J'écoute pas mal de Kiss aussi parce que mon fils de 3 ans est à fond là-dedans en ce moment... J'aime bien les Von Hertzen Brothers, un groupe finlandais. Mais il n'y a pas vraiment beaucoup de groupes récents qui m'attirent en ce moment...

Et quels sont les groupes qui vous agacent?

Oh, je ne sais pas trop... Pas grand chose, c'est difficile... J'ai du mal avec les groupes typiquement stéréotypés Prog Metal (il se met à mimer, gesticuler et chanter une intro aux relents progressifs avec descentes de manches dans tous les sens, contre-temps etc.), ça ne passe pas, vraiment.

Allez, quelques questions idiotes pour finir. Si vous êtiez un livre, lequel voudriez-vous être?

J'aimerais bien être "The Hitchiker's Guide to the Galaxy" (Le guide du Voyageur Intergalactique), c'est assez énorme, mais malin et élégant aussi...

Et si vous êtiez un film?

Parmi les films récents, j'ai adoré "Eternal Sunshine of the Spotless Mind" mais de là à être ce film, non... (longue pause)... Vous savez, j'aimerais trouver un film qui me permettrait de sortir "parce que comme ça, toutes les filles me regarderaient"...

Euh... "Dirty Dancing" dans les années 80...?

Super ! Voilà, c'est celui-là. "Dirty Dancing", comme ça, toutes les filles me regarderaient ! (Rires)

Et enfin, si vous êtiez un plat ou une boisson?

Ah, un vrai jus d'orange frais. C'est frais, pas si facile que ça à trouver... et les gens vous apprécient vraiment !

Une dernière chose que vous aimeriez dire aux fans français? Le mot de la fin?

Bien, j'espère qu'avec ma toux et tout ça, ils me pardonneront pour ma prestation de ce soir. Mais le public français a toujours été très gentil avec nous et nous a toujours bien accueilli. C'est vraiment un plaisir de venir jouer ici.