Groupe:

Gamma Ray + Serious Black + Neonfly

Date:

05 Décembre 2015

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Gamma Ray, comme dirait Jamel Debouzze, ça fait plaisir ! Ce n'est pas que le groupe soit particulièrement brillant en ce moment... Non, si je suis tout à fait honnête, je reconnaîtrai sans mal qu'il est même en perte de vitesse depuis un moment... Un best of, un live, un best of live, des rééditions (encore), une tournée best of... Et le dernier album vraiment indispensable signé Hansen et compagnie, il date de quand ? Oui mais voilà, l'aura du "grand" Kai ne saurait être totalement effacée ou ternie. Sa contribution au metal reste importante et, en cette période difficile post-attentat, la promesse d'une soirée Power Metal pas prise de tête, en compagnie d'un des groupes qui a largement oeuvré à la définition et la popularisation du genre, a quelque chose d'alléchant. Voilà. Et si on se faisait du bien, tout simplement ? On sait que l'on va entendre quelques classiques que l'on chantait (votre serviteur en tout cas) il y a déjà vingt ans ou plus, que ça va être fun... et en plus, il y a Serious Black, combo de power mélodique aussi récent que sous-estimé, en première partie. Yes, il n'y a pas à hésiter, on y va !!

Le premier groupe à fouler les planches du Trabendo nous vient du Royaume-Uni et s'appelle Neonfly. Je ne connais pas du tout. L'intro a des sonorités originales, assez exotiques dirons-nous (ça change de toutes ces introductions symphoniques pompeuses avec des noms en latin), mais le premier morceau fait finalement dans le power assez basique. Pas désagréable et assez catchy. Je remarque vite deux choses : deux membres du groupe (le chanteur et l'un des deux guitaristes) arborent des plumes (accrochées à leurs bras). Pourquoi ? Des origines indiennes ? Vu la tronche des plumes, je pencherais plus en faveur d'un amour prononcé pour la chasse au faisan... Je ne sais pas bien... Deuxième chose : le guitariste situé à gauche de la scène ne joue pas. Il passe son temps à triturer sa pédale, son ampli, ça sent le pépin technique bien pénible... On ne l'entendra pas de la chanson. Mais sur le deuxième morceau, The Enemy (introduit par un "do you like heavy metal?" des familles - demander ça à des fans de Gamma Ray, on a connu question plus risquée), le son de sa guitare retentit dans le Trabendo, ce qui vaut au guitariste une petite acclamation.

Après The Enemy, le chanteur s'excuse de ne pas parler français mais en profite pour présenter le batteur du groupe qui, lui, vient de chez nous ! S'en suit quelque chose d'inhabituel mais assez logique vu le contexte actuel. Le batteur prend le micro et s'adresse à nous. Il nous remercie d'être là et se lance dans un petit speech sur les événements tragiques qui nous ont tous secoués. On le sent très ému, il parle de ce que c'est d'être français, de l'importance d'être libre et demande à chaque personne de regarder son voisin et de le prendre dans ses bras. Dit comme ça, ça peut paraître un peu "mignon" et il serait facile de faire le cynique... mais je vous jure que personne n'a eu envie de rigoler (pas dans la partie de la salle où je me trouvais en tout cas) ou de gueuler une connerie à ce moment-là. Non, les gens se sont exécutés... ce fut un calin géant, le batteur est venu taper quelques mains et a même donné l'accolade à quelques fans avant de repartir derrière son instrument. A ce moment-là, quelques personnes du public se sont mis à chanter La Marseillaise... bientôt reprise par toute la salle. 

Après ce petit intermède pas franchement prévu, il va falloir rattraper un peu le temps... Le chanteur nous annonce donc que les chansons suivantes vont être enchaînées, voire "medleyisées". La musique dispensée par Neonfly s'écoute bien mais ne me donne pas spécialement le frisson. C'est du power pas très original, déjà entendu... mais ça reste entraînant et efficace. Et comme le groupe est énergique et sympathique, ça passe bien. Alors que les deux guitaristes disparaissent de la scène, le frontman meuble avec humour et nous propose même de nous raconter une blague... mais il n'en aura pas le temps car le gratteux rythmique réapparait déjà avec une coiffe "spéciale" (d'Amérique du Sud ?) ornée de tout un tas de plumes... et le groupe nous balance son single Heart Of The Sun

Le set de Neonfly se conclut sur Morning Star, un morceau plutôt sympa bénéficiant lui aussi d'une intro "exotique" originale. Verdict : je ne vais pas me jeter sur la discographie du groupe mais le moment passé fut agréable.


Setlist Neonfly :

01. Whispered Dreams
02. The Enemy
03. The Revenant / The Ornament
04. Heart Of The Sun
05. Morning Glory

 

Serious Black : deuxième prise. La première rencontre avec le groupe avait eu lieu il n'y a pas si longtemps puisque c'était en février dernier lorsqu'il assurait la première partie des Suédois d'Hammerfall. Mais cette fois-ci, le temps de jeu devrait être un peu plus long car le combo est en seconde place sur l'affiche (la dernière fois, il avait la troisième) et le line-up devrait être différent car Thomen (ex-batteur de Blind Guardian) absent de la première tournée à cause d'une hernie discale est maintenant de retour. Sauf que non... Quand l'intro Temple Of The Sun résonne dans le Trabendo, je reconnais le batteur qui s'installe : il s'agit d'Alex Holzwarth du groupe Rhapsody Of Fire. Mario (le bassiste... pas le petit plombier moustachu) me le confirmera en fin de soirée : Thomen fait toujours partie de l'aventure mais vient tout juste - au beau milieu de la tournée - de se faire rattraper par ses problèmes de dos. Pas de bol. 

Il ne s'agit d'ailleurs pas du seul changement au sein des membres de Serious Black ce soir. On a compris que Roland Grapow ne reviendrait pas dans le groupe (sa photo et son nom ont disparu du facebook du groupe), Bob Katsionis (Firewind) occupe donc toujours l'un des deux postes de guitariste et, vu le talent du monsieur, on ne s'en plaindra pas. Par contre, je me rends compte dès l'excellent morceau Akhenaton qui fait suite à l'introduction que le combo utilise plus de bandes et de choeurs enregistrés que dans mon souvenir, ce que je trouve (toujours, quand ça se produit) un peu dommage. Mais cela est dû à l'absence d'un autre musicien : Jan Vacik. Il n'a pas quitté le groupe mais a été retenu dans je ne sais plus quel pays pour des raisons professionnelles (un enregistrement ou quelque chose comme ça, m'a expliqué le même Mario que tout à l'heure). Habituellement, c'est Jan qui joue du clavier et participe généreusement aux choeurs, son absence est donc comblée par des samples. Voilà, Serious Black au grand complet, ce ne sera pas encore pour ce soir... La prochaine fois, peut-être ? On y arrivera, il n'y a pas de raison. 

Comme on pouvait s'y attendre, le set est donc un peu plus long que la dernière fois et nous avons le droit à quelques chansons que ces messieurs ne jouaient pas en début d'année comme Trail Of Murder ou la belle Listen To The Storm. Plutôt que de servir davantage leur seul album, les musiciens font le choix de proposer un petit medley de deux classiques du hard rock en plein milieu de leur set. Les chansons retenues pour l'occasion : I Was Made For Lovin' You de Kiss et Rock You Like A Hurricane de Scorpions. Pas indispensable mais très sympa... et il faut reconnaître que ça fait son petit effet auprès d'une partie du public qui ne connait pas forcément Serious Black.

L'ambiance sur scène est bonne. Le groupe est à l'aise et souriant. Les musiciens se donnent bien et Urban Breed reste un frontman sympathique et charismatique. On le sent cependant un peu à la peine sur certains refrains (Akhenaton, Sealing My Fate...), quelques notes (évidemment hautes) sont difficiles à atteindre. Heureusement, le chanteur a d'autres occasions de briller... comme sur Listen To The Storm où il est moins en force et livre une prestation impeccable. Il remercie chaleureusement le public disant qu'il n'a pas le souvenir d'avoir été si bien accueilli à Paris et nous félicitera... allant même jusqu'à affirmer que, s'il a oublié quelques paroles (sur Older And Wiser, il me semble), c'est parce qu'il s'éclatait trop et prenait trop de plaisir à nous regarder. Mouais... ça sent la (bonne) fausse excuse mais c'est bien trouvé et sympa ! 

Le set se conclut sur le single High And Low, toujours aussi efficace, et la speed I Seek No Other Life qui offre une fin bien enlevée et puissante à ce concert d'une quarantaine de minutes. Ce fut un plaisir de retrouver Serious Black sur la scène du Trabendo même s'il manque encore un petit quelque chose au groupe pour que leur prestation puisse être qualifiée d'inoubliable. A revoir (avec plaisir) pour en avoir le coeur net ! 

Setlist Serious Black :

01. Temple Of The Sun (intro) / Akhenaton
02. Trail Of Murder
03. Older And Wiser
04. Sealing My Fate
05. I Was Made For Lovin' You / Rock You Like A Hurricane
06. Setting Fire To The Earth
07. Listen To The Storm
08. High And Low
09. I Seek No Other Life

 

Peu avant 21 heures, c'est enfin au tour de Kai Hansen et ses sbires de livrer à leurs fans une bonne dose de power metal mélodique et jovial. Qu'est-ce que Gamma Ray va nous sortir en termes de setlist étant donné qu'il n'a pas d'album à promouvoir et que cette tournée s'intitule "Best Of The Best - Party Tour" ? Pour ce qui est de l'aspect "party", pas de souci, le set des Allemands a tenu ses promesses, comme toujours. Maintenant, en ce qui concerne la mention "Best Of The Best", c'est un peu plus compliqué... Chacun a ses chansons préférées et un avis différent sur celles qui devraient intégrer la setlist d'une telle tournée. Pour ma part, il y a eu quelques bonnes surprises... mais pas que. On en reparle mais commençons déjà par le début du show.

Quand Kai Hansen fait son entrée sur scène, j'ai un moment d'hésitation. Est-il vraiment le leader de Gamma Ray ou vient-il d'intégrer un tribute band spécialisé dans le hair metal (Poison et compagnie) ? Le bandana léopard, le rimmel autour des yeux et l'espèce de cravate/foulard (toujours léopard ou autre fauve tacheté, je ne suis pas spécialiste) font qu'on peut légitimement se poser la question. Mais tout va bien, c'est bien Heaven Can Wait (qui fait suite à l'habituelle intro Welcome) que l'on entend en début de concert et non Unskinny Bop. Ouf... j'ai quand même failli rentrer chez moi. La soirée est donc lancée par un des hymnes happy metal (pas le genre de morceau que je préfère chez le groupe mais je ne vais pas me plaindre) qui contribuent à l'identité du rayon gamma. Quand le propos se fait un peu plus heavy, votre serviteur est aux anges et c'est avec joie qu'il accueille Last Before The Storm en deuxième position dans la setlist. Excellent ! Le son est top, le groupe a la pêche... et cette chanson me rappelle d'excellents souvenirs (j'ai toujours compté Insanity & Genius parmi mes albums préférés du groupe).  

Après cette sympathique entrée en matière, première pause et surtout introduction du véritable changement au sein du groupe : c'est l'heure de présenter un nouveau membre. Il n'était pas sur scène pendant les deux premières chansons mais sera rarement absent pendant la suite, il s'agit du chanteur Frank Beck qui a été engagé pour donner un coup de main à Kai Hansen. Ainsi, Kai n'est plus seul à chanter sur scène et peut se reposer sur son acolyte qui se chargera d'un certain nombre de parties plus ardues. Certains diront que Gamma Ray, c'est Kai Hansen et que lui adjoindre un chanteur sur scène revient à dénaturer le groupe... que ce n'est plus tout à fait la même chose... Moui, peut-être. Pour ma part, je trouve que c'est une très bonne idée. Malgré tout le respect que j'ai pour le leader du groupe, il faut se rendre à l'évidence : il n'a jamais été un grand chanteur et les années qui passent font qu'il a de plus en plus de mal à bien s'acquitter de sa tâche en tournée. Bienvenue à Frank Beck, donc, qui, s'il n'est pas non plus un Michael Kiske ou un Ralf Scheepers, reste un bon vocaliste qui saura rendre justice à quelques chansons ce soir en faisant preuve de justesse et même de quelques belles montées dans les aigus quand cela s'imposera. 

C'est donc avec deux chanteurs que le set continue. Fight offre quelques belles parties speedées qui mettent la fosse en mouvement. One With The World ralentit le tempo mais nous caresse dans le sens du poil avec sa mélodie efficace... et il est déjà l'heure de se rappeler qu'avant Gamma Ray, Kai Hansen faisait partie de Helloween puisque c'est I Want Out qui se glisse maintenant dans le set. Elle est copieusement rallongée avec un break reggae sur lequel le groupe s'amuse à faire chanter des "yeaaaahhh-oh" au public (comme ce fut le cas sur la tournée précédente). Sympa. Même si, personnellement, j'aimerais bien voir Hansen déterrer d'autres vieilles chansons d'Helloween de temps en temps plutôt que de toujours balancer I Want Out (ou Future World). Pas de quoi râler non plus, je vous l'accorde. Il s'agit d'un classique et beaucoup l'attendent. Passons à la suite... introduite avec humour par le leader du combo. "Voilà encore un hit single... qui n'a jamais conquis les charts, comme tous nos autres singles !!", nous dit-il avant de jouer Valley Of The Kings. Petite accalmie avec The Silence, sur laquelle Frank Beck sortira (alors que Kai aurait pu franchement bénéficier de son aide sur des passages compliqués) pour ne revenir que sur le final. Là encore, je vais très légèrement poser un petit bémol : Kai chante le morceau (que j'ai toujours trouvé trop gentillet et grandiloquent) bien plus grave que sur album et il y a pas mal de choeurs enregistrés, chose que je n'apprécie jamais vraiment. Et puisque je suis dans un passage où j'émets quelques petites critiques, allons-y jusqu'au bout : il serait peut-être sympa que le rayon gamma se souvienne qu'il doit aussi sa réputation à des morceaux de speed mélodique et pas qu'à des chansons typées "single" parce que, depuis le début de la soirée, c'est certes très sympa mais quand même pas hyper véloce. Heureusement, le show n'est pas terminé. Par contre, en attendant mieux, c'est maintenant l'heure du solo de batterie. Assez sympa, c'est vrai, surtout que Michael Ehré prend toujours le soin de jouer sur un extrait de musique de film (ce soir, c'est Superman)... mais six/sept minutes de solo de batterie, c'est un peu long.

Après le solo de batterie, un solo de basse. OK, je ne me plaindrai pas. Déjà parce qu'il est plus court. Et parce que les démonstrations de basse sont plus rares en concert... En plus, celle-là est assez excellente. Il faut dire que, depuis le début de la soirée, Dirk Schlächter est en forme impériale. Comme d'habitude, son jeu est au top, mais en plus, il est très présent, souriant, participe très régulièrement aux choeurs... sa présence sur scène est un des atouts du groupe, il ne faut pas l'oublier... et ça ne risque pas, le bassiste fait tout pour que ça n'arrive pas. S'en suit un retour en fanfare de tout le groupe sur Dethrone Tyranny. Voilà ! Enfin un titre speed qui dépote ! Et c'est génial, le concert repart de la meilleure des façons. Empathy, bien heavy (et pas trop happy), lui emboîte le pas. Bon, ça ne pouvait pas trop durer, Gamma Ray nous ressort un happy single sous la forme d'un Master Of Confusion efficace mais totalement inutile à mes yeux (vu que le groupe a déjà joué d'autres chansons très similaires ce soir et que celle-là n'est, à mon avis, pas la meilleure dans le genre). Par contre, juste après, c'est le retour de la classe avec (enfin !!) un extrait de l'excellent Land Of The Free sous la forme de Rebellion In Dreamland. Pas tout à fait joué en intégralité mais presque, ce morceau épique est vite suivi d'un bout de Heavy Metal Universe (c'est le passage Manowar de la soirée... heureusement très bref) et d'un autre de la puissantissime Ride The Sky sur laquelle Frank Beck se montre très convaincant. Enfin, Gamma Ray semble vouloir renouer avec la vélocité et il le confirme avec une Somewhere Out In Space assez démentielle. Un chouilla trop longue tout de même avec un gros passage instrumental planant mais longuet en fin de parcours. Après une bonne heure et demie de concert, le quintet quitte la scène et revient pour un rappel hyper efficace constitué de Land Of The Free et Send Me A Sign. Kai a la clope au bec, Frank Beck s'en sort encore très bien et, entre les deux morceaux, après avoir présenté tous ses collègues, Hansen nous remercie pour l'amour et le soutien qu'on lui porte et nous dit qu'il ne serait rien sans nous. 

Conclusion : misson accomplie. J'avais envie de passer une bonne soirée, de retrouver quelque chose de familier, d'avoir le sourire... de me changer les idées. Et les Gamma Ray, ainsi que les autres groupes présents, ont fourni tout ce qu'il fallait pour que ce soit le cas. En résumant, ce qu'on pourrait dire de ce show tient en quelques mots : "c'est un concert de Gamma Ray". Avec ses petites imperfections, ses longueurs, ses choix de chansons qu'on pourra toujours discuter... mais au bout du compte, le talent des musiciens, la bonne humeur et quelques excellents hits disséminés ici ou là emportent facilement l'adhésion. J'ai beau les avoir vus un nombre (presque) incalculable de fois et m'être un peu lassé des aventures studio du groupe, je suis quasiment sûr que je retournerai les voir à l'occasion. Et probablement pas qu'une fois.

Un grand merci à Roger de Base Productions pour cette très bonne soirée ! 

Setlist Gamma Ray :

01. Welcome / Heaven Can Wait
02. Last Before The Storm
03. Fight
04. One With The World
05. I Want Out
06. Valley Of The Kings
07. The Silence
08. Drum solo
09. Bass Solo
10. Induction / Dethrone Tyranny
11. Empathy
12. Master Of Confusion
13. Rebellion In Dreamland / Heavy Metal Universe / Ride The Sky
14. Somewhere Out In Space
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15. Land Of The Free
16. Send Me A Sign