Heilung, phénomène folk 2019, est à mon sens le groupe qui a le plus explosé dans les musiques pagan. Concerts complets, d’ores et déjà annoncé au Motocultor 2020, et auteur d’un Futha de très haute volée et sur lequel je reviens très régulièrement. Alors que je déambulais il y a peu dans la FNAC de Châtelet-les-Halles, le titre Othan était en écoute dans le magasin dans la partie rock et je peux bien confesser m’y être arrêté un moment pour en profiter. Sans en avoir l’air, la musique du groupe s’est imposée avec ce savant mélange de musiques chamaniques d’ambiance, de reconstitution de guerres, de tomes inspirés proposant un concept d’une originalité totale. Expérience à nul autre pareil sur album, les shows proposés, hyper aboutis visuellement, envoûtant, sont également des moments hors normes et la voix très pure et cristalline de Maria Franz offre à son auditoire de réels moments de transcendance. Si l’aspect « dialogues » / scènes de bataille ne m’intéresse guère, les parties purement musicales sont très réussies et sont d’excellents moments d’écoute. 

Enregistré dans les Lava Studio en 2015, en indépendant à l’époque, ce disque a bénéficié d’une réédition sur le label Season Of Mist. Dès ce premier effort, le trio Kai Uwe Faust (chant diphonique), Christopher Juul (qui utilise un chuchotement chantant pour ses vocaux) et Maria Franz avec sa voix si envoûtante (la valeur ajoutée d’Heilung, c’est elle, très clairement) est en place avec déjà une alternance entre les différents chants du trio. Déjà, les références à l’âge de fer sont présentes que ce soit dans le langage utilisée (différents dialectes allemand, gothique « d’époque » sont mis à contribution) et pour ceux qui ont découvert Heilung avec Futha , ils y verront bien la matrice artistique de l’entité. L’atmosphère y est encore plus inquiétante et sombre et le disque est encore plus « brut ». Les points forts de Futha apparaissent ici mais plus discrètement. Le chant de Maria Franz se fait déjà remarqué et constitue déjà les meilleurs moments du disque. La deuxième piste, aux rythmiques tribales remarquables dénommée Krigsgaldr, est le titre qui a révélé Heilung et il est vrai que ce morceau fonctionne particulièrement bien. Bien sûr, c’est déjà jusqu’au boutiste avec une piste entièrement parlée ce qui peut perturber les non habitués. Pour ma part, je n’adhère pas et préfère la passer mais cela fait partie du concept alors soit, prenons ce Ofnir pour ce qu’il est : une œuvre aboutie, totale, sans compromis et ô combien originale, notamment au niveau des thèmes brassés. 

Il est possible en outre de redécouvrir ce premier disque sous un angle totalement différent car Heilung a sorti un album live dénommé Lifa en 2017 et ce concert enregistré reprend (transcende serait plus précis) ces morceaux dans un contexte en public, très réussi, lors du Castlefest 2017. C’est ce live qui avait permis à Heilung de se révéler et par le biais de prestations remarquées dans différents festivals de connaître le succès – mérité – que la formation rencontre. Définitivement à part dans le paysage musical actuel, bénéficiaire (comme Wardruna) de la hype autour de la musique pagan, Heilung est un groupe intéressant qui a le mérite d’aborder des thèmes quelque peu oubliés (âge de fer, musique chamanique) et, parfaitement dans son temps, de proposer des expériences scéniques incomparables. Bien sûr, la hype redescendra, c’est ainsi, mais en attendant, profitons, c’est de très bon niveau et vraiment intéressant dans la démarche.

Tracklist de Ofnir :

01. Alfadhirhaiti
02. Krigsgaldr
03. Hakkerskaldyr
04. Schlammschlacht
05. Carpathian Forest
06. Fylgija Ear
07. Futhorck
08. In Maidjan
09. Afhomon