Groupe:

Spiritual Beggars + Wolvespirit

Date:

10 Avril 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

La venue des Spiritual Beggars en ce 10 avril 2016, soit trois semaines après la sortie de leur excellent Sunrise To Sundown, était forcément un petit événement pour les fans et votre serviteur. J'aurais aimé écrire "énorme événement pour tout le monde" mais au vu de la petitesse de la salle choisie pour l'occasion (le Backstage, qui se situe à l'arrière du pub O' Sullivans de Pigalle), je me vois contraint de relativiser. C'est comme ça, il faut s'y faire : malgré la longévité du groupe, la qualité de sa discographie et l'enthousiasme qu'il semble susciter dès qu'on en parle (il suffit de se reporter aux avalanches de bonnes critiques qu'ont reçu la plupart de ses albums), Spiritual Beggars ne fait pas déplacer d'immenses foules. Tant pis... ou - plus égoïstement - tant mieux car, en ce qui me concerne, l'idée de passer une soirée avec ces messieurs dans un cadre aussi intimiste est quand même nettement plus enthousiasmante que la perspective imaginaire de les voir se produire dans un Zénith, par exemple. En plus, je suis tout emoustillé car oui, il s'agit de ma première fois ! Yes, c'est ce soir que je perds à jamais (forcément) mon pucelage "Beggarien"... et c'est avec une certaine impatience que je me rends à la salle de concert. 

Je ne pourrai malheureusement rien vous dire de One Last Shot, groupe français choisi pour chauffer en premier l'assistance, car j'étais en entretien avec Sharlee D'Angelo de Spiritual Beggars pendant leur set. En revanche, j'ai pu assister à la prestation de Wolvespirit, groupe allemand dont je n'avais jamais entendu parler mais dont je comprends vite le pourquoi du comment de sa présence sur cette affiche... En effet, on est en plein classic rock aux sonorités parfois blues, parfois bien psyché, qui sent fort les seventies. On pourra donc dire qu'il y a une certaine cohérence avec la tête d'affiche. 

Comme ce sera le cas avec les Beggars un peu plus tard, c'est un quintet qui prend possession de la scène du Backstage. Mais, différence notable, c'est une chanteuse, Debbie Craft, qui se trouve derrière le micro. Le look de le frontwoman et la pochette du dernier album visible sur le coin gauche de la scène donnent un bon indice quant à ce qui nous attend. Comme dit plus haut, Wolvespirit ne fait pas dans le néo metal mais joue une musique telle qu'on en écoutait il y a une quarantaine d'années. Par conséquent, même si les chansons proposées par le groupe nous sont inconnues (c'est en tout cas la situation dans laquelle je me trouve), il est assez facile de se laisser entraîner, les compos étant mélodiques à souhait. En plus, le son est très bon... il est donc encore plus facile de comprendre ce qui est joué.

Le niveau des musiciens est plus qu'honorable. Le jeu du bassiste Andreas Hofmann (qui intervient régulièrement pour participer aux choeurs) et les solos du guitariste Richard Eberlein retiennent notamment l'attention. Quant à la voix de Debbie, elle est légèrement éraillée et colle bien au style musical de la troupe. Miss Craft est d'ailleurs plutôt à l'aise sur scène et fait preuve d'une bonne dose d'enthousiasme. Quand elle ne chante pas, elle passe son temps à danser... et alors que je la regarde faire, des vieilles vidéos de Woodstock où l'on pouvait voir des hippies se trémousser refont surface dans ma mémoire. On s'y croirait ! 
Musicalement parlant, le moment est très plaisant. Je n'ai pas un énorme coup de coeur pour les compos mais la plupart d'entre elles passent vraiment bien. Le style est moins hard ou heavy que celui des Beggars... c'est vraiment la touche rock qui prédomine mais ce manque de "muscle" ne pose pas véritablement de souci. L'entrain et le savoir-faire des musiciens, tout comme l'ambiance bien sympa qui règne sur le Backstage font de ce début de soirée un apéritif agréable, qui se déguste tranquillement... en attendant les rois de la fête !

 

Après la petite pause réglementaire, les lumières s'éteignent à nouveau et l'intro du concert commence à sortir des enceintes (l'ambiance de rue, avec sirènes et percussions, que l'on entend au début de la chanson Street Fighting Saviours) et les musiciens montent sur scène sous les acclamations d'un public très enthousiaste. Et pour cause, le dernier album est top et il est vrai que voir Michael Amott (guitare) et Sharlee D'Angelo (basse) de chez Arch Enemy prendre place aux côté du chanteur Apollo Papathanasio (ex-Firewind), du batteur Ludwig Witt (Grand Magus) et du claviériste Per Wiberg (Opeth), ça fait quand même son petit effet... Quel beau line-up ! 
D'entrée de jeu, le son claque fort et c'est Left Brain Ambassadors, rescapée de l'album Ad Astra, qui ouvre le bal. La guitare d'Amott est assez massive et la section rythmique n'est pas là pour faire de la figuration... du coup, la voix de Papathanasio paraît en retrait. Mais quelques chansons et réglages plus tard, on l'entendra nettement mieux. 


L'ambiance est chaleureuse et le groupe charismatique... même si les musiciens (exception faite d'Apollo qui joue bien son rôle de frontman) sont assez peu enclins à la communication avec le public. Sharlee D'Angelo, le grand bassiste ténébreux se démène un peu plus que ses compères... il est impressionnant. Amott est plus reservé (pour ne pas dire assez peu expressif) mais il a la classe et son jeu de guitare est absolument étincelant. Le groupe a beau ne pas beaucoup tourner (en raison des emplois du temps très chargés de ses différents membres), il est hyper carré et sa prestation est impeccable. C'est la force de l'expérience (aucun de ces messieurs n'est un petit débutant) et de la complicité qui unit ces messieurs, sans doute. 


Les compos de Spiritual Beggars, déjà très convaincantes sur album, sont vraiment faites pour le live... c'est un véritable régal ! Et à ce sujet, il y a deux remarques à faire :

1. La setlist est particulièrement bien construite. Elle pioche dans presque tous les albums du groupe et alterne nouvelles chansons et compos plus anciennes de sorte à proposer un ensemble très varié. On n'entend jamais deux morceaux trop semblables à la suite. Dès que le tempo se calme un peu, vous pouvez être sûrs que le morceau suivant va être beaucoup plus énergique... Bref, on ne s'ennuie pas une seconde. 

2. Les mendiants sont généreux ! Le groupe aurait pu balancer une quinzaine de titres et faire dans la performance somme toute assez classique d'une heure trente environ... mais il ne passe pas par chez nous tous les quatre matins (les sorties d'album sont espacées d'au moins trois ans à chaque fois) et on peut dire qu'il gâte ses fans puisqu'il a proposé pas moins de dix-neuf chansons. Même si notre appétit nous pousse souvent à en vouloir davantage, il me semble difficile de ressortir de cette soirée dans un état de frustration avancé ! 

Sunrise To Sundown, dernière livraison du combo, se voit représenté par cinq très bons extraits : la chanson titre jouée très tôt dans la soirée (en deuxième position exactement) ainsi que Hard Road, Diamond Under Pressure, Dark Light Child et Lonely Freedom, dispersées tout le long du set. Dans une veine classic rock assez proche, quelques excellentes compos du non moins réussi Earth Blues nous sont également servies. La première à faire son apparition n'est autre que la très bonne One Man's Curse qui voit son intro copieusement rallongée (par un bon petit jam des familles) pour l'occasion. On aura aussi la très calme Dreamer sur laquelle Papathanasio se montrera exemplaire, ainsi que les entraînantes Turn The Tide et Wise As A Serpent que je compte parmi mes moments préférés du show. Entre les différentes chansons, peu de discours ou interludes... ça enchaîne ! Il faut caser toutes les compos de la setlist, pas trop le temps de bavarder ou de se perdre dans d'interminables solos. Juste avant Dreamer, Ludwig Witt aura quand même casé un petite démonstration, heureusement très courte... si cela pouvait inspirer d'autres batteurs...
Au rayon des plus vieux titres, c'est du lourd également. La percutante Young Man, Old Soul, la heavy Euphoria et son fameux passage "Heaven and Hell" ou encore l'entraînante One Man Army... toutes font mouche ! Rien ne sert de lutter... toute résistance est futile.


La soirée se termine par un Blind Mountain bien rallongé sur lequel Apollo nous présente le groupe... avant de se terminer plus en douceur avec Mantra, planante et de toute beauté pour une bonne partie (le final instrumental est un peu plus remuant). Une conclusion à l'image de la soirée : classe.

Carton plein pour les Spiritual Beggars ! Musicalité de haut niveau, technique et feeling remarquables et très grande classe sont les termes qui me viennent à l'esprit quand arrive l'heure de la synthèse. La soirée fut impeccable ! La sensation de "concert privé", vu le cadre proposé par le Backstage, a aidé, c'est sûr... Maintenant que je sais de quoi il en retourne dans des conditions live, je peux vous affirmer que les chances pour que je retourne les voir d'ici quelques années, quand ces messieurs se seront à nouveau réunis, sont plus que grandes. Si vous y étiez, j'imagine que nos routes se croiseront. Si vous n'y étiez pas et que vous aimez ce groupe, c'est mal et vous méritez une punition... Mais la prochaine fois, venez quand même nous rejoindre... ce sera l'occasion de vous racheter et de passer un excellent moment !

Setlist de Spiritual Beggars :

01. Left Brain Ambassadors
02. Sunrise To Sundown
03. Throwing Your Life Away
04. Young Man, Old Soul
05. Hard Road
06. Euphoria
07. Diamond Under Pressure
08. One Man's Curse
09. One Man Army
10. Dark Light Child
11. Wonderful World
12. Fool's Gold
13. Drum Solo
14. Dreamer
15. Turn The Tide
16. Lonely Freedom
17. Wise As A Serpent
18. Beneath The Skin
19. Blind Mountain
20. Mantra