Artiste/Groupe:

Blues Pills

CD:

Holy Moly!

Date de sortie:

Août 2020

Label:

Nuclear Blast Records

Style:

Hard Rock Vintage

Chroniqueur:

Didier

Note:

14.5/20

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Le troisième album des Blues Pills était prévu pour le 19 juin mais sa sortie a été finalement décalée de deux mois pour cause de pandémie. Je vous en avais déjà parlé lors de mon “live” report de leur concert en streaming pendant le confinement. L’album fait suite à l’excellent Lady In Gold sorti il y a déjà 4 ans. Pas mal de choses se sont passées entre temps. Dorian Sorriaux a quitté le groupe en 2018, d’un commun accord, pour aller en solo vers des paysages musicaux plus folks. Il a depuis sorti un EP, Hungry Ghost, plus proche d’artistes comme Jeff Buckley ou Neil Young que de Blues Pills. Le groupe s’est donc restructuré et curieusement Zack Anderson, co-fondateur du groupe avec Elin Larsson en 2011 et jusqu’alors bassiste du groupe est passé à la guitare. C’est assez surprenant car Dorian était considéré comme un prodige de la guitare, digne successeur d’un Peter Green (RIP). Il est remplacé à la basse par un nouveau venu, Kristoffer Schander. Pour compléter le tout, on retrouve André Kvarnström à la batterie. Lui, était déjà présent sur Lady In Gold, il avait remplacé Cory Berry en 2014. 

Côté son, on ne change pas la formule: le groupe officie toujours dans un vintage rock, bluesy et psyché à souhait sublimé par la voix Janis Joplin-iène d’Elin. Le nouvel album a été enregistré par Zack lui-même, dans leur propre studio, analogique bien sûr, de Närke en Suède. L’album est aussi auto-produit, mais mixé par Andrew Scheps (déjà aux manettes de groupes comme Red Hot Chili Peppers, Iggy Pop, Black Sabbath ou Rival Sons). La pochette, que je trouve très réussie, est l’oeuvre de l’artiste Daria Hlazatova. Avant la sortie officielle de l’album, le groupe a préparé le terrain et sorti 3 vidéos promotionnelles.

L’album attaque avec Proud Woman, dont l’intro laisse entendre une femme interviewée certainement lors d’une manifestation pour les droits de la Femme. Elin entre en scène avec un premier “I’m a proud woman” qui lance le reste du groupe. La voix d'Elin est toujours au top, surtout quand elle a l’air remontée sur la cause féminine. Le son est vintage à souhait, ça transpire les années 70s. La basse saturée de Kristoffer entre en jeu assez tardivement, la guitare de Zack sonne bien. Sur le break, laissé à Elin a cappella, elle enfonce le clou “I’m a proud woman, and I’m not the only one”. Low Road, qui fait aussi l’objet d’une promo vidéo rétro accélère le tempo. Zack sort la wah-wah, il est bien soutenu par une puissante section rythmique. Sur Dreaming My Life Away, Zack brille particulièrement avec des plans très Hendrixiens, le bougre est quand même un sacré guitariste, même si je trouve qu’il abuse un peu toujours des mêmes petits gimmicks.

Après trois morceaux rapides, le groupe calme un peu le jeu avec la power ballade, California, dans laquelle Elin se transforme en Janis Joplin, un piano semble faire son apparition (apparemment joué par Rickard Nygren). C’est très bien chanté mais la composition n'est pas forcément des plus originales. On repart avec un bon morceau plus enlevé, Rhythm In The Blood dans lequel le son de la guitare et de la basse sont passés à travers des effets très saturés, le chant d’Elin est impressionnant. Au passage, le jeu de batterie d’André, en mode furieux (genre Ginger Baker) est aussi assez énorme. Je trouve que la ballade suivante, Dust, est mal placée, elle casse le rythme de l’album qui repartait après la pause California. En plus je ne suis pas emballé outre mesure par le morceau et son ambiance années 60s. Kiss My Past Goodbye qui bénéficie aussi d’une vidéo promotionnelle résolument psychédélique est nettement plus à mon goût. Le chant d’Elin, énervée, est au top, la basse de Kristopher ronronne, la batterie d’André s’affole, seul Zack reste un peu (trop) gentil.

On alterne encore une fois les ambiances avec cette ballade bluesy qui met en valeur la voix d’Elin. Le son de la batterie est vraiment vintage, on entend plusieurs guitares jouant dans des tonalités différentes, pas trop la basse. J’aime bien Bye Bye Birdy, son ambiance saturée, rock ’n’ roll épuré à trois accords, Zack y fait un bon solo. Le petit break avec le final crescendo hystérique fait penser au célèbre passage “Mr Mojo Risin” du L.A. Woman des Doors. Song From A Mourning Dove est plutôt calme (encore ?!), disons plutôt mid-tempo, le piano est de retour, les effets de guitare vintage nombreux, le break central sonne presque comme un vieux Pink Floyd, Zack y fait un bon solo très inspiré et soutenu par un orgue et pas mal de chœurs. Enfin, Longest Lasting Friend cloture ce troisième opus des Suédois, avec un langoureux morceau, d’ambiance piano bar enfumé où on imagine Elin en robe de soirée noire, porte-cigarette, appuyée à un piano pour chanter. C’est une belle performance vocale dans laquelle elle est juste accompagnée de la guitare. Sympa ! Mais encore un morceau calme qui me laisse un poil sur ma faim.

Blues Pills continue de faire vibrer merveilleusement les tympans des fans de bon vieux rock des années 70s (voire 60s avec certains morceaux de cet album). Clairement, le groupe mise beaucoup sur la voix de sa charismatique chanteuse, peut-être un peu trop à mon goût, maintenant que l’originalité et la finesse de style de Dorian Sorriaux ont disparu. Je retiens surtout les compositions courtes et rentre-dedans souvent bâties autour d’un refrain hyper accrocheur et d’un petit break sympa. Il y a quand même un peu trop de morceaux calmes et surtout un manque de guitare, pour que j’en fasse mon album préféré du groupe. 

Tracklist de Holy Moly! :

01. Proud Woman
02. Low Road
03. Dreaming My Life Away
04. California
05. Rhythm In The Blood
06. Dust
07. Kiss My Past Goodbye
08. Wish I'd Known
09. Bye Bye Birdy
10. Song From A Mourning Dove
11. Longest Lasting Friend

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