Groupe:

Amon Amarth + Testament + Grand Magus

Date:

07 Novembre 2016

Lieu:

Paris

Chroniqueur:

Blaster Of Muppets

Ce n’est pas tous les jours que le Metal s’invite au Casino de Paris. Belle et éclectique affiche en ce 7 novembre 2016 : les vikings d’Amon Amarth et leur death (de plus en plus) mélodique en tête d’affiche, du thrash de la Bay Area avec les vétérans de Testament, et une petite dose de heavy épique avec Grand Magus en guise d’apéritif. Hors de question de manquer ça ! C'est parti pour le récit d'une belle soirée.


GRAND MAGUS

Amon Amarth ne sont pas les seuls à faire dans le viking sur cette affiche. Grand Magus, bien que pratiquant un style assez éloigné de celui de la tête d’affiche, puise également son inspiration dans la mythologie nordique. C’est parti pour trente-cinq minutes de heavy épique… et lourd comme le marteau de Thor !

Le premier groupe de la soirée a souvent un son et des lumières plus que perfectibles… eh bien, cette fois, c’est franchement pas mal. Tout est audible, à un niveau sonore fort sans être assourdissant et la scène est bien éclairée. Heureusement que le groupe n’est qu’un trio car la scène est franchement petite (la majeure partie de celle-ci est déjà occupée par le matos des autres groupes). Du coup, tout le monde est sur une ligne : le chanteur / guitariste à gauche, Ludwig et sa batterie au milieu, et le bassiste se tient sur le côté droit.

La performance est irréprochable. C’est carré, les musiciens ne souffrent d’aucun reproche. Tout le monde est en place, Fox a un certain charisme et donne souvent de la voix pour épauler un JB solide en voix et qui prend un peu de distance avec son pied de micro lorsqu’il s’agit de livrer ses solos de guitares parfaitement exécutés. Ludwig bat tranquillement, ce n’est pas un grand showman mais sa frappe est solide. JB s’adresse quelquefois au public en français, essentiellement pour dire : « Ca va ? Ca va bien ? Ca va très bien ? ». Il y a aura bien d’autres tentatives mais il jettera l’éponge en avouant « I’m out of French » (je suis à court de français).

Au niveau des titres joués, l’accent n’est pas spécialement mis sur le dernier album en date, Sword Songs. On aura bien un extrait de celui-ci, à savoir Varangian, mais c’est tout. Le trio n’a pas un temps de jeu lui permettant d’explorer toute sa discographie mais tous les albums sortis depuis Iron Will seront représentés, même si c’est par une seule chanson (Sword Of The Ocean pour The Hunt, Steel Versus Steel pour Triumph And Power). Les seuls disques qui ont le droit à deux morceaux chacun sont les excellents Hammer Of The North (I, The Jury et la chanson titre) et Iron Will (Like The Oar Strikes The Water, une de mes chansons préférées de Grand Magus, tous albums confondus, et la chanson titre absolument écrasante ce soir). Le final offert par Hammer Of The North avec ses oh oh ooooh est idéal pour clôturer le set. Le public continuera même de faire raisonner cette mélodie dans le Casino de Paris pendant que le groupe saluera l’assistance puis quittera la scène.

Evidemment, tout cela est un peu frustrant… je ne doute pas que l’opportunité de tourner avec une grosse machine comme Amon Amarth était à saisir mais j’espère quand même qu’on pourra revoir les Suédois en tête d’affiche prochainement, parce que sept titres, ça passe trop vite. 

Setlist Grand Magus :

01. I, The Jury
02. Sword Of The Ocean
03.
Varangian

04. Steel Versus Steel
05. Iron Will
06. Like The Oar Strikes The Water
07. Hammer Of The North



TESTAMENT

Deuxième groupe de la soirée, deuxième style musical : cette fois, c’est l’heure de thrasher !!

Aaaahhh… Testament. Un de mes groupes de thrash préférés. La présence des Californiens sur cette affiche a beaucoup pesé sur ma venue ce soir, je ne m’en cacherai pas. Il y a bien longtemps que je ne les avais pas vus (la dernière fois, c’était en 2009, en première partie de Judas Priest) … c’est trop long. Le nouvel album est très solide, le line-up est grandiose… j’ai hâte de voir pour la première fois (en ce qui me concerne) les thrashers de la Bay Area accompagnés par Steve DiGiorgio (basse) et le monstrueux Gene Hoglan (batterie). 

Peut-être parce que Testament ouvre pour Amon Amarth, il a choisi de mettre en avant ses morceaux les plus thrash. Non, ce n’est pas ce soir que les Américains vont passer en revue toute leur carrière (surtout avec moins d’une heure de jeu en plus) et proposer leurs morceaux les plus mélodiques. Le quintet fait donc totalement l’impasse sur des albums comme Practice What You Preach, Souls Of Black ou The Ritual et privilégie donc le thrash old school avec une poignée de classiques issus des deux premiers disques (on n’échappera pas aux puissantes Over The Wall, Into The Pit, The New Order ou encore Disciples Of The Watch…) ou le thrash (toujours) des derniers albums, ceux qui ont vu revenir au bercail Alex Skolnick… d’autres membres étaient revenus aussi mais ils sont repartis depuis donc… Et là, contrairement à Grand Magus, Testament sert bien son tout nouvel opus avec pas moins de trois compos ! C’est d’ailleurs la chanson titre, Brotherhood Of The Snake, qui ouvre le bal !

Lights pas top (c’est le chroniqueur également chargé de prendre des photos qui parle, là) avec des musiciens essentiellement éclairés par derrière (ils apparaissent donc plus en ombres chinoises qu’autre chose) et gros renforts de stroboscopes. Mais on dira que ça va bien avec le style musical du groupe, un thrash sombre et implacable. Sur Brotherhood Of The Snake, le son est absolument infâme. Heureusement, ça s’arrangera par la suite et on distinguera de mieux en mieux ce qui se passe.

Quels sont les ingrédients d’un concert de Testament ? C’est simple, Chuck Billy est tout sourire mais n’oublie pas de chanter avec hargne, sa voix est d’ailleurs très bien conservée et le monsieur ne manque pas de puissance. Quand il ne chante pas, il prend un peu de recul et joue de la guitare sur son pied de micro, ça c’est vraiment son truc, ça n’aura pas échappé à ceux qui ont déjà vu le groupe en concert, le frontman le fait tout le temps. Eric Peterson reste sur son coin de scène et balance des riffs assassins avec une précision chirurgicale, il beugle très régulièrement dans le micro pour soutenir son partenaire, notamment sur les refrains pourvus de chœurs dans la plus pure tradition thrash. Celui qui fait un peu plus le show, c’est Alex Skolnick. Déjà, le guitariste est régulièrement mis en avant au moment du solo… et là-dessus, le gars ne déçoit pas. Quelle classe ! Son apport mélodique et technique au groupe sur ces passages est remarquable. Il participe aux chœurs de temps à autre, balance quelques médiators, se déplace un peu plus que certains de ses collègues, voire un peu trop à un moment… En voulant s’avancer sur le tout devant de la scène sur le solo final de Pale King, le guitariste se prend une grosse vautrade et tombe dans le pit (oui, c’est ça, into the pit) aux photographes. Plus de peur que de mal, Skolnick remontera sur scène (non sans aide), se fera acclamer par une partie du public et terminera son show dignement. 

Comme je le disais plus haut, c’est la première fois que je vois la section rythmique Hoglan/DiGiorgio officier avec Testament. Quel régal ! Hoglan est monstreux de vitesse, précision et puissance. Et il fait ça tranquillement, sans faire de grands gestes, avec calme et maîtrise… DiGiorgio a un jeu de basse excellent et le musicien semble prendre beaucoup de plaisir sur scène. Il a une attitude assez proche de celle de Skolnick en fait… mais sans la chute.

Et comme dit plus haut également, la formation (de la damnation) est en mode "full thrash" ce soir. Que du morceau qui t’éclate la tête… mis à part un petit ralentissement, très appréciable du coup, placé en sixième position, sous la forme de la heavy mid-tempo Dark Roots Of The Earth (il faut dire que, juste avant, on a quand même eu un enchaînement Brotherhood Of The Snake / Rise Up / Pale King / Disciples Of The Watch… bam !!). Pour les quatre derniers morceaux de la soirée, Testament ne fait pas de quartier, il repasse une dernière fois par son dernier album avec la puissante Stronghold, fait plaisir aux fans des premières heures avec les indispensables Into The Pit et Over The Wall, et termine, comme il le fait depuis quelques années maintenant avec la chanson The Formation Of Damnation… qui n’est pas tout à fait une berceuse non plus.  Juste avant cette dernière, Chuck Billy n’aura pas manqué de souhaiter (et de nous faire souhaiter par la même occasion) un bon anniversaire à Steve DiGiorgio

Bilan : une bonne tuerie d’une cinquantaine de minutes. Testament est toujours en forme. Le son s’est amélioré en cours de set mais reste quand même le moins précis et agréable de la soirée. On s’est quand même bien fait plaisir. 

Setlist Testament :

01. Brotherhood Of The Snake
02. Rise Up
03. Pale King
04. Disciples Of The Watch
05. The New Order
06. Dark Roots Of Earth
07. Stronghold
08. Into The Pit
09. Over The Wall
10. The Formation Of Damnation


AMON AMARTH
 

Et maintenant, après ces deux copieuses mises en bouche, il est l'heure de passer au plat principal : Amon Amarth. Avant même que le show ne commence, on peut déjà voir la scène. Un énorme casque de viking sur lequel est posée la batterie siège au fond de celle-ci. De chaque côté de celui-ci des escaliers. On l'a vu ces derniers temps, les Suédois accordent une place importante au visuel. Il y a eu le drakkar... maintenant, c'est le casque !

J'ai beau ne pas être un grand spécialiste du groupe (il n'y a que deux albums que je connais vraiment bien... je sais, c'est mal), je suis ravi d'être là. J'ai pu visionner quelques shows récents donnés par ces messieurs (notamment celui du Hellfest) et je me suis dit qu'il fallait vraiment que j'approfondisse le sujet et que j'aille voir de quoi il en retourne en vrai... pas juste derrière mon écran d'ordinateur. Dans les semaines qui ont précédé le concert, je me suis conscieusement préparé. J'ai révisé les classiques, ce qui m'a d'ailleurs permis de me rendre compte que des disques comme Twilight Of The Thunder God ou Deceiver Of The Gods étaient sacrément bien gaulés (achats en prévision)... et me voilà prêt pour mon baptême viking. 

Je m'attendais à quelque chose de guerrier et festif à la fois... je n'ai pas été déçu ! La première fois que Johan Hegg prendra la parole (après que le groupe nous ait asséner un début de concert bien puissant et carré avec Pursuit Of Vikings et l'excellente As Loke Falls), ce sera d'ailleurs pour dire (en français, s'il vous plait) : "Bienvenue à notre fête viking !". La réaction du public (déjà bien gonflé à bloc dès le départ) est plus que chaleureuse, vous vous en doutez.

Amon Amarth, voilà encore un groupe bien fier de son dernier album... et j'aurais plutôt tendance à leur donner raison. Certains trouvent que le combo s'est trop assagi mais, pour ma part, j'aime beaucoup Jomsviking. Et vu l'accueil réservé à First Kill (en troisième place dans la setlist de ce soir) et aux cinq autres extraits de l'opus en question, je ne suis pas le seul ! Sur The Way Of Vikings, on remarque que la troupe s'est fait plaisir en accentuant le côté spectacle de leur show. En effet, pendant que le groupe balance la sauce (et il la balance très bien, on va y revenir), deux gars déguisés en vikings et armés d'une épée et d'un bouclier se livrent à un combat sans merci (mais non, personne n'est mort... on n'est pas dans une version live de Game Of Thrones non plus). Fun ! Et ce n'est pas tout. Ils reviendront plus tard, sur Deceiver Of The Gods... Sur Death In Fire, on aura le droit à deux archers qui tendront leurs arcs et pointeront leurs flèches en direction de la foule (euh, non merci... tout va bien). Bref, il y a du déguisement et de l'animation... sans parler du final. On y vient dans quelques minutes, c'est promis. En plus de ça, sur le fond de la scène, on a de très beaux backdrops reprenant l'artwork de certaines jaquettes (Surtur Rising et Jomsviking, notamment). Ca en jette.

Le spectacle, c'est bien joli, mais on est quand même là pour la musique, non ? De ce point de vue là, pas de déception non plus. La setlist se sert dans de nombreux albums de la discographie des vikings (même si les premières heures sont assez peu représentées) et les morceaux de bravoure sont nombreux (Destroyer Of The Universe, Father Of The Wolf, War Of The Gods... miam !). Le groupe joue très bien. Le batteur est d'une précision chirurgicale et tous les musiciens sont irréprochables. Quel excellent duo de guitares sur On A Sea Of Blood. En plus, le son est très bon. Fort, puissant... Comme souvent, la batterie est un peu trop en avant, je préférerais mieux entendre les guitares, mais franchement, c'est pas mal du tout. 

Et puis, élément non négligeable d'un concert réussi : le public. Quelle ambiance ! On sent que les fans sont venus pour faire la fête et ça chante (ou beugle, comme vous voulez) les mélodies des guitares lead plus souvent qu'à son tour ! A tel point que sur Deceiver Of The Gods, par exemple, on se serait cru à un concert de Maiden ! Les fans ont même entonné une partie du solo. Pareil sur Raise Your Horns. Oh oh oooohhh... Si ce n'est pas de la compo taillée pour la scène, ça ! 

La fin du concert est très sympa également. Pour les deux derniers titres de la soirée, Amon Amarth va piocher dans un de ses grands classiques : Twilight Of The Thundergod. Avec Guardians Of Asgaard d'abord, puis avec la chanson titre pour finir. Sur cette dernière, un gros monstre sort du fond de la scène... une sorte de serpent géant (celui de la pochette de l'album). Johan en profitera pour se munir d'un marteau et lui éclater la tronche (enfin, pas trop quand même, la tournée n'est pas terminée, le décor est censé resservir, hein). Encore une fois, il y a du Maiden là-dedans. 

L'heure et demie est passée assez vite... malgré le côté parfois légèrement répétitif de la musique du groupe. Dix-sept morceaux d'Amon Amarth à la suite, faut pouvoir se les enquiller quand même, ce n'est pas toujours hyper varié. Mais en alternant assez intelligemment grosses speederies épiques et titres plus lourds et en misant sur le visuel, Hegg et sa troupe ont conçu un show globalement aussi efficace que festif.

Bilan des courses : une très bonne soirée dans une très belle salle. Que demande le peuple ? Rien. On rentre se coucher, merci.  

Setlist Amon Amarth :

01. Pursuit Of Vikings
02. As Loke Falls
03. First Kill
04. The Way Of Vikings
05. At Dawn's First Light
06. Cry Of The Blackbird
07. Deceiver Of The Gods
08. On A Sea Of Blood
09. Destroyer Of The Universe
10. Death In Fire
11. One Thousand Burning Arrows
12. Father Of The Wolf
13. Runes To My Memory
14. War Of The Gods
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15. Raise Your Horns
16.Guardians Of Asgaard
17. Twilight Of The Thundergod