Pain of Salvation


Artiste/Groupe

Pain of Salvation

CD

Road Salt One

Date de sortie

Mai 2010

Style

Rock Progressif

Chroniqueurs

Blaster of Muppets, Didier

Note Blaster of Muppets

14/20

Note Didier

15/20

Site Officiel Artiste

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C H R O N I Q U E Blaster of Muppets

Ah... qu'il est difficile à chroniquer, ce nouvel opus des Suédois de Pain of Salvation ! Il est clair qu'avec un tel disque, ces messieurs ne nous ont vraiment pas facilité la tâche ! Bon point : comme souvent avec le groupe, la surprise est au rendez-vous. Moins bon point : ça ne va pas plaire à tout le monde... loin de là.

Et oui, on l'avait bien senti venir avec le précédent EP Linoleum, le son et le style de Pain of Salvation ont évolué... et le changement est tel qu'il devient presque déplacé de chroniquer un album comme celui-ci sur un site qui s'appelle Aux Portes Du Metal. Car de metal ou de progressif, il n'est ici plus vraiment question. Cela ne signifie pas que Road Salt One est inintéressant, mais voilà, vous êtes prévenus ! Si vous espériez un disque dans la continuité d'un Perfect Element, d'un Remedy Lane, ou même d'un Scarsick (je ne parle même pas des tous premiers albums), revoyez vite vos exigences, et paramétrez vos cerveaux sur "ouverture d'esprit maximale".

Alors, ce cru 2010, que donne-t-il ? Et bien, on retrouve le son très pure et analogique qui servait le EP sorti en fin d'année dernière... pas de surprise de ce côté-là, juste une confirmation de la nouvelle direction prise par le groupe. Pour ma part, je ne le trouve pas désagréable, ce son. Je dirais même que je me surprends à l'aimer de plus en plus. Si la production de Linoleum vous a posé problème il y a quelques mois de cela, ne vous attendez pas à être séduit par celle de Road Salt One, c'est rigoureusement la même.

Et les nouvelles compositions alors ? Un joyeux fourre-tout entre rock 70's, ballades mélancoliques et sombres, blues et bizarreries... Une véritable aventure, l'écoute de ce disque ! Pas facile d'accès, c'est vrai. Je ne mentirai pas, Road Salt One n'est pas, en ce qui me concerne, l'album du coup de foudre instantané. Il se dévoilé un peu plus à chaque écoute, et s'il m'a fallu fournir quelques efforts au début, je finis (après quelques tentatives) par me sentir véritablement récompensé. Ne soyez pas trop effrayés, on retrouve dans cette galette les qualités auxquelles Daniel Gildenlöw nous a habituées depuis les premiers jours de Pain of Salvation, à savoir une intensité et une émotion dans l'interprétation absolument remarquables, et ce, quelque soit le style abordé.

Bien sûr, il y a au début, une sorte de lutte continuelle entre les attentes, les espoirs (entendre des morceaux qui bougent et qui remuent les tripes... vous vous rappelez la première fois que vous avez entendu Used, par exemple ?), et la réalité. Mais, si on le veut bien, et si on laisse de côté ces fameuses attentes, cette envie de retrouver quelque chose qui nous a tant plu par le passé, ou si l'on consent à abandonner tout désir de vouloir absolument coller une étiquette à la musique que l'on écoute, on peut finir par s'abandonner et se laisser gagner par ce nouvel opus. En plus, reconnaissons-le, il ne manque pas d'arguments. La chanson d'ouverture No Way est entêtante, ça fait deux semaines qu'elle ne veut pas sortir de ma caboche ! Certes, ce n'est pas du metal, mais ça reste une excellente chanson rock, intense, et belle. Et quel chanteur ! Les choeurs sont originaux, et dans sa deuxième partie, le morceau prend un détour assez inattendu. Et puis, il y a les ballades (un peu trop nombreuses diront certains) comme Sisters d'une tristesse et d'une beauté à émouvoir un terminator. On pourrait dire la même chose de la très sobre chanson titre, magnifique à tout point de vue. Et il y a aussi les surprises qui plaisent plus ou moins comme Sleeping Under The Stars, sorte de valse déjantée que l'on verrait bien servir de bande originale à un film du réalisateur (non moins déjanté) Terry Gilliam... étrange et fun, j'aime assez en fait. Daniel et ses amis nous emmènent également en territoire bluesy avec la sympathique Tell Me You Don't Know. On n'adhère pas forcément à tout, mais force est de reconnaître que c'est assez varié, original et souvent bien fait.

Alors voilà, je ne suis pas certain d'avoir encore bien digéré cette nouvelle offrande, et ma note pourrait probablement être bien différente d'ici quelques semaines. J'aime beaucoup certaines chansons, d'autres me laissent plus froid, mais l'ensemble me laisse finalement une bonne impression. Road Salt One a un goût persistent de reviens-y et vaut la peine que l'on s'y perde un peu. Malgré les petites déceptions qu'il peut causer dans un premier temps, ce disque est suffisamment emprunt de qualités, et surtout de beauté ou d'émotion pour intéresser. Certains fans seront surpris, touchés ou amusés. D'autres crieront à la trahison et tourneront le dos à Daniel et sa bande, ça peut se comprendre aussi. La musique présentée ici est celle d'un homme que l'on sent complètement libre dans sa façon d'aborder la chose. A vous de voir si vous avez envie de le suivre ou non. Je m'en retourne creuser tout cela... en attendant la suite prévue pour la fin de l'année.

C H R O N I Q U E Didier

Road Salt One est la première partie du dernier né des Suédois de Pain Of Salvation. Il est aussi surnommé "Ivory" et précède un "Ebony", prévu pour l'automne 2010, et qui sortira sous le titre Road Salt Two. Jusque là c'est déjà assez original, attendez la suite. En effet le groupe nous avait préparé à un certain changement avec l'EP Linoleum, que certains ont déjà eu du mal à "comprendre". Ceux là, je pense, peuvent faire l'économie de cet album. Les autres, faisant preuve d'une sensibilité différente, d'une ouverture musicale plus large pourront tenter leur chance avec le dernier né du surprenant Daniel Gildenlöw et de sa team (Johan Hallgren - guitares, Leo Margarit - batterie, Fredrik Hermansson - claviers). Originaux, ils le sont. Après avoir excellé dans le metal progressif, ils délivrent ici un album rock, psyché, très années 70, limite kitch, mais chargé à bloc d'émotions. Pour arriver à apprécier cet album il va falloir vaincre un certain nombre de "barrières", et je vous jure qu'il m'est difficile de vous écrire cela tant PoS est un de mes groupes préférés et que je suis toujours couvert de frissons à l'écoute d'un Handful of Nothing ou d'un Inside Out.

Première barrière, et même si ces morceaux sont plutôt réussis, cet album commence par quatre morceaux lents, ou mid tempo. Le ton est néanmoins donné, le vieux style PoS (y'en a t-il vraiment un finalement ?) n'est plus. On est pris à contre pied. C'est déconcertant.

Deuxième épreuve : Sleeping Under The Star. Moi j'arrive pas, peut être que c'est de l'humour, mais je n'arrive pas avec ces 3:37 de torture, style musique de cirque, carnaval, bal musette, tuba, rythme de valse, bref, c'est rare mais je dois appuyer sur "suivant", car je vis un cauchemar.

Dernière épreuve : les expériences psychédéliques, qu'on trouve dans certains morceaux, autant au niveau du son vintage des instruments, du style de chant de Daniel, que des compos, file un peu des boutons, ça fait parfois un peu asile de fous, et donne un peu une sensation de longueur, surtout qu'il y en a plusieurs.

Bon alors, pour ceux qui sont capables d'endurer ça et de donner une chance à cet album, on peut rentrer dans le vif du sujet. Parlons un peu de quelques trucs qui sautent aux oreilles. Le chant de Daniel par exemple. Y'a pas à dire il défonce, il est changeant (comme le personnage), toujours très émouvant, capable de faire passer toutes sortes de d'émotions. Il semble vivre son chant. Démoniaque. On l'avait déjà entendu dans l'EP, mais sur le morceau Linoleum par exemple, il explore toutes les options, impressionnant même si c'est pas le morceau que je préfère. Ensuite certaines compositions sont étonnantes (en bon ou en mauvais). J'ai déjà parlé (en mal) de Sleeping Under The Star, mais je pourrais écouter en boucle Sisters, par exemple sorte de ballade super mélodieuse, teintée de sonorités asiatiques (BoF de Mulan peut être ?), ou bien Tell Me You Don't Know, carrément blues de chez blues. Avec ce chant, franchement mis en valeur, servi par des compositions adéquates, les instruments semblent assez en retrait dans cet album. Pas de grosses rythmiques, peu de solo (No Way), pas de batterie qui déménage. Tout est en petites touches, en émotion, à la recherche d'une certaine beauté...

Plus concrètement, mes deux morceaux préférés sont deux ballades somptueuses. Road Salt, magnifique, quasi à capella (juste avec des claviers) et Sisters (pareil avec en plus une caisse claire style marche militaire). Je trouve ces deux morceaux très impressionnants. Daniel chante formidablement bien, les mélodies sont magnifiques, frissons garantis presque à la première écoute. J'aime bien aussi No Way, qui ouvre l'album, avec le même piano qu'on trouvait dans Be. En parlant de Be, je trouve aussi que Of Dust, semble en être tout droit sorti, avec Daniel qui parle, puis qui supplie sur fond de chœurs graves, façon chants grégoriens. J'aime bien aussi Linoleum assez déjanté et conforme à ce que PoS nous avaient déjà plus habitué. Jetez un œil à la vidéo, on en ressort pas indemne.
Finalement j'aime aussi certaines des expérimentations psychédéliques/années 70s. Par exemple She Likes To Hide, très Janis Joplin dans le style, chant, et sonorités 70s, ou bien le bluesy Tell Me You Don't Know, aux sons de guitares très métalliques (genre dobro). Pas encore fait ça sur l'un de leurs albums, plutôt réussi même.
J'accroche moins à Darkness Of Mine, trop psyché à mon goût, plein de sons étranges, avec un refrain plus rock et brut de fonderie. Un peu la même remarque pour Innocence, encore un peu trop psyché, on dirait qu'elle a été écrite sous l'emprise de "substances illicites", bien chantée mais le son les chœurs et celui, travaillé des guitares, font un peu "bad trip post acid". Pas facile d'accès. Mais attention, si vous cherchez des rythmiques à la PoS c'est dans ce morceau à 4:12 (et pas ailleurs alors soyez attentifs). Je préciserai aussi que le final est quasi insupportable (d'ailleurs en écoutant fort au casque on les entend qui se marrent, preuve en est, qu'ils l'ont fait exprès). Plus calme mais tout aussi "badant", Where It Hurts, où on a encore la sensation de se promener dans le jardin d'un asile de fous, morceau idéal pour une BoF de "Vol au Dessus d'un Nid de Coucous" ou plus récemment de "Shutter Island". Dans un style plus rock, plus vif, le morceau Curiosity est assez intéressant, même si la répétition du refrain porte un peu sur les nerfs.

La chronique de cet album s'est avérée très difficile. Certains jours j'accrochais à (presque) tout, d'autre à (presque) rien, comment retranscrire ça dans une chronique ?
Etonnant tout ça, vous vous dites ? Il perd la boule le Didier ? Finalement la clef est peut-être bien là, PoS est inclassable, anti conformiste, sans étiquette. Est-on capable d'accepter ça, nous autres prog métalleux ? Peut-on, à la fois apprécier, Handful of Nothing et Road Salt que PoS a présenté aux Melodifestivalen 2010, sorte de primaires Suédoises au concours de l'Eurovision (si si et y'avait aussi Crucified Barbara, si ça peut vous consoler, elles sont même allées plus loin qu'eux). Le public Suédois a eu l'air d'apprécier, alors pourquoi pas nous ?

A la question, vais-je acheter cet album à sa sortie ? La réponse est ... oui