Groupe:

Destruction

Date:

26 Septembre 2016

Interviewer:

Deicide5000

Interview Marcel "Schmier" Schirmer (face à face)

Bonjour Schmier, je représente Aux Portes du Metal un webzine français qui traite de metal de Rainbow, Black Sabbath à Cannibal Corpse et au-delà.

“Aux Portes du Metal” (en fait, Schmier comprend suffisamment le français et a fait la traduction de l’anglais, tout seul).

Under Attack, votre nouvel album, vient de sortir. Comment as-tu trouvé ce titre ?

Ca tourne autour de la tension qui règne dans le monde actuellement. Quand j’ai fait une recherche sur Google, j’étais surpris de voir que ce titre n’avait pas été utilisé avant. Il n’y a pas d’album qui porte ce nom. Bien sûr c’est très intense. Bien sûr, après les attaques sur Paris, ça m’est venu à l’esprit. J’écrivais des paroles sur ce thème et j’ai juste continué. L’album tout entier a fini par avoir des paroles sur la situation du monde. J’ai pensé qu’Under Attack était le titre parfait parce que nous ne sommes pas seulement attaqués par des terroristes. Le monde entier est sous pression. Le Moyen-Orient est instable et c’est juste triste de voir le monde ainsi. Nous sommes un groupe de thrash donc c’est un sujet sur lequel on peut écrire.

Vous ne voulez pas écrire sur les arcs-en-ciel et les ours en peluche ?

Pas vraiment, d’autres font ça mieux.

Où avez-vous enregistré votre nouvel album ?

Nous avons enregistré en Suisse et en Allemagne. Ce studio avait une salle suffisamment grande pour enregistrer la batterie et on a été capable de le faire sans triggers ni samples. Le studio en Suisse appartient à un ami. On y a déjà travaillé plusieurs fois et c’est là qu’on a mixé l’album. On a travaillé avec beaucoup de grands producteurs les années passées. Cette fois, nous avons voulu retourner aux fondamentaux et sonner plus naturel. Cette fois, on a mieux maîtrisé le son, le mix et le résultat final. On a déjà eu la critique auparavant, mais cette fois-ci ce n’est pas sur-produit. Au final, on fait de la musique pour nous-mêmes, donc ça doit nous plaire.

Donc ce nouvel album, comment se mesure-t-il aux précédents ?

Sur le plan musical, c’est un retour aux fondamentaux côté harmonies, accords et plans de guitare en général. C’est plus ressemblant à du Destruction du début. Plus tard, on a essayé d’être plus progressifs en utilisant des gammes diminuées à la guitare et des trucs encore plus fous. Cet album a beaucoup plus d’harmonies classiques du metal. On a essayé de le rendre plus classique parce que c’est comme ça qu’on a commencé. Nos premiers albums ont cette influence très New Wave Of British Heavy Metal. Donc je pense que c’est la plus grosse différence avec les albums précédents.

Je devine que la composition du groupe n’a pas changé.

Non, non. Ca fait huit ans que celle-ci est stable. Le batteur est souvent le problème sur la durée. Le thrash, c’est physique et les batteurs, après un certain âge, déclinent. Il faut s’entraîner tous les jours, sinon vous perdez en endurance.

Eh oui, tout le monde ne s’appelle pas Dave Lombardo.

Non, t’as raison, si le batteur s’arrête de jouer 2 à 4 mois, c’est mort. Il faut qu’il reparte à zéro pour regagner en endurance.

Quel a été l’accueil réservé aux nouvelles chansons ?

Bon. On joue quatre nouvelles chansons. On essaye de jouer les chansons qui sonnent le mieux. Certaines sonnent bien en studio et même en salle de répétition mais pas vraiment sur scène.

On va entendre des vieux tubes aussi ?

Oui, bien sûr. On a un tas de classiques. Notre set est plein de chansons super traditionnelles des années 80.

Quelle est votre piste favorite sur le dernier album et pourquoi ?

J’aime beaucoup Dethroned. C’est une chanson très rapide, avec un refrain très groovy, très solide et catchy. Ca tourne à 230 bpm et c’est à la limite d’un jeu carré.

Vous êtes un groupe établi, quel est votre challenge maintenant ?

Tant que vous aimez ce que vous faites, tant que vous pouvez partir en tournée, c’est super parce que peu de groupes ont cette chance de jouer et voir le monde, vivre de leur musique, rencontrer de nouvelles personnes, voir de nouveaux pays. Ca fait un bail qu’on n'a pas joué dans cette partie de la France. Hier on a joué à Marseille. Je crois que c’était la première fois depuis les années 80. Dans les années passées, on jouait à Paris, Strasbourg ou même Nancy, mais pas dans le Sud. C’est toujours un challenge de revenir à un endroit où tu n’es pas venu depuis longtemps comme ça l’est d’arriver à un endroit où tu n’as jamais été. On nous a proposé d’aller à un metal fest dans l’Himalaya, le Katmandou Metal Fest. Ils ont eu un gros metal fest, mais depuis ils ont eu un gros tremblement de terre il y a deux ans.

Quels groupes allemands nous recommanderais-tu (mis à part Tokyo Hotel) ?

(Schmier éclate de rire…) oh mec, c’est une honte… Je dirais bien sûr Scorpions, Accept, Kreator, Sodom, Helloween, Rage qui sont de bons amis avec qui on se côtoie depuis plus de 30 ans. L’Allemagne a le privilège d’avoir la reine du metal, Doro Pesch. Quant aux groupes qui montent, il n’y en a pas qui se distingue vraiment. Il y a Dust Bolt qui vient bientôt en tournée avec nous.

Eh oui, en fait Dust Bolt a déjà joué dans cette salle (le Metronum) l’année dernière en ouvrant pour Obituary.

Ah ok, super.

Bon, merci pour cette interview, y a-t-il quelque chose que tu voudrais ajouter ?

On aurait aimé venir plus tôt dans le Sud de la France. Mais ça a été difficile pendant longtemps. Le truc, c’est qu’avec le Hellfest qui concentre l’attention de plein de groupes et de tourneurs, on a de la chance de pouvoir tourner ailleurs en France. Les fans sont contents de nous voir, comme hier à Marseille. Ils nous ont vus pour la première fois depuis 1988 avec Motörhead et maintenant 28 ans plus tard. C’est fou.