Groupe:

Adagio

Date:

17 Juin 2017

Interviewer:

philippec

Interview Stephan Forté (face à face)

Bonjour  Stephan, merci de m'accorder un peu de temps, je m’appelle Philippe, je fais partie du webzine "Aux Portes Du Metal". Quand es-tu arrivé à Clisson et combien de temps y restes-tu ?

Je suis arrivé hier (vendredi) et je repars lundi.

Tu es là pour promouvoir le nouvel album d’Adagio et pour cela, tu as fait appel à la Klonosphère. Pourquoi ce choix ?

Parce que j’ai vu le travail qui a été fait avec Klone, qui est assez énorme, je trouve. Guillaume Bernard a obtenu de supers résultats même si c’est plus difficile avec la musique d’Adagio, parce que le dernier projet de Klone est acoustique donc cela passe peut-être un peu mieux, mais vu que j’ai monté ma structure et que c’est sur mon propre label, je suis donc libre de travailler avec qui je veux et j’ai voulu essayé avec Guillaume.

Relancer la machine Adagio a pris du temps ?

Oui, six ans !

Peux-tu nous expliquer pourquoi cette longue pause entre "Archangels In Black (2009)" et "Life", ce nouvel album, et qu’as-tu fait pendant ce temps ?

Juste après "Archangels In Black", nous avons signé avec un gros management anglais, attirés par leur expérience et les artistes avec qui ils travaillaient. Notamment la personne qui était en charge de nous avait travaillé avec Rod Smallwood pour Iron Maiden, puis il s’est occupé aussi d’Arch Enemy avant qu’Angela ne le fasse. Mais nous avons été tout simplement dirigés vers une voie qui n’était plus celle d’Adagio, qui était en fait d’essayer de nous transformer  en une sorte de Nightwish. Au bout d’un moment, cela m’a gonflé, j’ai essayé, j’ai composé dans ce sens-là, mais ce n’était juste pas possible. Donc j’ai arrêté et je me suis dit : bon il faut que je revienne à ce qui me plait vraiment et refaire de la musique sans compromis ! J’ai fait deux albums solos qui m’ont redonné goût à essayer de refaire quelque chose avec du chant. Et là, je suis revenu avec Adagio mais dans la même optique que mes albums solos, c’est-à-dire sans compromis artistique.

Annoncé pour l’automne 2016, ce nouvel album sortira enfin le 26 juillet sur Zeta Nemesis Records (ton propre label), pourquoi ce choix ?  

Parce qu’aujourd’hui, à moins d’être prioritaire chez un gros label tel Nuclear Blast ou Century Media, je pense que cela ne valait pas le coup de signer avec une structure intermédiaire pour n’avoir qu’une avance moyenne. Alors que là, en travaillant directement avec les fans en utilisant le crowdfunding, nous avons eu plus de 27 000 euros d’avance, non même pas d’avance, de l’argent pour financer. Ce que nous n'aurions jamais eu avec un label car une avance est recouvrable et il faut la rembourser. Donc nous avons préféré faire appel directement à nos fans, pas la peine d’avoir d’intermédiaires, du moins aujourd’hui. Puis on a pu se servir des fonds récoltés pour gérer tout ce qu’un label doit faire et là, au moins, l’argent reste en interne.

En contrepartie, c’est un système de précommande en fait ?

Non, la précommande elle y est. Et d’ailleurs en le précommandant on a gratuitement la version digitale en attendant de le recevoir. Le système fait qu’aujourd’hui la distribution physique en magasin ne sert plus à rien. Je pense que les lecteurs seront d’accord avec moi, combien parmi eux se déplacent encore en magasin ou dans une Fnac pour acheter un album, la plupart vont sur Amazon. Donc j’ai focalisé toute mon attention pour la distribution physique sur Amazon. C’est nous qui gérons de Paris la distribution pour Amazon Europe, j’ai quelqu’un aux Etats Unis qui travaille pour moi qui gère la distribution Amazon US. Pour le Japon, c’est plus compliqué comme marché, donc nous avons signé avec King. Donc pour moi, il n’y a aucun intérêt de signer avec un label, en tout cas en terme de niveau intermédiaire ce n’est pas intéressant.

Peux-tu nous parler de son contenu et des thèmes abordés ? 

Le thème principal c’est le titre de l’album, donc la vie. C’est un sujet beaucoup plus positif que ceux que j’ai pu aborder avant dans Adagio. En fait, le but de cet album c’est d’arriver à immerger les gens dans un film sur leur propre vie… De faire le point, une introspection sur leur vie. C’est ce que j’ai fait, moi, en composant cet album, je suis allé chercher des choses qui me touchent  beaucoup depuis mon enfance, ainsi que des questionnements que nous pouvons avoir par rapport à l’avenir, la vieillesse… Toutes ces choses-là. J’ai tout condensé là-dedans en fait. Je me suis enfermé pendant un an et demi pour faire de la  composition pure, musicalement j’ai essayé de développer des ambiances un peu comme dans un film pour que les gens puissent vraiment rentrer dans le truc. En fait, c’est un album qui s’écoute probablement au casque, c’est mieux ; dans un environnement très calme bien posé, bien confortable. On ferme les yeux et on rentre dedans, je pense que c’est le meilleur contexte pour l’écouter. 

Donc on peut conclure que c’est un concept album ? 

Oui c’est bien un concept album.

As-tu pris de l’aide auprès de tes musiciens pour composer cet album ? Comment procèdes-tu ?

J’ai toujours composé seul, parce que … En fait  quand je compose c’est une démarche un peu thérapeutique pour moi, et j’ai besoin d’exprimer des choses qui me sont très personnelles et donc il n’y a que moi qui peut le faire. Si on enlève un petit détail, tout ce que j’ai pu y mettre n’est plus valable. Donc j’écris tout en fait, de la moindre ligne de claviers à la moindre partie de quoi que ce soit. Sauf les paroles où là, j’ai travaillé avec Kelly, le chanteur, sur certains titres.

C'est Kelly Sundown Carpenter qui a hérité du poste de chanteur sur ce nouvel album, mais y a-t-il eu d'autres vocalistes approchés pour le job ?

Oui. Je ne vais pas te dire les noms, mais oui.

As-tu le sentiment d'avoir enfin trouvé le chanteur idéal pour Adagio ?

Oui !

Pourquoi ce choix ?

Parce nous nous connaissons depuis longtemps, nous avons déjà travaillé ensemble. J’adore sa voix et humainement on s’entend très bien, nous sommes très proches. Avant, nous ne pouvions pas car il habitait aux Etats Unis, mais depuis il a emménagé en Belgique donc, du coup, c’était l’opportunité. Comme maintenant il est à côté nous avons pu vraiment le faire, c’est notre première collaboration sur album.

Autre changement notable : l'incorporation, pour la première fois, d'un sixième membre sous la forme d'une violoniste. Comment cette idée a-t-elle germée ? Et pourquoi Mayline ?

En fait, ce n’était pas prévu du tout, c’est un de mes amis qui m’a envoyé un jour un lien sur ce que fait Mayline. « Tiens, tu devrais regarder, cela va peut-être te plaire ». Effectivement, j’ai vu et écouté ce qu’elle faisait. Elle amène un côté ethnique au violon que j’aime beaucoup. Je me suis dit que nous pouvions faire un essai. Du coup, elle est venue chez moi et nous avons fait ça sur quelques morceaux et j’ai senti qu’elle amenait une couleur qui pouvait vraiment apporter quelque chose de plus à Adagio et j’ai donc décidé de l’intégrer au groupe.

Quel regard portes-tu sur le concert parisien donné en décembre dernier, sachant qu'une bonne partie du line-up était tout neuf et que le groupe n'avait pas tourné depuis sept ans ?

Le concert parisien n’était pas tout à fait une avant-première, c’était surtout la présentation du nouveau groupe, des nouveaux membres et cela c’est très bien passé. Après c’était bien, mais maintenant, pour qu’Adagio et cet album soit représentés comme il faut en live, il y a encore beaucoup de travail à faire derrière, de préparation au niveau de l’équipe technique et tout ça… Donc on préfère prendre notre temps et d’être vraiment prêt à pouvoir le faire ; parce que ce n’est pas une musique simple, il y a beaucoup d’arrangements et de choses comme ça. Par contre c’était super parce que c’était quasi complet, il y avait beaucoup de fans, d’ambiance et pour cela, c’était un très bon concert. 

Adagio prévoit-il  de tourner davantage d'ici la fin de l'année ou début 2018 ? Cela va-t-il être aisé à mettre en place une tournée sans le soutien d'une maison de disque ?

Pour être honnête, les maisons de disques ne nous ont jamais vraiment aidés pour ça donc cela ne va pas changer grand-chose à ce niveau-là. Donc nous sommes en train de travailler pour tourner comme tu l’as dit, pour la fin de l’année ou début  2018.

Depuis quelques années il y a eu beaucoup de changements ici au Hellfest, quel est ton ressenti sur tout ça ? Ambiance, décor, nouvelles tentes ?

Je suis déjà venu l’an dernier, le coin VIP était pour moi beaucoup mieux. Là, il y a peut-être un côté plus classieux on va dire, mais l’an dernier il y avait je trouve un côté plus chaleureux. Je ne me sens pas super à l’aise. Sinon, pour le reste, c’est devenu vraiment gros, quand même. C’est vraiment énorme !

Vas-tu voir quelques concerts, si oui lesquels ?

Hier soir j’ai pu voir Behemoth, c’était super ! Par contre il y a Aerosmith que je veux absolument voir ce soir !

Quelle musique ou groupes écoutes-tu actuellement ?

Pas beaucoup de metal, un peu moins de classique en ce moment, mais beaucoup de trip-hop et de psytrance, des trucs qui n’ont aucun rapport. Dans le metal en ce moment  j'écoute principalement Periphery, Tesseract que j’aime beaucoup et Meshuggah.

Je te remercie et te laisse les derniers mots pour nos lecteurs.

Déjà un immense merci à "Aux Portes Du Metal" pour soutenir Adagio depuis si longtemps ainsi que mon travail, puisque vous avez chroniqué également mes albums solos. Votre soutien fait chaud au cœur. Puis je remercie les lecteurs et fans parce qu’ils ont toujours de gentils commentaires et des choses encourageantes pour nous. Et donc, j’espère qu’ils vont apprécier leur voyage dans "Life". Qu’ils n’hésitent pas à laisser un petit mot sur notre page Facebook. S'ils viennent nous voir lors de la tournée, surtout qu’ils viennent nous dire bonjour quand ils nous croisent.