Groupe:

Cold Lands

Date:

30 Aout 2020

Interviewer:

Didier

Interview Alexandre Martorano

Bonjour Alexandre, merci de nous accorder un peu de ton temps, peux-tu nous présenter ton projet Cold Lands ?

Cold Lands est à la base un groupe de Rock Metal atmosphérique de 4 musiciens crée en 2011 à Grenoble.

Quelles seraient, si tu devais en citer quelques-unes, tes plus grandes influences musicales ?

J’ai toujours écouté de nombreux artistes et ce, dans des styles de musique très diversifiés. Je pourrais citer des artistes très différents les uns des autres comme Police, A Perfect Circle, Katatonia, et encore bien d’autres. Je suis avant tout sensible à la profondeur et la puissance émotionnelle que la musique véhicule.

Il semble que le groupe soit considéré comme du metal atmosphérique, personnellement j’y entends aussi pas mal de metal prog. Que penses-tu du débat ?

Je dirais que l’étiquette atmosphérique nous a été attribuée après la sortie du premier EP en 2012 par les premiers chroniqueurs qui ont découvert le groupe, et c’est une étiquette que j’assume bien car il colle à l’état d’esprit des compositions. Le style progressif peut également se retrouver dans certaines compos, et c’est également une étiquette que j’assume, mais qui nous a souvent été moins reconnu, peut-être par manque de similitude avec des groupes se revendiquant clairement de ce style. À chacun de juger selon ses sensibilités....

Cold Lands, c’est en rapport avec la météo, parfois rude, de la région grenobloise :-) ? Ça va faire sourire nos amis scandinaves :-)

Ce n’est effectivement pas très loin d’être une des raisons qui ont motivé ce choix. Au moment de la création du groupe, nous étions en recherche d’un nom et il se trouve que nous étions dans la zone dite des « Terres Froides » ce jour-là, à coté de Grenoble. Cela a suffi pour nous mettre tous d’accord. Ça reste un bon souvenir.

J’ai cru comprendre que le projet avait démarré comme un vrai groupe mais que c’est aujourd’hui un one-man band. Est-ce par choix, par dépit ? Ou bien est-ce que tu as vraiment très mauvais caractère :-) ?

Aujourd’hui effectivement, le projet est devenu un One-Man Band. J'opère avec des musiciens de session en Studio essentiellement, et j’espère de nouveau en Live prochainement. Je pense que c’est un choix qui s’est presque proposé de lui-même dans le sens ou le groupe a énormément subi de changement de Line Up tout au long de son histoire. C’est toujours délicat de faire un choix entre sa vie professionnelle et sa passion, c’est pourquoi j’ai toujours respecté les choix des membres qui ont fait partis du groupe, et étant encore en contact pour la plupart avec eux, l’amitié qui s’est dessinée à l’époque entre nous ne s’est jamais arrêtée, malgré la fin de notre collaboration musicale.

Tu penses rester dans ce line up minimaliste ? Ou refaire évoluer le projet vers un vrai groupe à nouveau ?

Je pense que la configuration actuelle est aujourd’hui une bonne configuration pour produire un travail de qualité. J’ai travaillé sur ce nouvel album avec des musiciens de session qui ont fait partie pour la plupart du projet à l’époque où nous étions un groupe. Nous sommes très fiers de présenter ce nouvel album dans cette configuration, et nous espérons que cela plaira au public.

L’avantage de ton line-up, c’est qu’une longue période de confinement ne change pas grand-chose à tes habitudes. On ne se sent pas un peu tout seul dans un one-man band quand même ?

J’ai la chance d’avoir dans mon entourage beaucoup de musicien de talent qui, en dehors de COLD LANDS, ont travaillé avec moi sur d’autres projets, et avec qui j’ai toujours autant de plaisir à collaborer. Cette configuration me permet finalement de pouvoir choisir de manière beaucoup plus vaste les personnes qui selon moi, pourront apporter le meilleur à la musique que nous réalisons.

Pour clore le sujet COVID-19, est-ce que cette période a été propice à la création ?

Elle a été très fructueuse. Nous nous sommes même laissé le plaisir de collaborer avec un beat-boxeur rappeur de Grenoble de talent, EL TARINO, pour qui j’ai beaucoup d’estime, et avec qui nous avons réalisé un street clip en rapport avec le COVID. Ça a été une expérience sympa de mélanger les styles, mais c’était avant tout une aventure humaine.

Parlons un peu de ton nouvel album In The Light, prévu pour le 10 octobre 2020. Tu en gères, j’imagine, tous les aspects ? De la composition, aux instruments et au chant, rien ne semble te faire peur ?

J’ai effectivement adopté le même processus que d’habitude concernant la composition et la réalisation de l’album. Je savais exactement ce que je voulais et avec le studio, nous avons vraiment pu faire naître ce nouvel album à l’image de ce que nous espérions. C’est ce que j’aime le plus dans la musique, la composition et l’exploration de tous les instruments, pour retranscrire l’émotion la plus pure possible. Ce nouvel album IN THE LIGHT propose un voyage à travers un arc-en-ciel d’émotions, comme la décomposition de la lumière à travers le prisme de l’inconscient. J’espère que les gens apprécieront.

Pour parler du chant, à la première écoute de l’album j’ai été frappé par la similitude de tonalité avec Mariusz Duda, le chanteur de Riverside. C’est une référence qui te fait plaisir, ou grincer des dents ?

J’aime beaucoup Riverside et notamment les albums « Shrine of new generation slaves » ou « Rapid Eye Movement ». La voix de Duda est tout simplement sublime, c’est donc un compliment qui me touche énormément, et je t’en remercie beaucoup.

Je trouve aussi ton anglais excellent, je doute que ça soit juste grâce à tes années collège :-)

J’ai eu la chance de beaucoup voyager de par mon cursus professionnel et j’ai toujours apprécié la langue anglaise. Bien que souvent mes paroles sont écrites dans un style onirique et décalé, je mets un point d’honneur à donner le meilleur de moi-même dans le chant et l’écriture, et cela passe aussi par le travail de l’accent.

Sinon, tu as appris à jouer de tous les instruments tout seul ?

Je suis issu de l’école de musique classique dans laquelle j’ai appris la guitare lors de mes premières années. Pour la suite, j’ai eu la chance sur des courtes périodes de bénéficier de coaching concernant la guitare électrique et notamment par Natalie Millat pour le chant. Pour le reste, j’aime collaborer avec des artistes que j’aime et qui comprennent ma musique. Sur cet album, nous avons Guillaume Mathonnet à la guitare, ex-membre et co-fondateur de COLD LANDS, Vincent Renaudin à la batterie qui a également fait parti du groupe, Yacine Raik qui reste le bassiste permanent, Anthony Barruel, batteur des groupes COLLAPSE et ANASAZI, et Jean-Michel Cazenave au piano pour ne citer que les principaux. Je voulais travailler avec des musiciens qui connaissent bien le projet, et je pense que le résultat est à la hauteur.

Quand tu composes, tu pars de mélodies, de riffs, plutôt à la guitare, ou bien de textes ?

En général, je pars plutôt de la musique. Il m’est arrivé de commencer par le texte comme pour le titre « Cold Lands » du premier album INSIDE, mais c’est beaucoup plus rare. J’ai toujours été plus sensible à la musique qu’aux textes.

Pour les thèmes abordés, où vas-tu chercher l’inspiration ?

Je crée tout d’abord une ambiance musicale, et cette ambiance me véhicule des images, et un monde dans lequel je me transporte. Je m’efforce ensuite de retranscrire de la manière la plus authentique possible mes sentiments. Je pense que l’essentiel de mon inspiration est inconscient. Mais il est vrai que l’on peut très souvent retrouver des références plus communes, mystiques et oniriques. Je pense que ce mélange reste avant tout l’identité première de COLD LANDS.

L’ambiance générale est assez mélancolico-dépressive, rassure-nous, tout va bien :-) ?

C’est dans des sentiments comme la mélancolie que je retrouve la plus grande authenticité. Elle peut véhiculer une beauté et une pureté bien plus transcendante que la joie.

Je crois que tu travailles avec Le Hangar 38. Quelle est la nature exacte de cette collaboration ?

J’ai travaillé sur ce nouvel album avec Francesco ALESSI du Studio LE HANGAR 38, producteur et réalisateur de COLD LANDS depuis le début. Francesco Alessi m’a énormément apporté durant ces dix dernières années. Il a façonné aussi le musicien que je suis aujourd’hui et je lui en serai toujours reconnaissant. Le son de COLD LANDS a été élaboré avec lui, il est donc un membre essentiel dans l’identité du projet.

C’est une formule que tu as déjà expérimenté sur tes deux précédentes réalisations, l’album Inside en 2013 et le single The Liars Prayer en 2018. Est-ce que ce premier album a bien fonctionné commercialement ? Y a t-il des choses que tu aurais fait différemment avec le recul ?

Le premier album INSIDE a reçu de très bonnes critiques et nous sommes très fiers de ce que nous avons accomplis à cette époque. Le single-clip THE LIARS PRAYER nous a permis de toucher encore plus de monde et d’avoir un bon recul sur l’accueil du public au vu de la nouvelle configuration de COLD LANDS en One-Man Band. Les années et le travail nous ont permis de progresser et de mûrir dans notre style et dans notre musique. J’espère que le public le ressentira en écoutant l’album. Je n’ai en tout cas aucun regret, car tout a été fait avec la même authenticité et la même sincérité.

Puisqu’on parle des ventes d’albums, que penses-tu du débat actuel autour des plateformes de streaming et du peu de revenu qui revient aux artistes ?

Je pense qu’aussi longtemps que l’on continuera à pousser le public à consommer la musique à la manière d’un pseudo fast-food, les artistes ne pourront être rémunérés de manière décente. Dans une société où l’économie est à bout de souffle, la culture et l’Art ne sont plus des priorités, et c’est bien dommage pour nous.

En général les artistes comptent sur la scène et son merchandising pour essayer de s’en sortir, mais comment est-ce que ça se passe dans un one-man band comme Cold Lands ? J’imagine que tu ne vis pas de la musique ?

Effectivement, COLD LANDS ne génère pas encore aujourd’hui assez de revenus pour en vivre totalement, mais nous travaillons et donnons le meilleur de nous-mêmes pour que cet objectif soit atteint. Grâce à des sites comme Bandcamp et à d’autres distributeurs digitaux, nous pouvons continuer à travailler sur le projet en proposant des choses de qualité. Nous comptons sur le soutien du public pour continuer à faire vivre ce projet.

Comptes-tu assembler un live band pour aller défendre In The Light sur scène ? Ou bien la scène n’est pas une de tes priorités ?

Actuellement, nous travaillons pour réaliser un set acoustique avec des musiciens pour aller défendre ce nouvel album. La scène est l’endroit essentiel pour pouvoir partager avec le public, mais au vu du contexte COVID, la situation n’est vraiment pas facile.

As-tu d’autres projets que Cold Lands ? Musicaux ? Artistiques ?

En parallèle, je suis contacté régulièrement par d’autres artistes, chanteurs ou autres qui souhaitent faire appel à moi pour composer ou collaborer. C’est toujours un grand plaisir de susciter l’intérêt d’autres artistes de talent. D’autres choses sont à venir, mais il est trop tôt pour en parler.

Je te remercie pour cette interview et je te laisse conclure pour nos lecteurs

Je suis vraiment très fier de vous proposer ce nouvel album IN THE LIGHT. J’ai voulu le sortir à la date du 7e anniversaire de INSIDE, et j’espère vraiment que le public appréciera. C’est grâce à vous que nous continuons, on compte sur vous, je vous aime.

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