Groupe:

Patrón

Date:

30 Mars 2020

Interviewer:

Didier

Interview Patrón

[Crédit Photo: Patrick Baleydier]

Nous nous étions déjà parlé en avril 2014, à l’époque je t’interviewais dans le contexte de Loading Data. Vous étiez passés à la MJC Picaud de Cannes pour la tournée de Double Disco Animal Style. Aujourd’hui, tu es en promo pour un album solo, que devient le projet Loading Data ?

Loading Data est en pause mais n’a pas dit son dernier mot. On est tous en très bons termes. C’est surtout une question d’emploi du temps. Louise a plusieurs projets en cours. Elle joue entre autres avec un groupe de Black Metal qui s’appelle Decline Of The I et a participé au dernier spectacle en date de son père, « Tout doit disparaître ». Robin bosse à Beaubourg en tant qu’ingénieur du son, et fait aussi le son pour plusieurs groupes. Entre temps, il est devenu papa de deux ravissantes petites filles. Il est donc très occupé. Et moi, j’étais focalisé sur ce nouveau projet donc je n’avais pas le temps de tout mener de front. Mais maintenant que Patrón est lancé, je vais pouvoir me repencher sur Loading Data. Et qui sait, pourquoi pas un nouvel album ?

En 2014, lors de cette interview, tu disais avoir un album déjà prêt, mais pas forcément pour Loading Data. Est-ce que c’est ce qu’on trouve aujourd’hui sur cet album de Patrón ? Et, si c’est le cas, comment ça se fait que ça ne sort qu’aujourd’hui ?

C’étaient les prémices. Cette pause a surtout fait germer en moi l’idée que je voulais vraiment monter un projet parallèle mais je ne crois pas qu’un seul morceau de cette époque se soit retrouvé sur cet album. Les titres de Patrón ont été écrits plus tard. En six mois, j’avais tout plié. Ca devait être début 2016. Ensuite, ça a mis du temps à sortir parce qu’entre temps j’ai perdu mon père dont j’étais très proche. Je n’avais plus la tête à grand-chose et j’ai mis pas mal de trucs en stand-by, dont la musique.

Alors revenons à ce premier album solo éponyme, tu n’as pas réussi à lui trouver un vrai titre ? :-)

J’avais pensé à Room With A View, titre du premier morceau de l’album, mais finalement Patrón me plaisait davantage.

J’ai lu que tu avais encore bossé avec Alain Johannes ; c’était déjà le cas avec Double Disco Animal il me semble, non ? C’était important de travailler encore avec lui ?

Alain avait produit le dernier album en date de Loading Data. Ca s’était super bien passé et on est resté très amis depuis. J’aime beaucoup son approche de la musique et de la production. C’est une sorte de savant fou. Il adore expérimenter. C’est une bonne façon pour lui aussi de ne pas se lasser. Du coup, il tente tout le temps de nouveaux trucs, de nouvelles astuces. Il n’a pas une formule toute faite qu’il applique à chaque groupe qu’il enregistre. Il s’adapte en fonction de qui il a en face de lui. Il cherche toujours de nouvelles idées pour trouver des sons qui lui sont propres. En plus, ça se passe dans une ambiance détendue et le cadre de son studio est très inspirant. J’ai besoin d’être en confiance quand j’enregistre et comme on s’entend bien et qu’il me connaît, il sait trouver les mots pour me rassurer. Pour Seventeen, j’étais pas dans le bon mood au moment d’enregistrer les voix. Il est parti acheter une bouteille de bourbon, a installé un fauteuil dans sa chambre (qui est aussi une cabine de prises) et il m’a dit : "ok, maintenant tu peux y aller". Une fois les prises terminées, je ne marchais plus très droit mais je suis très content du résultat. C’était donc une évidence pour moi que de bosser avec lui sur ce nouveau projet.

J’ai vu qu’il était aussi impliqué en tant que musicien sur certains morceaux ?

Oui en plus d’amener un tas d’idées de réalisation et d’arrangements, il joue de la basse, de la guitare, des claviers et chante aussi sur le disque. Ca aurait été du gâchis d’avoir un si bon musicien avec nous et qu’il ne joue pas sur l’album. De toute façon, c’était prévu comme ça. Je venais à L.A. les mains dans les poches (mis à part Aurélien qui m’a accompagné) et on jouait avec les locaux, dont Alain.

Tu as enregistré ça dans son studio de Los Angeles, qu’il a quitté depuis, je crois. Raconte-nous ça.

11AD. C’était le nom de sa maison/studio. Un havre de paix niché en plein Los Angeles. Une maison dans laquelle il a vécu vingt-cinq ans. C’est là qu’avec Natasha Shneider et Jack Irons ils ont enregistré les albums d’Eleven. Mais aussi plein d’autres groupes et artistes ont enregistré là : Chris Cornell, Eagles Of Death Metal, No Doubt, Spinerette, Mark Lanegan, et j’en passe… C’est une maison qui déborde d’instruments en tous genres. Des trucs que t’as jamais vu avant. C’est une maison très chaleureuse, qui vit. Elle a une âme et des fantômes. Des disques d’or aux murs, des photos, des peintures d’Alain et des tas de babioles qui créent une atmosphère unique. Il a malheureusement dû s’en séparer. Il était temps pour lui de tourner la page. On a été les derniers à enregistrer dans cette maison mythique.

Outre Alain, tu as pas mal d’invités de grande classe sur cet album, à commencer par Nick Oliveri qui était déjà impliqué dans Double Disco Animal. Il est à la basse ?

Je connais Nick depuis presque vingt ans. Entre 2002 et 2005, j’avais remonté Loading Data en Floride, du côté de Miami. C’est Adam Keller, le batteur de Loading Data de l’époque, qui me l’avait présenté. On est devenu amis avec Nick. On a souvent ouvert pour Mondo Generator au fil des ans, et il était venu chanter sur Double Disco Animal Style. Je lui ai donc demandé si ça le bottait de venir enregistrer quelques titres pour Patrón. Et ça s’est fait. Mais cette fois, il est à la basse.

Dans les nouveaux invités, on trouve deux batteurs classieux, Joey Castillo et Barrett Martin, que j’avais trouvé exceptionnel avec Walking Papers. Comme se sont faites ces collaborations ?

Oui, j’ai un petit faible pour les batteurs. C’est mon pêché mignon. Je suis peut-être un batteur frustré. Ha. Nick est venu accompagné de Joey. C’était prévu. Joey, je le connais depuis moins longtemps que Nick, mais je sais qu’il avait aimé le dernier album de Loading Data. On a eu l’occasion de se croiser pas mal au fil des ans. Et comme Nick et lui sont très bons potes et jouent ensemble dans plusieurs projets, c’était une évidence qu’il me fallait la paire pour jouer sur le disque. Barrett, c’est un batteur que j’adore depuis mon adolescence. A l’époque j’étais très fan de la scène de Seattle. Pearl Jam, Alice In Chains, Screaming Trees, Soundgarden etc etc … et le supergroupe Mad Season dans lequel officiait Barrett Martin. Je me suis régalé à le regarder jouer. Ca m’a rappelé quand j’avais seize ans et que je matais la cassette vidéo de Mad Season en concert au Moore Theater. Cette séquence où il joue de la batterie avec les mains m’avait scotchée. Je me disais, « ce mec, c’est un ours ». Ce n’est que plus tard que j’ai appris que son surnom était « the bear ». Comme quoi ! A l’époque j’avais même pris des cours de batterie et je pense que c’est lui qui m’en avait donné envie. Alors avoir Barrett sur l’album c’était un honneur, un plaisir, un rêve de gosse. On s’était rencontré un an auparavant lors d’un festival à Pioneertown, dans le désert Californien. Il jouait avec les Mojave Lords, le groupe de Dave Catching des Eagles Of Death Metal. Je lui avais fait part de mon projet et je lui avais soumis l’idée qu’il puisse venir enregistrer sur l’album. Et voilà, c’est chose faite. Et quel pied !

Changement de continent, tu as aussi parmi tes invités Aurélien Barbolosi ; comment cette rencontre s’est-elle faite ?

Aurel est un copain de longue date. On s’est rencontré chez un disquaire à Paris, où il bossait à l’époque. On est voisin donc on se voyait souvent et on sortait beaucoup. Trop ? On a fait les quatre cents coups ensemble. Il a fait pas mal de remplacements dans Loading Data. A la guitare mais aussi à la basse. C’est un excellent musicien, touche à tout. Il a son propre projet, 99 LBS. Groupe de rock aux accents 90s, mêlant soul et riffs un peu funky. Il joue aussi dans plein d’autres projets tels qu’Aston Vila, Elliott Smith et j’en passe. Je lui ai proposé de venir enregistrer sur l’album. Ca me faisait plaisir qu’il soit de la partie. C’est d’ailleurs lui qui a joué la majorité des guitares de l’album.

Tu avais déjà tout composé, ou bien les musiciens ont pu apporter certaines contributions ?

J’avais tout écrit et tout maquetté. Mais l’intérêt de faire venir de tels musiciens sur l’album c’était justement que chacun amène sa touche personnelle. Les démos m’ont servi à leur montrer l’esprit de ce que j’avais en tête. Ensuite, il n’était pas question de coller aux maquettes à la note près. Au final, c’est resté fidèle mais avec les finesses et la patte de chacun.

Parlons un peu du contenu qu’on a du mal à classer, à part dans la catégorie rock, tendance stoner. Le tout forme un patchwork assez varié. C’est important pour toi, ce mélange des genres ?

J’écoute des tas de trucs différents. Finalement assez peu de metal, et peu ou pas de stoner. Ces derniers temps, je me suis mis à beaucoup réécouter Sonic Youth, David Bowie et David Byrne. J’écoute aussi beaucoup de jazz. Ensuite, oui, le projet est dans la veine de groupes qu’on classerait au rayon desert rock, comme Queens Of The Stone Age, Fatso Jetson, Masters Of Reality, … Mais c’est vrai que je n’ai pas cherché à coller à un genre en particulier. J’ai enregistré ce qui me faisait plaisir, sans me demander si ça allait plaire. Il n'y avait pas de fan à décevoir puisque c’est un nouveau projet donc pas de pression de ce côté-là. On y retrouve en effet un ensemble de mes influences. Des crooners des années 50/60, à la variété fluorescente des années 80 en passant par le be-bop de Charlie Parker, le Seattle des années 90, et évidemment le gros son des groupes du désert.

Ta voix reste pour moi un des éléments forts de cet album, tu me disais être baryton/basse, voire même basse ? C’est très peu courant dans ce style. Ça accentue ce côté desert/sourthern rock (Jump In The Fire). Vraiment j’adore.

Oui, les voix graves ne font pas recette en ce bas monde. Il y a quelques exceptions mais, quand tu y penses, ce sont surtout les voix haut perchées qui auront marqué l’histoire de la musique. A quelques exceptions près, comme Johnny Cash ou Barry White. Attention, je ne dis pas qu’il n’y en pas, je dis juste que ce n’est pas forcément ceux dont on entend le plus parler. Evidemment, il y a Nick Cave, Lanegan, Tom Waits, Lee Hazlewood… Bref il y en a plein mais je ne suis pas certain que ce soit ceux dont on se souviendra. Peut-être que les gens ont besoin de pouvoir s’identifier à ce qu’ils écoutent et, dans l’ensemble, les voix graves sont moins courantes donc pas facile de s’identifier. J’en sais rien, en fait. Ca n’est qu’une théorie qui me vient là en te parlant. Elle vaut ce qu’elle vaut. Bref, on est des incompris. Haha.

Tu l’entretiens aussi à la clope et au jus de canne à sucre, si on en croit les photos de ton site. Tu sais que ce n’est pas le top pour la santé, tout ça ?

Ah bon, des photos ? Je ne vois pas de quoi tu parles. Pourtant je me suis pas mal calmé depuis quelques années. La clope en revanche, j’arrête pas d’arrêter d’arrêter d’arrêter...

Ta pochette est aussi assez années 80.

Haha. Oui, c’est un bon copain, Thomas Bihoré, qui a fait la pochette. On a galéré des semaines avant de trouver une idée qui nous plaise. On hésitait entre un truc inspiré des couvertures de magazines pulp des années 50 et un truc ambiance années 80, film B. On a mélangé un peu les deux et voilà ce qu’on a obtenu.

Est-ce que tu n’es pas aussi un peu stressé par le vieillissement et la mort ? Je suis curieux de connaître, par exemple, l’origine du morceau Seventeen ?

Je suis un hyper anxieux et le temps qui passe et la mort me hantent depuis que je suis gamin. Ensuite, te dire d’où me vient Seventeen, je ne sais pas trop. C’est l’histoire d’un ado qui tombe éperdument amoureux. Mais sa copine le trompe avec un de ses profs. Le gamin finit par les tuer tous les deux. C’est pas du vécu. Ha. Chanter "j’ai dix-sept ans" avec une voix de crooner vieillissant me paraissait provoquer un contraste intéressant. C’est une chanson très nostalgique, en fait. Qui chante un paradis perdu. La jeunesse.

La deuxième chose qui frappe à l’écoute de cet album c’est la qualité de tes compositions. Comment travailles-tu la composition ?

Je me force à enregistrer pendant plusieurs heures chaque jour. Ensuite, le miracle arrive ou non. Beaucoup d’heures passées à jouer pour pas grand-chose. Et puis tout d’un coup, quand tu t’y attends pas, il y a le déclic. Le riff, le groove, la mélodie apparaissent. Je compose chaque album avec un instrument différent. C’est pas par choix, c’est juste que ça se passe comme ça. L’album de Patrón a été en grande partie composé à la basse. Ensuite, je pose la batterie. Puis, j’enjolive avec de la guitare. Enfin vient le chant et c’est là que ça se complique. Je suis très perfectionniste avec le chant. J’ai vraiment besoin d’une mélodie qui me plaise et je suis assez difficile. C’est aussi pour ça que je n’écoute pas tellement de stoner. J’ai souvent l’impression que dans ce genre musical, le chant est la dernière roue du carrosse alors que pour moi le chant, c’est ce foutu carrosse. Il m’est arrivé de passer plusieurs années sur un même morceau avant de trouver la mélodie de chant qui me convenait. C’était le cas du morceau Double Disco sur l’album Double Disco Animal Style de Loading Data.

Certains morceaux sont des tueries, très groovy, Who Do You Dance For?, The Maker, She Devil notamment. Tu essayes de mettre l’accent sur cet aspect-là des compositions ?

Comme je te le disais plus tôt dans l’interview, j’écoute beaucoup de choses. J’ai beaucoup écouté les artistes de la Motown ou de Stax. Du bon rythm and blues, de la soul. Mais aussi beaucoup du jazz. Le dénominateur commun de toute cette musique c’est qu’elle groove, elle swing. Ou alors le rock n' roll des fifties. Pareil, c’est sexy, ça donne envie de te dandiner. Quand je commence à avoir envie de shaker mon booty en composant un titre, c’est bon signe, c’est que je suis sur la bonne voie.

Je remarque aussi que tu n’hésites pas à répéter les lignes musicales qui défoncent, ce qui accentue ce côté hypnotisant, c’est voulu ?

Ca c’est les restes de Walking On The Sidewalks du premier album de Queens Of The Stone Age. C’était en 1999. On était chez un copain à San Francisco et on venait d’acheter l’album car la pochette nous avait plu mais sans trop savoir ce qu’était que ce groupe. J’étais passablement défoncé. Arrive le morceau numéro quatre de cet album éponyme, et il y a ce riff entêtant qui dure et dure et dure… Je suis resté perché. Ca m’a marqué à jamais. Depuis j’adore ce côté hypnotique qui t’embarque presque dans une forme de transe. Au début de Loading Data, en live, je pouvais faire durer un riff comme ça pendant une éternité. Je l’aurais fait durer toute la nuit si j’avais pu.

Certains morceaux (Room With a View, Leave It All Behind) me font penser au style brut de décoffrage de Walking Papers que j’ai adoré. Connaissais-tu ce groupe avant de travailler avec Barret Martin ?

Oui, je connaissais mais surtout de nom. J’ai découvert plus tard. Excellent groupe ceci dit.

Avec le monde entier aujourd’hui en quarantaine, ce n’est pas facile de sortir un album, le contexte déjà compliqué est devenu impossible, j’imagine ?

On sort l’album via le label Klonosphère. La sortie est prévue le 24 Mai mais je ne te cache pas qu’avec tout ce qui se passe actuellement, ou surtout plutôt tout ce qui ne se passe plus, je me demande si c’est vraiment le moment opportun sachant qu’on ne pourra pas faire de dates pour promouvoir l’album, et la levée des restrictions n’est pas pour tout de suite, j’en ai bien peur. A suivre.

J’ai vu que tu avais un groupe live et des dates annoncées pour l’automne prochain, tu peux nous en dire un peu plus ?

Comme tu peux t’en douter, tourner avec les mecs de l’album s’avère très compliqué du fait d’emplois du temps surchargés. Si je voulais avoir une chance de défendre ce disque en live il fallait que je monte une autre équipe pour les concerts. C’est chose faite. Le seul qui est sur l’album et aussi en live c’est Aurélien. Il est à la guitare comme sur le disque. Ensuite se sont greffés au projet Simon Lemonnier à la batterie et Rob « Bobby Yikes » Hudson à la basse. C’est une bonne équipe, qui a bien compris l’esprit du projet et ce sont de solides musiciens. On a signé chez SOZ Concerts, tourneur néerlandais, assez récemment. On a déjà quelques dates qui sont tombées pour la fin de l’année. On devait aussi tourner avec Alain Johannes au mois d'avril mais tout a bien entendu été remis à plus tard. Il semblerait que les dates avec Alain soient reprogrammées pour octobre finalement. Donc si tout va bien, on a en effet quelques dates en vue à la rentrée.

Tu sembles toujours partagé entre la France et les USA, cette double vie continue de te plaire ?

J’ai grandi aux Etats-Unis. C’est ma deuxième patrie. Je parlais anglais avant de parler français, c’est donc normal pour moi d’y passer du temps. Mes plus vieux amis sont là-bas. J’ai la chance de partager ma vie avec quelqu’un qui a le même goût que moi pour les USA donc ça ne pose aucun problème, d’autant qu’elle est artiste aussi et peut donc disposer de son temps comme elle le souhaite.

Penses-tu pouvoir aussi tourner un jour aux USA avec ce nouveau projet et certains de tes invités ? Cela serait-il un de tes rêves ?

J’y compte bien. Avec toute l’équipe de l’album, je ne pense pas. Peut-être pour un titre ou deux sur une date ou deux? Qui sait ? Mais j’aimerais surtout y aller avec le groupe que j’ai actuellement.

En attendant que tout ça se tasse et que je puisse te revoir sur une scène, prends soin de toi et merci.

Toi aussi. Stay home ! A bientôt, j’espère. Et merci.

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