Abinaya

Interview date

26 Mai 2014

Interviewer

philippec

I N T E R V I E W

Interview Igor Achard (par Facebook)


Bonjour Igor. Il s'est passé cinq ans entre "Corps" et "Beauté Païenne" est-ce voulu ?

On s'est simplement donné le temps de composer et jouer les titres qui nous plaisaient vraiment ... On n'a pas voulu de précipitation et rendre un travail moyen à l'arrivée. On sait qu'un album est une oeuvre qui t'accompagne toute une vie, autant la réussir au mieux possible. Nous voulions également des titres plus longs et complets que sur "Corps", avec plusieurs ambiances emboîtées, ce qui exige forcément du temps de mise en place.

Pendant cette période vous vous êtes entourés de nouvelles personnes pour la promo (Dooweet, Réplica), qu'est-ce que cela a changé pour le groupe ?

En fait , on a déjà travaillé avec Roger de Réplica pour "Corps". On avait apprécié son efficacité et son professionalisme dans la promo, donc dès la fin du mixage de l'album, je lui ai fait parvenir les premiers sons, et il m'a tout de suite dit "ça sonne mortel, impatient de créer le buzz !". On a connu DOOWEET peu avant l'enregistrement, et en fait, pour le moment on travaille surtout avec Roger Wessier pour la France pour ne pas créer de doublons. Le Label anglais Two Side Moon nous aide pour l'Angleterre.

Pour ce nouvel album, j'ai l'impression que la promo se passe bien. Comment sont les retours ?

La promo se passe vraiment bien pour le moment, surtout pour la presse écrite en France comme au Royaume Uni, en Italie ou en Grèce : de ROCK HARD mag à METALLIAN et passant par TERRORIZER Mag, ZERO TOLERANCE Londres ou même Le PARISIEN, les retours sont excellents et on est déjà présents dans 2 CD samplers des mags anglais, ce qui est plutôt rare pour du chant en français. Un peu de presse metal américaine comme Shockwave Mag, ça commence aussi à bouger.

Peux-tu m'expliquer comment et par qui ont été composées les chansons de "Beauté Païenne" ?

Pour les musiques, on a partagé le travail d'écriture avec Nicolas Vieilhomme, le batteur : j'amène les accords, le canevas mélodique de l'ensemble des titres et Nicolas pose ses rythmiques dessus, et réarrange ainsi la couleur des morceaux. Ça a été un travail vraiment complémentaire, très agréable à mettre en place : pas de plus grande satisfaction que sortir de studio avec Nico en sachant qu'on tient un titre qui arrache ! Pour les textes, en général, je compose l'ensemble, parfois au dernier moment sur les bureaux de l'ingé son ... Le titre "Nord - Sud" a eu une histoire différente : Nicolas Heraud, aux percussions, avait un bon texte à placer, André le bassiste avait une bonne accroche en intro ; j'ai donc amené des riffs qui collent au mieux avec tout ça, et on a réarrangé le tout avec K. Pandele.

Sur ce nouvel album, on sent un vrai travail de fond sur le son, peux-tu m'expliquer comment s'est passé l'enregistrement et où ?

Notre ingé son est toujours le même que pour "Corps", Kevin Pandele. La seule différence est qu'il est parti de Paris pour créer son studio à Philadelphie, le Damage Room Studio, il a donc fallu le rejoindre, ce qui a été une excellente chose, nous permettant de travailler dans un autre cadre, un autre air, ce qui est bénéfique pour ne pas tourner en rond. Nous voulions retrouver K. Pandele pour la qualité de sa production et la précision de son travail.

Pour le son, la Les Paul Gibson Standard - je collabore avec la firme Gibson France depuis "Corps" - a fait l'intégralité du travail, mais on a adopté des têtes ENGL, plus précises et brillantes que les Marshall Lead 800 Kerry King que j'utilise en live. On a beaucoup travaillé les sons des percus aussi, cherché quelques samples de chants mongoles ou du Moyen-Orient pour créer des ambiances nouvelles. On a utilisé des Whammy sur les rythmiques lourdes. Le rendu en effet est plus travaillé et moins brut que "Corps".

Peux-tu nous raconter l'ambiance de "Beauté Païenne" track by track ?

"Beauté Païenne" est un titre spécial à jouer, c'est toujours un plaisir où on oublie la technique, ça a été le premier composé d'ailleurs, il donne vraiment le ton général de l'album, fureur et mystique.

"Arawaks" est le plus tribal de tous les titres, court mais exigeant aux guitares car il demande une mise en place précise entre riffs plombés, silences et solos.

"Haine" est orienté dans la fureur, avec une pointe Hardcore, simple et efficace, il ouvre généralement notre set.

"L'Epitaphe" est certainement le plus abouti mélodiquement, avec une touche nordique dans le riff de base, et un chant plus posé et sombre, une attaque en voix rugueuse ne convenait pas ici.

"Nord- Sud" est le plus Southern metal de tous avec harmonies sifflantes et intro au hachoir, un titre qui calme en général.

"Le Noir Soleil" est un titre spécial, hors norme dans l'album, sombre, basé sur les sensations d’hôpitaux et de blocs opératoires, infiltré par les sédatifs et les calmants... un titre que les journalistes de Rock Hard Italie ont rapproché d'Alice in Chains, ce qui nous a fait plaisir !

"Almées" est un mid-tempo, aux relents orientaux, une prolongation pour les textes d'"Enfant d'Orient" de l'album précédent, avec une ondulation en fin de morceau agréable à jouer et à chanter.

"Le Nouvel Insurgé" repart et termine l'album dans la fureur avec une base tribale et thrash, l'un des titres les plus furieux en live.

Comment as tu choisi les thèmes de tes chansons (j'adore "L’Épitaphe") ? Parle nous aussi de "l'Insurgé", peu de personnes se rappellent de Jules Vallès.

"L'Epitaphe" est une histoire classique, d'amour déçu, mais traité sur un mode onirique. J'ai lontemps vécu à huit cents mètres du Père Lachaise à Paris, c'est un cimetière unique, avec tant de célébrités qu'il ne peut que t'inspirer de la poésie. Ce titre est lié à ce lieu, où j'ai imaginé une femme écrivant ton propre nom sur une pierre tombale signifiant par là la fin de ton amour... un titre sur la mort et certainement aussi, avec l'accélération rythmique de la fin, une forme de résurrection, lorsque tu sais que ton Amour est mort, et que la vie peut revenir.

Curieusement, et c'est involontaire, le "Nouvel Insurgé" est aussi lié au Père Lachaise, car du côté ouest se trouve le Mur des Fédérés dont un pan mitraillé a été conservé. Ici sont morts par la mitrailleuse 147 Communards en 1871 avec une fosse creusée devant eux.. Jules Vallès a été un communard célèbre, tout sauf marxiste d'ailleurs , il se réclamait, lui, de Louise Michel, Varlin et d'autres, des réformes qui avaient trente ans d'avance : Education gratuite et -sacrilège odieux pour les bien-pensants ou réactionnaires de l'époque comme Thiers qui les a fait massacrer- un impôt sur le revenu... Jules Vallès a pu s'enfuir in extremis, déguisé en infirmier et passer à Londres. Son roman autobiographique "L'Enfant et L'Insurgé" racontent son parcours. Un personnage vraiment unique, droit dans ses convictions, sans idéologie fumeuse et sans compromission. Bien entendu, ce titre de l'album évoque aussi les réactionnaires d'aujourd'hui qui ont remplacé la peur du prolétaire par la peur de l’étranger, et qui au vu des résultats électoraux se multiplient entre eux...

En plus de ces superbes compos, "Beauté Païenne" bénéficie d'un superbe artwork, avec qui avez-vous travaillé ?

Merci ! Avec Vincent Fouquet de Above Chaos design Studio. Il nous a réellement beaucoup apporté dans le sens où il a compris notre univers pour le retranscrire dans ses graphismes, ce mélange de paganisme tribal, oriental, antique et de révolte. Vincent, qui travaille aussi pour Loudblast, Silent Opera, le Hellfest est un artiste vraiment efficace, disponible et ouvert à toute idée, même la plus délirante !

vous avez fait quelques dates depuis la sortie de votre nouvel album, comment se passe l'accueil des nouveaux titres en live ? Avez-vous prévu une tournée ? Des festivals ?

Oui, depuis début avril, on a déjà joué au Chaulnes Metal Fest avec M-Pire of Evil et Napalm Death au RockMetalCamp avec Elixis, Belenos, Kerion. L'accueil a vraiment été super, les nouveaux titres sont rageurs, taillés pour le live et nous permettent de partager la scène le 25 juin prochain avec The Black Dalhia Murder au Grillen de Colmar et de caler avec une agence de booking londonienne une tournée de 7 dates du 21 au 30 octobre de Londres au Pays de Galles. D'ici là, d'autres festivals vont arriver dont deux près de chez vous, le JSP Metal Fest à Saint Vallier le 14 juin puis, certainement à Peymeinade, mi octobre.

Je te remercie pour cet entretien, je te laisse carte blanche pour le final !

Ok ! Un grand merci à Philippe Comodini qui nous soutient depuis les débuts, dans des situations parfois héroïques (souvenirs épiques : à Nice avant une date au Sézamo), à "Aux Portes du Metal" toujours présent à nos côtés aussi, au public du Sud et d'ailleurs, qu'on attend nombreux pour les prochains Fest à venir et avec qui on va casser de la tôle !!

 

 


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