Apocalyptica

Interview date

10 Juin 2010

Interviewer

Ostianne

I N T E R V I E W

Interview Mikko Siren (par téléphone)


"7th Symphony" sortira cet été. Penses-tu que ce soit une bonne période pour sortir un album ?

Je ne sais vraiment pas ce qu'est une bonne période pour sortir un album. (Rires). Mais il fallait que nous le fassions comme ça, parce que l'album était fini, on avait travaillé, tout était fait, tout était prêt. Et puis nous avons du penser à la date de sortie. Au final, c'était très logique pour nous de le sortir à cette période là.

"7th Symphony", septième album, je suppose que ça a un rapport !

C'est évident, sans contestes. (Rires). Et je pense que pour le nom, nous y avons pensé et nous sommes dits que c'était un véritable album, pas une suite de chansons sans rapport entre elle. C'était un processus important quand nous écrivions l'album, pour faire un album qui racontait une histoire, ce qui fait que quand tu le mets dans la chaîne, tu écoutes juste les chansons et tu ressens différentes émotions, différents sentiments. Et à la fin, c'est comme un tout, donc c'est la structure de l'album.

Et on parle souvent du chiffre sept comme d'un chiffre sacré ou qui évoque un cycle. Vous y avez pensé quand vous avez écrit l'album, qu'il serait la fin de quelque chose ou vous n'êtes pas du tout superstitieux ?

Je ne pense pas. Et moi, je suis la personne la moins superstitieuse du monde. Je suis sceptique face à tout ça. Quand on a écrit l'album, nous n'avions pas encore le titre, c'est quand nous avons fini de tout écrire, bien sûr à ce moment là, nous avons commencé à y penser. Bien sûr, l'idée était d'appeler cet album comme nous l'avions déjà fait auparavant, avec "symphony" dans le nom. Mais pour moi, le chiffre sept n'a aucune signification particulière.

Sur la pochette, il y a les mêmes ailes que sur "World Collide". Etait-ce un moyen de dire que c'était la suite logique de l'album ?

Oui. Nous avons eu cette idée, d'avoir un crâne, des ailes et des violoncelles sur cette pochette. Et nous voulions utiliser la même scène et nous sommes vraiment très content de l'artwork de l'album, c'est beau. Nous allons aussi utiliser ça dans nos vidéos. Et nous avons eu cette idée de faire quelque chose comme un cycle, et toutes les vidéos seront toutes connectées. Et nous allons réutiliser la créature qui est sur la pochette, et l'inclure dans les trois vidéos. Je pense que notre musique est très cinématographique et c'est aussi important pour nous de montrer cet aspect visuel de notre musique. Et que ce soit l'artwork de l'album ou la vidéo du premier single, elles sont supers et elles mettent vraiment notre musique en valeur.

Vos producteurs sont Joe Baressi et Howard Benson. Pourquoi avoir fait appel à eux ?

Quand nous pensions à cet album, plusieurs options s'offraient à nous pour les personnes avec qui nous voulions travailler. Joe Baressi en faisait partie. Nous voulions vraiment avoir quelqu'un qui avait une vraie perspective de la musique metal et nous voulions un producteur qui bosse dans le metal. Nous voulions quelqu'un avec un vrai bagage musical. Il y a tant de groupes qu'il a produit, c'était une option très cool donc nous l'avons choisi. Et il sait aussi faire différents sons de guitares avec les violoncelles et d'autres choses de ce genre. Il est très familier avec ce genre de choses et nous attendions beaucoup de lui à ce niveau-là. C'est un choix génial. Quand il a rejoint le groupe, il doutait. Nous avions ces deux chansons avec voix qu'il a produite, nous avons du décider de ce qui serait le mieux pour les morceaux, surtout pour les voix. Il peut être parfois difficile de s'occuper des voix. Quand tu chantes en studio, ça peut être très intimiste, il n'y a que deux personnes : celle qui enregistre et celle qui chante. Les chanteurs peuvent vraiment faire ressortir le meilleur d'eux-même quand ils travaillent toujours avec la même personne. Donc, comme ils ont tous travaillé avec Howard, nous avons pensé que nous retirerions le meilleur des chansons si nous travaillions avec Howard, car ils le connaissent tous. C'était une super expérience, son studio est proche de celui de Joe et Joe a déjà travaillé chez Howard. Mais ce sont deux personnes totalement différentes.

Comment le groupe est-il entré en contact avec les invités présents sur cet album ?

Il y a des histoires différentes à propos des chanteurs. Mais par exemple, pour Garvin, le groupe a déjà travaillé avec lui en 1998 ou 1999, quand le groupe a fait une reprise d'une chanson de Bush, donc il est revenu. Quand nous avons fait cette chanson, "The End Of Me", nous nous sommes demandés qui serait le mieux placé pour être le chanteur, et quelqu'un, je ne sais plus qui, a parlé de Rossdale, et c'était finalement évident, puisqu'il fait partie de la famille, un peu comme un autre membre. Donc, nous le lui avons demandé et il était très content de la faire. Je pense que, dans ce sens, c'est une super chanson. Et Brent de Shinedown, nous l'avons rencontré il y a quelques années, nous faisions un festival ensemble. Et c'était une bonne chose de le voir jouer en live, voir comme c'est un bon chanteur. Et pour cette chanson, nous voulions vraiment un chanteur fort, et je pense que Brent est l'un des meilleurs chanteurs du monde dans ce style musical. Et il aimait vraiment ce que nous faisons, donc, il était génial et vraiment en connexion avec nous.

Il semble que sur chaque album, vous invitez de plus en plus de personnes. Pourquoi ?

Je pense qu'il y a le même nombre d'invités que la dernière fois. Mais je pense que la raison pour laquelle nous avons des invités est une situation exceptionnelle : tu peux travailler avec les personnes les plus qualifiées dans leur chant. C'est vraiment une très bonne expérience, car travailler avec ces gens, à chaque collaboration, ils donnent tellement donc on grandit en tant que musicien et en tant que groupe. Et on ne demande pas à quelqu'un de nous rejoindre juste pour s'amuser. Si on fait une demande, c'est parce qu'on a besoin de lui ou d'elle. Et cette fois-ci, nous avons fait des chansons pour lesquelles on sentait qu'il fallait vraiment des invités et des personnes complètement différentes qui s'investissent comme Joe de Gojira ou Lacey Sturm de Flyleaf qui sont complètement différents et qui sont sur des chansons différentes aussi. Donc, nous avons senti que certaines chansons seraient encore meilleures si nous avions ces personnes avec nous.

Et comment vas-tu jouer les parties de Dave Lombardo sur scène ?

Comment je vais le remplacer ? Il n'y a pas moyen ! (Rires). Il s'est déjà investi dans un album, donc il n'y a rien de nouveau de ce côté-là, et il joue une chanson avec nous sur chaque album. Et cette fois, nous avons eu différentes idées et nous nous sommes dits qu'il fallait les essayer. Nous avons essayé, nous avons installé deux batteries dans la même pièce, j'ai joué avec Dave et c'était super. En fait, cette fois-ci, il a été l'un des compositeurs, nous avons pensé que nous n'avions pas de chansons vraiment prêtes quand il est entré en studio. Il n'y avait personne d’autre que lui et moi, nous avons eu quelques idées sur ce que nous devions faire, nous avons commencé à jouer de la batterie et toute la structure de la chanson a été créée par Dave et moi. Il est débordant de joie, il aime jouer de la batterie. Quand nous étions dans le studio, il a créé des rythmes incroyables. Nous sommes un groupe qui a la chance de jouer avec les gens que l'on veut. C'était vraiment impressionnant.

Les chansons sans invités sont plus douces que les autres, sauf "The Gates Of Manala" et "Rage of Poseidon" qui sont plus metal. Comment expliques-tu cela ?

(Rires). C'est assez difficile à expliquer. Les deux chansons dont tu parles sont vraiment dures, et pour moi, elles sont progressives. Et elles sont aussi un peu comme les anciennes chansons d'Apocalyptica. Quand nous avons fait cet album, nous nous sommes beaucoup tournés vers ce que nous avons fait avant, pour avoir cette atmosphère vraiment sombre qu'il y avait sur "Cult". Pour celles que tu as mentionné, je pense que ce sont des âmes soeurs en quelque sorte, ce sont des chansons progressives qui vont complètement dans la direction que nous souhaitions. Nous tous, nous voulions l'Apocalyptica présent. Et pour revenir à "Beautiful" par exemple, quand nous avons enregistré cette chanson, c’était beau, dénué de fioritures, sans distorsions, juste une belle chanson, et il y a ces quelques chansons, qui sont des morceaux différents. Je pense que "2010" est une chanson assez dure, Dave Lombardo joue dessus. C'est peut-être parce que les invités ne sont tout simplement pas des personnes timides.

Comme tu parles de "2010", pourquoi un titre qui veut tout et rien dire à la fois ?

Oui. Nous sommes tous d'accord pour ne pas expliquer les titres, surtout celui-là. C'est chouette que tout le monde puisse le voir de manière différente. Et j'ai cette théorie que, si quelqu'un y voit quelque chose, une autre peut voir en un titre quelque chose de complètement opposé et créer une question à laquelle la réponse a une signification pour chacun. Je trouve que c'est ça qui est cool dans le fait de faire ce genre de titres de chanson.

Même s'il n’y a pas de paroles sur certaines chansons, je suppose qu'il y a un sujet qui existe à travers la musique en elle-même. Peux-tu nous dire quels sont les sujets de cet album ?

Je pense qu'en général ça parle de ce que tout le monde connaît, les difficultés que l'on rencontre, vivre avec l'amour et le perdre. Et puis, nous voulons aussi aller dans les émotions profondes comme dans les chansons metal. On voulait vraiment une chanson très profonde. On veut vraiment prendre les gens par l'émotion et nous n'avons pas peur de faire des chansons comme celles-ci qui sont sombres. Nous voulons parler des épreuves difficiles à traverser pour les gens. C'est ce qui ressort le plus dans cet album.

Même si tu n'es pas dans le groupe depuis le début, d'après toi, qu'est-ce qui a le plus changé dans la musique d'Apocalyptica depuis que le groupe a commencé à composer jusqu'à maintenant et ce nouvel album ?

Quand le groupe a commencé en 1997, personne ne pensait que ça deviendrait un vrai groupe. C'était juste pour se faire plaisir. C'est juste une histoire d'excitation, et depuis toujours, la chose principale a été de ne pas nous restreindre nous-même. Nous sommes capables de changer si on sent qu'il le faut. Assez souvent, les gens ont peur qu'un groupe fasse ce qu'il a toujours fait, pour nous par exemple, c'était de n'utiliser que des violoncelles en faisant des reprises. Maintenant, on joue de la batterie, je pense que c'est une situation unique. Au lieu de faire toujours la même chose, il vaut mieux avancer et trouver une solution pour renouveler ta créativité, ce qui implique que tu ne fais plus ce que tu faisais avant. Je pense que c'est ce que nous faisons tout le temps maintenant. Maintenant, c'est un vrai groupe, c'est quelque chose que personne n'imaginait au début.

Et penses-tu qu'Apocalyptica refera un album de reprises, ou c'est définitivement fini et vous n'en ferez que quelques unes sur des albums ?

En fait, il n'y a aucune règle à ce niveau là. Si nous voulons faire une reprise, on la fait. Sur le dernier album, nous avons fait une reprise sur laquelle nous avons vraiment travaillé. Sur celui-ci, il n'y en a aucune. Je suis certain que quand ça viendra, quand on trouvera la bonne manière de la faire, on la fera. Je pense que nous sommes bien plus intéressés par le fait de composer nous-même notre musique, les reprises ne sont plus ce que nous aimons faire. S'il y a une chanson qu'on sent bien, comme "Heroes" de David Bowie, sur "Helden", et même si c'est la même chanson, elle est complètement différente. Pour celle-ci, on a senti qu'on pouvait faire quelque chose d'unique et spécial. Mais on ne ressent plus de passion dans le fait de faire des reprises. Dans les concerts, on en a un peu fait le tour, on fait des petites sessions avec seulement des reprises. Bien sûr, sur scène, tu peux le faire, mais un album entier de reprises, je ne pense pas.

Quand les gens décrivent votre musique comme du metal symphonique, est-ce que ça vous parle ou vous pensez que vous ne faites absolument pas ce genre de musique ?

Je suis trop mauvais pour classifier la musique, pour dire si c'est du metal ou plutôt de la musique rock. Si quelqu'un aime nous donner ce genre de nom, je ne peux pas vraiment dire grand-chose, je suis vraiment mauvais à ce jeu. Il y a des lignes douces et classiques et il y a aussi des éléments metal, donc je pense que le metal classique nous définit vraiment bien.

Certaines de vos chansons ont été choisies pour des jeux vidéos ou des musiques de film. Est-ce quelque chose dont le groupe est fier ?

Oui, bien sûr. Nous avons travaillé avec beaucoup de personnes et d'artistes différents. Ils ont utilisé notre musique dans beaucoup de choses différentes. C'est vraiment chouette si quelqu'un trouve de l'inspiration dans notre musique. Et nous trouvons de l'intérêt dans leur travail aussi. Et si un réalisateur de film utilise ce que l'on fait, je pense que c'est un super compliment pour nous.

Le groupe a vendu quelque chose comme quatre millions d'albums et est entré dans plusieurs top dix en Europe. Est-ce que cela a un impact sur votre façon de voir votre musique ?

Je mentirais si je disais que ça n'avait pas eu d'effet, même pour moi, qui a rejoint le groupe tardivement et que le groupe était déjà reconnu. (Rires). Il y a une chose à dire sur cette situation. C'est qu'on a beaucoup travaillé et avec tant de personnes qui sont super bonnes dans ce qu'elles font, ce sont des grands artistes et nous avons travaillé si dur et nous sommes honnêtes dans le travail que nous faisons, il y a tant de personnes qui se sont investis dans nos projets. Et soudainement, les gens qui sont nos idoles aiment aussi ce que nous faisons. Et ça, c'est quelque chose qui est génial.

Qu'as-tu pensé quand Apocalyptica t'a demandé d'être le nouveau batteur ?

Quand ils m'ont appelé, la première chose que j'ai dite c'était : ça doit être une erreur. Parce que je ne me vois pas comme un batteur metal, même si je peux faire ce genre de choses. Et les mecs savent comment convaincre les gens (rires) et ils ont aussi dit qu'ils ne cherchaient pas un batteur de metal traditionnel. Et quand je suis allé aux répétitions, ils étaient ouverts à ce que je proposais, ils étaient d'accord avec mon approche de la musique. Mais la première chose que j'ai pensé, c'était : c'est un mauvais numéro, je ne peux pas faire ça ! Cela doit être une blague !

Y a-t-il une chanson du nouvel album que tu attends avec impatience de jouer sur scène ?

Il y en a quelques unes, quelques unes sont vraiment faites pour les concerts, pour que les gens prennent du plaisir et certaines sont vraiment changeantes. Je suis sûr qu'elles vont toutes être super, mais je dirais "The Gates of Manala" et "Rage of Poseidon", parce qu'elles sont intéressantes et très progressives, elles ont des rythmes différents.

Et pour finir qu'as-tu à dire pour finir cette interview et pour rendre les gens encore plus impatients d’écouter l'album ?

Je peux juste demander aux gens d'écouter le nouvel album et je suis assez optimiste sur le fait que les gens seront contents du nouvel Apocalyptica. Ils vont écouter du thrash metal et des choses venant plus de la musique classique. Et je pense que c'est ce qu'est Apocalyptica aujourd'hui.