Arcania

Interview date

20 Octobre 2012

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I N T E R V I E W

Interview Cyril et Olivier en face à face


Bonjour et merci d'accorder cette interview au webzine "Aux Portes Du Metal" ! Déjà deux ans que "Sweet Angel Dust" est sorti, un bilan ?

Cyril : Et bien on est content ! On a enregistré en 2009, l'album est sorti en 2010, ça a mis du temps à faire le bouche à oreille, mais on se rend compte depuis un an que ça commence à prendre forme, on se rend compte que les gens commencent à s'intéresser à nous et ça fait plaisir.

Quelles ont été les critiques, les ventes ?

Cyril : On a eu beaucoup de bonnes critiques, surtout sur webzine, on en est très content. On en a eu quelques unes moins bonnes, mais ça fait partie du jeu ! On est vraiment satisfait des retombées. C'est cool !

Comment s'est passé l'enregistrement et combien de temps a-t-il duré ? (arrivée d'Olivier, petit bordel passager, et je repose ma question, à Olivier cette fois ci)

Olivier : Pour ce qui est des batteries, ça a duré une semaine / cinq jours à peu près, pareil pour la guitare rythmique. On a enregistré la basse sur deux jours, et les solos en deux heures ! (rires).

Cyril : ça a été étalé entre février et avril, parce que le temps de retoucher les batteries etc..., on n'a pas enregistré non-stop. On enregistrait par-ci par-là, on s'est arrangé avec David Potvin (Lysanxia, One-Way Mirror) au "Dome Studio". On en garde un très bon souvenir.

Je me demandais s'il était possible de trouver vos anciennes démos...

Cyril : Pas les anciennes, on vend les démos qui nous restent en concert, sur le stand. Il ne nous reste que celle de 2004, éponyme, qu'on avait faite avec Mathieu de Gorod. A l'époque où Gorod n'était pas encore connu... Et il y a les autres démos, plus vieilles, qu'on ne vend plus. Mais ça me plairait de pouvoir réenregistrer certains vieux morceaux à l'avenir, après notre prochain album par exemple, de pouvoir rejouer et enregistrer à nouveau les tout premiers morceaux d'Arcania.

Justement, cet album, pour quand est-il prévu ?

Olivier : On va enregistrer début 2013, et on espère le sortir fin 2013.

Dans quel studio ?

Cyril : On se tâte. Le premier studio dans lequel on a enregistré, c'était à Bordeaux avec Mathieu de Gorod, son label c'était Bad Records. On s'entend très bien avec lui mais on hésite entre enregistrer avec lui ou avec David de Lysanxia. On hésite parce que David a une approche très rythmique et très découpée des morceaux.

Olivier : Très Metal Moderne.

Cyril : Et Mathieu à une approche plus mélodique, plus expérimentale. Il laisse plus de place aux émotions et cetera. Donc on se tâte un peu...

Votre premier album est sorti chez Great Dane Records, vous comptez en changer ?

Cyril : Hum, on ne sait pas... On va peut-être viser plus gros. Great Dane, ça a été une très bonne expérience, ils nous ont permis de distribuer l'album dans les Fnac etc..., on n'a aucun souci avec eux. Maintenant, on va voir si on peut trouver quelque chose d'un peu plus gros. Chez Great Dane, ils sont toujours intéressés par le deuxième album, donc si toutefois on ne trouvait rien... Donc on verra. Si on pouvait agrandir un peu la distribution, ça serait pas mal.

Quels ont été vos sources d'inspiration, les thèmes de l'album ?

Cyril : A l'époque, on a beaucoup été inspiré par Metallica, Testament, tout ce qui était le Thrash mélodique des années 80. C'est une grosse source d'inspiration. Maintenant, il y a une évolution musicale entre "Sweet Angel Dust" et le nouveau. On a un peu raccourci les morceaux, de manière générale. Ils sont plus techniques, mais on essaie de garder l'aspect mélodieux/mélodique très présent (sur "Sweet Angel Dust", ndlr). Les thèmes de "Sweet Angel Dust" était axés sur le souvenir, les émotions refoulées.

Donc vos influences : vous avez cité Metallica...

Cyril : à l'époque oui, maintenant on s'est plus ou moins détachés : sur "Sweet Angel Dust", il y a des morceaux qui datent de 2005-2006, une époque un peu charnière. Il y a eu le décès de notre batteur, Gabriel, ça c'est mal passé avec le remplaçant, Yohann Billault, mais finalement c'est lui qui s'est occupé de l'artwork de "Sweet angel Dust", donc au final, on s'entend bien. Mais à cette époque, je composais plus pour moi, pour continuer à composer. Mais les morceaux de cette époque, avec le recul, me plaisent, moins. Sur le nouvel album, on prend le temps de bien faire les choses.

Olivier : Ce sera plus dynamique, plus axé rythmique. Assez speed en fait.

Cyril : En fait, "Sweet Angel Dust", en ce qui me concerne, je voulais que ça soit une sorte de pavé indigeste. J'aimais bien l'idée que les gens puissent se dire qu'il n'est pas facile en première écoute. Pour le nouveau, ce n'est pas qu'on le veut plus facile en première écoute, mais on l'a plus axé sur la technique tout en essayant de faire en sorte qu'il soit plus mélodieux. C'est assez paradoxal, d'essayer de faire plus technique, et de vouloir que les refrains restent plus en tête. On a plus pensé aux lignes de chant, ce genre de choses... Mais on ne peut pas encore dire exactement à quoi ça ressemblera, on n'est pas encore dans la phase d'enregistrement, mais on sait à peu près ce qu'il en ressort.

Olivier : mais il sera plus énervé que "Sweet Angel Dust" !

Cyril : Oui il est en colère celui-là ! (rires). C'est un album plus colérique.

Quelles ont été les étapes marquantes de votre histoire ?

Cyril : Il ya eu le décès de Gabriel, notre batteur, en 2003. C'était une période marquante au niveau émotionnel. Le groupe aurait pu s'arrêter à ce moment. On était des potes de primaire, donc on se connaissait depuis longtemps... Olivier et Nico sont moins marqués par ça, vu qu'ils sont arrivés après. Mais Arcania existait depuis plus longtemps sans lui, donc on a voulu continuer. Et on ne regrette pas vu comment on rigole avec les gars aujourd'hui ! Mais on pense toujours beaucoup à lui, avec Guillaume. Sinon, comme événements marquants, il y a eu le Hellfest, des choses comme ça... Olivier n'aura pas les même choses marquantes que moi, c'est différent.

Olivier : Déjà je suis le plus jeune du groupe, donc j'ai une approche différente. Mais sur le plan personnel, ça permet de pas mal te motiver, te donner à fond pour le groupe, que ça soit au niveau financier, au niveau du temps. Ça te donne des ressources. Arcania... ça permet de te booster le cul quoi !

Cyril : On a eu beaucoup de chance aussi. On aurait pu arrêter à pleins de reprises parce que ce n'est pas facile de trouver des bons musiciens. On ne trouvait pas de bons batteur sur "Anger" et Olivier, il avait seize ans à l'époque, nous on avait dix-neuf / vingt ans. Ça fait une grosse différence, c'est pas évident au début... Mais avec Guillaume, on s'est dit "avec Olivier, la batterie, c'est certain !" ( rires ). Ensuite on a eu beaucoup de chance avec Nico Alberny, alias "Michel", parce qu'on ne trouvait pas de bon guitariste sur "Anger" et il a apporté un gros plus. Il est arrivé pendant l'enregistrement de "Sweet Angel Dust", qu'on enregistrait à trois, et donc sa place sur l'album en est réduite. Il a juste eu le temps d'enregistrer quatre ou cinq solos, ce qui était un peu frustrant. Sur le prochain album, il aura un peu plus de place. Enfin on va voir... Entretemps il est parti, il ne s'est consacré qu'à Gorod, mais il est revenu parce que c'est un bon pote ! (rires)

J'allais justement parler de Gorod, comment vous vous organisez avec Nico qui joue dans les deux groupes ?

On a eu pas mal de chance dernièrement, déjà car on s'entend très bien avec Nico, même quand on faisait des concerts de merde, ça se passait bien et il y a des tas de groupes qui auraient pu arrêter à cause de ça. Et quand Nico se consacrait uniquement à Gorod, on a pu s'arranger avec Nico Beleg de Pictured.

A part Nico Alberny qui fait partie de Gorod, il y a d'autres membres qui font partie d'un autre groupe ?

Cyril : Il y a Guillaume qui a un projet pour déconner avec le chanteur de Trepalium, qui s'appelle Food 4 Worms. On en parle juste parce que ça fait bien de dire qu'il y a le chanteur de Trepalium, mais maintenant tout le monde s'en bat les couilles ! (rires). Moi et Olivier, non, à moins qu'il nous cache des choses ! (rires)

Quelle est votre formation musicale ?

Cyril : Moi, zéro...

Olivier : Je n'ai pas été en école musicale mais j'ai suivi le cursus solfège pendant huit ans. Et sinon, j'ai étudié la batterie, en particulier la caisse claire, du Jazz et voilà... Après j'ai appris le metal en autodidacte.

Cyril : Et Michel (ndlr : Nico) lui sort du M.A.I ( Music Academy International ), il l'a terminé. Il est prof de guitare, donc à priori, il s'y connaît ! (éclat de rires). Bah disons qu'il connaît les accords, les gammes, tout ça... Il est prof de guitare. Guillaume est prof de basse aussi, il enseigne dans une école à Tours. Il a suivi tout un cursus solfège, classique. Il a commencé tout petit en jouant du saxophone. C'est la honte alors écris le ! (rires aux éclats), et en ce qui me concerne, zéro. Mais je le regrette, parce que j'aurais peut être pu faire des choses là-dedans.

Quels sont vos projets à venir ?

Olivier : bah pour le futur, on va déjà assurer le plus possible le prochain album, c'est un challenge, et ensuite pourquoi pas une tournée, assurer une bonne promo du second album.

Cyril : c'est ça, en premier lieu on enregistre l'album, ensuite on tourne. Le truc, c'est qu'on a déjà des propositions de tournée, par exemple pour la dernière de Gojira en Europe, mais c'est pas si simple, il faut payer. Donc nous on ne peut pas se permettre de débourser dix-douze mille euros pour partir sur une tournée de Gojira par exemple. C'est pour ça qu'on ne fait pas de tournée. Pourtant on nous en propose régulièrement, comme à beaucoup d'autres groupes. Le problème d'une tournée, ce n'est pas une question de talent, de qualité etc... c'est une question de compte en banque ! Donc on ne fait que quelques dates isolées... Mais je pense que pour la sortie du prochain album, on fera une petite tournée française, on fera des petites dates d'affilée, quelque chose de plus sympa que pour "Sweet Angel Dust".

Qu'est ce que vous écoutez comme musique actuellement ?

Olivier : en metal, il y a le dernier Enslaved, le dernier Kreator. Et sinon, pas mal de classique, Franz Liszt, Radio classique, France Musique...

Cyril : Eh bien tu ne vas pas me croire, mais ce que j'ai dans mon auto-radio en ce moment c'est un album de Charles Aznavour ! Sinon le dernier CD que j'ai acheté, c'est le dernier Testament, qui m'a déçu sur le coup et que finalement j'aime bien. Il y a des bonnes choses, et j'aime beaucoup Testament, donc je continue à acheter des albums, par soutien. Sinon c'est Aznavour. On écoute de tout en fait !

Olivier : Ouais c'est clair ! Donc moi j'aime bien la chanson française, mais les gars y sont allergiques. Gainsbourg, j'en suis très fan. Sinon, tout ce qui est chant lyrique, symphonie et tout ça, en classique on est assez ouvert.

Cyril : Après, ce ne sont pas des choses qui se retrouvent dans la musique, ce ne sont pas forcément des influences.

Pourquoi avoir appelé votre groupe "Arcania" ?

Cyril : C'est mon frangin qui avait proposé ça. On avait treize ans, c'est une époque où on était fan de Warhammer, tout ce qui avait un rapport avec les jeux de rôles et compagnie. J'avais fait une liste de tout ce qui était sorti de Codex Space Marine, et on avait choisi Silverskull, donc pendant quelques semaines on s'est appelé Silverskull. c'est très ringard comme nom de groupe, du coup on a vite changé. Et quand mon frangin a proposé Arcania, le groupe a aimé et le nom est resté.

Comment définissez vous votre musique ?

Cyril : C'est difficile à dire... C'est du metal influencé par les débuts du Thrash, mais je ne sais pas si on y ressemble tant que ça aujourd'hui. On a un style un peu progressif, si on veut.

J'ai lu dans une interview de 2005 pour Thrashocore que tu n'aimais pas spécialement le metal français, faute d'en écouter...

Cyril : En fait, je suis pour l'écriture en français, parce que je n'aime pas le côté "on écrit en anglais parce que tout le monde le fait" et je pense que la langue française peut être très intéressante dans le metal. C'est juste qu'il faut avoir les couilles de le faire, et le talent. Il y a des groupes qui chantent en français et que je ne trouve pas intéressants parce leurs sujets sont des copiés-collés de ce que font d'autres groupes en anglais. C'est pour ça que j'aime bien écouter de la chanson française, Jacques Brel, Charles Aznavour, des choses comme ça, parce que le texte colle à la musique, t'as une montée en puissance, tu peux te dire "ah, là il y a de l'émotion !". Et chanter en anglais pour un groupe français, je trouve que c'est difficile de mettre de l'émotion. J'essaie de le faire le mieux possible, mais ce n'est pas évident de placer de l'émotion dans une structure "rock" couplet-refrain couplet-refrain. Tout le monde dit que l'anglais c'est la langue du rock'n roll, alors oui c'est la langue d'origine mais je pense que les groupes français peuvent faire des choses très bien. Après, moi, de ce que je connais de groupes comme Eths par exemple, je n'accrochais pas aux textes. En 2005, je pensais peut-être à eux en disant ça. Je disais ça mais j'écrivais en français, on a eu des morceaux sur des textes français, après on s'est dit "il faudrait peut-être arrêter". C'est pas évident aussi d'écrire en français, parce que les autres membres du groupe savent ce que tu écris, alors qu'en anglais, tu peux cacher un peu ce que tu veux faire passer. C'est plus facile. Et en anglais, tu te dis que tu facilites l'éventuelle exportation de ta musique en te disant "ça pourra marcher à l'étranger" après je pense qu'il y a une place pour un bon groupe qui chante en français, dans le rock, tu as Noir Désir qui fait des supers textes avec des super musiques, et je n'ai pas trouvé d'équivalent dans le Metal. Je pense qu'il y a la place pour un bon groupe qui chante en français, mais j'ai pas les couilles pour le faire ! (rires).

Si je peux te proposer un groupe qui chante en français, il y a Sin Cera, un groupe du Nord qui se démerde vraiment...

Cyril : Je respecte les groupes qui chantent en français, après j'accroche pas forcément aux textes mais c'est délicat... Tu vois quand j'écoute Mass Hysteria, j'aime pas le texte non plus. Je ne trouve pas ça joli à l'oreille, et je n'aime pas le sens de leurs paroles en général. Après je ne dis pas que c'est mauvais, de ce que je connais, je n'ai pas accroché... Mais au moins ils ont le courage de le faire !

Vous pensez quoi du téléchargement illégal ?

Olivier : j'achète légalement, même en téléchargeant. Après je pense que le téléchargement, c'est bien si tu veux découvrir un groupe, après si t'aimes vraiment en général t'achètes... Que ça soit en téléchargeant légalement ou en achetant le CD. Je pense que dans le Metal, télécharger illégalement c'est pas trop un problème, c'est encore un des seuls styles ou on achète des Cds...

Cyril : Nous on sait qu'on est téléchargés, on sait que l'album a été mis sur des sites illégaux... ça fait partie du système actuel, on ne peut pas vraiment y échapper. J'ai déjà téléchargé des choses illégalement, les groupes que j'aime vraiment, je continue à les acheter. Et il faut y voir une chose, c'est que le téléchargement illégal nous permet de nous faire connaître. Et on peut pas gueuler contre ça, de toute manière on sait bien qu'on ne va pas se faire de couilles en or avec un album, ce n'est pas la première envie qu'on ait. Dès le moment que ça fait tourner l'album, pourquoi pas...

L'interview touche à sa fin, un mot pour les lecteurs ?

Merci de s'intéresser à ce qu'on fait, c'est important pour nous, parce qu'on n'a pas de retour financier, ça coûte plus que ça rapporte, et si les gens s'y intéressent, ça fait plaisir. J'espère que les gens liront l'interview et iront se faire une écoute. On est sur deezer, spotify etc..., les gens peuvent écouter, se faire un avis... Le prochain album est prévu pour 2013, et sera bientôt enregistré en tout cas !


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