Dirge

Interview date

07 Mars 2014

Interviewer

Mythos

I N T E R V I E W

Interview Marc T. Alain B. Stéphane L. (par mail)


Dirge va fêter ses vingt ans cette année, ça fait un bout de chemin, bravo ! Que retenez-vous de ce long parcours ?

Marc T. : La satisfaction d'avoir réussi à explorer de nouvelles voies, d'avoir continué de progresser dans notre démarche et de ne jamais être tombés dans la facilité ou le confort, piège assez courant dans le rock.

Alain B. : Tout simplement le fait d’être encore là en 2014 ! Nous avons gardé la même motivation et nous sommes toujours aussi heureux de pouvoir monter sur scène, de faire des albums. Et puis au fil des années, des liens sincères se sont forgés entre nous. Je retiens aussi les rencontres que l’on a pu faire sur les routes.

Le style du groupe a aussi considérablement évolué au fil des albums, pourtant on sent quand même une certaine homogénéité et une « patte artistique » bien présente, quelle est selon vous l’âme damnée de Dirge ?

AB : Je ne pense pas que l’on puisse parler « d'âme damnée »; on est restés fidèles à nos envies, à nos émotions, tout en faisant évoluer notre musique et nos compositions en relation directe avec nos méthodes de travail.

Stéphane L. : L'évolution homogène dont tu parles tient principalement du fait que chaque album a pris sa source dans le précédent mais a toujours ensuite suivi sa propre voie, selon nos inspirations et nos envies du moment. Ce qui nous a, d'un côté, évité de reproduire deux fois le même disque et d'un autre, évité de tomber dans le piège du grand écart stylistique, souvent casse-gueule. Pour nous, l'important a toujours été d'avancer, tout en gardant notre fil conducteur.

Vos albums sortent presque tous les quatre ans, est-ce une contrainte purement professionnelle (on connaît bien les difficultés pour un groupe de Metal en France), une volonté de bien travailler et muscler l’album, ou même les deux à la fois ?

AB : On travaille à notre rythme, sans trop se poser de questions !

MT : C'est simplement dû au fait que nous prenons notre temps pour arriver à un résultat qui nous convienne ; nos albums sont assez longs à composer et de plus, nous explorons souvent de nouvelles sonorités, de nouvelles textures etc... Tout cela demande logiquement un peu plus de temps que de faire douze morceaux de trois minutes cinquante.

"Hyperion" est donc votre sixième opus, comment ressentez-vous cette nouvelle parution ?

AB : Comme à chaque nouvelle sortie, nous espérons que l’album sera bien accueilli, que la promo suivra et qu'on aura une meilleure visibilité au niveau européen. Mais nous sommes contents de cette collaboration avec notre nouveau label, Debemur Morti.

A l’écoute on sent vraiment que l’atmosphère est très travaillée, était-ce un point de développement important pour l’album ?

MT : Oui, mais ça s'est installé progressivement lors de la phase de production. C'est vraiment l'album le plus "studio" de Dirge, par opposition aux précédents qui étaient plus "live". Ça demande par conséquent beaucoup plus de travail et au final, cela donne une teinte et une sonorité nouvelle à "Hyperion". On aime bien changer de méthode de selon les disques.

"Hypérion" est le nom de l’un des titans de la mythologie grecque, mais aussi un très beau poème de John Keats ainsi que du grand romantique roumain Mihai Eminescu, un quelconque lien avec tout ça ?

SL : L'Hypérion dont il est ici question est plutôt à aller chercher du côté du ciel. Hypérion est l'une des neuf lunes de Saturne qui se distingue des autres grands corps célestes par sa forme irrégulière, ce qui lui confère une rotation et un comportement totalement imprévisible. C'est une rareté dans notre système solaire. Mais l'album est moins centré autour de cette thématique astrophysique que sur sa symbolique pure.

L’album est parfaitement construit, les pistes s’allongent sur des temps très similaires, prennent le temps de développer les ambiances, une approche méticuleuse était-elle nécessaire pour "Hyperion" ?

MT : Effectivement, nous avons opté pour une approche plus chirurgicale de la composition, moins massive que sur "Elysian Magnetic Fields". On ne voulait pas se répéter, nous avons alors exploré des aspects peut-être plus complexes de notre musique...

Est-ce à dire que c’est ce que vous appréciez en ce moment dans le Metal ?

AB : J'écoute personnellement assez peu de Metal. Nous avons tous les quatre une culture musicale très différente, nous avons joué par le passé dans des groupes parfois très antinomiques, mais à l'arrivée on se retrouve pleinement tous dans Dirge...

SL : Le Metal fait partie de la multitude de styles musicaux que j'apprécie, depuis toujours. Et même si ce que je préfère reste le Metal extrême (de Bolt Thrower à Slayer en passant par Entombed ou Emperor), j'ai également toujours aimé les groupes à atmosphère comme les vieux Paradise Lost/My Dying Bride, The Third & The Mortal ou plus récemment Wolves In The Throne Room. Chez eux comme chez nous ou comme dans tout cette vague post-metal/post-hardcore (appelle ça comme tu veux), les durées étirées ont toujours été, si ce n'est nécessaires, en tous les cas un facteur important pour pouvoir élaborer des ambiances progressives ou hypnotiques que des formats couplets/refrains plus classiques ne permettent que difficilement. Ce qui est aussi vrai pour d'autres groupes hors metal comme Pink Floyd, Fields Of The Nephilim ou les artistes krautrock des 70's.

Enfin, on imagine très bien un live pour cet album, est-ce important pour vous ? Avez-vous des dates prévues justement ?

AB : Stéphane est en train de mettre en place une tournée au printemps en Europe. On espère également pouvoir jouer en France en septembre, mais ce n'est pas toujours facile d'organiser tout cela.

SL : Sans booker, c'est même carrément l'enfer, en particulier en France. Mais pour répondre à ta question, les concerts sont plus qu'importants pour nous, ils sont nécessaires ! L'extension scénique fait partie du processus de vie des morceaux, qui sont aussi pensés en terme de live lors de leur composition. Ne pas jouer le nouvel album sur scène n'est pas envisageable pour nous et nous regrettons de ne pouvoir le faire plus qu'on le souhaiterait.

Merci pour votre aimable collaboration, à bientôt sur scène et on l'espère dans les bacs de notre disquaire préféré !

 


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