Headcharger

Interview date

30 Mars 2012

Interviewer

philippec

I N T E R V I E W

Interview Seb et Antony (par Mail)


Bonjour à vous. La dernière fois que je vous ai vus à Cannes (un peu plus d’un an), je terminais l'entretien par cette question : avez besoin de travailler à côté pour vivre ? Est-ce que malgré votre succès cette question est toujours d'actualité ? Seb a-t-il pu enfin quitter son parking pour squatter plus souvent le magasin de musique en face ?

Seb: Salut mec. Et bien écoute la réponse reste la même. Nous travaillons toujours à côté. Je suis encore dans mon parking. Un peu moins souvent, c'est vrai, mais notre vie reste celle d'un groupe de rock/metal en France. Sans entrer dans les détails, nous avons forcément un peu plus de facilités mais nous sommes très loin de rouler sur l'or. C'est marrant que tu poses cette question parce que les gens que l'on croise s'imaginent que le fait d'avoir ta tête dans les magazines ou à la TV sous-entend que tu palpes un maximum. Eh bien non!

Antony: pour moi c'est un peu différent, de toute façon, quelque soit le futur, je continuerai toujours mon boulot à côté. Mon taf fait partie intégrante de ma "vie d'artiste" (je suis ingénieur du son au Studio de la Souleuvre) et donc, ce n'est pas une contrainte, c'est juste une autre face de ma vie de tous les jours. Ce qui a changé c'est que je passe de plus en plus de temps à bosser pour Headcharger, plutôt qu'assis derrière une table de mixage !

Dans votre discographie, on peut noter qu'à partir de "Watch the Sun", votre musique commence à muter avec l'intégration d'éléments rock et seventies, comment expliquez-vous ce virage pris à partir de cet album ? Est-ce l'arrivée de Babz et ses influences seventies, le facteur déclencheur de cette mutation ?

Seb : Je pense en effet que Babz a été le déclencheur de cette évolution. Je dois te dire que nous nous sommes aussi très facilement laissés porter par cette musique. Nous en avions toujours parlé entre nous, seulement à l'époque, je pense que nous n'étions pas prêts pour l'assumer. C'était plus facile pour moi de me cacher derrière un chant saturé. Non pas que je ne le fasse plus mais j'essaie aujourd’hui de le faire plus intelligemment. Il faut que cela serve la musique et que l'ensemble reste cohérent.

Antony : C'est aussi clairement une histoire de maturité. C'est un énorme lieu commun de dire ça, mais pourtant c'est la vérité... là, avec notre grosse trentaine bien entamée, on se retrouve facilement dans les standards du rock et de moins en moins dans des trucs qui arrachent la gueule...même si je ne crache jamais sur un p'tit Death ou un Carcass !

Avec "The End Starts Here", vous avez encore franchi un cap, est-ce qu'une fois sorti, vous attendiez à son succès et à de telles éloges?

Seb : Je ne sais pas si on s'y attendait. On a bossé pour en tout cas. C'est vrai que cet album nous a permis de franchir un cap mais ce n’est pas une fin en soi. On espère forcément faire encore mieux avec "Slow motion disease" et cela semble pas mal engagé.

Antony : Jusqu'ici, chaque album nous a permis de passer un cap. En fait, cette question, on y a droit à chaque nouvelle sortie ! Comme dit Seb, c'est pas une fin en soi, on espère continuer à passer des caps à chaque nouvelle étape importante de la vie du groupe... comme tourner à fond à l'étranger par exemple.

La signature avec XIII BIS semble avoir été une étape importante également dans cette ascension, comment ça s’est passé ? Qu’est-ce que le label vous a apporté en terme de distribution et d’organisation de date ?

Seb : Nous avons sorti nos deux premiers albums chez Customcore rec'. Ils ont fait du très bon travail mais, eux comme nous, savions que ça ne serait qu'une étape. Ils nous ont toujours encouragés à viser plus haut. La signature chez XIII BIS nous a permis d'être distribués par une major. Nous avons bénéficié de leurs relations. En ce qui concerne l'organisation des dates, ils ne s'en sont jamais occupés (à quelques exceptions près) simplement parce que ce n'est pas le travail d’un label.

Antony : Pour sortir un disque dans de bonnes conditions et faire des concerts dignes de ce nom pour aller avec, c'est un tout. Evidemment XIII bis fait de l'excellent boulot, mais Base Prod pour les concerts fait aussi du super boulot, de même que Him Média pour la communication avec les médias, que Warner pour la distribution, etc. Tous ces intermédiaires bossent ensemble et tous dans la même direction, c'est ça le plus important.

Après le succès critique de "The End Starts Here", votre nouvel album, "Slow Motion Disease" sorti fin janvier avec trois mois de retard était attendu avec impatience par la presse et votre public. Pourquoi ce retard ? Avez-vous senti une pression supplémentaire lors de la conception de ce nouvel album ?

Seb : Ce petit retard n'était lié qu'à des raisons de planning. Il ne faut pas oublier que nous avons terminé notre tournée pour "the end starts here" fin juillet et sommes entrés en studio dès le mois d'août. Nous n'avons pas perdu de temps parce qu'on sentait tous que c'était le moment de le faire. Nous avons d'abord décidé avec XIII BIS que nous devions sortir "Slow motion disease" en novembre et puis avons reculé cette sortie pour qu'elle se fasse dans les meilleures conditions.

Antony : cela a permis à toute l'escouade citée plus haut de bien préparer la sortie en amont. La décision de reculer la sortie sur le moment nous a un peu frustré, mais au final, vu la flopée de critiques/interviews/articles qu'on a eu dès la sortie du disque, c'était une bonne décision.

Par qui a été prise la décision de rajouter sur le premier pressage de "Slow Motion Disease" en bonus le DVD votre set au Hellfest 2011 ? (Quelles ont été les démarches et votre implication dans la réalisation de ce DVD) ?

Seb : Nous savions que l'équipe TV de ARTE allait filmer notre concert du Hellfest et avions en projet de le joindre à cet album si nous estimions (XIII bis et nous) que la qualité était suffisante. Seb (Zuul fx) et Guyom (Devianz) ont travaillé sur le montage son et vidéo ensuite. C'est un cadeau que l'on voulait faire aux personnes qui nous suivent depuis un moment et qui continuent d'acheter des disques.

Antony : Le Hellfest fait partie de ces quelques bons souvenirs qui resteront ancrés dans notre mémoire, au même titre que les Sonisphere ou la tournée anglaise. Si on avait la possibilité de sortir un DVD de chacun de ces trucs, ne serait-ce que pour nos archives personnelles, je signe tout de suite !

Ce nouvel album a musicalement un aspect plus direct que sur le précédent, Comment s'est passé le processus de composition? L'enregistrement des parties guitares ? Les chœurs sur chaque refrain ?

Seb: De manière beaucoup plus instinctive, ça c'est sûr. Nous sommes allés à l'essentiel. Je trouve que cela nous a bien réussis. Quand un truc sonne, rien ne sert de vouloir le compliquer. Nous avions besoin de cela pour cet album. En ce qui concerne les chœurs, je les ai souvent fait moi-même.

Seb chante plus souvent en clair, a-t-il travaillé sa voix pour ça et comment?

Seb : J'aime assez t’entendre dire "plus souvent" parce que je l’ai toujours fait mais il se trouve que pour "Slow motion disease" la tendance s’est inversée avec le chant saturé. J'ai bossé dans ce sens parce que les maquettes que l'on a faites m'y poussaient. J'ai été épaulé par Guyom Pavesi ainsi que Matt LeChevalier qui était aussi derrière les fûts pour ce "Slow Motion Disease ". C'est un truc que j'ai toujours voulu faire mais je n'étais tout simplement pas prêt à franchir ce cap jusque-là.

"Spain Summer Sun" est un titre qui sort du lot par son côté groovy et ensoleillé. Est-il un clin d'œil à votre participation au Sonisphère espagnol ? Comment vous est-il venu l'idée d'utiliser une talk box sur ce titre ?

Seb : Oui et non. "Spain summer sun" est plus une histoire. Une sorte de court métrage qui se déroulerait dans ce cadre. L'idée de la Talk Box est venue un peu comme ça. Babz avait cette idée, on a essayé et on a trouvé ça efficace. Ce n'est pas la première fois que l'on s'en servait (cf."Watch the sun") mais en effet, elle est vachement plus mise en évidence. C'est aussi dans ce sens que la musique d’Headcharger est plus assumée.

Antony : c'est vrai que ce titre m'est venu en parlant du Sonisphere espagnol au cours d'une interview en anglais qu'on avait faite. Par contre le texte ne parle pas du tout de ça... Au contraire c'est un texte plutôt triste et sombre, je le vois comme la voix off d'une bande annonce d'un film qui parlerait d'une histoire d'amour teintée de manipulation sur fond de came, des trucs pas très festifs en fait...

Sur le titre "…Drifter" il y a un super duel harmonica/guitare, qui est à l'harmonica, et comment s'est faite la rencontre ?

Seb : Il s'agit de Philippe Gehanne. C'est une vieille connaissance du groupe. Nous avons tous trouvé son travail super intéressant sur "Would you" de "The end starts here" et avons décidé de l'inviter sur ce nouvel album. On voulait un truc un peu plus énergique dans le jeu et avons encore une fois été bluffés du résultat. Il s'est vite mis au service du morceau et je trouve que ce "question/réponse" "guitare/harmonica" fonctionne super bien.

Pour l'enregistrement, le mixage et le mastering de "Slow Motion Disease", avez-vous travaillé avec la même équipe que sur les précédents albums ? Si oui, Pourquoi ? Pensez-vous continuer à le faire pour les prochains opus ?

Seb : Oui, ça a été la même équipe. Nous avons suffisamment changé de choses dans notre manière de composer pour cet album pour en rajouter. L'enregistrement lui a été plus long que les précédents simplement parce que nous étions moins prêts (planning oblige). Nous avons fait les arrangements en même temps que les prises. Comme je te le disais, ce côté plus direct et plus instinctif vient de là. Pour les prises de son c'était Antony qui était aux manettes. Guillaume Doussaud s'est chargé du mixage et Alan Douches du mastering. En ce qui concerne les prochains opus je ne peux pas te dire. Nous avons déjà fait nos deux derniers albums par nous-même et il sera peut-être temps de faire appel de nouveau à un producteur. C'est trop tôt pour te dire.

Entre 2010 et 2011 vous avez beaucoup tourné: deux Sonisphère en 2010, le Hellfest 2011, votre tournée française, dix dates britanniques avec My Ruin, qu’avez-vous tiré de ces diverses expériences ?

Seb : Forcément ça marque l'histoire d'un groupe. Non seulement sur le plan humain mais aussi sur le plan professionnel, les deux étant parfois liés. Sur la tournée anglaise par exemple nous avons rencontré les agents de Factory Music (Ministry, Accept...) et avons signé un deal avec eux pour le Royaume-Uni. Ensuite nous avons pas mal observé la manière de travailler des grosses machines tel que Rammstein, Iron Maiden... Nous avons beaucoup appris et indiscutablement cela nous sert aujourd’hui dans la manière d'aborder notre musique.

Comment s’est passée la pige de près de six mois accomplie à la batterie par Morgan Berthet à la place de Guillaume ? Etes-vous encore en contact avec lui ?

Seb: Cela s'est super bien passé. Nous marchons beaucoup aux relations humaines et le choix s'était porté sur Morgan non seulement pour son jeu mais aussi pour le mec en soi. Aujourd'hui, on se tient au jus à distance de nos différents projets, on se téléphone, bref c'est devenu une personne qui compte dans la vie du groupe. Rien n'exclut qu'un jour, nous nous retrouvions ensemble sur une scène.

Après le Hellfest, vous avez donné quelques concerts isolés, était-ce pour que Guillaume reprenne ses marques derrière ses fûts avant la grosse tournée pour promouvoir votre nouvel album ou par plaisir?

Seb: Pas du tout puisque Guillaume n'était pas derrière les fûts pour ces dates. A ce jour c'est Matt LeChevalier (My Ruin, Eths…) qui est à ce poste. C'est lui qui a enregistré les prises batterie de "Slow Motion Disease", il est aussi intervenu dans le travail de composition ainsi que pour les prises chant. C'est un ami de longue date qui partage son temps entre la France et Los Angeles. Bref c'est aussi quelqu'un qui nous pousse vers l'avant. Son expérience nous est précieuse.

Votre tournée française a commencé en février avec une série de concerts en première partie de Nashville Pussy comment s'est passée la cohabitation avec eux ? Et pour vos quelques dates en tête d'affiche le public était-il présent ?

Seb: Nous avons eu des échanges cordiaux avec eux. Rien d'extraordinaire en back stage. Tu sais, eux comme nous étions en tournée et si tu veux tenir le coup et assurer un show tous les soirs il faut aussi savoir être raisonnable. Je ne te dis pas que nous allions nous coucher tous les soirs juste après avoir joué mais que nous savons pourquoi nous aimons la zic' et que le reste n'est qu'accessoire.

Après avoir fait la première partie des Nashville Pussy vous enchaînez avec celle des Crucified Barbara. Comment se concrétise ce genre de date ? Grâce au changement de tourneur ? Ou parce que les musiciennes des Nashville Pussy et de Crucified Barbara ont craqué pour Antony et son légendaire "Marcel" dans le clip de "You Wanna Dance You Gotta Pay the band" ?

Seb: Un peu des deux hé hé. Plus sérieusement, nous savons que le groupe est attendu au tournant et que c'est sur ce genre de plans que l'on peut encore franchir une étape. Notre changement de tourneur nous pousse forcément dans ce sens.

Votre collaboration avec Base Production, votre nouveau tourneur, se passe-t-elle bien ? Que vous a-t-elle apporté de plus ?

Seb: Tout se passe très bien. C'est un tourneur qui est beaucoup porté vers l'export donc cela nous intéresse forcément. Eux comme nous savons le travail qu'il reste à accomplir et nous essayons tous ensemble de mettre un maximum de chances de notre côté.

Après cette série de dates annoncées depuis déjà plusieurs semaines, avez d'autres projets de concert pour cet été ? Et envisagez-vous de partir jouer en Angleterre ou d'autres Pays pour la deuxième partie de votre tournée? USA?

Seb: Nous verrons. Nous retournons déjà en Angleterre pour le Bloodstock festival au mois d'août avec entre autres Mr Alice Cooper. Nous ne manquons pas de projets mais il est trop tôt pour en parler. "Wait and see" comme on dit ...

Antony : on a beaucoup de projets en gestation pour la rentrée ainsi que pour 2013. Malheureusement, tant que tout n'est pas sûr et officialisé, on ne peut évidemment pas en causer dans les médias. Disons que si tout se passe comme il se doit, on aura encore un paquet de trucs à raconter dans les interviews du prochain album !

Finalement, entre "The End StartsHere" et "Slow Motion Disease", tout s'est passé très vite, avez-vous eu le temps de prendre un peu de recul et de vous reposer? Quels sont vos hobbies à part la musique?

Seb: Nous reposer sous entendrait que nous nous forçons à faire de la musique. Ce n'est pas du tout le cas. Nous prenons toujours autant de plaisir et je pense que l'on arrêtera le jour où ça ne sera plus le cas. Nous adorons tous le cinéma. Donc dès que nous avons un peu de temps dans le van ou chez nous on en profite pour se faire un film.

Antony: Entre ces deux albums, on a clairement pas eu le temps de prendre du recul. Comme Seb, je ne parlerai pas de repos, mais plutôt de "prendre son temps". Quand tu pars trois ans sur les routes non stop à faire 25 concerts par mois, à la Maiden ou Metallica, là tu as besoin de te reposer. Pour nous le rythme de notre vie de tournée est intense, soutenu, certes, mais on a encore beaucoup de temps pour justement avoir une vie en dehors du groupe, avoir des hobbies comme tu dis, le repos n'est donc pas indispensable. Le gros souci a plutôt été de ne pas avoir le temps de prendre du recul, et c'est certainement une des composantes les plus importantes de la couleur du nouvel album... spontané je dirais.

J'ai appris que votre bassiste Romain Neveu ne sera pas présent pour les dates du 30 et 31 mars ainsi que celle du premier avril. Qui le remplacera ?

Antony: C'est Juemo, le bassiste d'un groupe de Basse Normandie qui s'appelle NOID. C'est un super bon groupe bien rock. On a joué deux fois avec eux, et quand est venu le moment de choisir un bassiste en remplacement de Romain pour les trois dates qu'il ne pouvait honorer pour raison de paternité, notre choix s'est porté sur Juemo. On savait qu'il ferait bien le taf et que, humainement, on s'entendrait bien. Voilà, tu sais tout !

Et bien je vous laisse le mot de la fin et je vous dis à bientôt.

Un grand merci pour cette interview. On en profite pour vous dire que vous trouverez les dates de ce "Slow motion tour" sur nos réseaux sociaux. Et on vous dit à bientôt sur la route !


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