I N T E R V I E W

Interview Sascha Gerstner (par téléphone)

La pochette et la musique sont directes. Etait-ce important pour le groupe de faire quelque chose qui allait tout de suite capter l'attention de l'auditeur ?

Bien sûr. Après l'album "Unarmed", qui était totalement différent de que ce que nous étions habitués à faire, nous avons eu cette longue coupure après la tournée. Ensuite, nous avons fait "Unarmed" qui n'était pas du tout metal et nous voulions simplement revenir à ce que nous avions fait, du heavy metal et faire aussi beaucoup de bruit sur cet album. C'est juste une envie de faire beaucoup d'heavy metal dans un seul et unique album.

Pourquoi avez-vous voulu ce son plus heavy sur ce nouvel album ?

C'est juste venu naturellement parce que nous prenons vraiment beaucoup de plaisir quand nous jouons. Nous avons eu un long break ; la dernière fois que nous sommes partis en tournée, c'était en 2008, ensuite, nous avons fait cet album pour nos vingt-cinq ans. Donc ça s'est fait naturellement d'avoir cette agression heavy metal que nous avons en nous et la transposer dans nos chansons. Nous avons juste senti que nous devions faire cela. Pendant la coupure, nous n'avons pas eu la chance de jouer du heavy metal pendant un long moment. Chaque compositeur de l'album a mis sa touche d'heavy metal sur cet album.

Qu'est-ce qui te réjouis le plus dans cet album ?

Ce que je préfère le plus dans cet album c'est le mélange qu'il y a entre le Helloween ancien et traditionnel que nous avions sur plusieurs albums et cette touche moderne que nous avons ajouté sur cet album. C'est la chose la plus importante que j'aime sur cet album, un heavy metal plus ancien mélangé à la modernité.

"7 Sinners", treize chansons, la date de sortie... Vous jouez avec la superstition n'est-ce pas ?

Ce n'était pas un concept de faire ces treize chansons ou même un concept album ou quelque chose dans le genre. Bien sûr, le sept est quelque chose que nous utilisons souvent. "7 Sinners", c'était juste une idée de Michael qui avait un logo de sept étoiles sur les chansons démos sur son Ipod. Donc c'est comme ça que ça nous est venu finalement, et nous parlions de sept pêcheurs et il a été naturel pour les cinq musiciens d'avoir ce nom, "7 Sinners", la citrouille, et ce clavier tendance années soixante-dix. Quelques paroles ont un lien avec ce sujet, mais ce n'est pas un concept album ou quelque chose comme ça !

Y a-t-il une chanson que vous avez eu plus de difficultés à jouer pendant l’enregistrement ?

Je dirais que ça l'a été plus pour la batterie parce que c'était un peu plus difficile qu'avant car nous n'avions que quelques tempos différents et Dany jouait de la batterie comme il le sentait. Donc nous avons du y aller et nous asseoir autour de la batterie, avec nos guitares et jouer de la même manière. C'était un peu plus difficile si on le compare à ce que nous avons fait par le passé parce que nous étions habitués à utiliser les ordinateurs, avec toujours le même tempo, et là, nous avons changé de tempo sur toutes les chansons. J'aime vraiment ça, ça fait plaisir et ça donne une vraie dynamique. Nous avons fait la même chose avec les réglages, nous en avons utilisés plusieurs. Avant, on utilisait toujours la même tonalité pour les claviers, ou la tonalité principale était le LA (A). C'était difficile d'obtenir un air de chaque instrument, et nous avons aussi essayé de nombreuses choses nouvelles que nous n'avions pas faites avant. Et maintenant, tout le monde a son propre studio, avec des ordinateurs et les gens viennent enregistrer leur album de cette manière. Nous avons eu le luxe de pouvoir enregistrer pendant trois mois dans un très bon studio, donc nous avons voulu utiliser ça, proposer des nouvelles choses, ne pas utiliser autant de techniques informatiques et de rendre cela plus dynamique sur l'album. Tu peux le sentir quand tu écoutes l'album, il y a plus d'énergie comparé à ce que nous avons fait avant. Nous avons voulu faire quelque chose de plus énergique et dynamique.

"Not Yet Today" est l'intro de "Far In The Future". C'est quelque chose qui arrive souvent en ce moment, de séparer l'intro et la chanson. Pourquoi avez-vous fait ça ?

En fait, la chanson parle d'un ami d'Andi qui avait une petite amie qui était dans le coma. Il est resté là pendant trois mois et est resté assis, il faisait comme si c'était de sa faute, il ne voulait pas l'abandonner. Le docteur disait qu'il fallait abandonner parce que si elle venait à se réveiller, elle n'irait pas bien du tout et serait sûrement paralysée. Il ne voulait pas l'abandonner, il continuait de dire "pas aujourd’hui, pas encore" et c'est ce dont parle la chanson. Il a toujours pensé qu'il pouvait traverser ça. La fin de l'histoire, c'est qu'elle s'est réveillée, et que tout allait bien. C'est la bonne partie de l'histoire. Mais Andi a voulu écrire une chanson à ce sujet car ça craint quand quelqu'un que tu aimes n'est plus en vie. Voilà de quoi parle la chanson.

Il y a aussi "Are You Metal". Pour toi, c'est quoi être metal ?

A la base, "Are You Metal" est plus une chanson humoristique typique d'Helloween. Qu'est-ce que le metal ? Nous pensons que, même nous, nous ne sommes pas tant ouverts d'esprit que ça. Je ne dis pas que moi, je le suis, mais si tu es un groupe d'heavy metal ou que tu es fan d'heavy metal, la plupart d'entre eux ne sont pas ouverts d'esprit. Et ils ne tolèrent rien hormis le heavy metal. C'est ça le sujet de la chanson, te demander si tu es metal et ce que ça veut dire. Ce n'est pas une vulgaire chanson pour dire "notre metal est le meilleur", mais pour que vous vous posiez la question, êtes-vous metal. Y-a-t'il quelque chose d'autre que vous voulez écouter ou n'acceptez-vous rien d'autre ? C'est déjà ce que nous avons fait par le passé. Je veux dire par là que nous sommes un groupe qui a fait des albums différents, et parfois nous avons brisé les règles et les gens n'ont pas fait preuve d'ouverture d'esprit. Donc c'est une chanson humoristique qui entre dans le sujet du metal. Les gens se justifient de cette manière : "Si tu n'as pas les cheveux longs, tu n'es pas heavy metal", c'est de la connerie ! "Si tu as des tatouages et les cheveux longs, alors là, tu es heavy metal !". Je me souviens même de ça lorsque j'ai rejoint le groupe. J'avais les cheveux courts parce que je jouais dans un groupe pop avant et les gens m'ont dit que je n'étais pas un guitariste merdique parce que je n'avais pas les cheveux longs. C’est ça le metal ! (Rires).

Est-ce aussi une réponse aux fans qui se sont montrés trop fermés d'esprit pour comprendre "Unarmed" ?

Non, c'est vraiment à prendre avec de l'humour. C'est juste un petit clin d'œil pour dire "hey, à quel point es-tu metal ?". On voulait juste faire passer ce message. La semaine dernière, nous avons aussi fait une vidéo pour cette chanson et nous avons intégré autant de clichés que possible, des choses que les gens n'attendent pas de la part d'Helloween. Nous nous amusons tout le temps et les gens ne s'attendent pas à ce que nous fassions cela.

Que vas-tu faire le 31 octobre pour fêter la sortie de l'album ?

Tout d'abord, personnellement, je ne peux pas parler pour les autres, j'aimerais vraiment partir en tournée. Je ne suis plus dans ce truc "oh, l'album va sortir, comment ça va se passer ?", bien sûr que je vais être excité, et que je vais avoir un peu peur de la réponse de fans et j'espère que les gens l'aimeront, mais la première chose, c'est que je meurs d'envie d'aller en tournée. Nous allons venir ici en janvier, en France, et nous ne sommes pas partis en tournée depuis 2008 alors... La tournée va commencer fin 2010 et va se poursuivre en 2011 et j'attends vraiment avec impatience de retourner sur scène. En tant que musicien, ne pas être sur scène depuis deux ans, c'est vraiment difficile ! (Rires).

Avez-vous déjà réfléchis aux chansons que vous allez jouer ?

Oui bien sûr parce que nous avons commencé les répétitions, parce que cette fois-ci, nous sommes vraiment très fiers de cet album et nous voulons jouer plus de chansons venant de celui-ci.

Quelle chanson attends-tu de jouer avec impatience ?

Surprise, surprise ! (Rires).

A propos d'"Unarmed", as-tu compris pourquoi l'album avait été tant décrié ?

Personnellement, je le comprends parce que je sais comment les fans de metal pensent parfois. Mais pour nous, en tant que groupe, c'était vraiment différent. Nous avons expliqué que c'était un album pour nos vingt-cinq ans, on devait faire quelque chose de spécial, quelque chose de particulier pour notre anniversaire. C'est un anniversaire, ce n'est pas comme un énième album studio ! Et parfois, les gens étaient un peu trop bêtes pour le comprendre... Tu sais, c'est difficile parce que quand tu es un artiste, tu ne fais pas exprès de faire les choses. Quand les gens rentrent chez eux, ils se disent la plupart du temps "oh, ce sont des artistes, ils font les choses exprès pour se faire de l'argent." ou quelque chose comme ça. Mais ce n'est pas de cette manière que ça commence quand on est un groupe ou un musicien. Ce n'est pas évident car tu fais quelque chose que tu aimes faire, et si les gens aiment, c'est bien, car après tu as de l'argent pour avancer et faire un autre album. Parce que faire un album, ça a un prix et les gens ne voient pas ça. Les gens pensent que nous sommes riches "ils sont riches, ils vivent dans des grosses maisons, ils n'ont pas à travailler". Mais partir en tournée, ça représente beaucoup de travail, tout comme faire un album, j'ai travaillé pendant trois mois et pendant tout ce temps, je n'étais pas du tout à la maison. J'étais juste reclus dans le studio à composer et enregistrer des morceaux. Ce n'est pas se tourner les pouces à la maison, c'est du travail. Et puis tu fais quelque chose, comme l'album "Unarmed", qui représente beaucoup de travail parce que ce n'est vraiment pas le genre de musique que nous avons l'habitude de travailler, c'était vraiment un défi pour nous. Bien sûr, c'est un peu difficile de comprendre ce qui a déplu. Mais d'un autre côté, je le comprends. Si tu es un metalleux dévoué, tu n'aimes pas non plus Britney Spears. Mais personnellement, je n'aime pas les réactions des fans parce que nous avons fait vraiment beaucoup d'efforts pour cet album. C'est triste et nous avons essayé d'expliquer que c'était quelque chose de particulier et que le nouvel album allait être à nouveau dans le heavy metal, mais les gens ne l'ont pas compris. Ils continuent de nous demander si le nouvel album sera dans la même mouvance, si c'est la musique que nous voulons faire maintenant... Je ne sais pas... Peut-être qu'ils aimeront cet album avec le temps, on ne sait jamais. Mais nous avons aussi des nouveaux fans avec, alors...

Êtes-vous un peu plus confiant à propos des réactions sur "7 Sinners" parce que vous êtes revenus au heavy metal ?

Bien sûr. Mais c'est ce que nous avons déjà fait avec "Gambling With The Devil". C'était un véritable album d'heavy metal. Le line-up est très fort maintenant, nous tournons ensemble depuis quelques années, nous faisons des albums ensemble depuis quelques années… Nous sommes tous à peu près confiants à propos du groupe donc c'est pour ça qu'on se dit "si vous n'aimez pas l'album, allez vous faire voir !". Nous faisons notre art et il y aura des gens qui l'aimeront. Si vous n'aimez pas... Et puis il y a des gens qui ne sont jamais contents dans leur vie de toute manière et qui ont besoin de se montrer malveillants. C'est ma définition pour un artiste, tu ne fais pas les choses dans un but précis, tu les fais et avec chances, des personnes l'aimeront et tu pourras avancer.

Quand tu écris un morceau, est-ce que tu te coupes du monde ou ce qu'il s'y passe et ce qu'il arrive dans ta vie personnelle a un impact sur ton écriture ?

Tout a une influence sur mon écriture, tout. Nous voyageons tellement, et quand je suis entré dans le groupe, j'avais vingt-cinq ans et je n'avais jamais pris l'avion de ma vie. A ce moment là, tout a changé, ma vie a changé. Être dans un avion tout le temps, gagner de l'argent grâce à ce que j'ai toujours voulu faire et être capable de me concentrer sur la musique. C'est ce que j'ai voulu faire depuis mes treize ans. Tout a eu un impact sur moi. Donc ça ressort aussi dans mon écriture. Tu continues de penser à des nouvelles choses, des choses différentes, à la vie en général, aux choses qui sont importantes et à celles qui le sont moins et tu essayes juste de t'exprimer à travers une chanson. Sur cet album, j'ai fait "You Stupid Mankind". C'est quelque chose à laquelle je pense beaucoup et j'ai toujours voulu écrire une chanson sur la bêtise de l'humanité, et moi avec. Nous pensons juste que nous habitons sur la planète mais que nous n'en faisons pas partie. C'est stupide ! Et nous pensons que nous sommes seuls, que nous sommes le meilleur produit de l'univers... C'est bête ! Tout est possible, c'est ce que je pense et c'est le sujet de la chanson. Cela pourrait être quelqu'un d'autre, une autre forme vivante qui serait plus intelligente, d'une certaine manière, plus violente que nous le sommes et c'est ça qui est ressorti. Tout ça vient des voyages, du fait que je garde l'esprit ouvert, de mes conversations avec les gens...

Comment peux-tu résumer ta carrière au sein d'Helloween ?

(Hesitant). Quelle question ! (Rires). En fait, je ne pense pas à ma carrière. Vraiment, je suis quelqu'un de chanceux, je suis vraiment content parce que je peux faire ce que j'ai toujours voulu faire. Je ne pense pas à ma carrière, je ne pense pas à l'endroit où je vais, je veux juste faire ce que je fais. Je profite de la liberté que j'ai. C'est tout ce que j'ai toujours voulu, donc je suis content et je ne pense pas "oh, je veux être riche et je veux avoir une Ferrari !". Je ne suis pas ce genre de personne.

Tu es aussi photographe. Que t'apporte la photographie que la musique ne t'apporte pas ?

C'est une autre façon de m'exprimer. Pour moi, c'est important de savoir que je peux faire quelque chose dans l'art. Malheureusement, je ne suis pas arrivé à cela avant pour diverses raisons. Je veux vraiment être un artiste, c'est la chose principale à laquelle je pense. Je ne pense pas à être le meilleur guitariste du monde. Certaines personnes le font, elles veulent montrer à tous leur dextérité, mais ce n'est pas ce qui m'importe. Je veux écrire des chansons, je veux faire de l'art, quel qu'il soit, et c'est ce que je vais essayer de faire dans le futur. La musique en fait partie, c'était l'un de mes moyens d'expression, c'était une sorte de thérapie dont j'avais besoin quand j'étais jeune. Cela aurait pu être chose, mais ça a été la musique, mais je veux juste m'exercer dans l'art et dans ce qui m'intéresse.

En 2006, tu as ouvert ton propre studio. Comment ça se passe ?

Le studio s'est tout simplement arrêté parce que je n'avais plus de temps. J'ai récemment déménagé à Berlin et le studio était dans le sud. Bien évidemment, j'ai abandonné parce que ça ne m'intéressait plus de travailler avec d'autres artistes. Je voulais juste faire ma propre musique, celle que je fais avec Helloween et je ne m'intéresse plus à la production, à l'enregistrement... Donc chez moi, j'ai ce petit endroit chez moi où je peux enregistrer quelques idées pour les démos. Je ne suis pas intéressé par le boulot d'ingénieur ou de producteur pour des groupes. Je ne veux pas faire ça, ça m'a tout simplement ennuyé ! (Rires).

Ce n'est pas assez artistique pour toi...

Non, ça ne l'est pas. (Rires). Et tu dois faire avec des personnes qui ne sont pas au même stade que toi dans leurs vies... Je ne sais pas, ça ne m'amusait plus. C'était sympa de monter le studio, de l'avoir, de le faire avec des amis, nous nous sommes bien amusés... Mais il s'est avéré que ça ne m'intéressait plus.

As-tu une dernière chose à dire aux fans d'Helloween ?

Oui. Cher fans, amis et fans (rires), s'il vous plait, écoutez le nouvel album et si vous l'aimez, achetez-le, comme ça nous pourrons acheter à manger et nous ne mourrons plus de faim ! (Rires). Sérieusement, j'espère tous les voir pendant la tournée. C'est la chose principale qui m'attire, être sur scène, voir beaucoup de fans qui aiment les albums et qui réclament les nouvelles chansons.

Venez donc discuter de cette interview, sur notre forum !