Iced Earth

Interview date

03 Septembre 2011

Interviewer

Blaster of Muppets

I N T E R V I E W

Interview J. Schaffer & S. Block (en face à face)


Bonjour Jon et Stu. C’est une année riche pour Iced Earth. Le départ de Matthew Barlow, la sortie d’un DVD, le recrutement de Stu Block, un nouvel album déjà enregistré qui sort le mois prochain et le début d’une gigantesque tournée mondiale qui démarre dans la foulée. Commençons par Matthew Barlow, était-ce dur de le voir quitter le groupe pour la seconde fois ou était-ce quelque chose à laquelle vous vous attendiez ?

Jon : Eh bien, d’une façon ce fut difficile mais ce fut aussi une sorte de soulagement en même temps, parce que maintenant le groupe peut travailler à temps plein. Quand Matt est revenu, c’était à condition qu’il travaille à mi-temps et on pensait vraiment pouvoir y arriver… mais les choses ont beaucoup changé depuis quelques années, l’industrie du disque évolue, les ventes de CD sont moins bonnes, certaines maisons de disques font faillite, les magasins de disques ferment, le piratage est un gros problème… Du coup, tout cela fait qu’un groupe doit tourner davantage. Mais Matt se consacre également à son autre métier, il est policier tu sais, et à sa famille également, il ne veut pas s’éloigner de sa famille trop longtemps… Je comprends tout à fait, c’est cool. Mais maintenant, le groupe est prêt à aller de l’avant, on a une super équipe qui attend que les choses bougent, un super staff de tournée…

Comment était votre dernier concert avec Matt au Wacken Open Air 2011 ?

Jon : Tu sais, je ne crois pas qu’on puisse imaginer une meilleure façon pour Matt de dire au revoir au groupe comme aux fans… On a fait une super fête après le concert. J’avais un noeud dans la gorge et Matt aussi, quand j’ai pris le micro pour lui dire au revoir que le public a crié “Matt! Matt! Matt!” . Tu sais tout le monde était un peu ému, nous sommes vraiment amis, il y avait beaucoup d’amour, et on a fait une super fête… c’était cool.

Je me demandais, quand Matt a rejoint le groupe, il était question qu’il enregistre la suite de “Framing Armageddon” (ce qu’il a fait) mais également qu’il ré-enregistre “Framing Armageddon”, pourquoi cela ne s’est-il pas fait finalement ?

Jon : Principalement parce que le label SPV a fait faillite au moment où nous voulions nous y atteler. Il est vrai que j’ai eu envie de faire cela, mais je ne trouve pas que ce soit un gros problème parce que je suis vraiment satisfait de la façon dont sonne “Framing Armageddon”. Je le trouve même plus abouti que “The Crucible of Man”.

Passons maintenant au DVD “Festivals of the Wicked”. Vous n’avez jamais caché que vous n’étiez pas très fiers du DVD “Alive in Athens”, avez-vous pu finalement faire ce que vous vouliez avec celui-là et sortir le DVD que vous vouliez pour Iced Earth ?

Jon : Il est bien meilleur que “Alive in Athens”, c’est certain. L’autre n’était jamais censé voir le jour de toute façon. “Festivals of the Wicked” est meilleur en terme de qualité mais je ne dirais pas qu’il s’agit du DVD ultime d’Iced Earth car nous n’avons pas encore fait celui-là. Disons qu’il représente une certaine ère du groupe et qu’il permet de clore un chapitre de l’histoire du groupe. Quand tu joues dans des festivals, tu n’as pas le même contrôle, à moins que tu ne sois Iron Maiden bien sûr, auquel cas tu obtiens exactement ce que tu veux, mais pour les groupes de notre calibre ça ne marche pas ainsi. J’aurais préféré sortir un show comme celui que nous avons fait à l’époque de l’album “Horror Show”, on faisait un concert de trois heures divisé en différentes époques et thèmes, je pense que ça aurait été LE show à sortir en DVD à cette époque pour représenter la première décennie d’Iced Earth mais notre label ne croyait pas au DVD à l’époque, tu le crois ça ? Bref… Probablement qu’après le prochain album studio, nous filmerons quelques concerts sur la tournée et alors nous sortirons un vrai DVD d’Iced Earth, un concert en tête d’affiche, avec tous les moyens nécessaires et pas justes quelques concerts en festivals principalement tournés vers le passé du groupe.

Parlons de “Dystopia” maintenant. Stu, j’ai écouté l’album cette semaine et vous avez accompli un travail extraordinaire. Je me demandais si vouz aviez enregistré toutes les parties vocales vous-même, ou si d’autres chanteurs étaient intervenus, parce qu’on a vraiment l’impression qu’il y a plusieurs chanteurs différents sur le disque.

Stu (il sourit) : Non, d’autres chanteurs s’en sont mêlés…

Jon : Ouais, au moins sept, c’est ça ?

Stu : Oui, à un moment, on a même eu un nain qui est venu. Dieu qu’il avait une voix puissante celui-là !!!

(Jon et Stu rient tous les deux)

Stu : Non, plus sérieusement, pour la chanson “Anthem”, on a demandé à quelques personnes de chanter un peu avec moi sur la mélodie pour donner un effet choral, mais à part ça oui, j’ai bien enregistré tout le reste, 98% de l’ensemble, je dirais.

Etait-ce intentionnel de votre part de sonner par moment comme Matt Barlow ou comme Tim Owens ?

Stu : Bien sûr. Je veux dire, je ne suis pas Tim Owens, je ne suis pas Matt Barlow… mais ils demeurent de véritables influences. Je suis fan de Matt depuis bien longtemps, je chantais sur ses albums en voiture en me rendant au travail. Je n’ai pas vraiment essayé de l’imiter mais je pense que ça vient assez naturellement avec la musique parce que c’est du Iced Earth. Je ne me suis pas assis en me disant « OK, alors là il faut vraiment que je chante comme Matt ou Tim sur ce passage » mais j’ai essayé de faire ressurgir certains éléments tout en apportant ma propre touche. Au final, je crois que ça fonctionne bien.

Jon, avec votre album précédent sorti sous le nom de Sons of Liberty, on a découvert que vous vous débrouillez en chant et que votre timbre et votre façon de chanter sont assez proches de ceux de Matt. Avez-vous pensé à un moment que vous pourriez devenir le chanteur de votre propre groupe ?

Jon : Non, j’écris des parties de chant qui vont bien au-delà des mes capacités. C’est l’écriture que tu entends et qui fait que tu trouves que ça ressemble à ce que Matt fait, parce que j’en suis le compositeur, mais je ne suis pas un vrai chanteur. Je me débrouille suffisamment pour montrer au chanteur ce je veux mais c’est tout. Je n’ai jamais été motivé par l’idée d’être le chanteur de mon groupe de toute façon. Pour Sons Of Liberty, c’était différent, j’avais dépensé pas mal d’argent pour faire ce disque et j’allais le distribuer gratuitement, je ne pouvais demander à des musiciens de venir faire du bénévolat en quelque sorte. Et puis c’était quelque chose de plus personnel aussi, j’avais l’impression qu’il fallait que je le fasse.

Si je vous disais que “Dystopia” est un retour à un Iced Earth plus simple et direct, seriez-vous d’accord avec moi ?

Stu : Complètement. C’était vraiment l’idée. Les albums précédents étaient énormes avec beaucoup d’arrangements, de chœurs, d’orchestre, etc. Là, on voulait revenir à une forme plus épurée de heavy metal bien direct à la Iced Earth.

Bien que “Dystopia” ne soit pas réellement un concept album, et donc forcément différent de la trilogie Something Wicked, on peut voir Set Abominae sur la jaquette. Est-il vraiment sur le point de devenir la mascotte définitive du groupe et apparaitra-t-il sur tous les albums à venir ?

Jon : Alors, tu sais, deux chansons sur l’album traitent de Set Abominae, “Dystopia” et “Tragedy and Triumph”. Avec les changements récents au sein du groupe et les thèmes abordés sur l’album, je trouvais que la présence de Set sur la pochette faisait sens… Je ne dis pas qu’il sera sur chacune des illustrations à venir… Mais en tout cas, elle déchire bien cette pochette, je l’adore.

En parlant de Set, saviez-vous qu’il avait un profil facebook ? Votre création vous échappe…

Jon : Non, vraiment ? Je ne le savais pas. C’est marrant…

Stu : Il a combien d’amis ? (rires)

Pas la moindre idée. Stu, comment est-ce de travailler avec Jon et le reste du groupe ? Avez-vous eu le temps de prendre part au processus créatif ?

Stu : Travailler avec Jon, c’est fantastique. Il sait ce qu’il veut et il m’a beaucoup parlé, il m’a aidé à m’exprimer en tant que chanteur dans la musique qu’il avait écrite. Je pense que ça m’a aidé à développer de nouvelles facettes en ce qui concerne ma voix. Et oui, j’ai été impliqué dans le processus d’écriture, j’ai co-écrit dix chansons avec Jon, j’ai écrit beaucoup de paroles, beaucoup de mélodies, la plupart des refrains… c’était vraiment génial. Jon n’avait jamais vraiment eu une telle aide auparavant, Matt écrit de super textes mais il n’écrivait pas vraiment de mélodies alors que c’est quelque chose que je faisais déjà dans Into Eternity avec Tim Roth, et je pense que c’est une particularité que Jon a vraiment apprécié.

En parlant de Into Eternity, avez-vous définitivement quitté le groupe ou aimeriez-vous bien travailler avec les deux groupes à la fois ?

Stu : Je travaillerai avec Into Eternity à l’occasion, si celle-ci se présente, mais Iced Earth, c’est mon travail à plein-temps désormais. On m’a donné la chance d’être dans un des plus grands groupes de metal au monde, et je serais complètement stupide d’essayer de jongler avec les deux groupes… ça m’épuiserait complètement. Au moment de quitter Into Eternity pour Iced Earth, j’ai enregistré deux chansons avec Into Eternity. L’une d’entre-elles est “Sandstorm”, disponible sur Itunes, l’autre devrait sortir dans quelques temps. Si je ne suis pas en tournée, que j’ai du temps, ce sera toujours un plaisir d’aller filer un coup de main à mes amis, enregistrer une chanson ou quelque chose dans le genre.

Jon, avez-vous passé beaucoup d’auditions avant de choisir Stu ?

Jon : Je n’ai fait passer aucune audition mais j’ai visionné pas mal de vidéos, écouté des démos ou parlé à certaines personnes au téléphone… Mais Stu m’a rapidement fait forte impression. Je n’étais pas certain à 100% que sa voix serait parfaite pour Iced Earth au début, mais j’ai tout de suite aimé ce que j’ai vu dans ses yeux. La rage et l’attitude qu’il affichait étaient parfaites pour le groupe. Quelques autres chanteurs ont fait des démos, deux d’entre-eux notamment, un Américain et un Suédois, ont bien failli décrocher le job… mais je ne vous dirai qui ils étaient. Mais bon, j’avais vraiment une sorte d’intuition concernant Stu, alors j’ai décidé que ce serait lui. Tu sais, en général, quand je suis mon instinct, ça marche, quand je ne le fais pas, je me plante (rires).

Quelles sont vos chansons préférées sur “Dystopia” ? Et celles que vous comptez jouer en concert ?

Stu : J’adore “Anthem”. “Tragedy and Triumph” est une chanson géniale… “End of Innocence” m’est très chère parce que c’est une chanson que j’ai écrite pour ma mère qui se bat contre le cancer, c’est vraiment dur d’y faire face car je suis très proche de ma mère. Tu sais, je suis vraiment très famille, c’est donc une chanson difficile, mais j’en suis fier. Il y a beaucoup de chansons de cet album que j’aimerais chanter sur scène…

Jon : Nous allons jouer entre cinq et sept chansons de “Dystopia” sur la prochaine tournée. Vous pouvez compter sur la présence de “Dystopia” dans le setlist, “V” aussi.

Et quelles sont vos chansons classiques préférées d’Iced Earth, Stu ?

Stu : Hmmm, “Dante’s Inferno”. Je ne sais pas si nous la jouerons un jour, mais je l’adore. J’adorerais chanter “A Question of Heaven”, “Burning Times”, “Watching Over Me”, “Pure Evil”… Je suis en train d’en apprendre un bon paquet en ce moment, “Stand Alone”… Je ne sais pas exactement lesquelles nous jouerons, mais je les apprends de toute façon.

C’est intéressant que vous mentionniez “Stand Alone”, ce n’est pas une chanson habituelle pour un setlist d’Iced Earth… Nous réservez-vous quelques surprises pour la tournée à venir ?

Jon : Oh oui, il y a aura des surprises bien cool. Rien dont je puisse vraiment parler pour l’instant mais oui, il va y avoir des changements et les fans vont pouvoir entendre quelques chansons qu’Iced Earth n’a pas joué depuis un moment, c’est certain.

Avec quels groupes adoreriez-vous tourner ?

Jon : Ah, j’adorerais tourner avec Iron Maiden, mec. Mais c’est très compliqué et politique, ça fait vingt ans que j’essaye alors je commence à douter que ça arrive un jour… Mais ce serait vraiment cool, parce que je suis un grand fan. J’adorerais tourner avec Metallica, aussi.

Tout le monde sait que vous avez été influencé par des groupes comme Iron Maiden ou Judas Priest, mais quels sont les nouveaux venus que vous trouvés intéressants aujourd’hui ?

Jon : Volbeat est vraiment un super groupe. J’aurais aimé les découvrir plus tôt… Ils sont vraiment excellents. C’est frais et enthousiasmant de voir un groupe qui a tant d’influences différentes et qui arrive à en faire quelque chose de personnel. Michael et moi sommes devenus amis maintenant, nous nous sommes rencontrés au festival Graspop, on s’est éclaté, on a bu une bouteille de whisky chacun cette nuit… et il m’a dit qu’il avait suivi Iced Earth depuis le début. Il m’a raconté cette histoire du jour où notre premier album était sorti et où il avait juste assez d’argent sur lui pour se payer le bus, acheter le CD et rentrer chez lui. C’est vraiment un mec génial, et sa musique est super cool… Le groupe devient de plus en plus important, et c’est totalement mérité.

Et toi, Stu, quels sont tes chanteurs favoris et tes plus grandes influences ?

Stu : J’essaie de ne pas trop subir d’influence et de faire mon propre truc, et j’espère qu’un jour, quand les gens m’entendront chanter, ils diront « Oh, c’est Stu Block » et pas « Oh, est-ce Rob Halford, ou quelqu’un d’autre ? » . Je n’essaie pas d’être quelqu’un d’autre, mais j’ai tout de même des modèles pour le chant ou le fait de tenir une scène : Bruce Dickinson évidemment, pour son énergie et son charisme… tout ce que fait Bruce est incroyable, j’aimerais savoir piloter un avion comme lui (il sourit). Dio est une autre influence importante, Russell Allen, Geoff Tate… Bien sûr, j’ai aussi été influencé par des chanteurs de death metal comme Järi Mäenpää de Wintersun ou des chanteurs d’Amon Amarth, Cannibal Corpse…

En parlant de chant death metal, n’est-il pas très difficile de passer d’un chant de ce type à un chant plus clair et mélodique en une fraction de seconde dans un même morceau ? Est-ce une technique que vous maîtrisez sur scène ?

Stu : Et bien, je me suis entraîné pendant des années. Je fais ça depuis que j’ai quatorze ou quinze ans. Je suis passé par des moments difficiles mais j’ai finalement réussi à assurer cette transition. Quand j’ai commencé, je m’y prenais très mal et je crachais du sang… J’ai donc dû m’arrêter, j’ai consulté un médecin afin que tout soit réparé. Quelques mois plus tard, j’ai appris à me servir du micro à mon avantage, à mieux ouvrir ma gorge, à mieux me servir de mon larynx, à mieux m’hydrater… Mais je dirais que la clé est vraiment de s’entraîner tout le temps. Quelque soit l’art que vous pratiquez, il faut s’entraîner chaque jour pour vraiment devenir bon.

Jon, où en sont vos autres projets ? Y aura-t-il un troisième album de Demons & Wizards (groupe avec Hansi Kürsch au chant) ou une suite à l’album de Sons of Liberty ?

Jon : C’est sûr et certain, il y aura du Demons & Wizards. Hansi et moi adorons créer ensemble et nous le referons, c’est juste une question de temps. Le truc c’est qu’on est tous les deux bien occupés par nos propres groupes, nous devons donc juste attendre que nos emplois du temps coincident. En ce qui concerne Sons of Liberty, il va y avoir un EP d’ici deux ou trois mois. Mon manager m’a dit « Si tu veux quelque chose avec Sons of Liberty, tu ferais mieux de le faire maintenant parce que tu vas être tellement occupé pendant les dix-huit mois à venir que tu n’auras jamais le temps de t’y mettre… ». Et il a bien raison, nous allons tourner à travers le monde entier pendant très longtemps. Surveillez le nouvel EP, il devrait sortir un peu avant la fin de l’année.

Le mot de la fin…

Stu : Et bien… Iced Earth est de retour, mec !! Ecoutez le nouvel album, nous en sommes vraiment fiers.

Jon : Ouais, on est de retour. Nous sommes vraiment enthousiastes quant à l’avenir, et nous allons donner de supers concerts… Nous serons à Paris et Lyon début novembre, rendez-vous là-bas !


Venez donc discuter de cette interview, sur notre forum !